Jean Leloup
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Jean Leloup

Le principe de la mygale

  1. 218 pages
  2. French
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Jean Leloup

Le principe de la mygale

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À propos de ce livre

PassionnĂ©e par l'Ɠuvre de Jean Leloup, Nadia Murray s'y est plongĂ©e pour observer comment se dĂ©ploie le personnage Leloup, cette entitĂ© mouvante qui ne cesse de se transformer. C'est en se laissant porter par les textes, surtout, et par la mise en scĂšne (vestimentaire, picturale, vidĂ©o, etc.) de l'artiste qu'elle parvient Ă  dĂ©montrer sans le moindre doute que Leloup mĂ©rite largement qu'une premiĂšre Ă©tude sĂ©rieuse lui soit consacrĂ©e. Si l'apparente lĂ©gĂšretĂ© de l'homme et sa nonchalance publique peuvent faire Ă©cran de fumĂ©e, il est Ă©vident Ă  la lecture de cet essai remarquable que ce ne sont que des illusions, vĂ©hiculĂ©es par un star-system qui n'a que faire des grands enjeux. La personnalitĂ© de l'artiste, ses Ă©clats, ses fulgurances et ses errances ne sont plus ici des dĂ©fauts, mais plutĂŽt des facteurs dĂ©terminants dans une lecture prĂ©cise et enthousiaste de sa contribution au monde culturel quĂ©bĂ©cois.Les fans de Jean Leloup feront assurĂ©ment le voyage en compagnie de Nadia Murray en se sentant compris, en savourant enfin le plaisir de voir l'artiste reconnu Ă  sa juste valeur. Les lecteurs moins familiers avec l'Ɠuvre dĂ©couvriront sans aucun doute un parolier inspirĂ©, un homme cultivĂ©, ouvert sur le monde, qui incarne un QuĂ©bec en pleine mutation.

