Un seul Québec
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Un seul Québec

Dialogue avec les Premières Nations (1978-1995)

  1. 194 pages
  2. French
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Dialogue avec les Premières Nations (1978-1995)

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À propos de ce livre

Après avoir occupé divers postes dans la fonction publique, aussi bien à Québec qu'à Ottawa, David Cliche entre à l'exécutif national du Parti québécois en 1990. Il détermine d'emblée quatre dossiers majeurs qu'il faudra régler pour faire en sorte que la question autochtone ne devienne pas un obstacle à la reconnaissance du Québec comme État souverain: trouver une solution dans le dossier du projet Grande-Baleine, qui envenime le climat social et ternit l'image du Québec à l'international; rétablir l'ordre sur le territoire du Québec, la crise d'Oka et la signature d'une entente entre le juge en chef du Québec et un Mohawk masqué ayant donné une image de chaos social; faire établir par des experts internationaux le processus qui permettra au Québec de devenir un État souverain et de confirmer son intégrité territoriale; revoir le programme du PQ eu égard aux peuples autochtones dans la perspective de la souveraineté du Québec. Il consacre dès lors toute son énergie à ces quatre dossiers, lui qui sera adjoint parlementaire du premier ministre Jacques Parizeau en ce qui concerne les questions autochtones, de septembre 1994 jusqu'au référendum du 30 octobre 1995. Au passage, il raconte de savoureuses anecdotes qui font ressortir la complexité des enjeux humains qui sous-tendent ces grandes questions. Par exemple, cette scène ineffable où, à l'occasion de la mise en place d'une entente concernant les services de police sur le territoire de Kahnawake, il voit le taxi qui l'a mené sur la réserve vandalisé par des protestataires mohawks, devant les caméras de Radio-Canada et sous les yeux éplorés du chauffeur.David Cliche a fait appel à ses archives et à ses souvenirs pour écrire un livre où il déploie une réflexion de fond sur ces questions qui restent toujours aussi cruciales aujourd'hui, en même temps qu'il nous livre un témoignage humain des plus émouvants.

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Informations

chapitre 1
Mon éducation et ma formation
Je ne veux pas m’éterniser sur ma vie, mais je pense qu’il est pertinent de décrire brièvement mon éducation familiale et ma formation, qui ont toutes deux contribué à susciter et à confirmer mon intérêt pour les questions autochtones.
Je suis né en Beauce le 10 juillet 1952. J’ai passé toute mon enfance à Saint-Joseph-de-Beauce, jusqu’en 1964, année où je suis devenu grand pensionnaire au collège Jean-de-Brébeuf. Je suis le fils benjamin de Robert Cliche et de Madeleine Ferron, le petit-fils de Léonce Cliche et de Béatrice Gosselin, d’Alphonse Ferron et d’Adrienne Caron.
Mon grand-père Léonce (1894-1969), qui a été maire de Saint-Joseph-de-Beauce, avocat et juge, a eu beaucoup d’influence sur moi. Je séjournais souvent chez lui et j’allais veiller avec lui lorsqu’il ne se sentait pas bien, souffrant de problèmes cardiaques. Il me parlait beaucoup de l’histoire de la Beauce et de celle de la famille Cliche. Il me rappelait souvent que son grand-père, Vital Cliche, parlait couramment abénaquis et que, tout comme sa grand-mère, Sophie Lessard, il connaissait bien les lieux où campaient les Amérindiens le long de la rivière Chaudière. Tout un chapitre du livre écrit par mon grand-père Léonce sur l’histoire de la famille porte sur l’occupation de la Beauce par les Abénaquis. Lorsque le premier Cliche, Jean-Baptiste, est arrivé en Nouvelle-Beauce en 1772, les Abénaquis étaient très présents dans la vallée de la Chaudière, comme énoncé par mon grand-père dans son livre :
La Beauce était le pays des Abénaquis, sauvages alliés des Français. Ils témoignèrent à nos pères une grande fidélité… Les Abénaquis se conver-tirent rapidement à la religion chrétienne et y restèrent fortement attachés, témoignant du respect et de l’amour à leurs missionnaires… Les femmes blanches rencontraient les sauvagesses et trouvaient leur commerce charmant. Les hommes pêchaient presque continuellement. La tourte était encore leur grande nourriture*.
