Job & compagnie
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Job & compagnie

  1. 246 pages
  2. French
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Job & compagnie

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Citations

À propos de ce livre

Les Saintes Écritures relatent l'histoire de Job, un homme riche et béni de Dieu auquel celui-ci impose une série d'épreuves pour prouver à Satan que cet homme lui restera fidèle. Hans-Jürgen Greif reprend cette histoire en retraçant d'abord la généalogie de Job depuis Adam et Ève en passant par Abraham, Noé et Jacob. Par le biais de la joute qui oppose Job à ses deux tortionnaires, l'auteur nous invite à réfléchir sur le rapport entre le l'humain et le divin. Le ton est volontiers irrévérencieux, le rire parfois grinçant.

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Informations

Année
2012
ISBN
9782895027195

1

IMAGINEZ les circonstances suivantes, qui ne mériteraient même pas un entrefilet dans un journal : votre voisin a perdu son emploi et sombré dans une dépression. Sa femme est partie avec les enfants. Il lui a fallu vendre la maison, la voiture aussi. Rien ne lui reste. Pour ajouter à ses malheurs, les médecins ont diagnostiqué un cancer. Désemparé devant le sort de cet infortuné qui, autrefois, avait tout pour lui, vous vous exclamez : « Le voilà pauvre comme Job ! » Vous venez de faire allusion, peut-être sans en saisir la portée, à l’un des personnages les plus célèbres des Saintes Écritures, un homme droit, juste, fortuné, choyé, et dont l’existence, en une seule journée, a été retournée comme un gant.
C’est de lui qu’il sera question dans ce livre.
L’exemple de Job vous apportera, je l’espère du moins, certaines des réponses aux questions que, dans des moments de détresse, vous avez posées à Dieu ou, si vous êtes agnostique, voire athée, au sort et à la justice censés nous régir.
Je vous propose de relire avec moi l’épisode de Job, l’un des plus discutés par les théologiens, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans. Tous insistent sur un point fondamental : isoler l’histoire de Job de celle des autres personnages relatée dans ce que nous, chrétiens, appelons l’Ancien Testament, nous empêcherait de comprendre le message que nous livrent les auteurs de ce magnifique poème. N’ayez crainte, il sera question de quelques individus seulement, ceux qui ont précédé Job ou qui ont vécu en même temps que lui. Appelons-les sa compagnie. Sans eux, le héros du livre que vous avez sous les yeux n’existerait pas, ou encore, ses véritables réactions resteraient obscures après l’entente conclue entre celui que l’on désigne, en Occident du moins, par les vocables Satan ou Diable, et celui qui porte les titres de Dieu, Seigneur, Maître, Tout-Puissant, Très-Haut, Très-Noble, Roi des rois, Lumière des mondes, Créateur des univers, Soleil des sages, et ainsi de suite.
Ce que raconte le Livre de Job est en réalité un bel exercice de rhétorique, mais la fin, telle que nous la lisons dans la Torah, peut nous sembler aberrante : Job, après avoir demandé à Dieu l’explication des terribles punitions que ce dernier lui a infligées, nous apparaît, happy ending, comme le parfait exemple de piété, de soumission, d’abandon de soi. Dieu, qui tient à le ramener dans son camp, lui donne une nouvelle vie, mais ne s’excuse pas, alors qu’il aurait dû le faire.
Il est nécessaire de remonter dans le temps, jusqu’à la création du premier couple du peuple choisi par le Seigneur, même si celui-ci n’aime pas se faire rappeler qu’avant Adam et Ève, il avait produit les Neandertal et les Cro-Magnon. Et ne parlons pas des squelettes de tous ces hominidés que nous exhumons un peu partout, vieux de plusieurs millions d’années. Qui sait ce que nous décrouvrirons encore, des traces de créatures à l’aspect peu rassurant, et desquelles il ne faut pas trop se vanter d’être les descendants.
Contrairement aux animaux, premières expérimentations du Seigneur, auxquels il n’a donné que des sensations de plaisir, de crainte, de joie ou de douleur, nous, les arrière-arrière-petits-fils de son ultime création, prétendons avoir une âme. Ne nous cachons pas que nos ancêtres en possédaient sans doute une, eux aussi. Cette âme est le résultat d’une attention particulière de Dieu, puisqu’il nous la souffle dans le nez une seconde avant que nous poussions notre premier cri, en écho aux gémissements de notre mère. Nous souffler dans le nez constitue l’acte le plus important du Maître divin. Aussi est-ce la plupart du temps le dernier, plus ou moins bienveillant, qu’il pratique à notre endroit.
