Thèmes et variations
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Thèmes et variations

Regards sur la littérature franco-ontarienne

  1. 397 pages
  2. French
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Thèmes et variations

Regards sur la littérature franco-ontarienne

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Durant les années 1970 et 1980, la création littéraire en Ontario français connaît une vitalité sans précédent: les écrivains sont de plus en plus nombreux, les troupes théâtrales se multiplient, des maisons d'édition voient le jour. Il n'est pas étonnant, dès lors, de voir la critique lui emboîter le pas au cours des années 1990. Si, au départ, les chercheurs se consacraient à mettre en place des outils de recherche – bibliographies, anthologies, histoires –, ils étudient à présent les œuvres pour elles-mêmes.Les dix-sept textes réunis dans «Thèmes et Variations» s'inscrivent dans cette tradition. Ils ont comme point d'origine le colloque éponyme tenu à Hearst (Ontario) en avril-mai 2004. Le colloque s'était donné comme objectif de cerner de plus près l'évolution de la littérature de l'Ontario français et la nature des œuvres, ce que les chercheurs ont fait, tantôt en repérant des thèmes récurrents dans un ensemble d'œuvres – l'espace, l'identité, l'amour, l'écriture… – ou encore en analysant les textes d'un écrivain afin d'en dégager les principaux thèmes.Les articles réunis dans «Thèmes et Variations» portent sur plusieurs auteurs: Patrice Desbiens, Jean Marc Dalpé, Michel Ouellette, Daniel Poliquin, Maurice Henrie, Pierre Karch, Hédi Bouraoui, Melchior Mbonimpa, Alain Bernard Marchand et Agnès Whitfield.

