Mine, travail et société à Kirkland Lake
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Mine, travail et société à Kirkland Lake

  1. 310 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Mine, travail et société à Kirkland Lake

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À propos de ce livre

Quand on pense à la mine, l'image qui surgit est celle de l'ouvrier, lampe électrique accrochée au casque, qui connaît des conditions de travail difficiles et dangereuses et qui frôle parfois la mort. Rarement associe-t-on la mine à des ouvriers de surface qui, pourtant, occupent des fonctions indispensables à son fonctionnement. Mine, travail et société à Kirkland Lake propose une nouvelle réflexion sur le travail et la vie quotidienne dans une ville minière. L'ouvrage, qui porte principalement sur la période faste de l'histoire de Kirkland Lake (1930-1942), dresse le portrait du « mineur de carrière », examine les accidents miniers, s'attarde aux loisirs, aux vacances. Mais, surtout, il reconnaît pour la première fois l'existence de deux univers miniers bien distincts – mineurs de fond et ouvriers de surface. On y montre que chaque groupe vit des horaires et des conditions de travail fort différents et que même leurs pratiques musicales et de loisirs se distinguent, au point d'entraîner un clivage de la société kirklandaise. Cette scission apparaît avec force lors de la dure grève de ses 4000 mineurs en 1941-1942, qui fait ici l'objet d'une étude fouillée.

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Informations

Année
2016
ISBN
9782897440459

1 – KIRKLAND LAKE14

Guy Gaudreau
et Kevin Auger
Le Nord ontarien, en tant qu’objet historique, constitue un espace assez récent. Son développement a commencé véritablement vers la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Certes, des gens avaient déjà mis les pieds dans la région, mais il n’y avait eu ni colonisation ni exploitation de grande envergure. Une des principales artères de communication qui ouvrira la région est le Temiskaming & Northern Ontario Railway15. Ce chemin de fer, dont le tracé est reproduit sur la carte 1 de la page 7, contribuera grandement à peupler et à explorer le Témiscamingue. De North Bay, son point de départ où les travaux commencent en 1902, on atteint New Liskeard en 1905, et Cochrane, plus au nord, en 1909. Cette voie ferrée est en partie responsable du boom minier de Cobalt : au point milliaire 103, le tracé passe directement au-dessus des gisements d’argent qui sont alors visibles. Une fois cette découverte ébruitée, la ville naît pratiquement du jour au lendemain. Puis, une exploration plus approfondie de la région permet une nouvelle découverte, celle de gisements d’or, donnant notamment naissance à la ville de Kirkland Lake16 et à la mine Lake Shore, au cœur du présent ouvrage.

