Nous méritons mieux
eBook - ePub

Nous méritons mieux

Repenser les médias au Québec

  1. 218 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Nous méritons mieux

Repenser les médias au Québec

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

C'est l'essai d'une femme qui s'est offert un cadeau: celui de parler vrai, de parler en toute liberté de son métier d'animatrice et de productrice. Marie-France Bazzo se donne la permission d'analyser et de critiquer un monde qu'elle connaît bien, celui des médias. Évoquant son mentor Pierre Bourgault, elle prend la plume pour que des voix plus libres et plus mordantes trouvent place dans l'univers médiatique.Elle part du constat largement documenté que les médias, au Québec comme ailleurs dans le monde, vivent une crise multiforme. Crise d'identité alors que les médias traditionnels comme les journaux, la radio et la télévision sont ébranlés par l'émergence et la consolidation des nouvelles plateformes numériques. Ce qui entraîne une autre crise, financière celle-là, puisque les revenus publicitaires sont en chute. Mais plus profondément, pense Marie-France Bazzo, les médias traditionnels font face à une crise de confiance de la part des citoyens. C'est aussi bien l'animatrice et la productrice que la citoyenne qui s'inquiète et s'interroge face à ce phénomène.Comment expliquer la méfiance et le désamour des citoyens envers les médias? Trop prévisibles et trop consensuels, ils négligent l'intelligence et la curiosité de leurs auditeurs et abonnés. Il y a bien des sursauts de lucidité, comme lorsque les journalistes questionnent les dirigeants politiques sur leur gestion par moments chaotique de la pandémie qui nous frappe. On trouve aussi en certains lieux des voix originales qui empruntent des sentiers non balisés. Mais, en règle générale, la discordance et la créativité sont tenues à distance. Cela vaut également pour les producteurs et les diffuseurs qui gèrent l'offre médiatique. Entre déception et impuissance, la productrice Bazzo rêve à une programmation télévisuelle qui tire les esprits vers le haut. Parler vrai et librement est une chose, encore faut-il faire preuve d'exigence. Cet essai veut réaffirmer que les médias, toutes plateformes confondues, pourraient et devraient être meilleurs.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à Nous méritons mieux par Marie-France Bazzo en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Languages & Linguistics et Journalism. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2020
ISBN
9782764646502
Checklist 1 : ce que ça prend en 2020
pour faire carrière dans les médias
  • Avoir un réseau solide et des contacts multiples et variés.
  • Faire partie de l’Empire ou de Radio-Canada, ou y aspirer très fort.
  • Nourrir la bête.
  • Avoir un nombre appréciable d’abonnés Twitter, Facebook ou Instagram.
  • Être prêt à « flasher » son linge prêté sur les réseaux sociaux (même si on critique la pub omniprésente).
  • Être souple dans ses principes et appeler ça de l’agilité.
  • Savoir négocier, mais pas trop si on est une femme.
  • Mettre en avant sa particularité identitaire si on en a une.
  • Avoir animé ou réalisé un balado.
  • Avoir moins de trente-cinq ans. Après, les postes sont comblés. À cinquante ans, vous êtes vieux, vieille.
  • Pour un homme : mettre l’accent sur sa testostérone. Les médias québécois adorent les gars « gars », qui disent les « vraies affaires » et qui « mettent leurs culottes ».
  • Ou alors, occuper le créneau « gars émotif », qui fait des colères contre les exploiteurs, qui ne craint pas les larmes, qui a le cœur à la bonne place et qui embrasse les causes sociales.
  • Être poli avec les annonceurs.
  • Comprendre et exploiter la complémentarité des plateformes : cumuler radio et télé, télé et presse écrite, etc.
  • Créer une bande (certains diront une clique) et s’en entourer en ondes.
  • Veiller à renvoyer l’ascenseur.
  • Être dans les bonnes grâces du directeur ou de la directrice de la programmation.
