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  1. 303 pages
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À propos de ce livre

L'œuvre de Daniel Poliquin s'impose actuellement comme l'une des plus remarquées au Québec et au Canada. Signe du haut profil de l'auteur, la liste impressionnante des prix littéraires remportés, la traduction systématique de ses romans vers l'anglais et, en 2006, la consécration de son œuvre dans le cadre d'un colloque universitaire.«Lire Poliquin» réunit les articles des treize chercheurs réputés qui ont participé à ce colloque, dont François Paré, Robert Yergeau, Lucie Hotte, Jean Morency et François Ouellet, le directeur de cet ouvrage. Entre autres, ils ont scruté le fonctionnement narratif des textes, abordé la construction identitaire des personnages et examiné l'attention accordée à l'œuvre au Québec. L'ouvrage contient également l'allocution prononcée par Daniel Poliquin lui-même lors de la rencontre et un état des recherches sur l'œuvre de Poliquin.

Foire aux questions

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Informations

Année
2013
ISBN
9782894235935

ASPECTS DE L’IRONIE DANS L’OBOMSAWIN

Johanne Melançon
Université Laurentienne
[I]rony isn’t irony until it is interpreted as such — at least by the intending ironist, if not the intended receiver. Someone attributes irony ; someone makes irony happen.
Linda Hutcheon135
Plusieurs critiques ont noté, au passage, l’ironie dans l’œuvre de Poliquin : François Paré parle d’« une merveilleuse ironie qui fit assurément son succès136 » ; Robert Yergeau note le « style composite d’humour, d’ironie et de sarcasmes137 » ; et ils sont tous deux cités par Carmen Fernández Sánchez qui, dans son analyse de l’humour dans l’œuvre de Daniel Poliquin, signale que « [l]es éléments humoristiques servent le plus fréquemment à […] caractériser [les personnages] dans une vaste gamme qui va de l’ironie caricaturale cinglante à l’humour le plus compréhensif138 ». L’ironie, associée aux personnages secondaires, sert à « ridiculiser certaines attitudes ou idées » et, ajoute-t-elle, « [s]ur ces ébauches de personnages réduits à quelques traits négatifs, Poliquin exerce une ironie qui vise à dénoncer les idées reçues, une idéologie masquée sous l’apparence inoffensive du lieu commun139 ». Car l’ironie est bien un moyen privilégié pour exprimer une critique, une remise en question des façons de penser, des institutions. Comme le fait remarquer Linda Hutcheon,
[i]n the last decades of the twentieth century, both [irony and parody] rapidly became the rhetorical weapons of choice for cultural minorities — for those marginalized by dint of their sex, race, ethnicity, sexual choice, religion. It wasn’t just postmodernism, in other words, that saw the potential in both parody and irony for the articulation of an effective counter-discourse140.
L’ironie permettrait donc, en particulier pour les cultures minoritaires, de construire un « contre-discours », voire de déconstruire le discours de la majorité sinon de l’attaquer pour le renverser141. Cependant, l’ironie est un phénomène complexe et son interprétation l’est tout autant, mettant à contribution à la fois celui qui énonce le propos et celui qui doit l’interpréter :
[...] the attributing of irony to a text or utterance is a complex intentional act on the part of the interpreter, one that has both semantic and evaluative dimensions, in addition to the possible inferring or ironist intent (from either the text or statements by the ironist)142.
Et l’on peut certes se demander, avec Linda Hutcheon,
[w]hy should anyone want to use this strange mode of discourse where you say something you don’t actually mean and expect people to understand not only what you actually do mean but also your attitude toward it? How do you decide if an utterance is ironic? In other words, what triggers you to decide that what you heard (or saw) is not meaningful alone, but requires supplementing with a different, inferred meaning (and judgment) that would then lead you to call it « irony »143?
