Brève histoire des institutrices au Québec de la Nouvelle-France à nos jours
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Brève histoire des institutrices au Québec de la Nouvelle-France à nos jours

  1. 226 pages
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Brève histoire des institutrices au Québec de la Nouvelle-France à nos jours

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« Maîtresses d'école », « institutrices », « enseignantes ». Ces diverses appellations recouvrent un même objet d'étude: les femmes qui enseignent. Ce livre rend compte de l'expérience et de la contribution des femmes qui ont enseigné aux jeunes enfants, aux élèves du primaire et de l'élémentaire, depuis le XVIIe siècle jusqu'à nos jours. C'est durant la période 1639-1801 qu'on assiste à l'émergence du métier d'institutrice en Nouvelle-France, selon le modèle importé de la France métropolitaine. Les institutrices étaient essentiellement des religieuses qui n'enseignaient qu'à des filles, à des couventines bien souvent, qui deviendront parfois des institutrices oeuvrant tant à la ville qu'à la campagne pendant les années 1801-1845. Car les institutrices sont alors aussi des laïques, travaillant dans un contexte où l'État et l'Église se disputent le champ de l'éducation. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, on assiste à la mise sur pied d'un système d'instruction public permanent, où les institutrices subissent la concurrence des religieuses et des frères enseignants. Pendant les années 1899-1939, on assiste à un début de professionnalisation du corps enseignant. Les institutrices souffrent toutefois de la situation économique qui se détériore durant les années 1930 et d'une formation souvent insuffisante. La « grande transition », qui couvre la période 1939-1968, voit néanmoins l'affirmation d'une profession féminine qui, d'abord temporaire, va devenir un authentique engagement professionnel, tandis que le nombre des institutrices augmente (nous sommes en plein baby-boom). Enfin, le dernier chapitre trace le portrait de l'« institutrice aujourd'hui », soit depuis 1968, alors que, si leurs conditions de travail se sont nettement améliorées, les institutrices doivent composer avec le changement des valeurs et les nouvelles réalités de la société québécoise.

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Informations

Année
2021
ISBN
9782764613610
chapitre 1
L’émergence d’un métier (1639-1801)
L’école est, de tous les emplois, le plus propre pour attirer les grâces de Dieu sur celles qui en sont chargées ; mais il faut s’en acquitter avec pureté d’intention.
Marguerite Bourgeoys
La petite école, celle qui s’adresse aux enfants, est une institution essentiellement moderne. Il faut s’attarder à comprendre son développement en Europe, et notamment en France, puisque c’est de là que viendront les modèles implantés en Nouvelle-France. La petite école est née de la conjoncture de deux phénomènes apparemment non reliés : l’invention de l’imprimerie, au xve siècle, et la crise causée par la Réforme protestante au cœur de l’Europe chrétienne, au xvie siècle. L’imprimerie, en accélérant la disponibilité des livres, a placé la maîtrise de la lecture au rang des habiletés indispensables à la vie économique et culturelle. La Réforme protestante, en proposant la traduction de la Bible dans les langues vernaculaires et surtout la lecture quotidienne de la Bible par l’ensemble des croyants, a donné une caution religieuse à cette maîtrise. C’est « l’hérésie du livre », selon l’orthodoxie catholique, avec le Petit Catéchisme, de Luther, qui date de 1529, et le Formulaire d’instruire les enfants dans la chrétienté de Calvin, qui date de 1541.
L’école : l’Église des enfants
Devant le prétendu péril protestant, l’Église de Rome a dû prendre le parti de recourir, elle aussi, aux petites écoles pour christianiser les masses. Elle propose alors ses propres manuels scolaires. Ainsi, en France, un premier traité pédagogique, L’Escole paroissiale, paraît en 1654. L’œuvre de Jean-Baptiste de La Salle, fondateur de la première congrégation de frères éducateurs en France, date de la fin du xviie siècle. Le fondateur publie son manuel, La Conduite des écoles, en 1720. Destinées aux laïcs et non plus aux futurs moines, les petites écoles se multipliaient parce que, dans l’esprit des autorités religieuses, l’instruction l’emportait désormais sur la « sainte ignorance ». Les objectifs essentiellement religieux de l’école, aux xvie et xviie siècles, ne font donc pas de doute. On vient y apprendre la lecture, certes, parfois l’écriture et le calcul, mais surtout le catéchisme, les prières, les cantiques et l’histoire sainte.
