Je le dis comme je le pense
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Je le dis comme je le pense

Souveraineté, vie politique, religion

  1. 226 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Je le dis comme je le pense

Souveraineté, vie politique, religion

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À propos de ce livre

Avec la liberté de parole que lui confèrent les années écoulées depuis sa retraite de la politique active, Claude Morin livre ici une sorte de « testament » intellectuel.L'ouvrage se divise en trois parties. La première veut répondre à une interrogation capitale pour les souverainistes et tous ceux qui ont à cœur l'avenir du Québec: vu la situation actuelle, on fait quoi? Claude Morin l'a écrite en pensant au Parti québécois, mais pas seulement à son intention. Il y pose quelques questions essentielles: la souveraineté doit-elle être un objectif ou un moyen? Comment surmonter la morosité actuelle touchant la souveraineté? Morin propose à cet égard une approche nouvelle fondée sur une analyse rigoureuse et sans concession de la réalité présente. Dans la deuxième, l'auteur explique l'origine et le sens de son engagement politique et revient, avec certaines précisions inédites, sur des situations qu'il a vécues. Il réfléchit sur le rôle de conseiller, réaffirme son adhésion à la social-démocratie et tente de cerner les causes de la méfiance actuelle envers les politiciens. Enfin, dans la troisième partie, la plus personnelle et la plus inattendue, Claude Morin décrit son cheminement en matière religieuse.