Pierre Schoentjes répond en partie à cette question lorsqu’il note que « l’ironie est précisément une façon de donner plus de force à l’expression d’un jugement144 ». Mais d’abord, que faut-il entendre par « ironie »?
Définition de l’ironie
L’ironie est à la fois figure de mot (trope) et figure de pensée, antiphrase et raillerie, comme le résume entre autres Laurent Perrin, qui y voit un fait d’interprétation plutôt que de signification145. Ce point de vue s’inscrit dans la lignée des travaux de Linda Hutcheon et de Catherine Kerbrat-Orecchioni, pour qui l’ironie possède à la fois une spécificité sémantique, de l’ordre de l’antiphrase ou du simple « décalage sémantique146 », et une spécificité pragmatique, soit une valeur illocutoire qui fait que « ironiser, c’est toujours d’une certaine manière railler, disqualifier, tourner en dérision, se moquer de quelqu’un ou de quelque chose147 ». Et, pour Kerbrat-Orecchioni,
[...] des deux composantes, sémantique et pragmatique, de l’ironie, la seconde est dominante par rapport à la première : c’est la valeur pragmatique d’une séquence, plus que sa structure sémantique, qui fait qu’on la « sent » intuitivement comme ironique ; ironiser, c’est se moquer, plus que parler par antiphrase148.
À l’idée de décalage, elle ajoute celle d’une « distance » : « Il est certain que l’ironie implique toujours, de la part du sujet énonçant, une attitude de distance vis-à-vis le contenu littéral149. » Philippe Hamon parle lui aussi d’une « tension, ou décalage, ou distance, entre le texte et un autre texte, entre deux parties du même texte, entre le texte et son énonciateur150 ». Par ailleurs, notant elle aussi l’idée d’un « décalage sémantique », Linda Hutcheon insiste sur deux fonctions, celle d’« inversion sémantique » (antiphrase) et celle d’« évaluation pragmatique » (jugement) qui y sont liées :
Ces fonctions — d’inversion sémantique et d’évaluation pragmatique — sont toutes deux implicites dans le mot grec, eirôneia, qui évoque en même temps la dissimulation et l’interrogation, donc un décalage entre significations mais aussi un jugement. L’ironie est à la fois structure antiphrastique et stratégie évaluative impliquant une attitude de l’auteur-encodeur à l’égard du texte lui-même. Attitude qui permet et demande au lecteur-décodeur d’interpréter et d’évaluer le texte qu’il est en train de lire151.
Par là, elle souligne « l’importance décisive de l’intentionnalité et de la réception du texte quand il s’agit d’un trope comme l’ironie152 ». En fait, selon Linda Hutcheon, « [i]rony is always (whatever else it might be) a modality of perception — or, better, of attribution — of both meaning and evaluative attitude153 ». Ce faisant, elle cerne bien la difficulté de lecture que pose l’ironie, comme le constate également Philippe Hamon, qui parle de l’ironie comme étant une « communication à haut risque » :
L’ironie construit donc un lecteur particulièrement actif, qu’elle transforme en co-producteur de l’œuvre, en restaurateur d’implicite, de non-dit, d’allusion, d’ellipse, et qu’elle sollicite dans l’intégralité de ses capacités herméneutiques d’interprétation, ou culturelles de reconnaissance de référents154.
Car, précise Linda Hutcheon,
[l]’ironie n’est pas en premier lieu comprise : elle est d’abord créée, ou, plus exactement provoquée, suscitée (made to happen) [...]. L’ironie survient dans l’espace séparant aussi bien qu’incluant le « dit » et le « non-dit » ; elle demande les deux. [...] le « dit » et le « non-dit » coexistent pour l’interprète, et les deux prennent leur signification l’un par rapport à l’autre parce qu’ils sont littéralement en interaction pour créer le véritable sens « ironique ».
Aussi,
[a]insi conçu, le sens ironique ne réside pas exclusivement dans le sens « non-dit » pas plus que le « non-dit » n’est simplement inversion ou opposé du « dit » ; il sera toujours distinct, différent et plus chargé de sens que le « dit ». On commence à voir maintenant pourquoi l’ironie est tellement dangereuse, pourquoi il est impossible de lui faire confiance en levant le garde-fou sémantique « un signifiant/un signifié » et en mettant en lumière la nature complexe [...] de la production de sens ironique155.
