El Jardino del corazon
Pis là
Bing bam boum
Comme ça
Sans savoir si ça me dérange
L’histoire m’emmène ailleurs
Comme dans un hydravion, par exemple
On est là
J’suis avec Richard Desjardins
Il n’y a pas de pilote
Juste des parachutes
Mais
Il n’y en a aucun qui marche
Les moteurs ont des fuites
Mon cœur aussi
Ma tête aussi
Mais ça
Il y a des bons médicaments pour ça
Alors
Je regarde Richard et il prend sa guitare et il commence
« Quand j’vas être un bon gars… »
« Ah non ! Ah non ! », que j’lui dis
« C’est pas l’temps d’chanter là… c’est l’temps de sauter dans un autre rêve »
Que j’rajoute
« Ben… » qu’il me fait
« Ben là ! » que j’lui dis
« Tu vas pas te mettre à bouder parce que c’est juste de la poudre aux yeux »
J’entends les moteurs
J’entends des fleurs
J’entends des cris d’enfants
Des forces endommagées par les guerres
C’est un drôle de rêve
Que ces arbres
Ils ont plutôt l’air de mangeurs d’aurore
Pourquoi pas
Tout d’un coup
Je fais le saut comme ça se peut pas
Richard se tourne vers moi
Il est vert
Ayoye !
Lette comme la petite fille dans le film
The Exorcist
The Exorcist
J’sais pas pourquoi
À chaque lettre de l’alphabet
Il y a une pause
Puis son menton est une chantepleure de laquelle coulent des cœurs
(y chante et y pleure aussi – mais ça, c’est pas grave)
J’me réveille parce que
J’me dis que je l’aime c’te gars-là
Yé ben cool pis je l’changerais pas pour rien au monde
Dans le fond
Yé cute
C’est ben pour dire…
En tous les cas
Il a son genre
D’un délire à l’autre, on se tient par la main, pis on se dit « À trois… on saute »
Alors, on commence à compter
« Un…
Deux…
Tr… »
Wô !
J’ai même pas la chance de dire trois
La peau de Richard est déjà partie sans lui
Il reste juste son squelette pis les muscles
Shit !
Moi, mes seins sont collés au plafond
Parce que l’hydravion s’en vient pas mal raide
J’ai les orteils allongés
Puis
Il ne nous reste que nos doigts
Alors
On s’accroche par nos orteils et ces hypersensibilités qu’on n’ose pas toucher parce que ça a l’air trop anormal
Il nous reste à demander à l’air de nous garder au frais
Parce qu’il fait trop chaud dans nos demandes
Dans nos musiques
C’est trop beau
C’est trop grand
C’est trop toutes ces choses qui nous éloignent de l’autre
Pis
Qu’est-ce qui reste
Que cette musique de laquelle on a extrait toute la substance ?
Il ne reste que des ballades d’alcoolique qui sentent le fort
Et nous
Nos cœurs
Sont des coffres-forts à lingots
Pour chaque chanson
Un lingot
Pour chaque lingot
Un fruit pourri qui donne des dents gâtées
Pis des gens qui se demandent pourquoi on les a empêchés d’être vieux ou malades
Pour qu’ils puissent voir ce que nous voyons
Nous
Les fous
Des choses belles et malades
Mais
Nous
Les fous voyous
Ben voyons…
Y compris ce qui croît dans nos saphirs bourrelettés et gauches d’égal à égal et d’épées contre gencives
Nos yeux et nos cœurs de corail durci
Et puis
Nos chansons
De ramific...