Le Maître n’a pas de nom en particulier. Il dit qu’il n’en veut pas. « Dieu », Élohim en hébreu, ou n’importe laquelle des autres appellations flatteuses lui suffit. On peut aussi s’adresser à lui en disant « Seigneur » (Adonaï), « Seigneur tout-puissant » (Adonaï Sabaoth), ou encore « le Puissant » (el-Shaddaï). Il faut simplement faire ressortir sa position au sommet de la hiérarchie du monde, car il ne tolère aucune concurrence. Il en a même fait la première de ses Dix Lois Fondamentales : point de dieu que lui. C’est ce qu’il répète depuis qu’il a créé les univers. Vous avez bien lu : les univers. Ce serait présomptueux de prendre notre planète pour le nombril de la création divine. Dieu ne nous a jamais parlé de ses autres réalisations, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Le Seigneur était et est encore un immense architecte entrepreneur qui travaille d’arrache-pied. Nonobstant sa position on ne peut plus élevée, ses fidèles s’adressent à lui comme s’il était un membre à part entière de la famille, en le tutoyant, souvent malgré les jeux cruels auxquels il nous soumet tous les jours. Il est le Tout-En-Un, homme, femme, enfant.
La Lumière des univers lit dans les pensées de chacun. Cela ne sert à rien de lui dissimuler quoi que ce soit, il nous a constamment à l’œil et nous suit partout, même s’il ne se manifeste pour ainsi dire jamais. Oubliez les cachotteries que nous nous faisons entre humains ; lui, il s’en moque comme de l’an quarante. Car Élohim est un extraordinaire psychanalyste, un habile sculpteur, un formidable médecin, un scientifique hors pair. Avant tout, il nous montre ses qualités de pédagogue infatigable. Ne nous arrêtons pas là. Ses mains sont admirables : elles ont mis de l’ordre dans le chaos des univers et créé notre monde de toutes pièces. Il est capable de tout, il fait ce qu’il veut, en suivant ses plans dont il garde le secret. Si nous le contrarions et ne suivons pas ses enseignements, il va jusqu’à lancer des foudres afin de nous réduire à un tas de cendres, une flaque de graisse fondue, ou encore, il ouvre les écluses du ciel et de la mer pour nous noyer. Il fait cracher les volcans pour ensevelir nos œuvres, surtout celles qu’on désigne volontiers comme « admirables », voire « divines ». Il soutient lui-même qu’il ne se trompe jamais, qu’il sait depuis nos débuts sur la terre comment nous allons finir, étant, outre ses autres qualités éblouissantes, le plus grand et le plus infaillible des prophètes. Par surcroît, il n’accepte pas le marchandage et personne ne le corrompt avec des offrandes, si coûteuses soient-elles. Un être tout en superlatifs.
Le Seigneur est le Bien. Ses adjoints forment ce que l’on appelle communément les chœurs des anges, des archanges, des chérubins, des séraphins. Ils sont suivis d’une panoplie de subalternes, douze cohortes en tout, ce qui donne douze mille collaborateurs. S’y ajouteront, des millions d’années après la création de l’Homme, des âmes dites méritoires, celles de martyrs, saints, sages ou exaltés. Cependant, parler d’eux dépasserait le cadre de ce livre. Le ciel, les astres et la Terre, la délimitation des mers, le tracé des fleuves, l’établissement de zones fertiles ou désertiques, les montagnes enneigées et les sombres vallées sont l’œuvre des cohortes célestes nées de l’Être suprême. Avant ce grand ménage, les choses, ici-bas, étaient mélangées d’une manière terrifiante. Je reviendrai plus tard sur la naissance de ces cohortes qui, il faut le souligner, n’ont épargné aucun effort pour satisfaire le Maître.
Certains de ces esprits ouvriers avaient trouvé l’entreprise éreintante. Alors, pour employer un terme moderne, le groupe forma le premier syndicat. Les pourparlers s’engagèrent. Mais, comme tout patron qui se respecte, le Maître ne s’en laissa pas imposer. Le chef des râleurs, archange à la langue fourchue et habile courtisan, présenta au Seigneur les doléances de ses collaborateurs, soit la moitié des cohortes célestes. Au début de leur rencontre, Dieu fit au contremaître – le terme le désigne bien – des compliments sur son exceptionnelle intelligence et sa remarquable efficacité. Il le flattait, puisqu’il savait que, sans celui-là, l’ouvrage avancerait à la moitié de la cadence voulue. Les politesses terminées, il fallait négocier. Rien n’y fit, on ne s’entendait pas, la diplomatie n’étant qu’à ses débuts.