  • Développer une particularité qui nous distinguera de la concurrence : écrire des romans, avoir une maladie mentale en vogue, participer à des Ironman, etc.
  • Mettre l’accent sur un côté « humain » (un seul suffira).
  • Aimer les hommages, les galas et être toujours prêt à faire des « steppettes ».
  • Pour une femme : être belle.
  • Pour un homme : être beau.
  • Former un power couple, proposer des émissions d’été ensemble. Ne jamais négliger la programmation estivale…
Désamour
Dans toutes les sociétés, les médias sont reliés au corps social par des liens indéfectibles. Ils en sont le souffle, ils témoignent de la marche, des hésitations parfois, des fulgurances de leur société. Ils en empruntent les codes, ils en parlent le langage. Souvent, ils sont la vitrine de phénomènes qui y ont cours, ils en sont les porte-parole. Ceux et celles qui y travaillent, à toutes les positions, font eux aussi partie de la société, sont préoccupés de son état. Souvent, ils souhaiteraient que leur métier, ou leur champ de compétence, serve mieux la société, qu’il crée du lien, qu’il fasse entendre la voix de ceux qui en ont moins, qu’il débusque des problèmes, qu’il élève le niveau général, qu’il soit éclairant et bienveillant par moments et par endroits. Il règne une certaine insatisfaction, chez plusieurs des personnes qui pratiquent le métier d’informer ou de divertir, envers le fonctionnement de la machine médiatique. Et il existe aussi, parallèlement, dans la population qui consomme ce produit, puisque c’en est un, une demande parfois imprécise, mais certainement une aspiration à plus, à mieux, à différent. Dans cette partie, je parle de cette rencontre difficile qui se traduit par du désamour, ainsi que de quelques thèmes qui animent la société québécoise et qui forment le fond sur lequel les médias s’inscrivent.
Je ne suis pas la seule à exiger plus de la part de nos médias. Comme productrice ou comme animatrice, j’aimerais plus de latitude, une marge de manœuvre plus grande, plus de décloisonnement, plus de créativité, moins de craintes, moins de bureaucratie qui étouffe l’initiative. Ceux et celles qui consomment les médias demandent à peu près les mêmes choses, pour des raisons différentes. Qu’on en fasse partie ou qu’on en soit le destinataire, il y a en ce moment à l’endroit des médias une insatisfaction qui gronde. Un désamour. Des deux bords de la clôture, on s’aime moins.
C’est lors des manifestations étudiantes du printemps érable, en 2012, qu’on a vu émerger au Québec le mot-clic #merdias pour parler des médias en général et de certains journalistes en particulier. L’utilisation du terme était le fait de militants et d’internautes connotés à gauche (cette fois-ci, car des groupes comme Atalante, à droite, l’emploient aussi) particulièrement remontés contre les membres de la presse grand public, qu’ils accusaient de ne pas rendre compte adéquatement du mouvement de contestation qui avait cours, de ne pas rapporter les revendications des étudiants, voire de collaborer avec le gouvernement libéral de Jean Charest alors en place. Puis, le mouvement de protestation s’est résorbé, mais le hashtag #merdias est resté. Il a été utilisé par toute une nébuleuse de plus en plus ouvertement complotiste et conspirationniste sur les réseaux sociaux, hyper méfiante envers le système et « crinquée » à temps plein contre les journalistes, qui représentent dans l’esprit de ces personnes la capitulation devant les intérêts néolibéraux et ceux du milliardaire George Soros, du deep state et de la 5G… #merdias désigne indistinctement journalistes, commentateurs, presse écrite et électronique, et peu de représentants de ces milieux trouvent grâce à leurs yeux paranoïaques.
Si ces « antimédias traditionnels » se méfient et sont constamment dans l’expression de leur détestation, ils ne sont pas les seuls à être sceptiques ou à tout le moins méfiants envers la classe journalistique. Ou carrément dans le désamour. Ou pire, dans l’indifférence. Ici comme ailleurs en Occident, la presse et ses acteurs sont en crise. Ça va mal. Il y a rupture factuelle et émotionnelle au sein d’une part non négligeable de la population. Un peu partout, des événements viennent témoigner d’une rupture dans l’histoire pas toujours tranquille entre citoyens et médias.