Brève histoire de Kirkland Lake et de la mine Lake Shore

En 1906, on comptait déjà plus de 4000 concessions minières dans la région, appelée alors Larder Lake17. L’exploration s’étend rapidement; elle finit par entraîner un changement dans la désignation de cette nouvelle région minière qui sera connue sous le nom de Kirkland Lake. En 1911, deux prospecteurs, William Wright et Ed Hargreaves, jalonnent des concessions richement pourvues en or; ils découvriront plus tard qu’elles contiennent une bonne partie des gisements les plus riches de la région. De ces concessions naîtront deux mines importantes : la Sylvanite et la Wright-Hargreaves. La même année, un prospecteur du nom de Harry Oakes18 découvre les concessions qui deviendront éventuellement la mine Lake Shore. C’est aussi lui qui, avec les frères Tom et George Tough, inaugure l’une des premières mines de la région, la Tough-Oakes. Toutefois, Oakes vendra ses parts afin de financer les travaux sur d’autres de ses concessions minières, la future Lake Shore. De 1914 à 1918, le puits no 1 y est creusé et la production débute en 1918.
La mine Lake Shore en 1928
Photographie 2 : Juste avant sa rapide expansion au tournant des années 1930, la société aurifère a déjà érigé un moulin de grande dimension pour le traitement du minerai. C’est le bâtiment à gauche du chevalement du puits no 1. À l’extrême droite, on observe les premiers bureaux administratifs, qui seront remplacés en 1930 par ceux de la photographie 1 à la page 9 (Geological Survey of Canada, 1929, OA-S17950).
Au cours des deux premières décennies19, la Lake Shore occupe une place centrale par rapport aux autres producteurs régionaux – y compris, il faut le préciser, les mines de Larder Lake situées encore plus près de la frontière québécoise (voir le graphique 1.1). Jusqu’au milieu des années 1930, l’entreprise demeure le principal producteur d’or tout en affichant une évolution en parallèle avec la bonne douzaine d’autres mines régionales. La Lake Shore continue à augmenter sa production pour atteindre en 1938 un sommet de 922 000 tonnes de minerai extrait d’une valeur de 15 150 000 $20.
Graphique 1.1
Extraction annuelle de minerai à la mine Lake Shore et dans la région de Kirkland Lake, en milliers de tonnes, 1919-1964
*Les données régionales, qui couvrent également Larder Lake, sont manquantes à compter des années 1960.
Source : Rapports annuels du ministère des Mines de l’Ontario.
La mine Lake Shore en 1930
Photographie 3 : Certains cols blancs et contremaîtres viennent travailler en voiture et laissent leur véhicule dans le stationnement situé à droite des bureaux administratifs. On aperçoit aussi les chevalements des puits nos 1 et 3. Plus élevé que l’autre, ce dernier est également adossé à une structure métallique posée en diagonale. Plus à gauche, on construit un nouveau château d’eau qui surplombe le toit du moulin situé à l’arrière (Museum of Northern History).
La nécessité d’investir dans la prospection pour découvrir de nouveaux gisements – car les mines s’épuisent –, de même que la hausse du prix de l’or en 1934, permettent l’ouverture de nouvelles mines à Larder Lake21. Si la Guerre freine temporairement la production, celle-ci reprend de manière fulgurante à la fin des années 1940. Les jeunes sociétés minières de Larder Lake, dont les gisements aurifères sont plus accessibles, devancent alors la Lake Shore qui, à partir de 1945, contribue plus modestement à la production régionale.
En période de croissance, l’entreprise procède à des embauches massives, comme c’est le cas à la fin des années 1920, alors que les effectifs annuels passent de 300 travailleurs à près de 1100 en 1930 (voir le graphique 1.2). Plus le personnel est mobile, plus il faut d’embauches pour combler les postes vacants. Et inversement : plus les travailleurs restent à l’année longue, moins il faut de nouvelles recrues. Or, c’est exactement ce qui se passe à compter de 1931 – et de manière encore plus évidente vers la fin des années 1930 –, alors que les embauches diminuent fortement et que les effectifs annuels progressent encore. L’écart entre les deux séries de données se creuse. En fait, on devine, par l’intermédiaire de ces phénomènes, l’apparition de travailleurs plus stables dont font partie les travailleurs de carrière étudiés au chapitre 3.
Reste un dernier élément à examiner dans ce portrait de l’entreprise : le lien entre les effectifs ouvriers déclarés par l’entreprise dans son rapport annuel et sa production afin d’entrevoir la productivité et les rendements de l’entreprise. Cette production pourrait être évaluée de plusieurs manières, prenant en compte les dividendes annuels versés, le nombre d’onces d’or fondu, ou la valeur annuelle des ventes d’or de l’entreprise. Nous préférons plutôt retenir le nombre de tonnes de minerai extrait, ce qui donne une meilleure indication des efforts fournis par les travailleurs, sans se soucier de l’incidence de l’inflation sur la valeur de cette production. Un autre motif nous incite à retenir ce type de mesure : la prise en compte de tout le travail effectué sous terre, et pas seulement des forages lucratifs dans les galeries qui interviennent directement dans la valeur des ventes d’or.
Graphique 1.2
Effectifs ouvriers et embauches à la mine Lake Shore, en nombres absolus, 1926-1964
N= 1010 individus totalisant 1557 embauches, distribuées en moyenne triennale mobile.
Sources : fiches d’embauche de la Lake Shore Gold Mines, échantillon 1 sur 10 (dorénavant E 1/10); Rapports annuels du ministère des Mines de l’Ontario.
L’évolution des effectifs et de la production laisse deviner une dégradation de la situation à compter du début de la Seconde Guerre mondiale (voir le graphique 1.3). Le rythme d’augmentation du nombre de travailleurs dépasse alors nettement celui de la production, ce qui se traduit par une baisse inévitable de la productivité. On va chercher le minerai de plus en plus creux tandis que la technologie demeure la même au cours de cette période. Les années 1950 et 1960 auront été des années de repli quoique encore payantes pour les actionnaires.
En 1965, la mine n’extrait plus que 74 500 tonnes de minerai, alors que la mine Wright-Hargreaves, voisine située également en plein cœur de la ville, n’y fait plus parvenir son minerai pour le traitement au moulin. En outre, de grandes quantités d’eau s’infiltrent dans la mine Lake Shore et un coup de toit (rock burst) cause suffisamment de dommages pour qu’on décide d’y arrêter l’extraction22, ce qui conduit l’entreprise à se concentrer sur le traitement des résidus miniers (tailings). La mine demeure en activité jusqu’en 1968, année où elle ferme définitivement ses portes. Kirkland Lake connaît parallèlement une décroissance rapide de sa population, mais il ne faut pas croire que la ville se soit éteinte pour autant, car elle reste encore aujourd’hui une ville sociologiquement minière et fière de son passé.
Graphique 1.3
Nombre de travailleurs œuvrant à la mine Lake Shore et extraction annuelle de minerai en nombres absolus et en milliers de tonnes, 1926-1964
Source : Rapports annuels du ministère des Mines de l’Ontario.