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Informations

Pour s’en sortir
En regardant évoluer le Québec, j’ai parfois été déprimé, mais je n’ai jamais perdu confiance. Sans cette confiance, je n’aurais pas prononcé autant de conférences ni publié autant sur la question nationale après avoir quitté la vie publique, en 1982. Je me serais occupé d’autres choses et, aujourd’hui, la présente partie de ce livre n’existerait pas.
Je pense qu’un jour les Québécois voudront assumer la maîtrise de leur avenir, mais je n’ai jamais cru qu’ils y parviendraient aussi rapidement que certains l’escomptaient dans les années 1970 ni su sous quelle forme au juste et dans quelle mesure cet aboutissement se concrétiserait le temps venu.
Nos tentatives et projets collectifs ont rencontré des écueils et nous avons subi des revers. Nous avons néanmoins accompli beaucoup de progrès. Les conditions que nous avons affrontées le long de notre route sont, comme chez tout peuple, à l’origine de comportements et de réflexes dont les manifestations, pas toutes positives, persistent encore aujourd’hui.
Pendant des générations, et ceci jusqu’à la Révolution tranquille, nous n’avons pas disposé d’outils puissants en matière économique et financière, et en étions venus à nous estimer incompétents dans ces domaines. Le gouvernement fédéral et le Canada anglais ont toujours souhaité notre adhésion soumise à leur vision du pays. Et nul besoin d’attribuer à un regrettable sentiment d’insécurité la conscience, largement partagée chez nous, du fait que la situation minoritaire des francophones au Canada et en Amérique du Nord est et demeure inquiétante, problème insoluble qui colore tout le reste.
Personne ne devrait en conséquence s’étonner que notre volonté de survivance et d’affirmation – notre résilience – ait toujours été guidée par une circonspection naturelle quant aux étapes à franchir et aux moyens à utiliser.
Me concentrant sur la question nationale québécoise, je propose ici des analyses et des orientations qui, je me permets de l’espérer, pourraient être utiles.
I. Y voir plus clair
D’abord, une clarification, qui, pour certains, aura l’air d’une hérésie. Elle concerne un sujet qui semble a priori abstrait, académique, mais elle facilitera les choix auxquels le Parti québécois devra procéder pour ajuster sa démarche à la conjoncture prévisible.
Il s’agit de savoir si, pour ce parti, la souveraineté est un objectif ou un moyen.
La souveraineté : objectif ou moyen ?
Au long des années, les porte-parole du parti ont de bonne foi expliqué que la souveraineté était en même temps un objectif et un moyen. C’est-à-dire le but à atteindre aussi bien que la clé qui permettrait aux Québécois d’accéder à la maîtrise des instruments politiques et autres dont ils sont actuellement privés.
Cette façon de décrire les choses s’est à terme révélée piégée. Utilisés comme synonymes, les mots objectif et moyen ont entretenu la confusion relativement à la véritable raison d’être du Parti québécois et, de là, à l’égard du sens de son action et des modalités de sa démarche. Confusion exploitée par les adversaires (« Pour le PQ, c’est la “séparation” et rien d’autre ! ») et à l’origine de débats entre souverainistes (« purs et durs » versus « électoralistes »).
Si la souveraineté est présentée et perçue comme étant à la fois objectif et moyen, il devient en effet très inconfortable pour le PQ de tracer sa ligne de conduite quand cette souveraineté se trouve hors de portée. Par exemple, lorsque la population la rejette par référendum ou, comme ce fut le cas en avril 2014, lorsque l’idée même d’un (possible, bien qu’improbable) nouveau référendum à ce sujet devient une cause d’échec électoral. Le parti perd-il du coup sa justification ? De quels arguments dispose-t-il pour s’autoriser à poursuivre son action si la réalisation de ce que l’électorat et les militants considèrent comme sa raison d’être n’est pas discernable à l’horizon ?
Questions riches en matériel pour les défenseurs de l’establish­ment fédéraliste. Ainsi, et à titre d’illustration, ils ont soutenu que la présence du Bloc québécois à Ottawa n’était plus de mise, étant donné que la souveraineté n’était pas réalisable dans un avenir prochain. D’où il s’ensuivrait, selon cette même logique, que le militantisme souverainiste et le PQ seraient eux aussi dépassés, désormais hors de l’Histoire, parce qu’ils auraient failli à leur mission.
Pendant quelque temps, le PQ a pu répliquer que la route vers le succès est plus longue que prévu et que l’avenir dure longtemps. Il a pu inviter ses militants à continuer le combat, à persévérer, parce que les conditions d’un référendum, gagnant celui-là, finiront d’une manière ou d’une autre par se mettre en place. Parfait. Mais que faire si le « quelque temps » n’en finit plus de se prolonger ?
En revanche, les contradictions se résolvent si l’on considère que 1) l’objectif du PQ est la sauvegarde et l’épanouissement de l’identité québécoise et que 2) la souveraineté est le moyen qu’il privilégie à cette fin.
Cette clarification signifie en pratique ceci : si les circonstances empêchent le recours au moyen privilégié qu’est la souveraineté, l’objectif lié à l’identité demeure et, par rapport à lui, d’autres moyens restent applicables.
J’examinerai plus loin les possibilités qu’ouvre cet éclaircissement.
L’identité québécoise
D’où vient cette idée selon laquelle l’objectif du Parti québécois est la sauvegarde et l’épanouissement de l’identité québécoise ? Est-ce vraiment une hérésie ?
Réponse : personne n’aurait songé à fonder un parti comme le PQ n’eût été au départ l’existence au Québec d’un Nous fondateur persistant à travers les générations. Car il n’y aurait pas eu chez nous de volonté autonomiste encore moins d’aspiration souverainiste sans cette identité québécoise, à la fois cause et conséquence du fait que les Québécois forment une nation construite sur une histoire, une langue, un héritage religieux, une culture, un territoire et des institutions qui lui sont propres.
