Pouvoir et moralité dans les affaires publiques
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Pouvoir et moralité dans les affaires publiques

  1. 224 pages
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Pouvoir et moralité dans les affaires publiques

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La moralisation de la vie publique s'avère indispensable, princi­palement dans nos pays africains mal gouvernés où éclatent des scandales de plus en plus nombreux et de plus en plus odieux dans le comportement des dirigeants politiques. Le détournement systématique des deniers publics, les intrigues partisanes sordides, la corruption et l'impunité quasi absolue sont les principes élémentaires d'action de nos acteurs politiques, au Congo et dans maints pays d'Afrique.

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Informations

Éditeur
Academia
Année
2021
ISBN
9782806124296

Chapitre IV
De l’intégrité morale dans
la vie publique

Aucune analyse facile du rapport coûts – bénéfices ne justifie ce rôle capital prêté à l’intégrité, mais je suis convaincu que l’intégrité est le soubassement de l’existence morale des individus, qu’elle est conforme à la fonction des charges publiques en régime démocratique et se traduit par une meilleure gouvernance ainsi que par une action et des décisions politiques de qualité supérieure.
J. Patrick Dobel, Intégrité morale et vie publique, op. cit., p. 272.
Dans un excellent ouvrage consacré à l’intégrité morale dans la vie publique, Patrick Dobel nous rappelle qu’il n’est point facile d’assumer des responsabilités politiques, surtout pour des personnes qui, sans être des saints sur terre, aspirent néanmoins, et de toute leur force, à garder l’intégrité, c’est-à-dire, la pureté morale dans leur comportement privé et public.
Cet effort vers une vie de vertu morale est, en politique, à la fois nécessaire et indispensable. Nous devons en effet nous convaincre, avec les penseurs politiques moralistes lucides, comme Dobel ou encore Debergé (2014), que la politique n’est pas uniquement un espace abject de mensonges, de fourberies et de vices incorrigibles. Il est faux que la politique est une pratique humaine entièrement mauvaise. La politique est plutôt un service civique et éthique que l’on consent à rendre à la société, pour la puissance, la dignité, l’honorabilité et la vie heureuse de chacun de ses membres.
Dans cette perspective éthique, Patrick Dobel se donne le devoir de faire voir et de proposer les « ressources morales susceptibles de conforter ceux qui naviguent dans les eaux turbulentes et dangereuses de l’action politique ». Il fournit de nombreux et excellents conseils pratiques aux personnes qui assument de hautes responsabilités politiques et administratives.
Je relève quelques-uns de ces sages conseils, à l’intérieur des rubriques reprises ci-dessous.
Mais, avant tout, il convient de savoir et de retenir que l’intégrité morale signifie honnêteté, fermeté, cohérence et constance dans le respect des vertus morales dans son comportement face à toute chose. Être intègre, c’est faire preuve de grande capacité à résister à tout prix aux tentations de faire le mal, à refuser de succomber à ce que sa propre conscience ne peut admettre. Une personne intègre n’est ni manipulable, ni influençable, ni corruptible, quels que soient les appâts en face de lui, les promesses de meilleure vie qui lui sont faites, ou la beauté des choses qui lui sont proposées, comme l’enrichissement colossal rapide.
Faire preuve d’intégrité morale en politique, c’est demeurer de ferme dans ses convictions morales et dans sa position face, d’une part, aux obligations et engagements liés aux charges publiques qu’on assume et, d’autre part, aux pressions et sollicitations provenant des appels à transiger ou à violer ses engagements ainsi que ses convictions personnelles.
Qu’on se rappelle, ici, le losange moral évoqué plus haut. Nous y retenons cette leçon essentielle : Quiconque a librement accepté d’assumer une charge, sous serment ou promesse ferme, explicite ou tacite, doit par le fait même s’engager à respecter les exigences, règles et procédures qui lui sont liées, doit se contraindre à l’assumer correctement, et doit répondre des conséquences qui en découleraient. Qui accepte les charges publiques doit aussi accepter de les assumer avec intégrité, honnêteté, droiture, abnégation, pour l’intérêt de la patrie. Il doit être intègre. L’intégrité personnelle devient donc synonyme d’acceptation et d’engagement à « conformer son jugement et ses actes aux règles et aux procédures imposées par la fonction » (J. Patrick Dobel 2006 : 8).
Dobel insiste sur le fait que par l’acceptation d’une charge, l’individu s’engage aussi à porter la responsabilité personnelle quant aux résultats et/ou conséquences découlant de l’exercice de cette charge, sans jamais vouloir rejeter sur les autres la responsabilité des failles, fautes ou faillites. Chaque individu est tenu responsable de chacun de ses actes dans l’exercice de ses fonctions politico-administratives, et cela même quand il reçoit des ordres de la hiérarchie. Il doit en répondre personnellement, dans les justes marges de ses charges et responsabilités.
L’intégrité est une vertu morale cardinale pour quiconque entend mener une vie sociale et politique humainement correcte. Elle aide à surmonter des situations de tensions professionnelles, sociales et morales dans les charges assumées. Mais, sans naïveté, on reconnaît bien que ce n’est point facile d’assumer avec une droiture constante les charges de la vie publique. Car les tentations et pressions sont à la fois fortes, rudes et permanentes.

