VII.
Ătats-Unis : 1 mort
PandĂ©mie, fractures sociales, Ă©lection contestĂ©e⊠Les Ătats-Unis ont connu en 2020, de mĂ©moire dâhomme, la pire annĂ©e de leur histoire, selon Time Magazine dont la une du mois de dĂ©cembre comportait les quatre chiffres de lâannĂ©e barrĂ©s dâune Ă©norme croix rouge.
AprĂšs la premiĂšre vague du printemps, qui a touchĂ© principalement le Nord-Est et notamment lâĂtat de New York, les Ătats-Unis ont connu une relative accalmie en avril et mai. Les cas vont Ă nouveau grimper en flĂšche durant lâĂ©tĂ© dans les Ătats de la « ceinture solaire », incitant les responsables Ă resserrer les restrictions quelques semaines seulement aprĂšs les avoir levĂ©es. Ă lâautomne, le virus a commencĂ© Ă se propager dans les zones rurales du Midwest et de lâOuest. La troisiĂšme vague concernera le pays dans son intĂ©gralitĂ© et les tristes records vont sâenchainer. Les Ătats-Unis connaitront des chiffres ahurissants Ă partir de la fin du mois de novembre avec plus de 2000 dĂ©cĂšs par jour. Le record sera battu le 4 fĂ©vrier 2021 avec 5117 morts. Les Ătats-Unis devraient « largement dĂ©passer les 600 000 morts » du Covid-19, selon le pronostic pessimiste du nouveau prĂ©sident Joe Biden. Lâavenir lui donnera raison. Tous les espoirs vont reposer sur les vaccins dont la distribution a dĂ©butĂ© Ă la mi-dĂ©cembre.
Le 22 septembre, les Ătats-Unis ont enregistrĂ© leur deux cent milliĂšme dĂ©cĂšs, selon le dĂ©compte de lâuniversitĂ© Johns-Hopkins, pour prĂšs de 7 millions de cas. Pour commĂ©morer ce macabre record, vingt mille drapeaux seront placĂ©s par les bĂ©nĂ©voles du Covid Memorial Project autour du Washington monument, lâobĂ©lisque de 169 mĂštres de haut de la capitale fĂ©dĂ©rale, chaque drapeau reprĂ©sentant 10 vies perdues Ă cause du Covid-19.
Donald Trump, testé positif
Le PrĂ©sident ainsi que son Ă©pouse seront testĂ©s positifs. Donald Trump lâannoncera le 2 octobre Ă 0 h 54, heure locale, sur son compte Twitter : « Tonight @FLOTUS and I tested positive for COVID-19. We will begin our quarantine and recovery process immediately. We will get through this TOGETHER ! »
PrĂ©sentant des symptĂŽmes qualifiĂ©s de bĂ©nins comme de la toux, une congestion nasale et de la fiĂšvre, selon les informations donnĂ©es Ă lâĂ©poque, son mĂ©decin personnel, le Dr Sean Conley, lui administrera une combinaison de deux anticorps de synthĂšse dĂ©nommĂ©e Regn-Cov-2. Câest un traitement, dĂ©veloppĂ© par la sociĂ©tĂ© Regeneron Pharmaceuticals, non encore autorisĂ© qui lui sera prescrit dans le cadre dâun usage compassionnel. Il sâagit dâun des deux traitements par anticorps en cours dâessais cliniques Ă ce moment-lĂ , lâautre Ă©tant dĂ©veloppĂ© par le laboratoire Eli Lilly. Le prĂ©sident amĂ©ricain sera le premier patient au monde Ă bĂ©nĂ©ficier de ce traitement, en dehors des essais cliniques. Le Dr Conley a dĂ©clarĂ© que le PrĂ©sident qui « se portait trĂšs bien » avait commencĂ© Ă©galement Ă prendre du remdesivir, lâantiviral de Gilead Sciences. Ce dernier traitement avait aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune autorisation dâutilisation dâurgence de la FDA, le 1er mai dernier. On apprendra plus tard par le New York Times1 que lâĂ©tat de Donald Trump a Ă©tĂ© plus sĂ©rieux que ce qui a Ă©tĂ© dit et son entourage a mĂȘme craint, Ă un moment donnĂ©, quâil soit placĂ© sous assistance respiratoire. Toute la vĂ©ritĂ© nâa pas Ă©tĂ© faite sur cet Ă©pisode ; on ne sait toujours pas, par exemple, sâil Ă©tait dĂ©jĂ contaminĂ© lorsquâil a participĂ© au premier dĂ©bat prĂ©sidentiel du 29 septembre.
