Un neurinome sur une balançoire
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Un neurinome sur une balançoire

  1. 76 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Un neurinome sur une balançoire

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À propos de ce livre

Un neurinome est une tumeur bénigne qui se manifeste sur l'enveloppe entourant le huitième nerf crânien qui relie l'oreille au cerveau. À terme, la tumeur non traitée finit par comprimer le cerveau et entraîner la mort de l'individu…Ce diagnostic cataclysmique tombe comme un couperet sur un homme et le paralyse. De Sudbury au Rhode Island, de la balançoire de son enfance au jardin du poète, la pièce, malgré son point de départ autofictionnel, nous mène droit à la poésie au bout d'un combat sans merci, là où on ne l'attendait pas.Un « neurinome sur une balançoire » raconte les souvenirs d'un père qui disparaît, d'un poète épris de silence, d'un guérisseur bienveillant et de l'amour qui menace à chaque instant d'imploser. Une introspection saisissante, qui rend de manière drôle et émouvante la disparition d'un héros, la fascination de la poésie et la fétichisation de cette laideur?: une tumeur cachée quelque part dans un crâne.

Foire aux questions

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Informations

Année
2015
ISBN
9782897440367

Scène 1

Alain
Que les hommes ne valent rien
Que les hommes ne valent rien
Et les garçons encore moins bien…

Scène 2

Alain (à Toi)
Parle-moi! Raconte-moi tout ce qui te passe par la tête! Vite! N’importe quoi, invente, mais dis-moi quelque chose! Dépêche-toi, je ne vois de nouveau plus rien! Je ne te mens pas, c’est comme si j’avais comme un feu d’artifice dans les yeux! C’est comme si je voyais des étoiles qui scintillent dans mes yeux! Mais dis-moi quelque chose, merde! Non, je n’exagère pas! C’est comme si j’avais un marteau dans la tête. Un marteau qui me frappe, là. À l’intérieur de la tête! On se parlait de tout avant, alors pourquoi maintenant tu ne dis plus rien? Parce que tu veux me laisser, c’est ça? Je suis pathétique, c’est ça? Oui, je te mets des mots dans la bouche, mais qu’est-ce que tu veux que je fasse? / Ne m’interromps pas! Je sais que tu n’as rien dit, ce n’était rien qu’une joke! En plus, tu sais bien que je dois prendre l’avion aujourd’hui et que je n’aime pas ça! Je ne veux pas prendre cet avion sans qu’on se soit parlés avant, tu m’entends! Je ne sais pas ce qui m’a pris d’aller au bout du monde! Tu es déjà allé au bout du monde, toi? Ça ne t’intéresse pas? Qu’est-ce que tu fais? Tu m’écoutes? Tu ne comprends pas que j’ai peur de ce que tu ne dis pas? J’ai tout le temps peur du vide, de tout ce qu’on ne me dit pas!

