L'extrême frontière

Poèmes 1972-1988

Gérald Leblanc

• Éditeur: Éditions Prise de parole
• Année: 2015
• ISBN:
  9782894238936
• Sujet: Littérature
• Sous-sujet: Poésie canadienne

« L'extrême frontière », publié initialement en 1988, regroupe des textes de plusieurs époques, répartis en sept sections. Les textes les plus anciens datent de 1972, bien avant la publication du premier recueil de Gérald Leblanc, en 1981.Ce recueil est marqué par un travail poétique en mouvement, chacune des sections marquant un approfondissement de la matière première, la langue et ses rythmiques. Le recueil contient les textes des chansons bien connues que Leblanc a écrites au cours des années 1980 pour le groupe 1755.En parallèle au travail sur la matière poétique, « L'extrême frontière » rassemble les bribes de ce qui pourrait constituer une autobiographie ou un roman de formation. S'établit ici un rapprochement avec « Moncton mantra », seul roman du poète, qui raconte sa difficile venue à l'écriture dans le bouillonnement culturel du Moncton des années 1970 et 1980.La poésie, ici, se manifeste comme pratique vitale et politique.

Nightscapes
from a camera mind
(1981-1988)

à Claude Beausoleil

géographie de la nuit rouge

sur la réserve dont Moncton est l’extrême frontière, nous avons appris à écrire. la nationalité des chambres à part. Descartes pleure de peur parce que le calendrier grouille. nous n’avons pas connu le même froid. réchauffés au feu fraternel des Micmacs de notre nuit.

récidivistes de l’histoire. on se dérobe jusqu’à l’inévitable. nous écrivons le corps, l’impossible nous sollicite. nos textes sont des graffitis sur la bêtise. nous conjurons l’extase et la goddam de paix.

la nuit, les crises ne nous effrayent plus dans notre chaleur, notre tendresse, nos armes d’amants. et la nuit toujours la nuit que j’aime rouge. sur ce continent, à même la terre amérindienne, souterrain sensible de notre mémoire ignée.

1981

chronomètre bleu

----------d’écrire

en courant avec le goût

de tes lèvres sur mon corps

comme l’air de (putting out

fire with gasoline) courir

encore dans un texte à la couleur

de tes yeux miroitant

la course----------

1983

graffiti bleu

de couche en couche jusqu’à l’essentiel

jusqu’à l’épuisement du bleu

une vague monte et refoule

abriée d’images

Moncton hypnagogique

où tout est tellement sexualisé

je donne des récitals de poésie

dans tous les Tim Horton’s d’Amérique

for my rock’n’roll baby

my blue-eyed baby

my maybe baby

la bière n’a plus le même goût

les joints ne me font plus triper comme avant

et toutes les fenêtres de la rue Archibald crient son nom

certains trouvent le romantisme criminel

Guy Arsenault chante We Shall Overcome

à l’externe de l’hôpital Georges-Dumont

les illusions se dégonflent

à la vitesse de la lumière

dans le débris des années 70

on essaye de nous faire paniquer sur 1984

même si ce n’est rien d’autre que 1948 en permutation

comme le quotidien qui retentit

entre mes deux oreilles

1983

speaking in tongues

lecture de livres sur l’utopie

ce coin du cerveau

qui s’ouvre de façon intermittente

synchronicity : spiritus mundi

l’arc-en-ciel de gravité

le chronomètre bleu

l’idée de l’Afrique

l’idée de l’été 1983

synchronisme

en vélocipède vert

pour livrer le libellé de mes demandes

ne consulte aucun géographe

pour savoir où aller

nous sommes déjà sur vidéocassette

avec les Talking Heads

and we’re speaking in tongues

1983

fast food and quick snacks

nous sommes tous au cinéma

nous sommes tous figurants

dans un carnaval en celluloïd

nous rêvons d’élire Bugs Bunny

à la présidence du pays

sur les sentiers du rock’n’roll

– car pour moi l’énergie première est rock –

jamais je n’aurais volé aussi haut

n’eût été la voix aérienne de Grace Slick

à bord du Jefferson Airplane

si je ferme les yeux

pour écouter Aretha Franklin chanter Dr. Feelgood

c’est l’énergie tellurique de l’âme que j’entends

dans les ramifications rythmiques de l’être

tout ceci devient tellement clair et lisible

en ouvrant les pages d’Acadie Rock de Guy Arsenault

là où j’ai senti la senteur de l’...

Table des matières

• Page couverture
• Prise de parole
• Du même auteur
• Page titre
• Catalogage
• Préface - Gérald Leblanc parcours intime, parcours social
• Préface à la première édition - Pour saluer Gérald Leblanc
• Parcours du bleu
• Pour vivre icitte (1972-1980)
• Chansons (1975-1981)
• Nightscapes from a camera mind (1981-1988)
• Multipiste (1983-1988)
• En bleu dans le texte (1986-1987)
• Toujours des rêves tombent (1987)
• L’expérience du Pacifique (1986-1987)
• Repères bibliographiques
• Choix de jugements
• Biographie
• Bibliographie
• Tables des matières
• 4e de couverture