Ma dernière conférence
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La planète en héritage

  1. 136 pages
  2. French
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Ma dernière conférence

La planète en héritage

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À propos de ce livre

Imaginons un instant que David Suzuki ait voulu résumer sa pensée et son action dans une seule et ultime conférence. C'est exactement ce qu'il a fait en décembre 2009, et c'est cette conférence qui a fait l'objet d'un film que l'on verra sur nos écrans en 2010. Le texte qu'il publie maintenant reprend celui de la conférence, tout en l'élargissant. David Suzuki est considéré comme un sage et comme un guide partout dans le monde. C'est cette sagesse à laquelle il a voulu donner son expression définitive, en racontant quel a été son parcours et en partageant avec nous sa vision de l'avenir. Au cours de sa vie, David Suzuki a été témoin d'un bond extraordinaire dans les sciences, en même temps que d'une profonde transformation de nos liens avec la planète. La population humaine a triplé, l'économie mondialisée a laissé une empreinte écologique indélébile, les moyens que la technologie met à notre disposition ont été décuplés. Toutes ces transformations ont eu des effets directs sur les écosystèmes et, conséquemment, sur notre bien-être. Afin de survivre à cette situation de crise, il nous faudra reconnaître que les lois de la nature ont priorité sur les lois de l'économie, car la planète ne peut tout simplement plus supporter ce développement débridé. Il nous faudra également reconnaître les limites du fonctionnalisme scientifique et adopter un point de vue plus holistique. Encore plus important, peut-être, il nous faudra inventer une solidarité de l'espèce humaine pour que nous puissions surmonter les problèmes qui se posent à nous. Suzuki conclut en insistant sur le fait que le changement commence avec chacun de nous. Tout ce qu'il nous faut, c'est de l'imagination et de la conviction, et la foi dans la générosité sans bornes de notre mère la Terre.