Vue d’ensemble de la main-d’œuvre et des salaires en 1934

Il est difficile, en quelques tableaux, de fournir une vue d’ensemble de la main-d’œuvre et des salaires de ces milliers de travailleurs de la Lake Shore Gold Mines. Pour nous simplifier la tâche, nous nous sommes restreints à une période allant essentiellement des années 1930 jusqu’à 1942, qui correspond aux années de pleine production de la Lake Shore. Et parmi ces années de prospérité, nous avons arbitrairement choisi 1934 comme année témoin, où tous les employés, tant ceux de passage que ceux présents pendant les douze mois de l’année, soit 1838 individus, ont été scrutés afin que soit évaluée la durée totale de leur emploi au sein de l’entreprise (voir le graphique 1.4). Tous ne feront pas carrière : une petite minorité d’ouvriers y restera à peine moins d’un an. Ces derniers sont moins nombreux que ceux qui y travailleront pendant 25 ans ou plus! Parmi ceux arrivés ou partis au cours de l’année 1934 et considér...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Prise de parole
  3. Du même auteur
  4. Page titre
  5. Crédits / Catalogage
  6. Présentation
  7. 1 – Kirkland Lake
  8. 2 – L’organisation du travail dans une mine d’or
  9. 3 – Les travailleurs de carrière à la mine Lake Shore
  10. 4 – Les accidents d’Oscar Bougie
  11. 5 – Congés, fins de semaine et vacances annuelles
  12. 6 – Bribes de la vie quotidienne à Kirkland Lake
  13. 7 – Une culture musicale omniprésente
  14. 8 – La grève de Kirkland Lake, 1941-1942
  15. 9 – Femmes, communauté et monde syndical face à la grève
  16. Conclusion
  17. Annexe 1 – Fiches d’embauche et de service, Lake Shore Gold Mines
  18. Annexe 2 – Principaux évènements socioculturels susceptibles d’accueillir des prestations musicales en 1934
  19. Annexe 3 – Quelques chiffres sur la grève de 1941-1942
  20. Bibliographie
  21. Liste des tableaux et graphiques
  22. Table des matières
  23. 4e de couverture