Foire aux questions

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Informations

CHAPITRE 1 : L’imposteur

Je trouvais que ce disque-lĂ  avait Ă©tĂ© produit tellement d’une façon McDonald (Ă  cause des machines) que j’ai dĂ©cidĂ© de le vendre d’une façon McDonald. Lors du lancement, je me suis mis en clown avec des hamburgers collĂ©s partout22
Jean Leloup a eu une enfance et une adolescence particuliĂšres. Les Leclerc ont vĂ©cu quelques annĂ©es au Togo, puis en AlgĂ©rie ; ses parents s’engagent comme coopĂ©rants de l’ACDI (Agence canadienne de dĂ©veloppement international) dans les annĂ©es 1960 et tous deux, le pĂšre Ă©tant physicien et la mĂšre artiste, offrent une expĂ©rience peu banale Ă  leurs deux fils. Les annĂ©es vĂ©cues au Togo (de 1964 Ă  1969) et en AlgĂ©rie (de 1969 Ă  1976) auraient eu une influence culturelle importante sur le jeune Leclerc : « C’est lĂ -bas que Leloup apprend la musique. Ses compositions seront toujours un peu imprĂ©gnĂ©es de ces racines africaines »23. Cette posture singuliĂšre marquera fortement l’imaginaire de Leloup, comme en tĂ©moigne l’une des premiĂšres piĂšces qu’il a interprĂ©tĂ©e en public, « Le chien d’Alger », au Spectrum de MontrĂ©al :
Ils ont tué le chien
Les enfants de la guerre
Ils ont tué le chien
Avec un fil de fer
En Afrique du Nord
Dans les rues de la ville
On en reparle encore
Encore d’la guerre civile24
Au moment oĂč les Leclerc s’installent Ă  Alger, la guerre d’indĂ©pendance (1954 Ă  1962) semble donc toujours vive dans les esprits. NĂ©anmoins, Leloup dĂ©couvre un autre quotidien dans les rues d’Alger : les citĂ©s d’oĂč fusent des priĂšres musulmanes, la culture arabe et celle, française, des Pieds-noirs, les marchĂ©s aux effluves de cannelle ou de cumin, le climat mĂ©diterranĂ©en, bref, une rĂ©alitĂ© bien Ă©loignĂ©e de ses racines quĂ©bĂ©coises. C’est dans cette ambiance, en pleine adolescence, que Leloup aurait Ă©crit ses premiĂšres chansons (notamment « Rock’n’roll PauvretĂ© », qu’on retrouve sur son album L’amour est sans pitiĂ©) et formĂ© un premier groupe : « On avait une guitare cheap et on se mettait du bleu de mĂ©thylĂšne plein la gueule, on jouait du punk et on s’appelait les Blue Faces ! »25.
Les Leclerc sont de retour au QuĂ©bec en 1976, en plein cƓur du « printemps du QuĂ©bec », une Ă©poque hautement politisĂ©e : le Parti quĂ©bĂ©cois, rĂ©cemment Ă©lu et menĂ© par RenĂ© LĂ©vesque, enclenche alors une sĂ©rie de mesures sociales, Ă©conomiques et politiques afin d’augmenter l’autonomie du QuĂ©bec. Ce sont les annĂ©es de la crĂ©ation de l’assurance automobile, de l’adoption de la loi sur le financement des partis politiques, de la fondation du MinistĂšre de l’Environnement et de la CSST (Commission sur la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail), notamment. Sur le plan culturel, la loi 101 (Charte de la langue française) est crĂ©Ă©e en 1977, faisant Ă©cho Ă  l’effervescence des annĂ©es 1960-1970, oĂč la quĂȘte identitaire s’est souvent concrĂ©tisĂ©e Ă  travers la question linguistique. La chanson, au QuĂ©bec, est devenue en quelque sorte l’extension la plus symptomatique de cette quĂȘte et le lieu, donc, de puissants investissements culturels, qui ont souvent rĂ©sonnĂ© dans les mots des chansonniers. MĂȘme si les contrecoups de la RĂ©volution tranquille se rĂ©sorbent petit Ă  petit Ă  la fin de la dĂ©cennie, le discours en est encore au nationalisme et plusieurs artistes, entraĂźnĂ©s dans cette vague qui porte le rĂ©fĂ©rendum de 1980, crĂ©ent Ă  l’enseigne du fleurdelisĂ© : « De fait, poĂ©sie et chanson sont ajoutĂ©es aux harangues d’usage des grands rassemblements politiques »26.
Mais Jean Leclerc a grandi loin de ces annĂ©es « bleues » et sa posture en est inĂ©vitablement affectĂ©e. Il a vĂ©cu en Afrique et ses rĂ©fĂ©rents n’ont plus grand-chose de quĂ©bĂ©cois :
« Je me souviens de cette mer de drapeaux qui furent levĂ©s lors du rĂ©fĂ©rendum de 1980. Je revenais alors d’AlgĂ©rie oĂč j’avais vu la guerre, le racisme, la rĂ©volution, les oreilles qu’on coupait
 alors qu’ici, au QuĂ©bec, les francophones parlaient des maudits anglais et de l’exploitation. » « Que de radotages », ajoute Leloup, parlant indiffĂ©remment en anglais ou en français quand ce n’est pas par signes. « Les gens, ici, vivent trĂšs bien »27.
Lecteur boulimique28, il entreprend des Ă©tudes en lettres Ă  l’UniversitĂ© Laval, qu’il ne termine pas. S’amorce alors une vie un peu erratique oĂč Leloup est portraitiste un jour, plongeur le mois suivant. Sa carriĂšre artistique commence Ă  se profiler lorsqu’il participe au Festival de la chanson de Granby en 1983. Il incarne Ă©galement, en 1986, le personnage de Ziggy dans la deuxiĂšme version de l’opĂ©ra rock Starmania de Luc Plamondon. MalgrĂ© ces premiĂšres expĂ©riences artistiques somme toute remarquables, Leloup est mĂ©content et ne se gĂȘne pas pour narguer la galerie : « Je me suis arrangĂ© pour entrer dans la machine du showbiz. Ça a pris Starmania [
] pour convaincre les gens de l’industrie »29. Ce n’est clairement pas ce rĂŽle qu’il convoite dans le champ musical quĂ©bĂ©cois.
À la suite du rĂ©fĂ©rendum de 1980, le climat au QuĂ©bec devient plutĂŽt morose : une importante crise syndicale Ă©branle le gouvernement de LĂ©vesque en 1982-1983, le nĂ©olibĂ©ralisme s’enracine en Occident, les chansonniers remballent leurs drapeaux. Les QuĂ©bĂ©cois semblent s’enliser dans une Ă©poque conformiste, une Ă©poque de « confort et d’indiffĂ©rence » telle que la dĂ©crit Denys Arcand dans un film marquant de l’époque30. C’est dans ce contexte, en rĂ©alitĂ©, que Leloup entame vĂ©ritablement sa « carriĂšre »31. Et les temps sont plutĂŽt durs pour les artisans de la chanson : « NĂ©anmoins, contraints Ă  la prudence, les investisseurs quĂ©bĂ©cois miseront essentiellement sur les valeurs sĂ»res, telles les vedettes solos des groupes Ă  succĂšs rĂ©cemment dĂ©mantelĂ©s »32. Le champ musical se rĂ©duit ainsi Ă  quelques figures de proue d’un certain Ăąge d’or de la chanson quĂ©bĂ©coise33, les Michel Rivard, Paul PichĂ©, Pierre Flynn, Richard SĂ©guin, Daniel Lavoie occupant une scĂšne qui offre peu d’espace aux figures nouvelles. Le champ musical est en somme trĂšs fermĂ© dans les annĂ©es 1980. MalgrĂ© cela, Jean Leloup obtient en 1988 un contrat de disque avec Audiogram : endisquer dans de telles circonstances, oĂč la relĂšve peine Ă  se tailler une place, de surcroĂźt avec la plus importante compagnie indĂ©pendante de disques au QuĂ©bec, est un vĂ©ritable tour de force. Menteur34, le premier opus de Jean Leloup, allait paraĂźtre en 1989, lançant un premier ethos.
Pochette de l'album de Jean Leloup, Menteur
Figure 1 : Pochette de l’album Menteur
(produit par Michel BĂ©langer – Audiogram,
réalisé par Paul Pagé, images de Line Charlebois)

