Poèmes new-yorkais suivi de Lettres new-yorkaises
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Poèmes new-yorkais suivi de Lettres new-yorkaises

  1. 214 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Poèmes new-yorkais suivi de Lettres new-yorkaises

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Table des matières
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À propos de ce livre

Œuvre posthume du grand poète et écrivain acadien Gérald Leblanc, «Poèmes new-yorkais» relate les déambulations enthousiastes de l'écrivain acadien au coeur de la métropole américaine. La réédition du recueil est suivie de deux inédits: une série de lettres qui donnent un aperçu de la vie de l'auteur à New York, et «Confession de la rue Dufferin», brève suite de fragments dépeignant l'effervescence créatrice du Moncton des années 1970.Ces textes sont présentés par le chercheur Benoit Doyon-Gosselin qui, après avoir réuni et présenté les «Lettres à mon ami américain» (Prise de parole, 2018), poursuit ici son exploration de la volumineuse correspondance de Gérald Leblanc pour qui New York a toujours représenté un endroit vibrant et immense.

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Informations

Année
2021
ISBN
9782897442118
Lettres new-yorkaises (1993-1994)
[1]
New York City, le 2 février 1993
Mon cher Claude [Beausoleil],
Je t’envoie une copie du manuscrit1. Depuis une semaine j’y ajoute des textes, j’en enlève, je ne comprends plus rien à cet amas de feuilles flottantes. Alors voilà. Les feuilles sont numérotées. Une première section « parle » de poésie et d’écriture; ensuite des textes plus « général » et finalement un retour en arrière, genre autobiographie. Un bazar quoi! Si tu réussis à t’armer de patience et de courage, j’apprécierais une lecture critique de cet ensemble. Tu me fais les commentaires et suggestions appropriés sur l’ordre des poèmes, si certains textes gagneraient à être retouchés (sans doute…), si je devrais couper ou ajouter… enfin tout ce qui te semblera propice à rendre ce recueil plus efficace, plus cohérent. Une tâche ingrate, mon cher. Si possible, tu annotes, ratures, barbouilles, déchires, etc. ces feuilles et tu m’écris tes commentaires dans une lettre (j’ai une copie conforme de ce que je t’envoie) ou tu peux me retourner le manuscrit avec tes notations, comme bon te semblera. Si tu penses qu’il serait préférable de discuter au téléphone, indique-le et je t’appellerai.
Comme je le mentionnais sur la carte postale, je fais partie du jury du prix Nelligan2. Au téléphone, Gaston Miron3 me laisse entendre qu’un certain poète acadien – qui cette année a deux livres – se distingue, etc. Comme j’ai vécu l’enfer l’automne dernier avec deux êtres infâmes et incultes, je me dis que ce jury peut valoriser la poésie à partir des livres et non des règlements de comptes. Je serai donc à Montréal pour une journée, le 16 février, et je rentre à New York dans la nuit. Donc, absent de New York le 16 février.
New York. J’écris chaque jour et je lis énormément. Je profite au maximum des avantages de la ville : beaucoup de lectures de poésie, du théâtre, des galeries. Dans le moment, je suis en extase devant un livre de John Ashbery4, Flow Chart5, publié l’année dernière. Un long poème sublime de 200 pages, un sommet d’art poétique. Si tu veux – je sais que ton anglais est approximatif – je peux t’en envoyer un exemplaire.
Alors voilà, cher ami… Porte-toi bien et à bientôt,
GÉRALD
P.S. Je n’ai pas encore trouvé de titre… ce casse-tête final. Maintenant que le recueil s’apprête à traverser l’océan, je vais y penser avec application. De ton côté, si des suggestions te viennent à l’esprit…
Paul6 de Perce-Neige (son nouveau titre) aimerait sortir le livre vers la fin avril à mon retour à Moncton et avant d’aller en France pour cette Surprenante Acadie là-bas, fin mai.
[2]
New York City, le 3 février 1993
Allô mes complices de Robichaud [Herménégilde Chiasson et Marcia Babineau],
À la fin de ma deuxième semaine ici, je constate que je fonctionne maintenant sur mon rythme new-yorkais, c’est-à-dire que j’ai développé ma routine. Le matin est consacré à l’écriture. Depuis plus d’une semaine je m’installe à la fenêtre qui donne sur la 54e Rue et pendant deux ou trois heures je laisse sortir ce qui vient. Pour récompenser ce « 90% de transpiration et 10% d’inspiration » comme disait l’autre, je sors me balader dans la ville. Quel plaisir! Il y a de quoi se rincer l’œil. Mes sorties ne sont pas dirigées. Quand j’arrive au coin de la 9e Avenue et la 54e Rue, je me dis « à gauche ou à droite? » et je dérive. Il se peut que j’aille voir une exposition… e.g. hier, je me rends à la galerie Leo Castelli1 pour une rétrospective sommaire de Jasper Johns2 19621992. Je suis sorti de là avec les larmes aux yeux tellement son travail m’émeut. Ou encore lundi soir, je suis allé à une lecture des pièces de théâtre (Marcia, es-tu pas fière de moi?) au Lincoln Centre3, etc. etc. Il y a aussi les librairies. Au début j’ai failli me chavirer et j’ai dû prendre su’ moi parce que je flambais mon budget du mois la première semaine. Mais je me suis pris une carte de bibliothèque de la New York Public Library (la plus grande bibliothèque de prêt public au monde) et là quand je suis tenté de me garrocher sur un livre dans une librairie, j’en prends note et je passe à la bibliothèque. Dans le moment, je lis surtout des auteurs afro-américains au rythme d’un livre par jour. En plus, je compte lire les livres dont on parle beaucoup ici pour tenter de comprendre les tendances et les propositions des années 1990. Comme vous voyez, je suis en passe de devenir le Susan Sontag de l’Acadie.