Reste à savoir quels sont les indices de l’ironie dans le texte car, faut-il le rappeler, « [l]’ironie ne peut légitimement exister qu’en l’absence d’indices trop insistants156 » — ce qui complique d’autant la lecture. Pourtant, on peut identifier des indices cotextuels (liés à l’environnement verbal) et des indices contextuels157. Pierre Schoentjes, dans sa Poétique de l’ironie, identifie lui aussi plusieurs indices : mimique et gestes, ton, ponctuation, mots d’alerte, répétitions, juxtapositions, jeu avec l’implicite, simplifications, écarts, en plus des figures comme l’hyperbole, la litote et l’oxymore, de même que le paratexte158. L’ironie pourra aussi être fondée sur une contrevérité ou sur une exagération, laquelle pourra mener à la caricature159. Les signaux pourront se trouver aussi bien dans le texte que dans le péritexte160. Parmi les signaux dans le « “corps” même du texte » qui « se concentreront aussi avec prédilection [...] dans les “portraits” des personnages [...], donc des descriptions », on trouvera la négation, la modalisation (modalisateurs, vocabulaire évaluatif, par exemple), l’hyperbole161. Linda Hutcheon, de son côté, identifie cinq catégories de signaux : « The five generally agreed-upon categories of signals that function structurally are : 1) various changes of register ; 2) exaggeration/understatement ; 3) contradiction/incongruity ; 4) literalization/simplification ; 5) repetition/echoic mention162. »
Dans sa visée critique, l’ironie a aussi, semble-t-il, un thème privilégié, soit la transgression des règles. C’est du moins ce que propose Philippe Hamon en opposant discours ironique et discours sérieux :
c’est bien un unique thème « abstrait », non figuratif, la loi, la règle, les systèmes de règles, qui constitue le noyau et l’essence du « réel » à la fois invoqué par le discours sérieux et révoqué par le discours ironique. Car le discours ironique n’est pas un discours « irréaliste » ou « non réaliste », déconnecté de toute référence ou de tout désir de dire le réel. Simplement il le dira « de biais », en dehors de tout pacte de croyance fort et autoritaire163.
Pour définir l’ironie, il nous faudrait encore parler de cette ironie que l’on a qualifiée de « romantique » qui apparaît dans l’Allemagne du XIXe siècle, en particulier dans les textes de Friedrich Schelgel. Selon Ernst Behler, l’ironie « romantique », « moderne »164,
s’affirme plus dans le rapport littéraire entre l’auteur et le lecteur, processus au cours duquel l’auteur prend le rôle du dissimulateur, emploie des tournures ironiques et se complaît en outre dans une pose ludique, subjective, apparemment gratuite, flottante et sceptique [...]. Elle apparaît comme une attitude intellectuelle moderne, dont on peut sans doute...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Du même auteur
  3. Titre
  4. Crédits
  5. Introduction
  6. Éditions des œuvres de Daniel Poliquin utilisées
  7. Confidences pour intimes
  8. Dérive et dérivation dans l’œuvre romanesque de Daniel Poliquin
  9. Voix narratives et processus de création dans l’œuvre de Daniel Poliquin
  10. Donner la parole à l’autre : narration, altérité et éthique dans L’écureuil noir
  11. Questions ethniques, éthiques et esthétiques dans les nouvelles de Daniel Poliquin
  12. Se construire une identité juste : la mémoire et la représentation de soi dans L’Obomsawin
  13. Hétérogénéité et décalages : les rapports de place chez Daniel Poliquin
  14. Représentation de l’Indien dans l’œuvre de Daniel Poliquin
  15. Quand la chair se fait verbe. De L’écureuil noir à La kermesse
  16. Aspects de l’ironie dans L’Obomsawin
  17. Écrire sur la Frontière : les romans de Daniel Poliquin
  18. De La Côte de Sable, l’aperception d’un féminin constitutivement lacunaire
  19. Le joujou nationalisme. L’image du Québec chez Daniel Poliquin
  20. Le Même et l’Autre : figures répulsives et attractives du Québec
  21. Collaborateurs et collaboratrices
  22. Table des matières
  23. 4e de couvertue