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Informations

1

L’évolution d’une superespèce

Depuis l’apparition de notre espèce sur la Terre, nous, les êtres humains, avons pris l’habitude de nous réunir autour d’un feu pour satisfaire notre besoin le plus élémentaire: être ensemble. Nous y affirmons aussi nos liens de parenté et notre appartenance tribale, nous y partageons nos expériences et nos pensées, nous y méditons sur les grandes questions qui nous taraudent depuis si longtemps.
Qui sommes-nous?
Comment sommes-nous arrivés ici?
Pourquoi sommes-nous ici?
Où allons-nous?
Nos réponses à ces questions s’enracinent profondément dans notre milieu de vie: pensons au peuple inuit en Arctique, au peuple san dans le désert du Kalahari, au peuple aborigène en Australie et aux peuples autochtones dans les Amériques, qui vivent dans les forêts équatoriales côtières, sur les prairies et dans les montagnes. Au fil des millénaires, d’innombrables récits, chants et rêves ont révélé les mille et une façons dont l’esprit humain a imaginé la naissance du monde. Dans un lointain passé, c’est d’une somme d’expériences, d’observations et de réflexions que nous avons tiré les réponses à ces questions anciennes et avons ainsi modelé notre perception du monde. D’après les Haïdas de la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord, Corbeau a ramassé une coquille de palourde, l’a laissée tomber sur la plage d’Haïda Gwaii, et d’elle ont émergé les premiers êtres humains. Le mythe scandinave de la création évoque le géant Ymir et son corps qui a formé la terre, son sang, les océans, ses os, les montagnes, et ses cheveux, les forêts. Bien sûr, les mythes de la création ne constituent pas un traité d’histoire à prendre au pied de la lettre. Leur signification réelle, les leçons qu’ils renferment sont souvent enfouies sous plusieurs couches de narrations, de superstitions et de métaphores, et ils finissent parfois par être si improbables qu’on n’y voit plus que des récits fantastiques.
Les humains se réunissent et découvrent ensemble le sens de l’univers, notre cosmologie.
BRIAN SWIMME, cosmologiste
Je suis un homme de science, et aujourd’hui la science prodigue les précieux enseignements qui fondent le récit moderne de notre présence sur terre. Mais les descriptions scientifiques de la création semblent tout aussi dissociées de notre expérience quotidienne, tout aussi fantastiques que les mythes du passé, et il nous faut extraire le sens profond de cet obscur langage du savoir.
Imaginons un commencement, il y a 14 milliards d’années, où l’univers tout entier tenait en un seul point, aussi petit qu’un point sur une page imprimée. Pensons au big-bang, une explosion à si haute température que la matière ne pouvait exister. Puis, les immenses nuages de gaz tourbillonnants se sont refroidis dans l’univers en expansion et se sont condensés en particules de matière qui, dès lors, ont déterminé dans tout le cosmos les lois physiques fondamentales. Nous peinons à imaginer que de vastes nuages d’atomes, s’amassant sous l’effet de la gravitation, aient fini par se fondre en d’innombrables étoiles dont la fournaise nucléaire s’est soudainement embrasée pour éclairer les cieux en un instant cosmique.
L’évolution de la vie sur terre, telle que la science nous la dépeint, est source d’inspiration. C’est une saga de résilience et d’adaptabilité: après des centaines de millions d’années de stérilité planétaire, une cellule apparue dans l’océan a supplanté toutes les autres pour devenir la mère de toute vie sur terre. Ses descendants ont envahi les moindres recoins de la planète, se transformant en un nombre infini d’espèces dans un environnement en constante évolution.
Tôt dans l’histoire de la vie, la nature s’est mise à façonner de nouvelles espèces qui se sont introduites dans des habitats déjà occupés par d’autres. Depuis l’ère de l’archéen, aucune entité vivante n’a évolué isolément.
VICTOR B. SCHEFFER, zoologiste
Les récits traditionnels
Pendant la plus grande partie de l’existence humaine, nous sommes restés des êtres de tradition orale, partageant nos expériences, nos idées et nos croyances dans les récits que nous racontions. Nous tissions dans les mailles de ces récits des leçons implicites sur l’adaptation au monde environnant. Comme l’expliquait en 1930 le chasseur inuit Ivaluardjuk à Knud Rasmussen, explorateur de l’Arctique: « Le plus grand péril dans la vie d’un être humain tient à ce que sa nourriture se compose entièrement d’âmes. Toutes les créatures que nous devons tuer et manger, toutes celles que nous devons abattre et terrasser pour nous vêtir ont une âme comme nous, une âme qui ne périt pas à la mort du corps et qu’il faut donc apaiser pour éviter qu’elle ne se venge de ce qu’on leur a ravi leur corps. »
Jusqu’à très récemment, l’humanité tout entière se composait de tribus locales qui poursuivaient le gibier et récoltaient les plantes au fil des saisons, qui menaient une existence nomade de chasse et de cueillette. Contrairement à la croyance populaire, nos lointains ancêtres n’étaient pas des sauvages primitifs à l’esprit lent. C’étaient des êtres humains dotés du même bagage génétique que ceux du xxie siècle. Comme l’a souligné le regretté Claude Lévi-Strauss, cet extraordinaire anthropologue: « Je ne vois aucune raison pour laquelle l’humanité aurait dû attendre jusqu’à une époque récente pour produire des esprits du calibre d’un Platon ou d’un Einstein. Il y avait probablement déjà des hommes d’une capacité semblable voilà 200 000 ou 300 000 ans, qui bien sûr n’usaient pas de leur intelligence pour résoudre les mêmes problèmes que ceux auxquels se sont attaqués les penseurs contemporains. »
