Manifeste pour l'hospitalité des langues
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Manifeste pour l'hospitalité des langues

  1. 130 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Manifeste pour l'hospitalité des langues

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À propos de ce livre

Tablant sur la dimension internationale du français, quelques intellectuels et écrivains réfléchissent à des actions qui permettraient à des langues voisines de la nôtre de résister à l'effritement linguistique en cours.Essais de Gilles Pellerin avec la participation de P. Meyer-Bisch, B. Sansal, W.N'Sondé, J.-L. Raharimanana et H. Walter, préface de Katérina Stenou, introduction de Thierry Auzer.

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Informations

CONTRIBUTIONS

LE FRANÇAIS, LANGUE MÉTISSE

PAR HENRIETTE WALTER
Parce qu’elle s’est largement répandue jusque très loin de son lieu de naissance, la langue française s’est trouvée en contact avec de nombreuses autres langues au cours des siècles, ce qui l’a façonnée, personnalisée et grandement enrichie tout en lui donnant des couleurs diverses selon les lieux où elle s’est ensuite développée. Langue française et géographie ont en conséquence toujours fait bon ménage, et c’est cette facette, dont on ne prend pas toujours conscience mais qui s’impose dès qu’on l’entend sous d’autres cieux, qui mérite d’être un peu mieux connue. Il en résulte une diversité de formes qui en fait une langue au charme métissé.
Tout d’abord des « accents »
La façon dont on prononce les mots apparaît comme le premier indice permettant de se faire une image de l’histoire des gens, de leur milieu social, de leur parcours culturel et de leur origine géographique. Le poète Michel Zamacoïs se fait l’écho de ce point de vue, en lui donnant une dimension affective, ce qui confère en même temps à son expression toute la force d’un éloge de la diversité :
« L’accent ? Mais c’est un peu le pays qui vous suit.
C’est un peu, cet accent, invisible bagage,
Le parler de chez soi qu’on emporte en voyage.
C’est, pour les malheureux à l’exil obligés,
Le patois qui déteint sur les mots étrangers.
Avoir l’accent enfin, c’est, chaque fois qu’on cause
Parler de son pays en parlant d’autre chose ».
Des mots qui révèlent leur zone géographique
Il y a les « accents », bien sûr, mais il y a aussi les mots qu’on choisit. On connaît par exemple les endives (presque partout en France), mais que l’on nomme chicons dans la région de Lille et en Belgique ; on sait que le bar, le colin et la lotte sont les appellations, dans le Nord, des poissons que l’on nomme le loup, le merlu et la baudroie dans le Midi ; il y a aussi le traversin d’un côté (dans le Midi), le polochon de l’autre ; on s’estrasse (de rire) ici, et on se tord (de rire) un peu plus loin ; on sèche un cours en France, on le mouille en Afrique ; on appuie sur le bouton en France, mais on pitonne au Québec…
Il faut ajouter que le mot septante pour « soixante-dix » évoque tout de suite la Belgique ou la Suisse, et que cuchon, moutard ou gone sont le propre de la région lyonnaise ; par ailleurs, ensuqué, « abruti (par la chaleur) », ne s’entend que dans le Midi, mouziner, « bruiner », plutôt en Champagne, cagouille ou luma, « escargot », en Charente ou dans le Berry. Enfin, on dit ravet pour le « cafard » aux Antilles, blocus pour l’« embouteillage » en Haïti ; chitane désigne « le diable » en Afrique du Nord, la berceuse est le nom de la « nounou » au Burkina Faso, et essencerie est le mot pour « station-service » au Sénégal.
Toutes ces particularités sont le plus souvent dues à l’influence des langues de substrat, qui depuis des siècles, ont laissé de multiples traces dans la langue française : sans discontinuer, cette dernière a « emprunté » des milliers de mots aux langues des cinq continents, parmi lesquels elle doit :
séraphin, chérubin à l’hébreu
alouette, mouton au gaulois
bleu, blanc, gris, brun au germanique ancien
chiffre, magasin, sorbet à l’arabe
turban, tulipe au turc
badiane, pistache au persan
bijou au breton
brioche au normand
beurre au lorrain
échantillon au lyonnais
reblochon au savoyard
palombe au languedocien
béret au béarnais
abeille, cigale au provençal
biscotte, festin, ombrelle à l’italien
camarade, vanille à l’espagnol
marmelade, pintade au portugais
bateau, bol, boxe à l’anglais
accordéon, valse à l’allemand
bière, pamplemousse au néerlandais
robot au tchèque
icône, steppe au russe
baba, meringue, mazurka au polonais
mocassin à l’algonquin, une langue amérindienne
tomate, chocolat au nahuatl (langue parlée au Mexique)
banane au bantou
kimono, bonze au japonais
kiwi au maori
kangourou à une langue d’Australie…
Ces mots, pour une grande partie, sont plus ou moins rapidement devenus le bien de tous les franco-phones, et l’on ne peut que se réjouir à l’idée que de nombreux autres mots nés dans d’autres parties du monde, ne demandent qu’à se répandre hors de leur lieu de naissance, pour être accueillis sans modération dans une langue française toujours renouvelée.