Une première différence entre les écoles protestantes et les écoles catholiques peut être notée : on a recours presque exclusivement à la langue latine dans les régions à dominance catholique. Un abécédaire latin sert à l’apprentissage, de manière mécanique, d’abord des lettres, ensuite des syllabes, puis des mots entiers du Pater, de l’Ave, du Credo. Cette méthode justifie l’usage du latin (les prières se font toutes en latin et sont rapidement apprises par cœur), lequel se prête mieux à cet exercice que le français, le plus souvent ignoré de la majorité de la population, sauf dans les villes. Jusqu’à la fin du xviie siècle, le recours à la langue latine demeure une caractéristique des écoles catholiques, par opposition aux écoles protestantes, qui utilisent les langues vernaculaires. Une seconde différence peut être notée : le mouvement scolaire protestant est plus hâtif, plus dense et mieux organisé. Il faut attendre le milieu du xviie siècle pour que les catholiques commencent à se doter d’un réseau similaire. Plusieurs historiens ont souligné, notamment, le caractère exceptionnel du réseau scolaire dans les différents États de la Nouvelle-Angleterre.
Certes, il y a eu des écoles avant l’époque moderne. Mais ces écoles étaient locales, le plus souvent liées à un monastère, et n’étaient pas destinées à l’ensemble de la population. C’est l’intention de rendre l’enseignement accessible à tous qui caractérise l’école moderne. Car, on l’aura compris, il s’agit d’une intention. Entre le projet et la réalité, des difficultés considérables se dressent : le manque de ressources éducatives, l’absence d’une tradition d’enseignement populaire, la dispersion de la population et les coûts liés à l’implantation de l’école. Il n’est pas anodin de rappeler que la majorité des écoles alors établies étaient désignées sous le nom d’écoles de charité, rattachées le plus souvent à une église paroissiale. Les spécialistes n’ont pas encore trouvé de méthodes vraiment satisfaisantes pour évaluer les progrès de l’alphabétisation avant le xixe siècle. Malgré tout, l’ensemble des recherches qui nous informent des progrès de l’alphabétisation dans les sociétés de l’Ancien Régime sont unanimes : les populations sont peu alphabétisées, notamment dans les campagnes. Il faudra les impératifs de la révolution industrielle et les exigences de la vie démocratique pour qu’une véritable école, accessible à tous, soit progressivement instaurée dans les diverses sociétés. Mais, avant d’arriver à cette époque, deux siècles doivent être traversés, au cours desquels l’école prend un visage particulier, surtout si on la considère sous l’angle de son personnel enseignant.
Des maîtres pour les écoles
Lorsqu’on cherche des maîtres pour ces écoles, on se tourne spontanément vers des hommes, tant le rapport entre enseignement et genre masculin s’impose par une longue tradition culturelle et politique en Occident. Toutes les recherches établissent que ces maîtres sont célibataires et qu’ils exercent ce métier provisoirement, le plus souvent hors de leur milieu local. Leur rémunération est faible et leur réputation, médiocre. Plusieurs sont tenus d’exercer un autre emploi pour vivre : commis, bedeau, fossoyeur, tailleur, musicien, soldat. Leur compétence est difficile à évaluer parce que les critères d’embauche sont presque exclusivement religieux et moraux. Plusieurs maîtres exagèrent leurs compétences pour obtenir un emploi. Dans les villes, notamment à Paris, les autorités religieuses accordent des « licences », mais les maîtres licenciés sont rares. On sait aussi que nombreux sont les curés qui enseignent dans une école attenante à une église. Les premiers établissements de formation pédagogique, hors des milieux institutionnels religieux qui les réservent à leurs sujets, datent de la fin du xviiie siècle.