Selon la description faite par mon grand-père, la cohabitation entre les nouveaux colons en Beauce et les Abénaquis était basée sur le respect mutuel. Il était fier de me dire que les Abénaquis étaient toujours les bienvenus sur les terres des Cliche et que la grosse roche plate située sur la terre ancestrale le long de la rivière Chaudière avait longtemps servi aux Abénaquis et, subséquemment, aux Hurons, qui venaient y nettoyer leurs poissons et leurs prises de chasse. Ce fait a été confirmé par le grand chef des Hurons, Max Gros-Louis, lors du grand rassemblement de la famille Cliche qui s’est tenu sur la terre ancestrale en 1985. Les Cliche venus de France pour l’occasion ont été bien impressionnés par la présence et le discours du grand chef vêtu de ses plus beaux atours.
Les Beaucerons ont toujours été proches des Américains, auxquels ils s’identifient bien plus qu’aux Canadiens anglais. Mon grand-père Léonce ne faisait pas exception ; il espérait même que le Québec deviendrait un État américain. Je tiens à décrire l’attitude de mon grand-père quant aux Américains, car celle-ci m’a subséquemment servi dans mes relations avec ces mêmes Américains durant la campagne référendaire de 1995.
Le général Benedict Arnold a remonté la rivière Kennebec et descendu la rivière Chaudière à l’automne 1775. Il a raté son offensive sur Québec le 31 décembre de la même année. Il a lancé ses troupes à l’assaut le dernier jour du contrat de ses mercenaires, alors qu’il y avait une tempête de neige. Léonce s’attristait du fait que l’invasion des Bostonnais menée par Arnold en 1775 n’avait pas été un succès. Cependant, il se réconfortait en nous contant que notre ancêtre Jean-Baptiste Cliche avait reçu Arnold en libérateur et que Jacques Ducharme, chez qui Jean-Baptiste et sa jeune femme Geneviève Bourbeau habitaient cette année-là, avait été reconnu comme un mauvais sujet et un défenseur de la révolution et de l’invasion américaines. Voici ce qu’écrit mon grand-père :
Arnold et sa troupe passèrent à Saint-Joseph dans les premiers jours de novembre 1775. Des espions avaient préparé leur passage et ils trouvèrent une population qui leur était très sympathique. Les Américains furent bien reçus et bien traités par les nôtres, et il n’y a aucun doute que la maison de Jacques Ducharme, où vivaient nos ancêtres Cliche-Bourbeau, leur fut grande ouverte.
Selon la tradition familiale, pour son appui aux Bostonnais, notre ancêtre a été excommunié pour un an et condamné à crier « vive le roi » à son premier retour à l’église. Selon mon grand-père, lorsque Jean-Baptiste s’est exécuté, personne ne l’a entendu, en raison du brouhaha ambiant. L’honneur de la famille était donc sauf.
Quant à son espoir que le Québec devienne un État américain, voici comment mon grand-père l’expliquait par écrit en 1949 :
Après la chute de Québec, misérables, ces colons des hauteurs de Charlesbourg s’exilaient dans notre région. Le nouveau régime avait permis aux uns de s’emparer de tout et il n’était rien resté pour les premiers arrivés. L’Américain, pour nos gens, a toujours été synonyme de bien-être matériel et de largeur de vues. Sans doute, comme en 1775, le clergé et les officiels resteront figés dans le maintien du régime établi, mais ils seront peu nombreux. La masse du bas peuple, qui souffre, travaille et veut vivre, saura trouver sa voie pour rompre définitivement avec ceux qui, après l’avoir asservie, l’ont toujours saignée à blanc. L’attraction est-ouest que l’on essaie d’établir, après la décadence de l’empire anglais, ne résistera pas au courant nord-sud. Tôt ou tard, nous retrouverons notre étoile au drapeau américain. Il aurait été préférable de l’avoir en 1775. Nos pères l’avaient compris.