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Informations

Année
2014
ISBN
9782897440152
QUATRIÈME PARTIE

DE LA POÉSIE DE DESBIENS
À LA CHANSON SOCIALE

« LES CRIS ET LES CRISSE! » :
RELECTURE D’UNE CERTAINE POÉSIE IDENTITAIRE FRANCO-ONTARIENNE

Robert Dickson
Université Laurentienne
Au départ, cette recherche se voulait un retour sur la poésie identitaire franco-ontarienne pour explorer ses composantes esthétiques, que la critique, à l’exception notable d’Élizabeth Lasserre, a jusqu’ici peu abordées, puisque tous présupposent que modernité poétique et poésie identitaire sont mutuellement exclusives. Je me donnais donc comme tâche d’en déceler les marques de la modernité, prenant comme modèle la poésie acadienne de la même époque. Selon David Lonergan :
Jacques Savoie (comme poète), Herménégilde Chiasson (comme artiste) et Gilles Savoie (comme photographe) ont publié ce qu’ils ont appelé « l’anti-livre » L’Étoile magannée, en 1972 à Moncton, premier ouvrage de la modernité littéraire et artistique à paraître en Acadie1.
L’esprit de contestation sous-entendu dans le terme antilivre et l’interdisciplinarité du projet ne sont pas sans rappeler Moé, j’viens du Nord, ’stie! de la Troupe universitaire à Sudbury à pareille époque2. Du côté de l’identitaire, en Acadie :
Raymond Guy Leblanc (Cri de terre, 1972), Guy Arsenault (Acadie Rock, 1973), Herménégilde Chiasson (Mourir à Scoudouc, 1974) et Calixte Duguay (Les Stigmates du silence, 1975) sont parmi les chefs de file de cette génération de contestation du début des années 19703.
La revendication d’une identité et d’une culture qui soient propres à l’Acadie habite leurs œuvres. La poétesse Dyane Léger, pour sa part, « définissait le mouvement littéraire acadien des années soixante comme un passage du silence à la parole4 ». À peu près en même temps, en Ontario,
des poètes du Nord commencent à se manifester, et leur prise de parole est une prise en charge de leur identité. Le nord de l’Ontario constitue un milieu minoritaire et, partant, propice à nourrir l’imaginaire poétique marqué du sceau identitaire5.
Il n’y a certes rien d’étonnant ici : nous savons que les Éditions d’Acadie et les Éditions Prise de parole ont été fondées à un an d’intervalle6. Contestation, identité, modernité : les parallèles semblent aussi évidents que nombreux entre la littérature acadienne et la littérature franco-ontarienne de cette époque.
Il restait à choisir une période chronologique et un corpus qui correspondent à l’identitaire en Ontario pour passer à l’exploration. Cet aspect du projet était moins simple que je ne l’avais imaginé. Ne pense-t-on pas, quasi spontanément, aux années 1970 comme constituant la période identitaire? François Paré affirme :
[i]l est important de souligner qu’avec la génération des poètes et artistes de la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario ce n’est pas tant la littérature franco-ontarienne qui prenait naissance (puisqu’elle existait déjà amplement), mais plutôt son institution sociale, entièrement axée, pour CANO, sur le combat identitaire7.
On peut imaginer que, du côté de l’institution sociale, Paré fait allusion à la création d’organismes tels le Théâtre du Nouvel-Ontario, les Éditions Prise de parole, la Galerie du Nouvel-Ontario, durant les années 1970. On peut également imaginer que ce combat identitaire se retrouve dans les créations elles-mêmes. Par ailleurs, peut-on parler d’une « période CANO »? Dans l’affirmative, a-t-elle pris fin en 1978, avec la mort d’André Paiement, porte-flambeau de l’identité en Nouvel-Ontario? En ce qui concerne la poésie, au cours de la décennie, il ne se publie que 10 recueils individuels chez Prise de parole8, dont les deux premiers que Patrice Desbiens fait paraître en Ontario. Cela constitue un bilan somme toute assez mince et qui exclurait, entre autres, toute l’œuvre poétique de Jean Marc Dalpé.
Après bien des questionnements et des tâtonnements, j’ai circonscrit la période allant du printemps 1973 au printemps 1988, ce qui peut surprendre à première vue puisque débordant largement la seule décennie des années 1970. Selon Gaston Tremblay dans Prendre la parole. Le journal de bord du Grand Cano9, l’année 1987-1988 constitue la douzième « saison » de Prise de parole. C’est la dernière année complète où Tremblay sera à la barre de la maison — denise truax le remplacera l’année suivante —, la dernière aussi où Prise de parole est la seule maison d’édition franco-ontarienne à vocation littéraire puisque 1988 marque aussi la fondation des Éditions du Nordir. Par ailleurs, selon Paul-François Sylvestre,
[l]es années 1990 voient la consécration d’une parole beaucoup moins homogène. La poésie féminine s’ancre résolument dans le paysage franco-ontarien avec des voix d’intériorité […] À la parole du Nord s’ajoutent des voix plus urbaines […] Les frontières de la littérature franco-ontarienne ne sont plus aussi étroites ; il n’y a pas seulement le ton qui change, la sensibilité diffère également10.
Le découpage proposé, en plus d’identifier, du côté de la poésie, cette époque aux frontières « étroites », a le mérite d’inclure l’œuvre poétique complète de Jean Marc Dalpé, intimement associée à l’identitaire, dont la publication des trois recueils s’échelonne de 1980 à 1984. Il permet aussi une saisie d’un pan plus important de l’œuvre de Patrice Desbiens, le plus prolifique des poètes de l’Ontario français, également perçu comme une figure centrale de l’identitaire, soit quatre recueils de poésie et deux récits, dont L’Homme invisible/The Invisible Man, où le malaise identitaire est à son comble, comme en témoigne le double réseau textuel, ainsi que de l’ensemble de la collection de premières poésies « Les Perce-Neige » (six recueils, de 1979 à 1984) et de la collection complète de la revue littéraire Rauque (sept numéros, de 1984 à 1988). Notons aussi que la trilogie romanesque d’Hélène Brodeur, Chroniques du Nouvel-Ontario, projet identitaire s’il en est, se publie au cours de cette période. J’estime que ce découpage permet de mieux préciser une époque où l’identité collective est au centre des préoccupations thématiques des créateurs franco-ontariens.
