Idola Saint-Jean, l'insoumise
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Idola Saint-Jean, l'insoumise

  1. 394 pages
  2. French
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Idola Saint-Jean, l'insoumise

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Le 9 avril 1945, les portes de l'église Saint-Léon de Westmount s'ouvrent pour laisser passer un étrange cortège funèbre. Le cercueil est porté par neuf femmes, des amies qui ont mené aux côtés de la disparue l'un des plus longs combats pour la démocratie. Dans les mois qui suivent les funérailles d'Idola Saint-Jean, journaux et revues célèbrent son engagement indéfectible pour l'obtention du suffrage féminin, l'amélioration du sort des plus vulnérables et la promotion de la langue française. Puis, silence radio. Idola Saint-Jean tombe dans l'oubli ou presque. Pourquoi? À la différence de la plupart des femmes qui ont marqué notre histoire durant la première moitié du XXe siècle, elle n'est ni religieuse ni mariée. Il s'agit d'une femme autonome qui assure seule sa subsistance. Comédienne, gardienne de la langue française, journaliste, militante, Idola Saint-Jean est une « self-made woman ». En un mot, c'est une femme insoumise, qui refuse de se plier aux stratégies tout en douceur des féministes au langage réservé, comme Marie Gérin-Lajoie, ou au ton diplomatique, comme Thérèse Casgrain. Ce qui distingue son action, c'est la recherche d'une identité différente, urbaine, francophone, dégagée d'un lourd nationalisme du terroir. En écrivant cette première biographie d'Idola Saint-Jean, Marie Lavigne et Michèle Stanton-Jean font un véritable travail de réhabilitation et un acte de mémoire.

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Informations

Année
2017
ISBN
9782764645000
1
Naître dans un monde en mutation
Les parents d’Idola Saint-Jean, Élisabeth Emma Guyon dite Lemoyne et Edmond Napoléon Saint-Jean, se marient le 31 juillet 1878 dans la paroisse Notre-Dame de Montréal. Edmond Napoléon, âgé de seulement vingt ans, est encore étudiant en droit à l’Université McGill. Emma Lemoyne a vingt-cinq ans1. Le jeune couple habite rue Saint-Denis, et c’est probablement dans cet appartement qu’un peu moins d’un an plus tard naît Idola.
La petite fille naît au printemps, le 19 mai 1879, et le baptême a lieu dans la paroisse Notre-Dame de Montréal dès le lendemain, d’après la coutume de l’époque, car la mortalité est très élevée chez les nouveaux-nés2. Comment ses parents auraient-ils pu imaginer que cette petite fille d’un jour aurait une vie si radicalement différente de celle de sa mère ? Qu’elle ne serait ni épouse, ni mère, ni religieuse, destin des filles à cette époque ? Qu’elle ferait du théâtre ? Qu’elle serait féministe et suffragiste, mots qu’ils n’avaient jamais entendus ? Qu’elle jouerait un rôle unique et déterminant dans l’évolution du Québec du xxe siècle ?
Sa mère, Emma, qui commence ses relevailles et l’allaitement de son premier bébé, se contente d’espérer que cette enfant vivra, car la mortalité infantile est telle à Montréal qu’un nourrisson sur trois ne survit pas au-delà de l’âge d’un an. Idola vivra, mais elle n’aura ni frères ni sœurs3. On lui donne les prénoms de Marie Yvonne Rose Idola. Sa marraine est sa grand-mère paternelle, Rose-de-Lima Chef Vadeboncœur, et son parrain est Alexis Robert, qui a épousé sa grand-mère en secondes noces. On la prénomme Idola, nom peu banal, rare même à cette époque et donné autant aux garçons qu’aux filles. Ce choix renvoie à un courant de prénoms à consonance exotique s’inspirant de la mythologie grecque, comme Thaïs ou Athénaïs4. Le poète Émile Nelligan dira que ce prénom suggère à la fois idéal et idole 5. Cependant, le prêtre qui a été le directeur de conscience d’Idola à Paris, en 1905, trouvait que cette Canadienne avait un nom païen et suggérait à la blague de la rebaptiser.
Montréal compte 140 000 habitants à la naissance d’Idola. Ville majoritairement anglaise en 1861, elle s’est francisée avec le jeu des annexions des cités et des villages avoisinants et l’arrivée de milliers de Canadiens français qui quittent leurs fermes pour travailler en usine. Les catholiques de la province vivent dans un monde où l’Église a établi son contrôle sur les secteurs de la santé, des services sociaux et de l’éducation.
Des mouvements sociaux émergent, qu’il s’agisse du mouvement ouvrier, de la syndicalisation des travailleurs, de la réforme urbaine ou du féminisme. L’univers politique est lui aussi en pleine transformation : le Bas-Canada, c’est-à-dire le Québec d’aujourd’hui, est devenu l’une des provinces du nouveau dominion du Canada en 1867. Les institutions démocratiques s’implantent et le droit de vote, initialement réservé aux élites possédantes, s’élargit à d’autres catégories de voteurs. Les parlements, tant à Québec qu’à Ottawa, sont dominés par des conservateurs. Mais les libéraux, descendants des « rouges » anti-impérialistes et issus de la grande tradition du libéralisme du xixe siècle, s’organisent pour accéder au pouvoir. Ce sera chose faite quelques années plus tard.
Certains signes annoncent des changements dans l’ordre traditionnel de la vie des femmes. En 1844, à Montréal, presque une femme sur dix est une domestique, mais ce pourcentage baisse, et on observe que les travailleuses sont de plus en plus nombreuses à prendre la route des usines, des bureaux ou des magasins et à aspirer à une vie professionnelle. Des femmes de milieux nantis réclament pour leurs filles l’accès à une éducation supérieure et à des professions. À Montréal toujours, l’Université McGill décerne en 1888, pour la première fois, des baccalauréats à des femmes6. À Toronto, la Dre Emily Howard Stowe, la première femme médecin au Canada, fonde, en 1876, un club littéraire qui est en fait une organisation vouée au suffrage féminin. Elle organise, cinq ans plus tard, une députation au Parlement ontarien en vue d’obtenir le droit de vote pour les femmes7.