Mon grand-père me donnait également souvent de précieux conseils. Un soir d’hiver, il m’a dit que j’allais un jour faire de la politique et être ministre. Il m’a dit du même souffle, avec le langage imagé et cru qu’il utilisait à l’occasion : « Sois prudent et souviens-toi qu’il y a deux choses qui peuvent corrompre un politicien : la beurrée et la traite de cul ! » La beurrée étant le pot-de-vin et la traite de cul étant le service d’une prostituée. J’ai gardé cet enseignement en mémoire. Peu de temps après mon élection en septembre 1994, j’étais dans mon nouveau bureau de comté, sans avoir eu le temps de monter mon cabinet et d’engager une personne responsable à l’agenda. Une jeune femme s’est présentée à mon bureau, boulevard Sainte-Rose, dans le comté de Vimont, à Laval. Elle était vêtue d’un court manteau de vison avec un décolleté plongeant. Elle s’est assise devant moi, face à mon pupitre, laissant voir une sacoche pleine de billets, et elle m’a dit : « Je suis mandatée pour venir voir comment vous marchez. » Mon grand-père avait donc raison : j’avais devant moi la beurrée et la traite de cul. Je lui ai expliqué que je travaillais en fonction de la raison d’État et lui ai demandé de partir. Cet incident m’a confirmé la grande sagesse de mon grand-père. J’ai raconté cet incident aux policiers de la SQ qui enquêtaient sur l’administration Vaillancourt, avec lesquels j’ai eu deux longues rencontres. À la deuxième, ils m’ont donné l’identité de celui qui avait mandaté la jeune dame pour tenter de me corrompre.
Ma mère, Madeleine Ferron, a écrit huit livres, romans et recueils de nouvelles, et deux avec l’aide de mon père, Robert Cliche. Dans l’un de ces derniers, Les Beaucerons, ces insoumis, un chapitre entier porte sur la cohabitation des premiers colons de la Nouvelle-Beauce et des Abénaquis, qui vivaient notamment sur les berges de la rivière Chaudière. Voici l’une des conclusions du chapitre intitulé « La société primitive » :
Nous affirmons sans crainte d’errer qu’au sein de la plupart des familles-souches, il y a eu métissage. Quelques alliances ont été fortuites et sans suites. La plupart furent légalisées par le mariage et ont laissé une nombreuse descendance et une hérédité amérindienne diluée de plus en plus, il va de soi… Il n’y a pas lieu de s’en plaindre. Nos qualités de force et d’endurance nous viennent sans doute de cette hérédité. Et comme nous devons notre survivance à notre insoumission, n’y aurait-il pas lieu de faire un rapprochement entre cette résistance et l’esprit d’indépendance des Amérindiens ** ?
Mes parents étaient des amis de Max Gros-Louis, grand chef des Hurons, et d’Aurélien Gill, chef de la communauté innue de Pointe-Bleue, ou Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean. Papa faisait un parallèle entre la Révolution tranquille des Québécois et la renaissance de l’identité et de la fierté des nations autochtones du Québec dans les années 1960. Lorsque le premier ministre Robert Bourassa a annoncé le projet de développement des ressources hydroélectriques de la Baie-James en 1971, il n’avait pas pris en compte la présence des Cris et des Inuits sur le territoire ni l’existence de leurs droits territoriaux. Max Gros-Louis, qui était alors le grand chef de l’Association des Indiens du Québec, a dit que la province ne pouvait aller de l’avant avec ce projet sans s’entendre avec les Cris et les Inuits. Il a demandé à papa de préparer les démarches judiciaires des Autochtones mais, comme mon père connaissait peu le droit relatif à un tel dossier, il a suggéré à Max Gros-Louis de retenir les services de son collègue de Saint-Joseph-de-Beauce, Me Jacques Beaudoin. Comme celui-ci parlait mal anglais, il a engagé un jeune avocat de Montréal du nom de James O’Reilly pour l’assister. Me Beaudoin est mort dans un accident de voiture en 1972. Me O’Reilly a poursuivi les démarches judiciaires amorcées par Me Beaudoin, qui ont mené au célèbre jugement Malouf et à la signature de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ) en 1975.