Or, une prescription religieuse, tant catholique que protestante, interdit de réunir dans un même local garçons et filles. Les études historiques, notamment l’iconographie, ont certes démontré que cette prescription était souvent négligée, devant la nécessité de raffermir la formation religieuse des populations. Mais les écoles de garçons sont toujours beaucoup plus nombreuses que les écoles de filles. C’est ce qui explique vraisemblablement que l’alphabétisation des garçons se soit toujours mieux développée que celle des filles. Hors des villes, ouvrir une école destinée aux petites filles est une rareté, on pourrait même dire un luxe ! Mais une telle école exige des institutrices.
Les premières institutrices
Dès le xviie siècle, surtout dans les villes, on doit recourir à des femmes pour enseigner aux fillettes. Dans les milieux catholiques, ces femmes sont presque exclusivement des religieuses. Or, selon les règles du concile de Trente (1545-1563), les quelques ordres féminins fondés au xvie siècle, les Ursulines, par exemple, doivent se soumettre aux règles du droit canon : autorisation pontificale, clôture des institutions, exigence de la dot des aspirantes et vœux solennels des professes, ce qui les exclut du monde civil. On conçoit qu’une telle règle limite singulièrement la fréquentation des écoles dirigées par des religieuses cloîtrées.
Au reste, le recours aux religieuses enseignantes ne s’est pas imposé facilement. Elizabeth Rapley explique, dans son étude intitulée Les Dévotes, que la tradition catholique place les femmes, leur savoir et leur vertu en état de suspicion. Elle nous rappelle la tentative de Mary Ward, au début du xviie siècle, de fonder un ordre féminin sur le modèle des Jésuites, avec le droit d’enseigner et d’évangéliser. Cette tentative suscita un mouvement d’opposition considérable contre les « jésuitesses », lequel nous informe sur l’idéologie misogyne dominante qui régnait dans les pays catholiques. Les cardinaux estimaient qu’il n’était pas possible pour des religieuses d’enseigner et de garder la chasteté. Elizabeth Rapley nous rappelle également les vaines tentatives des Visitandines de se soustraire à la règle de la clôture, qu’elles jugeaient anti-apostolique. Un siècle plus tard, les ouvrages qui décrivaient le long combat de Mary Ward étaient encore systématiquement mis à l’Index romain.
Ces religieuses cloîtrées allaient bientôt côtoyer un nouveau type de religieuses, les filles séculières. Le mouvement de fondation d’associations de femmes, réunies dans des instituts séculiers et destinées à l’enseignement des petites filles ou aux œuvres charitables, constitue une caractéristique importante de l’histoire religieuse du xviie siècle français. Comme l’a démontré Elizabeth Rapley, « l’ensemble des services sociaux qui se développèrent au xviie siècle, en particulier l’éducation des femmes, fut la conséquence plus que la cause des congrégations religieuses. C’est le zèle religieux qui jaillit en premier, la nécessité de canaliser cette énergie dans une action positive venant plus tard ». On peut ainsi avancer deux affirmations. D’abord, le métier d’institutrice s’est imposé dans les milieux catholiques entre deux prescriptions contradictoires : l’interdiction faite aux femmes d’enseigner la parole de Dieu et l’interdiction des autorités religieuses concernant l’enseignement aux garçons et aux filles dans une même classe. Ensuite, ce métier est issu d’initiatives principalement féminines, avec le soutien nécessaire d’un ecclésiastique : toutes les recherches le démontrent.
