Faire société
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Société civile et espaces francophones

  1. 391 pages
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Société civile et espaces francophones

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Dans « Faire société », Joseph Yvon Thériault poursuit l'analyse des tribulations identitaires de l'Acadie et des francophonies minoritaires du Canada qu'il avait amorcée en 1995 dans L'identité à l'épreuve de la modernité (Prix France-Acadie).S'il y a une constante et une originalité dans l'aventure des francophonies d'Amérique du Nord, c'est bien celle de vouloir faire oeuvre de civilisation en français dans le continent anglo-américain. Cette idée, présente déjà en Amérique française, a été reprise et réinterprétée dans le projet canadien-français, et reconduite, depuis les cinquante dernières années, principalement par la mouvance nationaliste québécoise.Aujourd'hui, pourtant, en Acadie et au sein des francophonies minoritaires, l'ambition de faire société demeure présente même si elle est mise à rude épreuve, que ce soit au plan de la réalité - le fait minoritaire - ou de la représentation - leur exclusion de l'imaginaire québécois et l'attraction de l'imaginaire canadien. Entre l'affirmation d'une continuité nationale unissant Canada français et francophonies minoritaires, et celle d'une rupture ayant disloqué le Canada français en autant de fragments constitutifs de la mosaïque multiculturelle canadienne, la tension reste forte.Si le Canada français n'est plus une réalité historique ni un espace sociopolitique commun, il en reste une trace encore lisible. Une mémoire vivante qui vient d'une expérience historique particulière, mais dont il faut chercher le sens. La lecture de cette trace se différencie selon le lieu à partir duquel on lit cette tradition: de l'Acadie, de l'Ontario français, du Québec.Les essais réunis dans Faire société, écrits de 1995 à 2005, relatent les enjeux et les écueils rencontrés par les francophonies minoritaires dans leurs parcours récents qui visent à faire société. Cet ouvrage rend compte de ce fait.