Donald Trump sera transfĂ©rĂ© le soir mĂȘme en hĂ©licoptĂšre Ă lâhĂŽpital militaire Walter Reed, situĂ© dans la banlieue de Washington. Les chaines de tĂ©lĂ©vision amĂ©ricaine retransmettront les images dâun prĂ©sident se dirigeant Ă pied vers lâhĂ©licoptĂšre stationnĂ© sur la pelouse de la Maison-Blanche. On le verra, cette fois-ci, masquĂ©, alors que le 29 septembre Ă Cleveland, lors du premier des trois dĂ©bats qui lâopposeront Ă Joe Biden, il sâĂ©tait encore moquĂ© de son concurrent dĂ©mocrate, en disant : « Il peut parler Ă 60 mĂštres de ses interlocuteurs et il vient quand mĂȘme avec le plus grand masque que je nâaie jamais vu. » Un dĂ©bat chaotique qui fera date dans lâhistoire politique amĂ©ricaine dont la responsabilitĂ© revient au PrĂ©sident sortant qui nâa eu de cesse que dâinterrompre son concurrent.
On apprendra que le PrĂ©sident a commencĂ© aussi Ă prendre de la dexamĂ©thasone, un stĂ©roĂŻde que lâOMS ne recommande de donner quâaux patients dans un Ă©tat sĂ©vĂšre ou critique. Le prĂ©sident amĂ©ricain est devenu un formidable cobaye qui aura testĂ©, Ă lui seul, quasiment toute la pharmacopĂ©e anti-Covid ! En plus du Regn-Cov-2, de lâantiviral remdesivir, de la dexamĂ©thasone et de lâoxygĂ©nothĂ©rapie, un communiquĂ© du mĂ©decin personnel, publiĂ© le 2 octobre, indiquera que Trump « a [aussi] pris du zinc, de la vitamine D, de la famotidine, de la mĂ©latonine et une aspirine quotidienne ».
Plusieurs membres de son entourage et du Parti rĂ©publicain, qui lâont cĂŽtoyĂ© les jours prĂ©cĂ©dents, ont Ă©galement Ă©tĂ© testĂ©s positifs. Ce sera le cas du sĂ©nateur rĂ©publicain Thom Tillis de Caroline du Nord et de ses collĂšgues Mike Lee de lâUtah et Ron Johnson du Wisconsin, tous prĂ©sents lors de la cĂ©rĂ©monie qui sâest tenue le 26 septembre dans la roseraie de la Maison-Blanche, en lâhonneur de la juge Amy Coney Barrett, dĂ©signĂ©e par Donald Trump.
Au moins onze personnes, qui se trouvaient à la roseraie, seront testées positives. Peu de gens, présents à cette cérémonie en plein air, portaient des masques ou gardaient une distance sociale. Cet évÚnement a, sans doute, joué un rÎle de super-propagateur ! En tout cas, la Maison-Blanche est devenue le plus gros cluster de la capitale fédérale ! Selon la chaine ABC, au moins vingt-trois personnes, y travaillant, ont été diagnostiquées positives. Le dernier en date étant Stephen Miller, la « plume » du Président.