Selon Lévi-Strauss, le chercheur et le chaman appréhendent le monde selon des perspectives très différentes, mais qui sont toutes deux riches d’un enseignement précieux et qui se complètent plutôt que de se contredire: « Les phénomènes accessibles à la pensée sauvage [ou autochtone] ne sont certainement pas les mêmes que ceux qui ont forcé l’attention des scientifiques. Dans chacun de ces cas, on aborde le monde physique selon des angles opposés: l’un est suprêmement concret, l’autre, suprêmement abstrait; l’un procède des qualités sensibles, l’autre, des propriétés formelles. »
Les êtres humains sont apparus sur les plaines de l’Afrique il y a 150 000 à 400 000 ans, lorsque vivaient encore les mammouths laineux, les tigres à dents de sabre et les paresseux géants, lorsqu’un nombre et une variété aujourd’hui inimaginables d’animaux peuplaient la savane africaine. L’apparence de nos lointains ancêtres ne laissait guère entrevoir les changements fulgurants que nous allions connaître après avoir quitté notre berceau africain pour peupler toutes les régions du globe en à peine 150 millénaires. Je doute qu’une seule espèce ait tremblé à la vue de nos ancêtres en murmurant: « Gare à ces singes glabres et bipèdes… Ils vont envahir toute la planète. »
Notre espèce n’avait rien d’impressionnant, que ce soit par le nombre, la taille, la vitesse (un éléphant court plus vite que le plus rapide des humains), la force (un chimpanzé de 45 kilos pourrait me jeter à terre, et vous aussi probablement) ou l’acuité sensorielle (si je sautais d’arbre en arbre sur une liane, sans porter de lunettes, je frapperais vite un tronc et tomberais à terre, où un tigre à dents de sabre me dévorerait peu après). Le secret de notre réussite est invisible: un organe de deux kilos niché dans notre boîte crânienne.
Notre cerveau nous a pourvus d’une mémoire prodigieuse, d’une curiosité insatiable et d’un esprit inventif remarquable, autant de qualités qui compensaient amplement nos piètres aptitudes physiques et sensorielles. Et ce cerveau a pris conscience de sa propre existence, de sa présence dans le temps et dans l’espace; il a appris à imaginer et à rêver. Nous avons observé notre milieu, tiré des leçons de nos mésaventures, de nos méprises, de nos essais et erreurs et de nos découvertes; nous nous sommes souvenus de nos expériences vécues; nous avons décelé des relations causales; puis, nous avons trouvé des solutions novatrices à nos problèmes.
Le cerveau a évolué dans un monde biocentrique et non dans un monde régi par des règles mécaniques. Il serait donc surprenant que toutes les règles d’apprentissage relatives à ce monde aient été effacées en quelques millénaires seulement.
EDWARD O. WILSON, écologiste
Forts de notre expérience et de notre savoir, nous avons rêvé notre place dans le monde et imaginé l’avènement du futur. Par cette invention de l’avenir, nous avons pu nous projeter vers l’avant, repérer les dangers comme les occasions à saisir et comprendre que nos actions pouvaient modeler ce futur. Cette clairvoyance nous a hissés en position de domination.
Nos récits de la création et nos mythes des origines apportaient des réponses à ces éternelles questions soulevées autour du feu. Nourris par des observations et des découvertes s’étendant sur des générations, ils ont été préservés avec soin et légués à ceux qui nous ont succédé, et ils ont donné un sens et une orientation à leur vie.
Depuis les débuts de l’existence humaine, les aînés sont les dépositaires de l’expérience accumulée, du savoir minutieusement acquis au fil des siècles sur nos origines, notre raison d’être et notre destinée. Aujourd’hui, je suis moi aussi un aîné. Je porte en ma mémoire les récits de la vie de mes grands-parents, qui remontent jusqu’à 1860. Depuis, des changements cataclysmiques sont survenus dans la société et dans le monde.
Les aînés ne sont pas « des personnes âgées » […]. Ce sont les gardiens de la sagesse, dont le rôle est encore aujourd’hui d’assurer le bien-être de la société et de préserver la santé fragile de notre planète Terre.
ZALMAN SCHACHTER-SHALOMI, rabbin, et RONALD S. MILLER, écrivain
Je suis né en 1936 à Vancouver, en Colombie-Britannique, au Canada, tout comme mes deux parents. Ils m’ont nommé David Takayoshi Suzuki: David, un prénom évoquant la force, que mon père m’a donné parce qu’il se faisait du souci à cause de ma petite taille parmi les Goliaths blancs; Takayoshi, signifiant la piété filiale, le respect des anciens, qui me vient du père de mon père; Suzuki, en français « l’arbre à clochettes », qui est le premier clan du Japon.
Mes quatre grands-parents sont nés dans le Japon des années 1860. La population mondiale avait dépassé le milliard d’individus quelques décennies auparavant. Les tourtes constellaient encore le ciel et les tigres de Tasmanie régnaient encore sur le bush australien.
Mes grands-parents étaient de jeunes enfants lorsque le Canada est né. Le Japon tournait la page sur la période Edo et près de trois siècles de féodalisme pour embrasser l’industrialisation occidentale, au début de la restauration de Meiji. Presque tous les moyens technologiques que nous tenons aujourd’hui pour acquis — des téléphones aux automobiles en passant par le plastique, les antibiotiques et les ordinateurs — étaient à inventer.
Avec la prise de mon père, rivière Vedder (C.-B.), 1940.
Mes grands-parents maternels à leur arrivée au Canada.