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Informations

Année
2014
ISBN
9782894238813
TROISIÈME PARTIE

FRANCOPHONIE MINORITAIRE :
LES MOTS POLITIQUES DE L’IDENTITÉ

FIGURES IDENTITAIRES1

L’état des lieux
Il existe près d’un million de personnes déclarant le français comme langue maternelle dans le Canada hors Québec. Cette population représente autour de 5 % de la population du Canada anglophone et 15 % de la population de langue maternelle française de l’ensemble canadien — y compris le Québec. Cette faible proportion n’est toutefois pas un bon indicateur de la présence réelle des communautés francophones au Canada hors Québec. La majorité de cette population — plus de 500 000 personnes, soit 56,4 % de la population de langue maternelle française du Canada anglais — habite, pour parler le langage des démographes, dans les régions limitrophes du Québec où elle forme une grande ceinture bilingue qui définit la frontière entre le Québec français et le Canada anglais. À l’est, dans le Canada atlantique, cette région comprend le territoire du Nord et de l’Est du Nouveau-Brunswick — la région acadienne —, où plus de 220 000 personnes de langue maternelle française forment près de 60 % de la population de cette région. À l’ouest, c’est le territoire de l’Est et du Nord ontarien, où les 310 000 personnes de langue maternelle française représentent près de 30 % de la population de la région2.
Dans le reste du Canada anglais, la population francophone — plus de 400 000 personnes de langue maternelle française — est dispersée à travers l’immense territoire canadien et représente moins de 3 % de la population totale de cette région. Cette population est de plus en plus urbaine, ce qui accentue sa fragmentation. Encore ici, toutefois, cette dispersion ne rend pas bien compte de la présence, au sein du Canada anglais, d’îlots francophones porteurs d’une forte identité historique. On pense notamment au maintien de communautés rurales acadiennes dans les provinces de l’Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse ou encore aux populations francophones du Manitoba concentrées autour de l’ancienne ville de Saint-Boniface, aujour­d’hui devenue partie intégrante de la capitale du Manitoba : Winnipeg. La diversité de l’implantation démographique reste néanmoins une caractéristique importante des populations francophones du Canada hors Québec. C’est ce qui nous avait fait dire d’ailleurs que leur situation ressemble à un archipel, au contour flou et à géométrie variable.
La diversité, dans le poids symbolique et institutionnel des francophonies minoritaires, participe aussi à l’éclatement et à la variété de leur situation. Les Acadiens du Nouveau-Brunswick, grâce à leur concentration démographique — ils représentent près de 35 % de la population totale de la province — et à leur capital symbolique, jouissent d’un réseau institutionnel et d’un poids politique qui font l’envie du reste de la francophonie minoritaire. Les francophones de l’Ontario, bien que plus nombreux et plus riches, n’ont jamais réussi à acquérir une telle « complétude institutionnelle ». Les francophonies minoritaires des provinces de l’Ouest canadien doivent, quant à elles, maintenir une vigilance constante contre des gouvernements qui n’hésitent pas à nier les droits linguistiques historiquement reconnus à ces communautés (Blay, 1987).
Tableau 1 Population de langue maternelle française (LMF), Canada, provinces, territoires et Canada moins le Québec, 1996 et 2001.
1996
2001
Effectif
(en milliers)
%
Effectif (en milliers)
%
Canada
6711,6
23,5
6782,3
22,9
Terre-Neuve-et-Labrador
2,4
0,4
2,3
0,5
Île-du-Prince-Édouard
5,7
4,3
5,9
4,4
Nouvelle-Écosse
36,3
4,0
35,4
3,9
Nouveau-Brunswick
242,4
33,2
239,4
33,3
Québec
5741,4
81,5
5802,0
81,4
Ontario
499,7
4,7
509,3
4,5
Manitoba
49,1
4,5
45,9
4,2
Saskatchewan
19,9
2,0
18,6
1,9
Alberta
55,3
2,0
62,2
2,1
Colombie-Britannique
56,8
1,5
58,9
1,5
Yukon
1,2
3,8
0,9
3,3
Territoires du Nord-Ouest1
1,4
2,2
Territoires du Nord-Ouest2
1,0
2,5
1,0
2,7
Nunavut
0,4
1,7
0,4
1,5
Canada moins le Québec
970,2
4,5
980,3
4,4
1 Y compris le Nunavut.
2 Non compris le Nunavut.
Sources : Recensements de 1996 et 2001
La diversité des situations vécues par les populations francophones n’est pas sans effet sur leur représentation identitaire. Celle-ci, en effet, depuis les années soixante, n’a plus la tranquille assurance de l’ancienne identité canadienne-française ou acadienne. La figure nationale s’est fragmentée en diverses identités provinciales : Acadiens du Nouveau-Brunswick, Acadiens de la Nouvelle-Écosse, etc. ; Franco-Albertains, Franco-Manitobains, Franco-Ontariens. Depuis lors, les francophonies minoritaires hésitent sur le statut à donner à leur identité. La difficulté à se nommer, qu’a vécue l’organisation pan-nationale sensée les représenter, peut servir ici d’illustration de cette difficile représentation identitaire globale.
Créée au milieu des années soixante-dix pour combler le vide laissé vacant par la dissolution de l’ancienne solidarité canadienne-française, à la suite de l’affirmation autonomiste du Québec et à la provincialisation des identités, l’organisation prendra pour nom la Fédération des francophones hors Québec. C’était définir son identité, comme on le verra, par une perte. En 1991, principalement sous la pression de militants acadiens, la Fédération changera de nom et s’appellera désormais la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFAC). On a reconnu dans ce nouveau nom une affirmation positive (Cardinal, 1994, p. 76-77) de l’acceptation, par la francophonie du Canada anglais, de sa dimension irréductiblement canadienne et minoritaire (à l’exception des Acadiens, qui y gagnent un statut particulier). On doit dire aussi qu’en agissant ainsi les francophonies minoritaires affaiblissaient, du même coup, la référence à la dualité nationale, référence qui faisait, et fait toujours, partie intégrante de leur discours identitaire.
Notre intérêt ici portera principalement sur le profil identitaire de ces communautés. L’identité est d’ailleurs l’enjeu central de la plupart des études s’intéressant à celles-ci. Même lorsqu’elles parlent d’économie, de politique, de transferts linguistiques et d’urbanisation, la problématique identitaire n’est jamais en effet très éloignée de telles études. En fait, c’est bien parce qu’il y a affirmation identitaire et non simplement existence d’une collectivité de parlants français que la réalité francophone minoritaire est devenue objet d’étude sociologique. D’ailleurs, comme l’ont déjà souligné L. Cardinal et J. Lapointe (1990), les recherches portant sur les francophones minoritaires ne sont jamais éloignées des considérations politiques identitaires.
Cette sociologie, qui a pour objet d’étude les communautés minoritaires du Canada, est par ailleurs révélatrice des tribulations identitaires de ces communautés. La naissance de la francophonie minoritaire comme objet d’étude sociologique est en effet contemporaine de l’effondrement de la représentation traditionnelle canadienne-française, phénomène qui eut de profondes répercussions sur l’univers identitaire de ces collectivités. Nous ne voulons pas dire par cela que leur existence apparaît au tournant des années soixante, au moment de l’émergence d’un discours sociologique. Avant les années soixante, toutefois, le discours des sciences sociales participe peu ou pas à l’élaboration d’un discours identitaire. Après les années soixante, il y a tentative de rendre compte du cheminement identitaire des francophonies minoritaires à partir des outils conceptuels propres aux sciences sociales. Les hésitations rencontrées dans l’élaboration d’une sociologie minoritaire, du moins c’est ce que nous voulons démontrer, recoupent en grande partie les hésitations identitaires présentes au sein de ces communautés. C’est pourquoi essayer de reconstituer la ou les problématiques identitaires qui ressortent du travail des sociologues, c’est en même temps révéler le travail sur l’identité qui se réalise au sein de ces collectivités.
Nous tenterons un tel exercice en reprenant quatre grandes figures identitaires extraites du travail analytique d’inspiration sociologique3 portant sur la réalité de l’Acadie et des commu­nautés minoritaires francophones : 1) la figure de la nation ; 2) la figure perdue ; 3) la figure de l’ethnie ; 4) la figure modernisée. Ces figures n’ont pas toujours, dans les travaux auxquels nous ferons référence, la pureté de la construction idéal-typique que nous en présentons ici. Plusieurs auteurs dessinent, en effet, un portrait identitaire au contour flou qui s’abreuve à plus d’une de nos figures.
Nous croyons néanmoins que ces figures représentent des constantes du regard des analystes sociaux sur ces communautés et que leur diversité rend bien compte de la complexité du cheminement identitaire qu’elles ont traversé au cours des quarante dernières années. Chacune de ces figures fait appel à un cadre analytique et à des outils méthodologiques différents. Comme il n’y a pas une seule figure d...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Du même auteur
  3. Titre
  4. Crédits
  5. Introduction : Faire société
  6. Première partie : Acadie : société civile et communauté
  7. Deuxième partie : Acadie : politique, territoire et mémoire
  8. Troisième partie : Francophonie minoritaire : les mots politiques de l’identité
  9. Quatrième partie : À l’école de l’institution
  10. Cinquième partie : Québec, hors Québec : au-delà du Canada français
  11. Sixième partie : Quand le droit linguistique veut faire société
  12. Septième partie : L’espace monde de la francophonie
  13. Bibliographie
  14. Table des matières
  15. 4e de couverture