Menteur : une ambiguïté périgraphique ?

Pour saisir l’ethos qui se profile dans ce premier opus de Leloup, on Ă©tudiera d’abord la pochette de l’album, sa pĂ©rigraphie (prĂ©face, quatriĂšme de couverture, dĂ©dicace, etc.). Dans le cas de l’album Menteur, cette pĂ©rigraphie est particuliĂšrement signifiante. Jean Leloup a rĂ©pĂ©tĂ© maintes et maintes fois, sur diverses tribunes, qu’il avait attribuĂ© un tel titre Ă  cet album pour le renier, insatisfait du produit et regrettant les compromis qu’il avait dĂ» faire. Le terme « menteur », stratĂ©giquement choisi, indique Ă  qui s’y attarde que l’auteur n’en assume pas le contenu, qu’il « ment » en apposant sa griffe sur l’opus. MĂȘme si la pĂ©rigraphie oriente ici une certaine lecture de l’album, force est d’admettre que Leloup use de la chose d’une façon singuliĂšre. C’est par ailleurs, Ă  ce jour, le seul album35 de Leloup qui ne porte pas le titre d’une de ses chansons.
Si on scrute l’image, en noir et blanc, associĂ©e Ă  ce titre, on peut relever certains Ă©lĂ©ments significatifs. La photo de Leloup, saisie par Line Charlebois, le montre assez impassible, ne regardant pas l’objectif de la camĂ©ra, ce qui est assez habituel par ailleurs : sur la plupart de ses pochettes (sauf sur Mexico et Mille Excuses Milady, oĂč il se montre un peu plus mordant), il ne regarde jamais directement l’objectif et il est mĂȘme parfois absent de la couverture (Les fourmis et À Paradis City). Cette attitude rĂ©vĂšle un certain malaise : Leloup, ayant maintes fois critiquĂ© les rouages de l’industrie du disque, semble inconfortable sur cette premiĂšre vitrine, commerciale, qu’incarne la pochette. Quant Ă  l’image juxtaposĂ©e au clichĂ© de l’artiste, qui reprĂ©sente une multitude d’avions qui s’approchent Ă  l’avant-plan selon une trajectoire quasi infinie, le doute plane. Serait-ce l’écho de certaines chansons, oĂč l’on voyage Ă  Alger et oĂč l’on remonte le temps, naviguant de l’époque de Buffalo Bill jusqu’au « dĂ©but des temps » ? Comme il s’agit d’avions de chasse, on peut dĂ©jĂ  en douter. Peut-on envisager que Leloup « largue » cet album, qu’il le bombarde ? L’assertion est plausible si on considĂšre l’attitude de Leloup vis-Ă -vis...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. JEAN LELOUP - Le principe de la mygale
  3. Page titre
  4. Page légale
  5. REMERCIEMENTS
  6. LA TOILE : introduction
  7. CHAPITRE 1 : L’imposteur
  8. CHAPITRE 2 : L’insolent
  9. CHAPITRE 3 : Le polymorphe
  10. CHAPITRE 4 : Le décadent
  11. CHAPITRE 5 : L’authentique
  12. CHAPITRE 6 : Le spectre
  13. LE FIL : conclusions
  14. ÉPILOGUE :la neuviùme vie de la Mygale
  15. RÉFÉRENCES
  16. NOTES
  17. Table des matiĂšres
  18. QuatriĂšme de couverture