Le prĂ©sident Trump quittera le centre mĂ©dical Walter Reed aprĂšs y avoir passĂ© trois nuits. La sortie, digne dâun film dâHollywood, sera mise en scĂšne pour la tĂ©lĂ©vision. On y verra le PrĂ©sident grimpant les escaliers Ă la Maison-Blanche jusquâĂ un balcon oĂč il enlĂšvera son masque en levant les pouces dans un signe de victoire. Il sâexprimera ensuite sur la pelouse de la Maison-Blanche pour demander aux citoyens amĂ©ricains de « ne pas se laisser dominer par le virus », de « ne pas en avoir peur » sapant, une nouvelle fois, le message des autoritĂ©s sanitaires et des experts en santĂ© publique. Une dĂ©claration ressentie comme une insulte par les 210 000 victimes de la pandĂ©mie qui nâont pas eu la chance de bĂ©nĂ©ficier des traitements administrĂ©s au prĂ©sident. Reconnaissons quelque part au prĂ©sident amĂ©ricain, le mĂ©rite de ne pas changer dâavis. Il continue Ă sous-estimer le danger prĂ©sentĂ© par le nouveau coronavirus, comme il lâa fait constamment depuis les dĂ©buts de lâĂ©pidĂ©mie. On apprendra quâil connaissait la dangerositĂ© du virus dĂšs le dĂ©part, comme il lâavouera lors dâune interview donnĂ©e, le 7 fĂ©vrier, au cĂ©lĂšbre journaliste Bob Woodward qui la rapportera dans son best-seller « Rage » : « Le virus se dĂ©place par lâair. Câest trĂšs dĂ©licat. Câest un truc mortel ». Le conseiller Ă la sĂ©curitĂ© nationale, Robert OâBrien, lâaurait mĂȘme averti : « Ce sera la plus grande menace pour la sĂ©curitĂ© nationale Ă laquelle vous serez confrontĂ© pendant votre prĂ©sidence », selon Woodward. Pourtant, il passera par la suite, tout son temps Ă affirmer le contraire, pour ne pas, dira-t-il, « paniquer » le peuple amĂ©ricain !
On sait que Donald Trump a participĂ© Ă plusieurs manifestations dans les jours prĂ©cĂ©dant sa contamination. Quand et oĂč le prĂ©sident a-t-il Ă©tĂ© contaminĂ© ? De quand date son dernier test nĂ©gatif ? LâĂ©tait-il dĂ©jĂ lors du premier dĂ©bat du 29 septembre ? On sait que les symptĂŽmes apparaissent en gĂ©nĂ©ral cinq jours aprĂšs la contamination et le prĂ©sident ayant prĂ©sentĂ© ses symptĂŽmes le 1er octobre, la contamination pourrait remonter au 26/27 septembre, ce qui nous renvoie Ă la cĂ©rĂ©monie du 26 septembre Ă la Maison-Blanche. Entre temps, le milliardaire a, sans doute, contaminĂ© plusieurs milliers de personnes dans les quatre Ătats oĂč il sâest rendu dans lâintervalle.
Le deuxiĂšme dĂ©bat Biden-Trump qui devait avoir lieu le 15 octobre Ă Miami sera annulĂ© par la Commission des dĂ©bats prĂ©sidentiels aprĂšs le refus du milliardaire dâaccepter un format virtuel envisagĂ© sur les recommandations de la Cleveland Clinic, qui conseille les organisateurs sur le protocole de santĂ©, ce format Ă distance apparaissant plus sĂ»r compte tenu des incertitudes sur lâĂ©tat de santĂ© du PrĂ©sident.
Le 3e et dernier dĂ©bat aura lieu Ă Nashville le 22 octobre. Pour Ă©viter la cacophonie du premier, la commission dĂ©cidera que les micros des candidats seraient coupĂ©s lorsquâils nâauront pas la parole. Il faut dire que lors de leur premier dĂ©bat en septembre, Trump avait interrompu 71 fois son rival dĂ©mocrate ! LâatmosphĂšre sera, cette fois-ci, bien plus calme.