Je dois me rendre à Montréal le 16 février pour la rencontre du jury du prix Émile-Nelligan. L’idée ne me tente guère mais Gaston Miron est d’avis qu’il est important d’avoir quelqu’un qui connaît et la poésie du Québec et celle qui se publie en dehors de la « belle province ». Je suis bien d’accord avec lui et ce sera une occasion de valoriser avec ferveur le travail de haute teneur « des nôtres ». Ce sera un aller-retour rapide, je rentre à New York le même soir de peur d’avoir à subir une logorrhée intempestive sur la « société distincte ».
Alors voilà mon petit rapport. Il faut faire mes salutations distinguées à Ding et Dong dont le souvenir de leur présence ne pâlit pas au cœur même de New York. Quant à vous deux, je vous envoie mon amitié profonde parce que je vous aime beaucoup…
GÉRALD
[3]
New York City, le 11 février 1993
Cher Herménégilde,
En fin de semaine alors que je faisais mon épicerie au A&P du coin, j’aperçois des annonces sur des spéciaux de la Saint-Valentin. Je regarde de plus près ce papier rose et constate que la publicité n’occupe qu’un côté. Immédiatement les leçons des Sœurs de la Congrégation du Sacré-Cœur me reviennent à l’esprit : ne pas gaspiller. De nos jours la mode est au recyclage mais les bonnes sœurs en avaient déjà saisi l’essentiel. En bon fils du pays, je happe dans un geste impérieux et sans appel quelque deux ou trois cents feuillets. Le lendemain je répète l’exploit. J’ai maintenant mon stock de papier pour un certain temps… jusqu’à la prochaine vente ou fête (whichever comes first!).
Pour les besoins du jury du prix Émile-Nelligan, je suis en train de lire une vingtaine de recueils. Parfois les paroles célèbres de ton ami de Rochester me rebondissent dans la tête : « Yes, but do we need another book? » Enfin, j’aime bien lire de la poésie, c’est connu, mais étant « obligé » de le faire ça pèse parfois comme une obligation, n’est-ce pas? Le bon côté de l’affaire, c’est que ça me donne une vue d’ensemble sur ce que les moins de 35 ans publient en poésie…
Je viens de retomber dans LeRoi Jones / Amiri Baraka1. À la New York Public Library, j’aperçois The LeRoi Jones / Amiri Baraka Reader2, un tome d’environ 500 pages qui reprend des extraits de ses livres (19571990). Là-dedans je retrouve des textes qui m’avaient bouleversé au début des années 1970, des textes sur l’aliénation, l’altérité d’une appartenance, la réappropriation d’une conscience (e.g. « i am inside someone / who hates me… ») Ce choix de textes retrace ses mutations de la période beat puis sa période de « transition » en nationaliste noir jusqu’à sa période actuelle de marxiste. En lisant ce volume il est possible de suivre cette évolution par les textes et je reste ébahi devant ce style qui passe de l’ironie à l’imprécation au lyrisme du blues. À la fin, il nous donne des extraits d’une œuvre en cours intitulée : Why’s/Wise3, une sorte de poème fleuve à la Paterson de William Carlos Williams4 qui témoigne de l’histoire des Afro-Américains.
Voici de quelle façon il commence :
Wise 1
If you ever find
yourself, some where
lost and surrounded
by enemies
who won’t let you
speak in your own language
who destroy your statues
& instruments, who ban
your omm bomm ba boom
then you are in trouble
deep trouble
they ban your
oom boom ba boom
you in deep deep
trouble
humph!
probably take you several hundred years
to get
out!
J’avais eu le bonheur de le rencontrer il y a trois ans à une lecture au St. Mark’s Place5. À ce moment-là, je lui avais dit que ses livres depuis vingt ans m’étaient du soul food, une nourriture pour mon âme d’Acadien. Quand j’ai dit le mot « Acadien » il m’arrache quasiment la main en me remerciant et me demandant de lui parler de cette histoire d’Acadien.
Ô Baraka, tu m’es toujours nourriture…
Dans un autre ordre d’idées, je viens d’apprendre en parlant à Cécile Chevrier6 que mon nom avait été « enlevé » de la liste des participants du voyage à Poitiers en France. On retient Dyane Léger parce que c’est « une femme » et toi, mon cher, parce que tu portes « plusieurs chapeaux » (dramaturge, cinéaste, artiste visuel et poète). Si j’étais toi, je leur demanderais quatre cachets puisqu’ils vont te chauffer à blanc. Je suis un peu insulté de la tournure des événements… René Légère7 et Roger Ouellette8 me promettaie...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. « New York nous invite à la Démesure »
  5. Poèmes new-yorkais (1992-1998)
  6. Lettres new-yorkaises (1993-1994)
  7. Confession de la rue Dufferin
  8. Choix de jugements
  9. Biographie
  10. Bibliographie
  11. Notes de fin