J’ai épousé Johanne Séguin en septembre 1978, quelques jours avant la mort de mon père. Elle est originaire de Rigaud. Il y a eu du métissage dans une branche de sa famille avec les Algonquins de la vallée de l’Outaouais. Lorsque Gabrielle, notre premier enfant, est née en 1981, nous sommes allés la présenter à mon oncle Jacques Ferron, écrivain et médecin qui avait pratiqué en Gaspésie. Il a pris l’enfant dans ses bras, l’a examinée et nous a dit : « Elle a la tache du sauvage. » Il s’agit d’une tache bleue située dans le bas du dos et qui est présente pendant plusieurs mois après la naissance. Cette tache (également appelée « tache mongoloïde ») serait un signe d’hérédité amérindienne que mon oncle Jacques avait appris à reconnaître lors de sa pratique en Gaspésie, pays des Micmacs.
J’ai fait mes études secondaires et collégiales au collège Jean-de-Brébeuf. Deux maîtres jésuites m’ont aidé à structurer ma pensée et à bien approfondir une matière ou un dossier. Il s’agit du père Alarie en syntaxe et du père Bourgeois en méthode. Je me suis toujours intéressé à la nature et à la compréhension des systèmes naturels.
J’ai obtenu un baccalauréat en géologie de l’Université de Montréal en 1975, ayant particulièrement porté attention à la période géologique dans laquelle nous vivons, soit le quaternaire. Qui dit géologie, dit habituellement travaux d’été liés à la prospection et à l’exploration géologiques. Un bon ami de Brébeuf, Jean Légaré, était allé vivre au Yukon au début des années 1970. Il m’a invité à y aller, me garantissant que je trouverais facilement un emploi d’été en géologie. J’ai fait un premier séjour de six mois au Yukon en 1974, en compagnie de celle qui allait devenir ma femme. J’ai travaillé pour une entreprise de géologie à partir du petit village de Ross River, où il y avait une communauté d’environ cent cinquante Autochtones kashkas. Je me suis lié d’amitié avec plusieurs d’entre eux, dont l’un des aînés du village, Sid Atkinson. La situation matérielle et sociale des Autochtones me désolait. C’est au Yukon que j’ai constaté les impacts de l’encadrement des Autochtones par la Loi sur les Indiens, qui date de 1873 : vivre dans une réserve sans eau courante, dans des cabanes délabrées, sans beaucoup de possibilités d’éducation et de réussite, selon nos critères. Je voulais approfondir cette question ; c’est pourquoi j’ai fait une maîtrise à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal. Mon mémoire s’intitulait De la tente au bungalow. J’ai effectué un deuxième séjour au Yukon en 1976, au cours duquel Johanne et moi avons vécu dans la réserve indienne de Ross River. Dan...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Titre
  5. Crédits
  6. Dédicace
  7. Note de l'auteur
  8. Préface de Max Oné Onti Gros-Louis
  9. Préface de Stephen R. Kelly
  10. Avant-propos
  11. Chapitre 1 - Mon éducation et ma formation
  12. Chapitre 2 - Mon expérience professionnelle (1978-1994)
  13. Chapitre 3 - Le programme du Parti québécois de 1991
  14. Chapitre 4 - L'intégrité territoriale du Québec et la succession d'État
  15. Chapitre 5 - L'élection du 12 septembre 1994
  16. Chapitre 6 - Le projet Grande-Baleine
  17. Chapitre 7 - Le respect des lois en territoire mohawk
  18. Chapitre 8 - Les relations avec les nations autochtones du Québec et du Canada
  19. Chapitre 9 - Le débat référendaire concernant les questions autochtones et territoriales
  20. Chapitre 10 - La question autochtone, la France et la communauté européenne
  21. Chapitre 11 - Les relations avec les États-Unis d'Amérique
  22. Remerciements
  23. Remerciements
  24. Fin
  25. Quatrième de couverture