Science, culture et nation
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Science, culture et nation

Textes choisis et présentés par Yves Gingras

  1. 194 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Science, culture et nation

Textes choisis et présentés par Yves Gingras

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À propos de ce livre

Fondateur du Jardin botanique et auteur de la Flore laurentienne, réalisations pour lesquelles il est passé à l'histoire, le frère Marie-Victorin fut aussi, au cours de l'entre-deux-guerres, une figure centrale du milieu intellectuel québécois. Il s'est intéressé de près aux problèmes de son temps et a multiplié les interventions publiques pour défendre ses idées sur l'enseignement et la culture scientifiques.Ces « textes de combat » permettront au lecteur de découvrir une pensée vigoureuse qui contraste avec les discours conservateurs tant cités et auxquels on limite trop souvent et à tort l'éventail des idées exprimées dans le Québec d'alors. Ils permettront également de mieux faire comprendre la diversité des formes que le nationalisme a pu prendre à cette époque.

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Informations

Année
2019
ISBN
9782764646090
1
Not’ langue !
En 1915, Marie-Victorin, à trente ans, est professeur au Collège de Longueuil. Entre septembre 1915 et juin 1916, il publie dans Le Devoir une dizaine de « billets du soir » sous le pseudonyme « M. SonPays » dans lesquels il désire « faire passer d’utiles vérités ». Le texte retenu ici est le premier de la série et constitue la première expression publique des convictions nationalistes du frère qui dénonce la politique d’assimilation des francophones de l’Ontario que traduit l’adoption du règlement 17. Omer Héroux regrette que le jeune frère interrompe cette collaboration littéraire. Il espère que « M. SonPays n’a point perdu son joli pinceau », et lui fait savoir que « les lecteurs du Devoir le regrettent et nous le disent2 ». La fin de sa collaboration littéraire au journal de Bourassa n’allait pas entamer sa relation privilégiée avec les artisans de ce quotidien. Comme on va le voir dans les textes suivants, son attachement au pays, cette « grande cause », comme il l’écrit dans son journal, fusionnera bientôt à son intérêt pour la science et se manifestera, au cours de l’entre-deux-guerres, dans des « textes de combat », comme il se plaisait à les appeler, sur l’importance de la science pour le développement du peuple canadien-français.
Hier, aux avant-postes.
C’est la rentrée des écoles. Sur la ville d’Ottawa, un beau soleil, clair comme les droits qu’on y viole, ruisselle, avivant le vert des pelouses et le vermeil des joues enfantines. Il y a de la poudre dans l’air : le règlement 17 plane comme une menace.
Les ruches scolaires s’ouvrent néanmoins. Guigues, Brébeuf, Saint-Jean-Baptiste, Sacré-Cœur bourdonnent déjà, et déjà s’entend aux lèvres des petits la délicieuse chanson des syllabes françaises. Frères aux rabats blancs, bonnes Sœurs Grises vaillantes institutrices, ceux et celles qui depuis des mois refusent les trente deniers, tous et toutes portent, sans s’en douter, le grand air de ceux qui vivent une belle page d’histoire.
À l’école Saint-Jean-Baptiste, je devine l’entrée sous l’épais rideau de vigne qui se suspend au portique de pierre, et je pénètre dans une classe, la première venue. Je serre la main au professeur, un digne frère des Écoles chrétiennes, connu autrefois dans le Québec, et qui me présente avec un sourire ses bambins qui ont sept, huit, neuf ans. Ils sont un peu dépaysés, les chers petits, mais joyeux quand même. J’engage la conversation.
—  Votre école est bien belle ! Mais il me semble que l’an dernier, vous n’avez pas commencé la classe ici !
—  Oh ! non.
—  Où donc l’avez-vous commencée ?
—  Dans la station des pompiers !
—  Et pourquoi donc ?…
Les petits se regardent. Ils ne se sont pas demandé ça.
—  Mais pourquoi, dis-je, venez-vous ici cette année, au lieu d’aller encore chez les pompiers de la rue Somerset ?…
Nouvelle hésitation. Enfin, un petit, charmant dans sa chemisette blanche, se lève, et d’un ton que je n’oublierai jamais :
