poème pierres où bondir
ma contribution en images à la vie sur Terre
le chemin le plus court qu’on a trouvé pour se perdre
et revenir
non identifié
emmêlé dans les méandres verts et la quincaillerie de minuit
ouvert en deux comme une pomme fendue sur l’étoile
seul et plusieurs à désapprendre les noms
à rouvrir l’enquête sur l’animation
de la matière grise
et dire ah ben
mais oui
mais oui
tout change
on dirait même que rien n’est jamais arrivé
nous sommes au fond d’un océan d’air
entre deux bras de galaxie entre deux âges d’or entre deux sorties d’autoroute entre deux histoires de famille entre deux syllabes
démobilisés
on sombre
lentement dans le vraiment être
dans un éclat qui ne veut pas partir
dans un éclat qui joue de nous
cordes sensibles
tiens, on entend ce qu’on voit…
il faudrait un piano pour interpréter cette neige
il y en a un
il y en a un c’est juste que
on est à l’intérieur
le pianiste attend sa femme dans le stationnement
mains rétractées dans le manteau qu’il refusait de porter
l’après-midi le rêve
en surface de son être
dans les pensées en carrousel autour de sa tête
nuagique
il s’ignore
à son propre concert et
tout le monde se regarde
l’envie de rire
remonte le courant de la veine cave
court dans les tuyaux comme le martèlement de la vie détenue
jusqu’au moment libre et perdu
d’un livre ouvert
page 12
salut à toi
mon nom fut le tien
mon nom change avec la luminosité
un mot qui donne le droit de faire partie de l’histoire humaine
une rue qui aboutit au même nom de rue qui finit par défoncer une aile condamnée de la mémoire
des lettres au hasard sur des dalles qui s’effondrent dans le couloir de la vie éternelle
le nom du préposé qui te lavera les pieds
un mot pour cogner et attendre et perdre espoir
et entrer
j’en appelle au désir à la peur d’être
découvert
où partir où s’oublier aucune idée
juste un panneau jaune, une flèche
vers le bas
vers
toi peut-être
ton soulier détaché
ton éclosion dans le secret
des eaux