Chez les deux pieds sans plumes
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Chez les deux pieds sans plumes

  1. 108 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Chez les deux pieds sans plumes

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

Une fois posĂ©e ma palette, aprĂšs un long moment d'Ă©coute environnĂ© de solitude et d'attente, je vois vivre sur le papier mouillĂ© l'Ă©trange alchimie des couleurs, je vois naĂźtre des ciels, des terres, des paysages nonpareils. Et Ă  partir de toutes ces formes, pourquoi s'interdire de dessiner des prĂ©sences, des corps, des visages, des personnages inventĂ©s Ă  la fois oiseaux et visiteurs fantaisistes de l'ombre? Et me voici en train de peindre des cent pieds cent plumes, des sans pieds sous plumes, des porte-plume sans pieds et autres apparitions fantasmagoriques. Me vint alors Ă  la mĂ©moire l'expression « deux pieds sans plumes » colligĂ©e dans mon dictionnaire et dĂ©signant nos congĂ©nĂšres et semblables.Et c'est ainsi que je mis en chantier un projet que je nommerais mon « carnet de gens », carnet oĂč vivraient des gens croisĂ©s au fil des jours et de mes longues promenades dans le monde d'alentour. Et pourquoi, dans mon livre, ne passeraient-ils pas, tous ces ĂȘtres vus, entendus, imaginĂ©s au cours de ma vie rĂ©cente? Oui, ils existent, ces gens que ma solitude me permet de voir. Pierre MorencyCe regard du poĂšte-ornithologue, qui faisait tout le prix de ses Histoires naturelles du Nouveau-Monde, Pierre Morency le tourne ici vers le genre humain. Il en rĂ©sulte un livre inattendu et inclassable. Un livre de profonde sagesse oĂč s'invitent pourtant drĂŽlerie et impertinence. Un livre oĂč nous tous bipĂšdes qui foulons cette terre de nos deux pieds nous retrouvons croquĂ©s avec tous nos travers, mais Ă©galement notre inĂ©puisable humanitĂ©.

Foire aux questions

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Informations

Année
2021
ISBN
9782764646915
Je venais d’arriver au pays, en cette saison oĂč l’on ne gĂšle plus, oĂč l’on ne brĂ»le pas encore. Pour un temps, des amis avaient mis Ă  ma disposition une petite maison presque oubliĂ©e au centre d’un quartier pĂ©riphĂ©rique, avec pour seul engagement celui de protĂ©ger et de nourrir les oiseaux. J’avais, au cours d’un rĂ©cent naufrage, Ă  peu prĂšs tout perdu des biens que le mĂ©tier d’écrivain permet d’acquĂ©rir. Et c’est ainsi qu’une fois la porte refermĂ©e derriĂšre moi je dĂ©posai Ă  mes pieds ma petite machine Ă  Ă©crire et un sac de toile cabossĂ© enfermant toute ma richesse : mes effets personnels, deux guides d’identification de la nature, mon vieil ami le dictionnaire, quelques livres nourriciers, une boĂźte d’aquarelles, un carnet vierge reliĂ© en bleu et un petit cadre de bois protĂ©geant le plus souriant visage. Au bord infĂ©rieur droit on pouvait lire : « À Louis, mon amimoureux, de Bianca. » Je portai la photo Ă  mes lĂšvres.
J’ouvris les rideaux devant la baie vitrĂ©e qui me dĂ©voila un jardin plutĂŽt spacieux, joliment boisĂ© et sĂ©parĂ© des voisins par une haie de cĂšdres de bonne hauteur. Au loin, on entendait vers l’ouest bourdonner la rumeur de la ville, cet arriĂšre-fond sonore parfois rassurant. Contre la fenĂȘtre je pris soin de pousser l’épaisse table de bois oĂč je dĂ©posai mes possessions : livres, plumes, papier, carnet et la photo encadrĂ©e.
Le premier matin, je me mis en frais de procĂ©der Ă  l’inventaire des arbres environnants : l’érable Ă  sucre, le sorbier, l’amĂ©lanchier dĂ©jĂ  en fleur, le frĂȘne et le cornouiller. Au coin sud, les propriĂ©taires avaient vissĂ© un nichoir Ă  hirondelles sur un poteau destinĂ© Ă  soutenir une corde Ă  linge. La vue de la maisonnette blanche et bleue me donna l’idĂ©e de noter sur la premiĂšre page de mon carnet le nom des oiseaux dont j’espĂ©rais recevoir la visite au cours des jours prochains : le merle, les jaseurs, quelques bruants, le moqueur chat, la tourterelle, les virĂ©os. Recevoir, au surplus, la visite de l’oriole me serait une rayonnante salutation du destin. Je remarquai tout de suite qu’au centre du terrain, sous le cormier, tremblait l’eau verte d’une vasque de ciment destinĂ©e au bain et Ă  la soif des passereaux.
Le deuxiĂšme jour fut consacrĂ© Ă  ma correspondance, limitĂ©e Ă  une longue lettre Ă  Bianca retenue lĂ -bas par son travail dans la capitale. Je ne savais pas encore si j’aurais besoin de faire installer le tĂ©lĂ©phone.
C’est au cours des jours suivants, sombres et pluvieux, que je ressentis le besoin physique de retrouver mes couleurs prĂ©fĂ©rĂ©es et le plus chaud des noirs, celui de l’encre de Chine. En ouvrant mon coffret de peinture, je fus sur-le-champ entourĂ© comme au centre d’un arc-en-ciel. Sur le papier, avec mon pinceau, voici le bleu outremer, la vibration sourde du rouge de cadmium, l’apparition huileuse du vermillon, l’ensoleillement de tous les jaunes, le violet portĂ© vers la fusion des mystĂšres, l’indigo si profond, enveloppant comme un ruissellement de velours. Les couleurs ne parlent-elles pas Ă  l’Ɠil et Ă  l’ñme ? J’avais depuis longtemps notĂ© sur la page de garde de tous mes anciens carnets ce que Vieira da Silva avait, avant sa mort, lĂ©guĂ© par testament : « Un bleu cĂ©rulĂ©en pour voler haut, un vert mousse pour apaiser les nerfs, une garance pour faire entendre le violoncelle, le jaune citron pour la grĂące, une terre de Sienne naturelle pour la transmutation de l’or, une terre de Sienne brĂ»lĂ©e pour le sentiment de la durĂ©e. »
Et que fait-on avec cette richesse de la vie que sont les couleurs ? On laisse un moment porter son regard sur le dehors et puis vers le dedans. On se laisse guider par le dĂ©sir de donner forme Ă  ce qui veut monter au fond de soi, par le dĂ©sir de voir apparaĂźtre – ombre ou lumiĂšre – ce quelque chose de neuf dans sa propre vie. Une...

Table des matiĂšres

  1. Page couverture
  2. Faux-titre
  3. Du mĂȘme auteur
  4. Titre
  5. Crédits
  6. DĂ©dicace
  7. Citations
  8. Chez les deux pieds sans plumes
  9. Crédits et remerciements
  10. Les Éditions du BorĂ©al
  11. Fin
  12. QuatriĂšme de couverture