Le climat de la campagne devient dĂ©lĂ©tĂšre. Treize activistes, dont certains appartenant aux Wolverine Watchmen, une milice dâextrĂȘme droite seront arrĂȘtĂ©s et inculpĂ©s de terrorisme dans le Michigan, le 8 octobre. La milice armĂ©e projetait de kidnapper et dâĂ©ventuellement tuer la gouverneure Gretchen Whitmer avant lâĂ©lection du 3 novembre et de prendre dâassaut le Capitole de Lansing, siĂšge des institutions du Michigan. Il faut savoir que la jeune Ă©lue, Ă©toile montante du parti dĂ©mocrate, est rĂ©guliĂšrement mise Ă lâindex par Donald Trump en raison des mesures strictes prises en Virginie contre le coronavirus. DĂ©jĂ en avril, des hommes et femmes armĂ©s avaient envahi le siĂšge du gouvernement local. En septembre, le patron du FBI, Christopher Wray, estimera devant la commission de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure de la Chambre que « lâextrĂ©misme violent Ă motivation raciale » principalement de la part de suprĂ©matistes blancs, constituait la majoritĂ© des menaces terroristes internes. Le refus du prĂ©sident Trump de condamner ces suprĂ©matistes et leurs propos et insultes vont entretenir un climat de guerre civile !
Les Ătats-Unis vont faire face Ă une accĂ©lĂ©ration de lâĂ©pidĂ©mie Ă quelques jours de lâĂ©lection prĂ©sidentielle. Au 1er novembre, les Ătats-Unis compteront 9 282 300 cas et 230 900 dĂ©cĂšs selon la base de donnĂ©es du New York Times. Ce qui nâempĂȘchera pas le prĂ©sident amĂ©ricain dâaffirmer, une nouvelle fois, que les Ătats-Unis ont « tournĂ© la page ». Une affirmation qui sera immĂ©diatement contredite par lâinfectiologue, Anthony Faucy, qui dĂ©clarera dans une interview au Washington Post que : « Toutes les Ă©toiles sont alignĂ©es au mauvais endroit, alors que vous allez vers lâautomne et lâhiver, avec des gens qui se rassemblent Ă lâintĂ©rieur des maisons. Vous ne pourriez pas ĂȘtre positionnĂ© plus mal. » Une dĂ©claration mal vĂ©cue par le PrĂ©sident qui sâengagera devant ses partisans Ă congĂ©dier le cĂ©lĂšbre mĂ©decin, au lendemain de sa « rĂ©Ă©lection » ! Lâancienne Task Force de la Maison-Blanche nâest plus dĂ©sormais en odeur de saintetĂ© auprĂšs de Donald Trump. Le Dr Deborah Birx, coordinatrice du groupe de travail sur les coronavirus, passe dĂ©sormais lâessentiel de son temps Ă voyager Ă travers le pays pour conseiller les Etats et les responsables des collectivitĂ©s locales. Ni elle ni Antony Faucy nâont un accĂšs rĂ©gulier au PrĂ©sident ; ils ont Ă©tĂ© supplantĂ©s par un certain Scott Atlas, neuroradiologue de son Ă©tat, sans compĂ©tence particuliĂšre en infectiologie et grand adepte de la stratĂ©gie controversĂ©e de « lâimmunitĂ© collective ».
Environ 100 millions dâĂ©lecteurs ont votĂ© par anticipation, dont 64 millions par correspondance. Un chiffre historique qui va retarder lâannonce des rĂ©sultats dĂ©finitifs. Le vote par correspondance est une pratique connue aux Ătats-Unis qui remonte Ă plusieurs dĂ©cennies. Autrefois limitĂ©e, cette possibilitĂ© a Ă©tĂ© ouverte Ă tous les citoyens dans la plupart des Etats, en raison de lâĂ©pidĂ©mie. Si le comptage des votes physiques se fait automatiquement et les rĂ©sultats annoncĂ©s rapidement aprĂšs la fermeture des bureaux de vote, il nâen est pas de mĂȘme pour les bulletins par correspondance. Chaque Ătat a ses propres rĂšgles. Certains ne comptent que les bulletins reçus jusquâau jour de lâĂ©lection, tandis que dâautres les acceptent jusquâĂ 10 jours aprĂšs la date du scrutin, sâils ont Ă©tĂ© envoyĂ©s avant ou le jour de lâĂ©lection. Les dĂ©lais ont aussi Ă©tĂ© rallongĂ©s en raison de lâembouteillage des services postaux qui ont Ă©tĂ© dĂ©bordĂ©s. Dans certains des Ătats, il a mĂȘme Ă©tĂ© admis que les bulletins soient acceptĂ©s jusquâau 6 novembre, parfois jusquâau 9 ou 12 novembre, le cachet de la poste faisant foi.