L’archange exprima les principales récriminations : le Seigneur s’arrogeait tous les droits, il décidait du moindre détail, ne déléguait pas, fixait des délais si courts que c’en était une honte. Savait-il seulement quels efforts il leur fallait fournir pour séparer les continents, tracer le cours des fleuves et des rivières, élaborer les cycles compliqués des vents et des nuages, sans oublier l’évaporation de l’eau de mer, le salage de celle-ci mais pas des fleuves, des lacs, des glaciers ? De plus, le Maître n’expliquait jamais à ses troupes à bout de forces pourquoi il établissait partout, jusqu’aux confins de l’univers, ces autres systèmes solaires et planétaires. Monsieur voyageait énormément.
Le visage de Dieu s’assombrit et se transforma en un masque impénétrable. S’entendre traiter de simple Monsieur le courrouçait ; c’était un manque de respect inconcevable et un mépris complet du protocole entre esprits divins. D’après son vis-à-vis, il planifiait à la manière d’un architecte pris de folie des grandeurs et ses actes frisaient l’irresponsabilité. Il ne se salissait les mains que pour s’amuser. Le vrai travail, celui qui fait suer, il le laissait aux autres. C’en était trop, vraiment, on n’avait plus le choix. Ce serait la guerre, oui, et qu’on en finisse.
Devant la ténacité de son ancien mandataire, le Tout-Puissant déclara que l’autre ne méritait plus son nom, Lucifer, « Étoile du matin », nom que Dieu lui avait donné à cause de sa beauté aussi rayonnante que l’astre en question. Le Maître lui lança à la figure que, depuis un bon moment, certaines choses pourtant bien rodées se détraquaient, un soleil consumant les planètes en orbite autour de lui, un autre sortant de sa course, des voies lactées se formant là où elles n’auraient pas dû se trouver. Ces manquements à l’ordre divin étaient l’œuvre du général et de ses acolytes, pas de doute là-dessus. Qui pis est, le Commandant suprême se méfiait : Lucifer voulait le supplanter. Pour tout dire, ce n’était pas une rébellion que celui-ci visait, mais une révolution.
Alors ils guerroyèrent. Épargnons-nous les détails des atrocités commises pendant le combat, elles sont répétées tous les jours par nous, humains – disons-le tout de suite en attendant de clarifier ce constat –, créatures de Dieu autant que du Malin. Qu’il suffise de dire qu’après cette bataille, le Très-Haut déclara ses anciens adjoints révolutionnaires hors-la-loi, tutti quanti. Il les jeta dans les ténèbres les plus reculées de l’univers et dans les coins les plus sombres de la Terre, sa planète préférée puisqu’elle avait été son premier travail d’entrepreneur universel. Impossible de les tuer, puisqu’ils étaient des esprits nés de l’énergie cosmique comme lui, avec la même caractéristique, celle d’être immortels. Il savait qu’ils continueraient à ourdir des complots contre lui.
Depuis cet événement, capital dans l’histoire des êtres humains comme dans celle de l’univers, les renégats guettent avidement chaque nouvelle œuvre du Maître afin de la pervertir. Or, Dieu et ses adversaire savent que cela ne constitue chaque fois qu’une étape dans l’interminable lutte. Jadis, les parties avaient dû se contenter d’un cessez-le-feu jamais ratifié, après quoi, les mauvais esprits adoptèrent des tactiques de guérilleros, fourbissant leurs armes à mesure que le monde se peuplait d’humains.
Un rappel : vous savez que le récit du combat entre les forces du Bien et du Mal se retrouve dans toutes les religions du monde, sans exception. Ainsi, les hindouistes commémorent Navarathiri, le triomphe du Bien. Les multiples dieux de l’Inde – d’où le d minuscule, alors que le nôtre, unique et jaloux, exige la majuscule – sentaient que les forces du Mal allaient triompher. À bout de ressources, chacun offrit une part de lui ; ils créèrent ainsi la déesse Kâli, « la noire », celle qui, après neuf jours et neuf nuits d’horrifiants combats, donna la victoire à ses confrères et consœurs des forces du Bien. On l’appelle aussi Tchandi, « la cruelle », qui porte une couronne de crânes et tient des glaives ainsi que des têtes fraîchement coupées. Sous le nom d’Annapurna, elle dispense aux humains nourriture et cadeaux. Cet exemple parmi tant d’autres démontre qu’ailleurs dans notre monde, certains dieux peuvent assumer des fonctions contraires.
Revenons à notre sujet.
Depuis le grand combat, le Maître veille à ce que ses adversaires n’aillent pas trop loin. De temps à autre, il convoque les douze cohortes pour s’entretenir avec leurs chefs. À chacune de ces grandes audiences, le Tout-Puissant invite les esprits malins avec lesquels il tient des conversations d’une parfaite et froide politesse.
Un im...

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