1. Face aux fortes tentations du pouvoir

Dès qu’on arrive aux hautes fonctions publiques, on est aussitôt confronté à de nombreuses tentations, toutes pressantes, voire accablantes, et qu’il faut néanmoins s’efforcer, avec une grande force d’âme, de surmonter à tout instant, en toutes choses et en toutes circonstances.
(a) L’abus de pouvoir
La principale tentation, qu’il faut vaincre, est l’abus de pouvoir. Elle s’exprime sous une infinité de formes et d’attitudes qu’on est amené à adopter, et/ou d’actes à poser. Voici sept péchés capitaux d’abus de pouvoir.
1° La convoitise
Ne convoitez pas et ne ravissez point les biens d’autrui.
L’un des plus grands scandales d’abus de pouvoir connu dans l’histoire provient de la Bible. Il s’agit du roi David « voyeur » qui, un matin, du dessus de son palais, voit Bathsheba, une belle jeune femme en train de se laver, nue, et il la convoite. Mais elle est mariée, à un militaire parti en campagne contre les ennemis du royaume. Le roi ordonne néanmoins de la faire venir au palais et, abusant de sa position de pouvoir royal, couche avec elle. Elle tombe enceinte. Informé de la grossesse, David panique et monte un stratagème : il tente de persuader le mari, revenu pour un temps de la guerre, d’aller dormir à la maison, avec sa femme.
Mais, en bon militaire en campagne, en guère, Urie décide de passer la nuit dehors, avec les autres soldats de garde. Il n’entre donc pas en rapport avec sa femme. Désorienté, David donne un message par écrit et scellé à Urie, qu’il doit remettre à son commandant en campagne. Le message demandait à ce dernier de placer Urie, mari de la femme convoitée par le roi, en première ligne du front le plus dangereux. Ce qui fut fait : Urie est tué, Bathsheba devient veuve. Et le roi David s’approprie définitivement la belle femme.
Un autre cas d’abus est celui du roi Akhab au cœur chargé de convoitise et qui, avec la complicité active, mensongère et odieuse de sa femme Jézabel, s’approprie le champ de vigne de son voisin Naboth après avoir fait publiquement lapider et tuer ce dernier (Livre des Rois 1).
Ce sont là des abus qui font grandement frémir les cœurs de sensibilité humaine et morale. Mais Dieu seul sait si de tels cas, ou proches de ces cas, ont cessé d’exister dans notre monde d’aujourd’hui.
Ne sont point dignes de gouverner, les dirigeants politiques qui oublient que le pouvoir que Dieu leur donne – tout pouvoir étant censé venir de Dieu, celui de « dominer » et de « soumettre » la terre et ceux qui l’habitent – n’est légitime que s’il s’exerce dans le respect de l’autre et non dans la violence, l’arbitraire et la tyrannie.
2° Le cynisme
Abhorrez les moyens machiavéliques, cyniques et sordides pour vous maintenir coûte que coûte sur le fauteuil du pouvoir et pour vous conserver des privilèges égoïstes.
Le Prince de Machiavel nous présente la figure de César Borgia, très vantée par l’auteur stratège, comme l’incarnation du machiavélisme (Machiavel 1972 : 37).
Le roi confia la charge d’aller pacifier la Romagne à l’un de ses vaillants militaires, messire Rémy d’Ogre, « homme cruel et expéditif ». Ce dernier fit sa tâche correctement, comme avait demandé le roi, avec une cruauté sans pareille, perpétrant des massacres expéditifs sans nombre. Cela provoqua, de la part des citoyens, de vifs et dangereux mécontentements, et même de la haine profonde contre le roi César Borgia.
Pour montrer au peuple qu’il l’aimait et qu’il n’était pour rien dans le massacre odieux perpétré par son général, le roi Borgia institua un tribunal, fit condamner le général Rémy d’Ogre, et ce dernier fut exécuté sans pitié sur la place publique, à la vue de tout le public à la fois content et intimidé. Et le croyant effectivement innocent, le peuple aima davantage son roi, Borgia, lequel a ainsi atteint son but de garder l’estime du peuple, par la ruse et par la crainte, même s’il faut sacrifier les meilleurs de ses collaborateurs. Car, dit Machiavel, mieux vaut être craint qu’être aimé.