Si les dĂ©mocrates ont choisi de voter massivement par anticipation, les rĂ©publicains ont choisi de se rendre aux urnes. Ainsi, lors du dĂ©pouillement, Trump, qui avait une avance confortable dans les keys States Ă la clĂŽture du scrutin, la verra fondre comme neige au soleil, au fur et Ă mesure du dĂ©compte des votes par correspondance. « Nous tirons la sonnette dâalarme et affirmons quâil y a une vraie possibilitĂ© que les donnĂ©es qui apparaĂźtront le soir de lâĂ©lection donneront une victoire incroyable pour Trump », avait averti, dĂšs septembre, le PDG de lâentreprise Hawkfish, une agence amĂ©ricaine de donnĂ©es politiques. Ce sera le cas dans les Ătats clĂ©s de la « Rust belt » (Pennsylvanie, Michigan et Wisconsin), anciens bastions dĂ©mocrates gagnĂ©s par Trump en 2016 ainsi que dans la GĂ©orgie, traditionnelle terre rĂ©publicaine.
Le camp rĂ©publicain se mĂ©fiant, Ă juste titre, du vote par correspondance, les Ătats « rouges » auront pourtant multipliĂ© les restrictions au nom de la lutte contre la fraude Ă©lectorale. Au Texas, bastion conservateur, tout a Ă©tĂ© fait pour entraver le vote des minoritĂ©s noires et hispaniques. Ainsi Ă Houston, des militants ultraconservateurs ont investi les bureaux de vote, depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ , en tant que scrutateurs afin de dissuader les gens dâaller voter.
Donald Trump, Ă coup de tweets, avait pris soin de semer la confusion pendant des mois affirmant que le rĂ©sultat de lâĂ©lection prĂ©sidentielle du 3 novembre ne serait peut-ĂȘtre jamais dĂ©terminĂ© avec prĂ©cision. Une maniĂšre de prĂ©parer le terrain aux contestations qui viendront. Ce faisant, il sâest peut-ĂȘtre lui-mĂȘme pris les pieds dans le tapis, en dĂ©courageant ses partisans de voter par correspondance, ce qui pourrait expliquer un peu plus la remontĂ©e dĂ©mocrate dans plusieurs Ătats.
La complexitĂ© des bulletins de vote ne favorise pas non plus la participation des Ă©lecteurs. En plus dâĂ©lire le PrĂ©sident, il faut en mĂȘme temps choisir son sĂ©nateur, son reprĂ©sentant, ses Ă©lus locaux, et se prononcer sur divers sujets par voie de rĂ©fĂ©rendum, en fonction de lâĂtat. Certains bulletins de vote peuvent atteindre 20 pages ! Ainsi, le 3 novembre, parmi les 12 propositions soumises au vote des Californiens, figurait la proposition 22 sur le statut des conducteurs dâUber. Mieux encore, en 2016, les Ă©lecteurs de San Francisco ont eu Ă se prononcer sur le port du prĂ©servatif dans les films pornographiques !
Pour lâemporter, un candidat nâa pas besoin dâĂȘtre majoritaire en voix au niveau national : il lui suffit dâobtenir au moins 270 des 538 grands Ă©lecteurs. Georges Bush, Ă©lu en 2000, avait 500 000 voix de moins quâAl Gore et Donald Trump prĂšs de trois millions de moins quâHillary Clinton en 2016.