RÉCRÉATIONS SUR LES VARIÉTÉS DU FRANÇAIS

Récréation 1
QUELQUES DETTES DU FRANÇAIS AUX LANGUES DE FRANCE
Depuis des siècles, le français s’est enrichi de mots puisés dans le trésor des langues régionales. En voici une petite liste avec, en regard, les noms des langues auxquelles ils ont été empruntés, mais dans le désordre.
Pouvez-vous rétablir le bon ordre ?
1. amour
A. alsacien
2. cèpe
B. basque
3. béret
C. béarnais
4. bizarre
D. berrichon
5. reblochon
E. breton
6. brioche
F. gascon
7. bijou
G. languedocien
8. quiche
H. normand
9. lessive
J. oïl de l’Ouest
10. usine
K. picard
11. palombe
L. provençal
12. champi
M. savoyard
Réponses
Récréation 2
QUELQUES EXPRESSIONS IMAGÉES À DÉCRYPTER
Il faut avoir vécu dans la région où elles sont implantées pour comprendre à coup sûr les expressions suivantes, qui peuvent surprendre ou même rester opaques sans l’aide des usagers locaux, mais qui sont amusantes à connaître.
Un conseil : pour faire durer le plaisir et soutenir le suspense, il vaut mieux cacher la partie droite de ce qui suit avant de la découvrir :
au pipiri chantant (Guyane, Antilles)
« de très bon matin, dès potron-minet »
faire le rang (Afrique)
« faire la queue »
avoir la bouche chaude (Burkina Faso)
« parler vite »
avoir la bouche sucrée (Côte-d’Ivoire)
« être un beau parleur »
prendre du souci (Beaujolais)
« se préparer à partir ».
Ce même sens est exprimé par « demander la route » en Afrique.
se mettre en malice (Auvergne)
« se mettre en colère »
c’est affreux ce que c’est beau (Auvergne)
« beau au-delà de toute expression »
faire les 119 coups (Saint-Pierre-et-Miquelon)
« faire les 400 coups »
toute une épitaphe (Saint-Pierre-et-Miquelon)
« une longue énumération »
maison de cour (Louisiane)
« Palais de Justice »
se mettre sur son 36 (Québec)
« se mettre sur son 31 »
faire sa pintade (Québec)
« se pavaner »
crouiller la porte (Bretagne)
« verrouiller la porte »
être rendu (Touraine et Ouest)
« être arrivé »
c’est de la moutarde après dîner (Berry)
« cela arrive trop tard »
raconter des carabistouilles (Nord et Belgique)
« raconter des histoires »
parler dans le vent (Alsace)
« parler dans le désert ».
Et une mention spéciale doit être réservée à être bien fatigué, qui, en Provence, signifie en fait...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Crédits
  3. Titre
  4. Les éditeurs
  5. Préface par Katérina Stenou
  6. Introduction par Thierry Auzer
  7. Pourquoi ce manifeste ? par Marion Dunoyer et Anaïs Eschenbrenner
  8. Affaire d’ouverture par Gilles Pellerin
  9. Gilles Pellerin - Mundele! texte à l’usage de soi-même et de quelques autres
  10. Contributions
  11. Auteurs & complices du projet de la Caravane des dix mots
  12. Présentation de La Caravane des dix mots
  13. Le 4e Forum international des Caravanes des dix mots: du fil du Rhône au fleuve Congo (octobre 2012)
  14. Remerciements
  15. Réponses
  16. Notes
  17. Crédits
  18. La parole est au(x) peuple(s) 2 - bon de souscription
  19. Quatrième de couverture