3° La cupidité de l’enrichissement illicite
Ne recherchez ni enrichissement rapide illicite ni gloire excessive, en usant de tous les moyens, même les plus crapuleux.
Incontestablement, le plus courant d’entre les abus commis par des dirigeants politiques malhonnêtes est le désir excessif d’enrichissement illicite rapide et sans bornes. Il conduit à la corruption, au vol, aux détournements des biens communs. Cette tentation est celle qui guette le plus les plus hauts responsables dans des institutions publiques des pays désordonnés, mal gouvernés. Les mandataires publics gestionnaires d’entreprises, les collecteurs des recettes de l’État, les gestionnaires commis à la passation des marchés publics, aux services des douanes, etc., s’enrichissent d’une manière terriblement scandaleuse. Avec de l’argent acquis de façon malhonnête, ils font pousser de somptueux bâtiments à travers toutes les villes du pays, ils s’en vont loger des millions de dollars dans des comptes à l’étranger, ils accumulent des concubines auprès de qui ils se vantent et se pavanent à travers la ville au moyen de nombreuses grosses voitures parmi les plus luxueuses du monde.
Ce qui est plus scandaleux encore, c’est le fait que malgré les signes visibles et preuves incontestables de cet enrichissement colossal illicite, aucune enquête n’est jamais commandée, aucune action en justice n’est jamais engagée, et aucune interpellation n’a jamais été faite à personne pour lui demander de présenter les moyens et sources de son enrichissement extraordinaire. Et, surtout, aucune personne qui se sera ainsi enrichie n’est jamais punie et ne se voit jamais ses biens confisqués. Dans un tel monde d’impunité totale, tous les abus sont permis, et tous les désordres et vices fleurissent comme dans la jungle d’animaux sauvages.
S’il y a impunité, c’est parce que la « hiérarchie diffuse » est « désintéressée », évoluant elle aussi bien à l’aise dans la marre de la magouille, de la corruption et des détournements. S’il y a impunité, c’est parce que la cupidité acquisitive est la chose la plus courante chez les dirigeants politiques inciviques, aux mœurs non civilisées. S’il y a impunité, c’est parce qu’« ainsi va la vie politique » du pays, le mal étant banalisé, et plutôt inversé et exalté comme valeur permettant d’accéder sans peine aux richesses et à la vie aisée éternelle pour soi et pour les siens.
Dans la culture qui nous fait vivre, ou mourir, dès que quelqu’un accède au pouvoir, en particulier le pouvoir suprême, la toute première tentation accablante et à laquelle il cède généralement sans résistance morale et plutôt avec empressement, c’est celle de rechercher pour lui-même des intérêts personnels les plus gros. Il est, dès les premiers jours, frénétiquement préoccupé par l’idée de sa sécurité financière, le souci d’accumulation absolue des richesses, au moyen desquelles il pense s’assurer la puissance, l’aisance, l’intouchabilité, et qui lui donnent l’illusion d’être supérieur de façon absolue à tous les autres citoyens. Tous les moyens sont bons pour s’enrichir, le plus grassement et le plus rapidement possible.
Ceci est principalement l’attitude des personnes « médiocres », véreuses, mal éduquées, peu sûres d’elles-mêmes, non patriotes voire parfaitement idiotes. Elles ignorent que le premier serviteur de la république n’a point le droit d’user de sa position pour s’en servir à sa guise, pour ses intérêts privés. Elles ignorent que le manque d’altruisme, de compassion pour les pauvres compatriotes souffrants est autodestruction de son pays, et que l’absence de patriotisme authentique, de service citoyen et généreux à la communauté est voie de destruction de la puissance de la république. Elles ignorent que les biens mal acquis ne profitent que pour un temps souvent court (biens mal acquis ne profitant guère, selon l’adage), et que des comptes impitoyables lui seront nécessairement demandés dès le plus prochain avènement d’un régime sérieux, vertueux, responsable.