Joe Biden, élu 46e président
Joe Biden deviendra le 46e prĂ©sident des Ătats-Unis en remportant 306 grands Ă©lecteurs contre 232 Ă son concurrent. Ce dernier sera le quatriĂšme prĂ©sident amĂ©ricain Ă ne pas ĂȘtre rĂ©Ă©lu depuis 1945 aprĂšs le rĂ©publicain Gerald Ford en 1976, le dĂ©mocrate Jimmy Carter en 1980 et le rĂ©publicain George H.W. Bush en 1992. Le milliardaire pourra se consoler en se disant quâil a obtenu 73 890 295 voix, soit plus que Barack Obama lors de son Ă©lection en 2008, mais il sera pourtant distancĂ© au final de plus de 7 millions de voix. Le dĂ©mocrate obtiendra 80 026 721 voix, le plus grand nombre jamais recueilli par un candidat Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle aux Ătats-Unis avec un taux de participation de 66,9 %, le plus Ă©levĂ© depuis 1900.
La crise sanitaire a pesĂ© lourd dans les rĂ©sultats du 3 novembre. Elle aura fait une « victime » de marque : Donald Trump. Ce ne sera finalement que justice, tant le milliardaire aura fait preuve de cynisme, de dĂ©sinvolture et dâirresponsabilitĂ© dans la gestion de la crise sanitaire. Ses propos et son comportement expliquent, pour une bonne part, lâattitude dâune partie de ses compatriotes qui ont fait fi du port du masque et des rĂšgles de distanciation sociale.
Les principaux mĂ©dias amĂ©ricains, y compris la chaine ouvertement trumpiste Fox News, annonceront la victoire de Biden le 7 novembre. Le mĂȘme jour, la plupart des chefs dâĂtat et de gouvernement Ă©trangers vont adresser leurs fĂ©licitations au prĂ©sident Ă©lu sauf Vladimir Poutine, qui, en dĂ©mocrate sourcilleux, prĂ©fĂ©rera attendre la consolidation des rĂ©sultats Ă©lectoraux. Le milliardaire refusera de concĂ©der sa dĂ©faite et multipliera les recours prĂ©textant des fraudes massives. Pas moins de 300 recours seront engagĂ©s dans 44 Ătats sur les votes par correspondance. Au 14 novembre, la plupart dâentre eux seront rejetĂ©s. Les avocats de Donald Trump se dĂ©sisteront les uns aprĂšs les autres, en dehors de lâineffable Rudy Giuliani, lâancien maire de New York qui poursuivra sa mission pour un salaire de 20 000 dollars par jour ! La surrĂ©aliste confĂ©rence de presse, oĂč lâon voit lâavocat transpirer Ă grosses gouttes et la teinture de ses cheveux dĂ©gouliner sur sa joue, restera dans les annales. Il sera, Ă son tour, victime du Covid-19 comme beaucoup de gens du premier cercle de Donald Trump. Il faut dire quâil se sera baladĂ© sans masque aux quatre coins de lâAmĂ©rique pour aller plaider la cause du milliardaire, contaminant probablement au passage des centaines de compatriotes. Lui et quelques autres amis du PrĂ©sident auront la chance de bĂ©nĂ©ficier, comme ce dernier, des traitements par anticorps monoclonaux, alors que ces molĂ©cules sont sĂ©vĂšrement rationnĂ©es dans beaucoup dâhĂŽpitaux. Aucune preuve de fraude massive ne sera rapportĂ©e. Le directeur de lâagence fĂ©dĂ©rale de cyber-sĂ©curitĂ©, Chris Krebs, affirmera mĂȘme que la prĂ©sidentielle du 3 novembre avait Ă©tĂ© « la plus sĂ»re de lâhistoire des Ătats-Unis », ce qui lui vaudra dâĂȘtre limogĂ© dans les jours qui suivront.
Le Président sortant refusant de reconnaitre sa défaite, la transition avec la nouvelle équipe sera laborieuse. Toujours dans l...