Scène 3

Alain (à Voyageur)
Pardon Monsieur, est-ce que c’est bien ici qu’on fait son check in pour Sudbury?
Voyageur
Non, mon p’tit gars, ici on fait la file pour Montréal. Sudbury, c’est là. Oui, là! Tu as de la chance, toi, il n’y a personne! Tu n’as même pas à faire la file! Tu sais que c’est vraiment laid? Même Winnipeg ressemble à Venise en comparaison. Tu te souviens, l’équipage Apollo je sais plus combien? Eh bien, il s’est entraîné là-bas parce que toute la région ressemble à la lune! À la lune! (Rires) En plus, il y fait froid comme ça ne se peut pas. Et puis l’été, il y a plus de mouches noires et autres bibittes que dans la forêt amazonienne. Enfin, bonne chance! Tu en auras besoin! Tu crois qu’ils parlent encore français là-bas? (Rires) Eh bien, j’ai mon voyage! Enfin, c’est ton problème après tout.
Pause.
Alain (à Hôtesse)
Bonjour Madame, je vais… (Inquiet tout à coup) à Sudbury.
Hôtesse
Tu as combien de bagages? Eh bien, on ne va pas se chicaner, pour voyager léger, tu voyages léger, allez, c’est faite, tu es déjà parti!
Alain
Je ne comprends pas.
Hôtesse
L’embarquement, c’est à la porte C32, c’est au deuxième sous-sol, tout au bout du couloir, juste après les dessins d’enfants, tu ne peux vraiment pas te tromper.
Alain
J’essayerai.
Hôtesse
Ah, j’oubliais, est-ce que tu transportes des munitions ou une arme de chasse?
Alain
Non, des pièces de théâtre! Est-ce que ça compte?
Pause.
Je suis comédien… Des pièces de théâtre, est-ce que ça compte?… Au deuxième sous-sol vous m’aviez dit, non?
J’embarque dans un petit avion à hélices.
Tiens, la dame du comptoir est maintenant hôtesse de l’air. Ils doivent avoir une pénurie de personnel sur les vols qui vont à Sudbury! Personne ne doit vouloir faire ça! J’ai presque pitié d’elle.
Elle me jette un tout petit paquet de bretzels au visage. Ils n’ont aucun goût. C’est sans doute pour m’acclimater à l’enfer des moustiques et du froid! L’avion tangue dans les bourrasques de vent. J’ai l’estomac qui me remonte à la gorge. Je sens que les bretzels cherchent une voie de sortie. Ils savent que je ne les aime pas.
(À Hôtesse) Excusez-moi, Madame, je ne veux surtout pas vous déranger, mais est-ce que c’est encore loin?
Pause.
Hésitant, je sors de l’avion dont les hélices ont enfin cessé de s’agiter. Je me sens à cet instant comme Neil Armstrong sortant de son module lunaire.
That’s one small step for man, one giant leap for mankind!
Dans l’aéroport, à peine plus grand qu’un tout petit paquet de bretzels, je ramasse quelques brochures touristiques. Une immense pièce de monnaie, un casino, plusieurs motels. Et puis ce slogan qui couronne le tout : « Sudbury, la capitale du nickel ».
C’est quoi au juste, du nickel? Moi, je ne sais pas! En fait je sais que c’est un métal. Je ne suis pas tout à fait niaiseux, quand même. Mais pour quoi faire? La navette Apollo, peut-être? En tout cas, moi, je n’en ai jamais acheté.
L’aéroport s’est vidé en un clin d’œil. Il ne reste qu’un vieux monsieur qui vend des billets pour le stationnement. Il est coiffé d’un grand chapeau mexicain ou quelque chose comme ça.
Il est un peu en retard. Et s’il n’arrivait pas? Avec la veine que j’ai aujourd’hui, ça ne m’étonnerait pas du tout! Ça m’apprendra! Je n’avais qu’à pas venir ici! Personne ne m’a obligé!
Houston, we have a problem!
Enfin, Alain, calme-toi! Profite de « l’expérience »! Et puis j’en ai marre de faire semblant! Mais qu’est-ce que je fous ici, merde? Tout ce que je veux maintenant /
C’est à ce moment-là que j’aperçois son sourire qui embrase tout l’aéroport. Il ressemble à l’image que je me fais d’un grand chef indien. Immense. Fier. Droit. Avec une longue chevelure noire qui lui coule sur le dos et qui contraste avec les quelques poils que j’ai encore sur la tête et que j’essaye en vain de mettre en forme avec du gel parfumé au citron.
Lui
Je suppose que tu as faim?
Alain
Le restaurant où il m’emmène ressemble à un bar perdu en plein Far West, bercé comme il se doit de musique country. On est assis sur des tabourets en bois, à la peinture verte écaillée, devant d’immenses écrans qui projettent un événement sportif auquel personne ne fait attention. Quant à nous, on commence à faire connaissance et à se raconter nos vies en attendant nos hamburgers frites et rondelles d’oignon. On se met aussi à refaire le monde tout en décortiquant le contenu d’un plein bol d’arachides. C’est alors que je le vois envoyer sur le plancher toutes les écailles de peanuts qui se sont accumulées sur la table. Comme ça! D’un simple coup d’avant-bras!
(À Lui) On va se faire engueuler, non?
Et toujours ce même sourire qui embrase tout sur son passage.
Lui
Je ne crois pas. En tout cas, pas pour ça. Tu peux essayer si tu veux.
Alain
Tu crois?
Lui
Tu peux y aller. Je t’assure.
Alain
J’envoie alors les écailles sur orbite, bien plus vite que l’éclair, avec un plaisir délinquant évident. En fait, j’envoie promener bien plus que quelques écailles. J’envoie au plancher la lune, le nickel, l’immense pièce de monnaie, un petit bout de ma vie d’avant, quoi. Et c’est précisément ce moment-là qu’il choisit… Il ouvre un livre de poésie. Très lentement. Puis après, il ouvre ma main droite. Et avant même que j’aie le temps de m’enfuir, il y dépose son cœur. Oui, son cœur. Je veux dire son vrai cœur! Son cœur en train de battre. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je viens tout juste de l...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Prise de parole
  3. Page titre
  4. Catalogage
  5. Dédicaces
  6. Équipe de création
  7. Personnages
  8. Scène 1
  9. Scène 2
  10. Scène 3
  11. Scène 4
  12. Scène 5
  13. Scène 6
  14. Scène 7
  15. Scène 8
  16. Scène 9
  17. Scène 10
  18. Scène 11
  19. Scène 12
  20. Scène 13
  21. Scène 14
  22. Scène 15
  23. Postface - Des limites du « je » théâtral
  24. Table des matières
  25. Quatrième de couverture