Notre rapport à la planète

Au fil de mon existence, j’ai vu se métamorphoser les rapports des humains avec la planète. Après 3,8 milliards d’années de vie sur terre, nous nous sommes mués en une force sans égale parmi les espèces du monde, et l’ascension jusqu’à cette position de domination a été fulgurante. S’il a fallu toute la durée de l’existence humaine pour que soit dépassé le milliard d’habitants au début du xixe siècle, ce chiffre a ensuite été catapulté à plus de 6,8 milliards d’humains sur terre en moins de 200 ans.
Figure 1
Croissance de la population humaine
Chaque fois que la population double, le nombre de personnes en vie excède le nombre de toutes celles ayant vécu auparavant. Et puisque nous vivons deux fois plus longtemps que nos ancêtres, nous sommes désormais les mammifères les plus nombreux sur la planète. Ne serait-ce que par notre nombre et notre longévité, notre empreinte écologique est immense; il nous faut beaucoup d’air, de terre et d’eau pour satisfaire nos besoins essentiels.
Au XXe siècle, nous avons grandement accru nos capacités technologiques grâce à l’utilisation de combustibles fossiles riches en énergie, peu onéreux et faciles à transporter, ce qui a d’autant accru notre empreinte écologique. S’il fallait autrefois des mois aux Premières Nations pour abattre un cèdre géant, de nos jours, il suffit de quelques minutes à un seul homme muni d’une tronçonneuse pour y parvenir. Aujourd’hui, les chalutiers séjournent en mer pendant plusieurs semaines, équipés de radars, de sonars, de congélateurs et de filets assez grands pour contenir toute une flotte de Boeing 747.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, nous jouissons d’un flot continu de biens de consommation, qui nous semble désormais naturel. Après le terrible choc du 11 septembre 2001, Jeb Bush, gouverneur de la Floride et frère du président américain, a déclaré qu’il relevait du « devoir patriotique [des citoyens américains] d’aller faire les boutiques ». Une économie mondiale ainsi fondée sur la satisfaction d’une demande croissante des consommateurs exploite la planète entière en tant que source de matières premières.
À cause de notre poids démographique, de notre puissance technologique, de notre consommation effrénée et de notre économie mondiale, l’empreinte humaine est visible en avion à des kilomètres d’altitude, dans les énormes lacs qui jouxtent les barrages, dans les vastes coupes à blanc des forêts, dans les fermes géantes, dans les villes immenses toutes quadrillées de rues, recouvertes d’un dôme de pollution et irradiant de lumière au plus profond de la nuit.
Lorsque l’homme dépassera la nature, cette nature qui lui a donné naissance réagira.
LOREN EISELEY, anthropologue
Au fil de la vie sur terre, les organismes vivants ont interagi avec la planète et en ont modifié les caractéristiques chimiques et physiques: ils ont érodé les rochers et les montagnes, nourri la terre, filtré l’eau au cours du cycle hydrologique, capturé le carbone pour en faire du calcaire, créé des combustibles fossiles, éliminé le dioxyde de carbone et généré l’oxygène dans l’atmosphère. Mais ces processus se sont déroulés sur des millions...

Table des matières

  1. POUR ENFANTS
  2. Préface
  3. Introduction
  4. 1
  5. L’évolution d’une superespèce
  6. 2
  7. Prendre un autre chemin
  8. 3
  9. Une vision pour l’avenir
  10. Remerciements
  11. Sources des citations
  12. Bibliographie thématique
  13. À propos de David Suzuki
  14. La Fondation David Suzuki
  15. Table des matières