Il est légitime qu’il soit interdit à des personnes malhonnêtes d’être portées à la tête des services publics et de la république. Seules les personnes sages, vertueuses et patriotes sont autorisées à diriger. L’égoïsme, en gouvernance politique, est une maladie mortelle pour les autres, pour la société entière et donc, aussi, pour l’homme au pouvoir lui-même.
Si nous n’acceptons pas de mourir, précocement et cruellement, ou d’être vaincus, dominés et chassés de nos terres ou d’être soumis à l’esclavage par d’autres peuples, nous et nos enfants et petits-enfants, et donc notre société entière, d’aujourd’hui et de demain, nous avons alors l’obligation de changer, en toute urgence et de manière décisive, notre type actuel de conduite égoïste et insouciante vis-à-vis des autres, de nos compatriotes et du futur des générations à venir. Si, en hommes lucides et responsables, nous avons peur de laisser un mauvais héritage à nos enfants et à la société future, alors nous avons le devoir d’abandonner dès aujourd’hui nos habituels comportements cyniques, égoïstes et antipatriotiques, nuisibles aux compatriotes et à la patrie.
Un bon dirigeant politique au sommet de l’État est celui qui se fait serviteur et protecteur des plus petits, des faibles, des vulnérables, des opprimés et des victimes de violences et d’injustices. Il veille à la vie, à la sécurité et à la vie bonne de tous ses « chers » compatriotes. Spécialement, il s’interdit, conformément à la loi suprême, de se livrer à des activités économiques et commerciales personnelles, parce qu’elles conduisent à des conflits d’intérêts et des délits d’initié, à des comportements capitalistes rivés sur la recherche effréné de l’intérêt personnel égoïste, marginalisant ou faisant oublier le nécessaire service à rendre à la communauté.
S’il s’adonne à du commerce, même à travers des personnes-écrans, il privilégie nécessairement ses intérêts personnels par rapport à l’intérêt public, et il puise inévitablement dans les biens publics de l’État pour soutenir et faire prospérer ses propres biens.
S’il a été commerçant auparavant, il a en toute honnêteté l’obligation morale et légale de cesser de l’être dès lors qu’il a accédé aux hautes charges de pouvoir politique. Ce qu’il doit alors faire, c’est de confier la gestion de ses biens à d’autres, et il doit formellement s’abstenir d’user de sa position pour favoriser la prospérité de ses biens privés. Un rigoureux contrôle citoyen, parlementaire et judiciaire, doit être exercé en tout temps sur toute personne mandatée et détentrice du pouvoir public.
4° Le vol et la corruption
Ne volez point, et ne tombez ni dans la corruption ni dans la concussion.
Les cas de chutes à la tentation de vol, de détournements et de corruption sont si nombreux qu’il faut bien se convai...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Remerciements
  6. Prologue : Éthique et Politique
  7. Introduction
  8. Chapitre I : Principes fondamentaux de la morale
  9. Chapitre II : Visage d’un dirigeant politique civilisé et devoirs de ses charges
  10. Chapitre III : Éthique professionnelle du détenteur des charges politiques et administratives
  11. Chapitre IV : De l’intégrité morale dans la vie publique
  12. Chapitre V : Mécanismes d’engendrement du comportement moral et civique
  13. Conclusion
  14. Table des matières