Pandémie, quand la raison tombe malade

Normand Mousseau

• Éditeur: Editions du Boréal
• Année: 2020
• ISBN:
  9782764646526
• Sujet: Sciences biologiques
• Sous-sujet: Dissertations sur la science

Comment expliquer qu'une civilisation qui connaît la mécanique quantique, qui a mis les pieds sur la Lune et qui a les moyens de bouleverser, à elle seule, le climat de la planète n'ait pu faire mieux, pour contrer un nouveau virus, que d'enfermer sa population à double tour pendant des mois, mesure digne du Moyen Âge, créant au passage la plus grande contraction économique de son histoire? Bien sûr, le virus SRAS-CoV-2, responsable de la COVID-19, dont le taux de mortalité est nettement supérieur à celui de la grippe, représente partout sur la planète une très sérieuse menace à la santé. Toutefois, ce n'est ni la première ni la pire des pandémies que l'humanité ait eu à affronter au cours de son histoire récente.Normand Mousseau commence par clarifier l'état du savoir scientifique au sujet de ce virus et de son mode de transmission. Surtout, il propose ensuite une réflexion critique sur les enjeux profonds que cette crise sanitaire a révélés dans notre manière de faire face à l'imprévu. On y voit des experts scientifiques enfermés dans leur spécialité et plus prompts à construire des modèles théoriques qu'à mener des études sur le terrain. Des journalistes qui relaient cette information sans prendre le temps de la critiquer ou de la remettre en contexte. Un appareil d'État lourdement centralisé et laissé exsangue à la suite des réformes des dernières années dans le domaine de la santé. Et des politiciens en mal d'approbation qui profitent de toutes les tribunes pour projeter une image paternaliste, infantilisant le public et justifiant au nom de l'état d'urgence des mesures qui vont à l'encontre de nos traditions démocratiques.La pandémie occasionnée par la COVID-19 génère une très lourde facture, économique et humaine, qui retombe surtout sur les épaules des jeunes, des femmes et des plus démunis. Oui, il y avait moyen de faire autrement sans sombrer dans l'insouciance ou les théories du complot, nous dit Normand Mousseau. Et nous pouvons nous donner les outils nécessaires pour mieux traverser cette crise et celles que l'avenir ne manquera pas de nous apporter. Nous y arriverons à condition de ne pas nous laisser aveugler par la peur, et en choisissant collectivement une réponse rationnelle, humaine et généreuse pour tous nos concitoyens.

Brève chronologie de l’apparition de la COVID-19

Comme la plupart des pandémies virales respiratoires, la COVID-19 apparaît sur les radars en hiver. Dans ce cas-ci, c’est le 31 décembre 2019 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) remarque, pour la première fois, des rapports suggérant l’apparition de plusieurs cas de pneumonie de cause inconnue à Wuhan, dans la province du Hubei, au centre de la Chine. Dans les jours suivants, selon les protocoles habituels, l’OMS va tenter d’en apprendre plus sur cette éclosion qui n’est associée, alors, à aucun décès déclaré.

Le 9 janvier 2020, les autorités chinoises confirment que l’éclosion est causée par un nouveau coronavirus dont on ne sait encore s’il peut se transmettre d’humain à humain ou si les personnes infectées ont contracté la maladie au contact d’un animal. Cette annonce suffit toutefois à déclencher le mécanisme mondial de coordination pour la prévention et la réponse aux épidémies, une des premières étapes d’un processus relativement bien rodé qui assure le suivi des diverses éclosions de maladies infectieuses survenant régulièrement sur la planète. En parallèle, l’OMS publie une série de guides à l’intention de ses membres sur les mesures à prendre au moment de l’apparition d’une nouvelle maladie infectieuse.

Le premier décès, confirmé par le gouvernement chinois le 11 janvier, attire davantage l’attention sur cette maladie. On a déjà séquencé l’acide ribonucléique (ARN) du virus responsable, ce qui permet de concevoir les premiers tests diagnostiques.

Dès la mi-janvier, les premiers cas de personnes contaminées par le virus apparaissent hors de la Chine : en Thaïlande d’abord, puis au Japon et aux États-Unis. Le 14 janvier, la transmission du virus de personne à personne est confirmée. C’est un renseignement crucial pour préparer la réponse. En effet, plusieurs virus ne se transmettent à l’humain que par l’intermédiaire d’un animal ; le virus Zika, par exemple, est transmis par un moustique. Dans un tel cas, les mesures sanitaires appropriées visent d’abord l’éradication de l’animal porteur. À la mi-janvier, toutefois, l’efficacité de la transmission de personne à personne reste encore très incertaine, et les experts consultés par l’OMS hésitent à déclencher l’urgence de santé publique de portée internationale. Il faudra attendre le 30 janvier pour que les spécialistes sonnent officiellement l’alarme : on rapporte alors 98 cas hors de la Chine. Il n’y a aucun décès parmi ces cas, mais on dispose de preuves fortes de transmission entre humains.

Le 11 février, la nouvelle maladie, causée par le coronavirus SRAS-CoV-2, acquiert un nom : COVID-19, ou maladie à coronavirus 2019, pour l’année de son apparition. Tout comme pour les autres pandémies récentes, l’OMS choisit une appellation qui évite de cibler une région géographique, un individu ou un animal particulier afin de ne pas susciter de représailles contre des groupes ou des animaux qui seraient associés à la maladie. Ce nom arrive un peu tard, toutefois : de nombreuses personnes d’apparence asiatique sont victimes de discrimination et même d’attaques complètement gratuites pour la seule raison que le virus provient, cette fois-ci, de la Chine. Or, l’apparition d’un virus est un phénomène fortuit, impliquant mutations et transferts, qui aurait pu se produire n’importe où sur la planète.

Baptisé, le virus continue à se déployer. Le 7 mars, le nombre de cas confirmés sur la planète dépasse 100 000 et touche presque tous les continents. L’épicentre de la pandémie se déplace de la Chine à l’Europe. La maladie frappe d’abord l’Italie qui, le 10 mars, impose le confinement à l’ensemble de sa population. C’est la première fois qu’un pays adoptait une telle mesure à l’échelle nationale, suivant l’exemple donné par la Chine, dont le confinement imposé à la ville de Wuhan venait à peine de s’inscrire comme le plus important de...

Table des matières

• Page couverture
• Les Éditions du Boréal
• Faux-titre
• Du même auteur
• Titre
• Crédits
• Introduction
• Brève chronologie de l’apparition de la COVID-19
• Les virus sont des mauviettes
• Épidémiologie et économie : même combat
• L’aspect souvent déroutant de la science exposée en temps réel
• Quand les médias soufflent sur les braises
• Mieux vaut être un homme riche et seul qu’une femme pauvre et en famille
• Quand tout disparaît derrière la COVID-19
• Des démocraties bousculées par la crise
• Il y avait d’autres façons de faire
• Et si nous avions choisi la raison ?
• Remerciements
• Crédits et remerciements
• Fin
• Quatrième de couverture