Sans le Nous initial de langue française et ces citoyens de toutes origines qui s’y sont déjà joints et s’y intègrent encore, le Québec serait une province ordinaire. Il n’y aurait pas et n’y aurait jamais eu de « problème Québec-Canada ». On ne se serait pas interrogé sur la place faite au Québec dans l’ensemble fédéral. Et, par la force des choses, tant et aussi longtemps que le Nous fera partie de cet ensemble, la question nationale continuera de se poser.
Qui plus est, le Québec est le seul de tous les États de l’Amérique du Nord à devoir assumer, par ses lois, ses actions et ses organismes, la responsabilité de préserver et de promouvoir la spécificité d’une société à 80 % francophone qui, pour cette raison notamment, se distingue de la population nord-américaine, quarante-quatre fois plus nombreuse et presque totalement anglophone, qui l’entoure.
Comme peuple, nous nous sommes toujours souciés de la sauvegarde et de l’affirmation de notre personnalité nationale. L’une et l’autre ont pris, chez nous, figure de valeurs essentielles. Elles ont fait et font encore consensus dans la population. Comme le disait René Lévesque :
Nous sommes des Québécois. Ce que cela veut dire d’abord et avant tout, et au besoin exclusivement, c’est que nous sommes attachés à ce seul coin du monde où nous puissions être pleinement nous-mêmes, ce Québec qui, nous le sentons bien, est le seul endroit où il nous soit possible d’être vraiment chez nous. Être nous-mêmes, c’est essentiellement de maintenir et de développer une personnalité qui dure depuis trois siècles et demi. Au cœur de cette personnalité se trouve le fait que nous parlons français. Tout le reste est accroché à cet élément essentiel, en découle ou nous y ramène infailliblement1.
Dans tout cela, il n’y a rien qui soit excessif ou outrageant. Comme n’importe quelle identité nationale ailleurs et ainsi que le prescrit le sens commun, la nôtre a le droit de se manifester et de se développer. Et ceux qui la partagent – « pure laine » ou non, nés ici ou pas – ont tout à fait raison de voir à ce qu’elle soit respectée et à ce qu’elle se donne les moyens de s’épanouir. C’est même un devoir élémentaire.
La souveraineté conférerait aux Québécois le statut politique par excellence qui pourrait leur permettre d’exister comme nation à part entière, à l’instar de tant d’autres dans le monde. Mais, en ce qui concerne la promotion de l’identité nationale, ce moyen n’est pas le seul disponible.
D’autres arguments ?
On a recouru à divers arguments pour préconiser la souveraineté, je l’ai moi-même fait à l’occasion. Certains sont plus appropriés que d’autres, mais les plus probants sont ceux qui se rattachent à l’identité nationale.
Si, par exemple, l’intention est de faire du Québec une société plus juste, cela exige-t-il de sortir du Canada ? Tout dépend de l’ampleur des réformes envisagées et des obstacles qu’y opposerait son appartenance au régime fédéral. S’il s’agit d’instaurer sur son territoire des mesures pour lesquelles les instruments lui manquent ou dont l’application serait impossible à cause de ses liens présents avec le Canada et des engagements internationaux conclus par celui-ci, la souveraineté serait sans doute indiquée. Elle le serait encore davantage si l’objectif était de créer au Québec une civilisation inédite à l’abri des influences extérieures susceptibles d’en empêcher l’émergence, mais on s’éloignerait alors beaucoup du Québec ouvert sur le monde souhaité par la majorité de ses citoyens, ce qui, dans les faits, exclut cette éventualité.
Au début des années 1970, on utilisait beaucoup l’argument selon lequel la souveraineté mettrait fin aux nombreux et coûteux dédoublements et chevauchements de services, caractéristique inhérente au fédéralisme tel qu’Ottawa le pratiquait. Un examen plus poussé montra toutefois qu’il y avait peu de vrais dédoublements, c’est-à-dire des situations où Ottawa et Québec s’occupaient des mêmes sujets dans les mêmes domaines (le « dédoublement » le plus considérable a en quelque sorte été provoqué par le Québec qui, sous Duplessis, décida de percevoir lui-même ses impôts…).
Quant aux chevauchements qui se produisent lorsque les deux gouvernements sont présents dans les mêmes domaines (les transports, la santé et l’agriculture, par exemple), quoique les services offerts soient différents, ils sont certes une source fréquente de disputes et se révèlent effectivement coûteux. Mais la solution à ces difficultés suppose-t-elle la souveraineté ? On peut toujours répondre que, dans un régime fédéral qui respecterait les compétences de chaque ordre de gouvernement, rien n’empêcherait une coordination plus intelligente entre les intervenants.
Autres critiques. On disait qu’Ottawa se servait de son pouvoir de dépenser (programmes conjoints ou subventions) pour infléchir, conformément aux priorités fédérales, les décisions du Québec dans les domaines de sa compétence. Que les stratégies du gouvernement central avaient traditionnellement défavorisé et défavorisaient encore le Québec. Que celui-ci versait plus à Ottawa qu’il n’en recevait (les deux dernières critiques donnèrent lieu à des « chicanes de chiffres » peu concluantes parce que le résultat des calculs dépendait des hypothèses de départ et des méthodes d’estimation).
De ces constatations touchant le fonctionnement du régime actuel sur le plan administratif, on peut donc tirer des motifs valables de vouloir le transformer en profondeur, mais, au bout du compte, il est difficile d’y voir la confirmation de la nécessité de la souveraineté. Les défauts et contraintes du régime ont encouragé les aspirations souverainistes, aucun doute...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Du même auteur
  5. Titre
  6. Crédits
  7. Préface
  8. Pour s’en sortir
  9. Je me souviens
  10. Y a-t-il Quelqu’un ?
  11. Crédits et Remerciements
  12. Fin
  13. Quatrième de couverture