Des institutrices en Nouvelle-France
Lorsque s’implante la colonie de la Nouvelle-France, les autorités civiles ne songent nullement à y établir des écoles : cette responsabilité, selon la culture et les normes de l’époque, appartient essentiellement à l’Église. Or, dans la France du début du xviie siècle, le réseau des petites écoles est encore embryonnaire. Les premiers Statuts et règlements des petites écoles de grammaire de la ville de Paris ne datent que de 1672. La très grande majorité des institutrices sont des religieuses et elles sont répandues dans les diocèses, au gré des fondations variées. Au cœur de ce réseau, l’ordre des Ursulines se distingue par son importance, par l’étendue du territoire couvert et par sa réputation. Alors que cette congrégation ne comptait que quatre maisons en France avant 1600, on observe la fondation de plus de sept maisons par année entre 1615 et 1650. Ces initiatives étaient encouragées, au demeurant, par le pouvoir royal : cela est jugé « nécessaire à cause de l’instruction gratuite des enfants de leur sexe, qui ne peut se commettre aux hommes sans péril ».
Aussi ne doit-on pas s’étonner que les premières institutrices de la Nouvelle-France soient les trois Ursulines arrivées à Québec en 1639, venues de Tours, sous la direction de Marie de l’Incarnation. Ces premières institutrices, toutefois, ne sont pas venues pour enseigner aux filles des colons : leur intention est essentiellement missionnaire et vise à établir un « séminaire » destiné aux jeunes Amérindiennes. Mais elles doivent se résoudre immédiatement à accueillir les fillettes canadiennes : les premières se présentent huit jours après leur arrivée. Les premiers habitants, semble-t-il, les estiment singulièrement aptes à donner un minimum d’instruction religieuse à leurs filles. Rapidement, l’enseignement des Ursulines distingue trois groupes d’enfants : les Amérindiennes, qu’elles accueillent dans le « séminaire », les pensionnaires, qui logent avec elles et paient pension, et les externes, qui fréquentent gratuitement l’école des pauvres. Les Ursulines se trouvent ainsi à proposer un établissement, celui d’un pensionnat-école, qui deviendra l’unique modèle des écoles destinées aux filles en Nouvelle-France. Les Ursulines étant cloîtrées, on construit autour de leur monastère une palissade qui tient lieu de clôture. Les classes des élèves sont situées à l’intérieur du monastère. D’abord construit dans un établissement provisoire dans la basse ville de Québec dès 1639, le monastère est finalement édifié dans la haute ville à partir de 1642. Les archives attestent toutefois que l’œuvre destinée aux Amérindiennes disparaît au début du xviiie siècle. Vers 1720, « les Ursulines cessèrent d’ajouter à la formule de leurs vœux : “Je voue instruction aux petites filles sauvages” ». Pendant plus d’un demi-siècle, toutefois, les Ursulines avaient réussi à baptiser plusieurs Amérindiennes et à en franciser quelques-unes ; surtout, elles avaient eu beaucoup de succès à leur apprendre des motets religieux, que les fillettes chantaient à quatre voix, en latin mais aussi dans les différentes langues amérindiennes. Les Ursulines enseignent également la musique à leurs élèves canadiennes. Il faut donc placer les connaissances musicales au rang des compétences des Ursulines.
Aux Ursulines françaises du noyau initial se joindront rapidement quelques autres religieuses venues de France. Mais, à partir de 1652, la congrégation accepte des novices canadiennes, toutes d’anciennes élèves, qui choisissent la vocation d’institutrice en entrant dans le cloître. Ces aspirantes doivent fournir une dot, que les règles canoniques fixent à 3 000 livres, montant considérable, mais il semble que le montant total de la dot soit rarement versé. Au milieu des années 1680, avec les décès et les arrivées, le...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Boréal
  3. Faux-titre
  4. Du même auteur
  5. Titre
  6. Crédits
  7. Dédicace
  8. Introduction
  9. Chapitre 1 - L’émergence d’un métier (1639-1801)
  10. Chapitre 2 - Institutrices des villes, institutrices des champs (1801-1845)
  11. Chapitre 3 - L’acceptation de l’institutrice (1846-1899)
  12. Chapitre 4 - Un début de professionnalisation (1899-1939)
  13. Chapitre 5 - La grande transition (1939-1968)
  14. Chapitre 6 - L’institutrice d’aujourd’hui (depuis 1969)
  15. Conclusion
  16. Bibliographie
  17. Crédits et remerciements
  18. Fin
  19. Quatrième de couverture