—  Parce qu’on a gagné !…
—  Mais qu’avez-vous gagné ?…
Et l’enfant d’ajouter, superbe :
—  Not’ langue !…
Cher petit Ontarien, je pensais à toi, cependant que le train m’entraînait le soir même loin du champ de bataille et que, un livre de Paul Bourget sur les genoux, j’y lisais des analyses de cet âge « où l’on est sur le bord de la vie, où on l’entend déjà sans la voir comme la rumeur d’une chute d’eau à travers un bouquet d’arbres »… Je pensais à toi et tu m’as fait pleurer !
Non, tu n’as pas encore gagné, mais ton cœur de huit ans sonne déjà la note héroïque, écho lointain de la fierté de ceux dont tu es le fils et dont tu dois poursuivre les combats commencés il y a cent cinquante ans ! Tu n’as pas encore gagné, mais tu es digne d’être le père, le grand-père… ou l’ancêtre… des heureux vainqueurs de l’avenir !
M. SONPAYS
2
L’étude des sciences naturelles. Son développement chez les Canadiens français
Les réflexions de Marie-Victorin sur le sort des Canadiens français s’étaient d’abord manifestées dans le domaine littéraire. Avec ce texte paru en 1917 dans la Revue canadienne1, il aborde pour la première fois de façon systématique les questions de la place de ses concitoyens dans le domaine scientifique et de l’importance des sciences dans le développement culturel et économique. Encore parsemé de ses références littéraires, ce texte constitue une sorte de point de passage vers une carrière de plus en plus marquée par des lectures scientifiques. On y trouve tout de même les thèmes fondamentaux qu’il continuera à développer pendant vingt-cinq ans.
Plaider la cause délaissée des sciences naturelles et faire sur ce sujet l’examen de conscience détaillé des Canadiens français, telles sont – le titre l’indique d’ailleurs – les deux idées qui forment le cadre très simple de cette étude.
Il est notoire pour tous ceux qui ont abordé ce sujet que nos compatriotes sont, en général, absolument indifférents à ce genre d’études. Nous voudrions d’abord indiquer brièvement : que cette indifférence est injustifiable ; qu’elle est nuisible et a nui en effet au progrès économique dans la province de Québec ; qu’enfin les sciences naturelles ont une haute valeur éducative qui leur assure une place importante et bien déterminée dans la culture générale.
1. L’indifférence à l’égard des sciences naturelles est injustifiable
Est-il nécessaire de le démontrer ? Nous habitons un pays merveilleusement favorisé par la nature, qui doit le meilleur de sa richesse et de son développement à ses productions naturelles, à la fécondité de son sol. L’histoire géologique de ce pays se confond avec celle de la naissance du globe, et personne n’ignore que, malgré l’appellation de Nouveau Monde, la région laurentienne, ce que l’on appelle le Bouclier canadien, est la plus ancienne formation terrestre. Cette formation archéenne, les géologues du monde entier la connaissent et l’étudient. Pendant qu’à l’étranger une multitude d’hommes de science ou simplement cultivés connaissent par exemple l’Eozoon canadense de Dawson, s’intéressant à cette controverse qui prétend dater l’apparition de la vie sur le globe, combien parmi les Canadiens français, hommes instruits, professeurs même, ont vu des échantillons de ce célèbre pseudo-fossile, ou pourraient en causer pertinemment pendant deux minutes ?
Notre flore et notre faune sont extrêmement riches et variées. Les naturalistes des États-Unis, voire même de simples touristes, consacrent des mois d’étude à notre sol québécois, pendant que nous faisons de l’auto ou de la pêche à la ligne ! Sait-on que, depuis quinze ans environ, l’Université Harvard, de Cambridge, travaille à l’exploration systématique de la flore de la Gaspésie, de la Côte-Nord et des îles de la Madeleine ? Sait-on que la géologie de l...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Du même éditeur
  5. Titre
  6. Crédits
  7. Introduction
  8. 1
  9. 2
  10. 3
  11. 4
  12. 5
  13. 6
  14. 7
  15. 8
  16. 9
  17. 10
  18. 11
  19. 12
  20. 13
  21. Notes
  22. Crédits et remerciements
  23. Fin
  24. Quatrième de couverture