Au Québec, cette méfiance a donc surgi au grand jour lors du printemps des manifestations étudiantes. Plutôt que de se résorber, elle s’est approfondie avec la nouvelle, les nouvelles polarisations de la société et l’avènement de lignes idéologiques marquées. J’y reviendrai. Aux États-Unis, l’arrivée à la présidence de Donald Trump a non seulement introduit de nouvelles règles du jeu en contrôlant comme jamais l’information issue de la Maison-Blanche, mais elle a aussi littéralement inventé un nouveau jeu. Contournant la presse, twittant dès l’aurore des messages comme autant de pièces de son agenda politique, jetant de l’huile sur le feu de multiples controverses, Trump a condamné les journalistes à courir derrière SON information. Le président a également beaucoup contribué, par son discours inlassable de dénonciation et de démolition du travail journalistique qui ne faisait pas son affaire, à la méfiance de la population envers la presse. Cette attitude conduira même à l’attaque de journalistes les jours qui ont suivi le meurtre de George Floyd par des policiers de Minneapolis fin mai 2020. Trump a introduit et généralisé le concept de fake news. Il l’a paradoxalement alimenté par son propre discours de désinformation et de diffamation envers ses adversaires. Non seulement il a augmenté le sentiment de méfiance envers la presse chez lui mais, par contamination, il l’a fait ici aussi, dans une certaine mesure.
En France, le mouvement des Gilets jaunes qui a secoué le pays à partir de l’automne 2018 a très rapidement ciblé les journalistes, accusés d’être le relais du pouvoir et des ennemis de classe. Les Gilets jaunes réclamaient la démission du président Emmanuel Macron. La liste de leurs revendications, qui au départ ne contenait que la suppression d’une taxe carbone, est devenue infinie, traduisant un véritable malaise de la France périphérique, celle des petites villes, des régions délaissées. C’était tout et son contraire, mais les attaques verbales et physiques contre la presse aussi bien nationale que régionale ont été constantes. Une frange des Gilets jaunes reprochait à la presse d’être de connivence (supposée ou réelle) avec le gouvernement et surtout de représenter les élites déconnectées de la vraie France, voire d’en faire partie. « Dans de telles circonstances, comment les journalistes peuvent-ils témoigner de notre mal-être, de notre souffrance ? » dénonçaient les Gilets jaunes. Cette année bousculée marquera à coup sûr une cassure véritable et profonde entre une bonne partie des Français et leurs élites journalistiques.
Le Québec, sans avoir vécu des événements politiques et sociaux déterminants comme l’accession de Trump au pouvoir ou la révolte des Gilets jaunes, a tout de même intériorisé une méfiance latente envers les journalistes. Un désamour. Pourtant, les statistiques ne sont pas si effrayantes. Selon les chiffres de l’Observatoire de la culture et des communications du Québec, relayés par le chercheur Daniel Giroux dans Les Mé...

Table des matières

  1. Page couverture
  2. Les Éditions du Boréal
  3. Faux-titre
  4. Titre
  5. Crédits
  6. Avant-propos
  7. La game a changé
  8. Là d’où je parle
  9. La soupe et les ingrédients
  10. Le niveau baisse-t-il ?
  11. Jeunisme et pureté
  12. Trop d’opinions, pas assez de débats
  13. La place de l’humour dans les médias québécois
  14. La machine des réseaux sociaux
  15. La dictature des A
  16. Checklist 1 : ce que ça prend en 2020 pour faire carrière dans les médias
  17. Désamour
  18. #LesGens
  19. Les nouvelles lignes de fracture et la bien-pensance médiatique
  20. Checklist 2 : dix mots pour parler la langue des médias québécois en 2020
  21. Le présent impératif
  22. Les médias sans territoire
  23. Profession de foi
  24. Checklist 3 : choses à faire si j’étais directrice de programmation d’une chaîne publique
  25. Crédits et remerciements
  26. Fin
  27. Quatrième de couverture