1.Edmond Napoléon Saint-Jean naît en 1857. Marie Élisabeth Emma Guyon dite Lemoyne est baptisée le 10 avril 1853 à Montréal. District judiciaire de Montréal, Registre des baptêmes de la paroisse Notre-Dame de Montréal, 1853, f. 164, BAnQ, Registres de l’état civil. Les informations sur leur mariage proviennent également des registres de l’état civil : District judiciaire de Montréal, Registre des mariages de la paroisse Notre-Dame de Montréal, 1878.
2.Lors de son décès, le 6 avril 1945, elle a soixante-cinq ans, mais certaines notices nécrologiques lui donnent soixante-six ans. Dans la foulée de cette erreur, plusieurs auteurs ont fait naître Idola Saint-Jean en 1880. Le certificat de baptême d’Idola Saint-Jean indique qu’elle est née le 19 mai 1879 et qu’elle a été baptisée le 20 mai de la même année. District judiciaire de Montréal, Registre des baptêmes de la paroisse Notre-Dame de Montréal, 1879, f. 478, BAnQ, Registres de l’état civil.
3.Les recensements du Canada de 1881 et de 1891 ne mentionnent aucun autre enfant dans la résidence des Saint-Jean.
4.Entre 1850 et 1920, ce prénom aurait quand même été donné à 1 000 personnes en France. Thaïs Lacoste-Frémont, sœur de Marie Lacoste Gérin-Lajoie, et Athénaïs Bibaud, directrice de l’Académie Marchand, sont des contemporaines d’Idola Saint-Jean.
5.Paul Wyczynski, Nelligan, 1879-1941. Biographie, Montréal, Fides, 1987, p. 273.
6.Collectif Clio, L’Histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, Le Jour, 1992, p. 195.
7.Le Toronto’s Women Literary Club est fondé par la Dre Stowe et Jessie McEwen en 1876. En 1883, il devient la Toronto Women’s Suffrage Association. Catherine L. Cleverdon, The Woman Suffrage Movement in Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1974 [1950], p. 19-21.
2
Des familles bien établies
Les ancêtres d’Idola Saint-Jean, tant du côté maternel que du côté paternel, sont établis depuis plusieurs générations dans l’île de Montréal. La jeune Idola ne connaîtra pas son grand-père paternel, Alfred Serre Saint-Jean, décédé avant sa naissance1. La famille semble plutôt à l’aise financièrement, comme en font foi les nombreuses propriétés et les lots de dimensions modestes ou moyennes enregistrés au nom de la grand-mère, Rose-de-Lima2.
La sœur aînée du père d’Idola porte le même prénom que sa mère, Rose-de-Li...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Des mêmes auteurs
  5. Titre
  6. Crédits
  7. Dédicaces
  8. Exergues
  9. Avant-propos
  10. Première partie
  11. 1
  12. 2
  13. 3
  14. 4
  15. 5
  16. 6
  17. 7
  18. 8
  19. 9
  20. 10
  21. Deuxième partie
  22. 11
  23. 12
  24. 13
  25. 14
  26. 15
  27. 16
  28. 17
  29. 18
  30. 19
  31. 20
  32. 21
  33. Troisième partie
  34. 22
  35. Cahier photos
  36. 23
  37. 24
  38. 25
  39. 26
  40. 27
  41. 28
  42. 29
  43. 30
  44. 31
  45. Quatrième partie
  46. 32
  47. 33
  48. 34
  49. Conclusion
  50. Postface
  51. Chronologie
  52. Bibliographie
  53. Crédits et remerciements
  54. Fin
  55. Quatrième de couverture