Du côté de la poésie, on compte la publication de 19 recueils individuels aux Éditions Prise de parole, un poème-affiche et deux recueils collectifs, dont la toute première publication de la maison, Lignes-Signes (j’exclus du calcul les deux recueils de poèmes, de prose et de dessins d’étudiants franco-ontariens publiés en 1979 et 1980). Chez les poètes des recueils individuels, on compte 11 hommes et 4 femmes. Pour la plupart, ces poètes ne sont pas originaires du Nouvel-Ontario ; Jean Marc Dalpé, originaire d’Ottawa, séjournera à Sudbury pendant près d’une décennie, tout comme Patrice Desbiens, originaire de Timmins. On doit le premier recueil individuel, En attendant, à Gaston Tremblay, en 1976. Publieront par la suite au cours de la décennie, en ordre chronologique, Guy Lizotte, Patrice Desbiens, moi-même, Richard Casavant, Danielle Martin, Andrée Lacelle-Bourdon et Alexandre Amprimoz. À partir de 1980, s’ajoutent Jean Marc Dalpé, Marguerite Lapalme, Michel Dallaire, Jean Ferron, Louis Leriche, Louise Thibault, Michel Vallières et André Leduc. Pour ce qui est de Michel Vallières, originaire de la région de Hearst, il s’impose par sa participation à de nombreux événements publics, dont la toute première Nuit sur l’étang en 1973, mais ne publie son premier recueil que vers la fin de la période11.
Dans le cadre de cet article, il n’est pas possible d’analyser en profondeur l’ensemble de ce corpus, aussi restreint puisse-t-il paraître. On peut néanmoins dégager un certain nombre de traits thématiques, tels que la pureté de la nature que la ville envahit chez Guy Lizotte, les préoccupations sociales chez Danielle Martin, la centralité de la femme chez Andrée Lacelle-Bourdon et Louise Thibault, le désir et le désenchantement face à un monde d’étangs, de princes charmants et d’hommes sans bras chez Marguerite Lapalme… Dans son ensemble, cette poésie porte les marques de la modernité : elle est constituée de vers libres et de strophes de longueur variable ; elle repose davantage sur des embrayeurs en début de vers, telle l’anaphore, que sur la rime dans sa structuration rythmique et ne craint pas de s’enraciner, du côté thématique, dans le monde immédiat, soit-il social ou personnel. Nous avons affaire à des voix variées témoignant de leur époque et souvent de leurs lieux d’appartenance.
Dans la plupart des cas, les auteurs publient un ou deux recueils puis délaissent la poésie, comme c’est le cas pour Marguerite Lapalme et Danielle Martin. Il semble plus pertinent, dans le cadre de la présente réflexion, de limiter l’analyse à certains poètes associés d’emblée à l’identitaire. Ainsi, j’aborderai l’œuvre de Gaston Tremblay, un des fondateurs de Prise de parole et associé à la maison au cours de la période chronologique retenue, et celles de Patrice Desbiens et Jean Marc Dalpé, ne me permettant qu’une brève allusion à la mienne, pour des raisons évidentes.
poésie identitaire et mode
Gaston Tremblay est intimement mêlé à la fondation de Prise de parole ainsi qu’à de nombreuses initiatives de la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario. Il formule plusieurs aspects du contexte propre à la prise de conscience identitaire de ceux et celles qui font partie de ce groupe, ou qui s’y identifient, dans la chronique qu’il fait paraître au Nordir, en 1996, Prendre la parole. Le journal de bord du grand CANO. Dans les trois recueils qu’il publie entre 1976 et 1986, on trouve cependant relativement peu de traces d’une affirmation de l’identité franco-ontarienne. Dans les poèmes généralement courts de la première section d’En attendant12, « L’Autobus de la pluie », il y a certes, sur le plan du vocabulaire poétique, « Nordet », « neige », « débâcle » et « poudrerie » qui évoquent un décor hivernal, tout comme :
j’évoquerai la puissance de mes pères
pour mieux t’abattre
pour mieux t’ébrancher et te skidder,
te draver et te scier (EA, 22)
Les poèmes dialoguent avec un « tu » anonyme et le projet d’« abolir et ouvrir l’horizon (EA, 21) » concerne davantage ce partenaire fantomatique que la société, quelle qu’elle soit. « Le matin de ton souvenir » débouche sur
j’aurais dû te dire
que tu étais beau
et que je t’aimais
j’aurais dû te dire
que je devenais
l’Arbre d’azurs d’éther et de soleil (EA, 33)
La marche des saisons est intégrée à cette méditation sur une parole non prise et sur l’absence de l’être aimé. L’expression la plus poussée de l’identitaire s’inscrit encore sous le signe de la carence :
et je jongle
avec mes pauvres mots
en attendant que le soleil
se lève sur le Nord (EA, 42).
Peut-être y a-t-il ici, par l’allusion à la langue, un écho de la « La pauvret...

Table des matières

  1. Couverture
  2. De la même auteure
  3. Titre
  4. Crédits
  5. Remerciements
  6. Introduction
  7. La littérature en ontario français : d’hier à aujourd’hui
  8. L’ici et l’ailleurs : explorations de l’espace
  9. Daniel Poliquin à l’œuvre
  10. De la poésie de Desbiens à la chanson sociale
  11. L’écriture : seul et avec les autres
  12. Écrire avec les autres
  13. 4e de couverture