Condorcet
eBook - ePub

Condorcet

Instituer le citoyen

,
  1. 128 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Condorcet

Instituer le citoyen

,
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À propos de ce livre

Condorcet, entre Lumières et Révolution, est l'auteur de textes sur l'instruction publique (1791) et d'un Projet de Constitution (1793). Par ces œuvres, il entend contribuer à l'institution du citoyen qui suppose à la fois l'instruction publique et la fondation de la République.L'exercice de la citoyenneté est bien l'affaire de tous, mais tous ne s'en avisent pas encore.

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Informations

I
La Révolution des Lumières

I. L’héritage des Lumières

Le 28 mars 1944, A. Koyré prononce une conférence sur Condorcet : devant les risques de retour de tous les despotismes, c’est vers l’avenir qu’il faut se tourner car « la philosophie du XVIIIe siècle […] ne voulait pas seulement expliquer le monde, elle voulait aussi le transformer »1. Condorcet lui semble résumer la philosophie des Lumières pour la mettre au service de la Révolution française. Sa philosophie politique serait un grand remède contre la résignation. Ces jugements d’A. Koyré peuvent aider à comprendre comment, chez Condorcet, l’urgence des situations et la précipitation des événements ont stimulé l’idéal de justice et de liberté hérité des Lumières. Cette exigence théorique et pratique évite les tentations de l’opportunisme mais aussi de l’immobilisme. Condorcet voit bien que les philosophes ne peuvent pas tout mais les idéaux qu’ils formulent, les principes qu’ils défendent ont leur part dans le sens et l’orientation générale de la Révolution ; il tient à le préciser dans l’Esquisse :
« La maladresse de son gouvernement a précipité cette Révolution, la philosophie en a dirigé les principes, la force populaire a détruit les obstacles qui pouvaient en arrêter tes mouvements2. »
C’est pour réaffirmer ces principes philosophiques des Lumières que Condorcet fonde, le 13 mai 1790, un club de débat et de réflexion la « Société de 1789 ». Cette association devient vite une tribune au service de la Révolution, notamment par son journal. Invité par un correspondant à présenter cette initiative, Condorcet rédige une Lettre à M. xxxx sur la Société de 17893 que l’on peut rapprocher des Règlements de cette association édités en 1885 par A. Challamel (et sans doute écrits par Condorcet lui-même)4. Cette lettre est « le discours de la méthode politique » de Condorcet : il y présente deux « manières de traiter les objets politiques ». C’est B. Groethuysen qui explicite le plus clairement l’intention des fondateurs de cette association : « Créer un nouveau type de société, d’après les principes du siècle des Lumières »5.
Quelle sera, au juste, la « bonne manière de traiter les objets politiques » ? Il s’agit, en toute chose, de s’inspirer des principes des Lumières, notamment pour comprendre, interpréter mais aussi réagir aux événements politiques de la Révolution. F. Alengry présente ainsi la démarche condorcétienne : « Tous les événements sont ou réfléchis par Condorcet qui en dégage l’idée philosophique, ou prévus par lui, d’après les leçons du passé6. »
Ce jugement, qui évoque déjà l’Esquisse, rend bien compte de l’état d’esprit de 1790. L’institution du citoyen, dans un régime démocratique, présuppose la définition mais aussi l’application de principes généraux, exprimés dans des droits naturels et imprescriptibles. Mais, désormais, en les défendant, il faut en rappeler les fondements philosophiques car la liberté, l’égalité, la sûreté, la propriété ou encore la présomption d’innocence sont susceptibles de graves contresens ou malentendus. Les préjugés passés peuvent revenir chez ceux qui prétendent défendre ces droits. Il faut aussi préciser à quoi ces droits proclamés engagent concrètement. Oublier ces principes reviendrait à céder à l’opportunisme, c’est-à-dire à la « mauvaise manière de traiter les objets politiques ». Cet opportunisme peut être celui de l’enthousiaste vertueux ou du cynique machiavélien. L’institution du citoyen doit prémunir de ces dangers, à condition d’être inspirée par des principes précis : la Société de 1789 entend s’y employer ; Condorcet précise :
« Vous savez qu’il existe deux manières de traiter les objets politiques. L’une consiste à suivre le cours des événements […], à prendre le parti le plus expédient7. »
Cette manière brade les principes et donc les droits naturels au profit du succès immédiat ; il s’agit de « frapper les esprits, de les rallier autour de soi ». On pactise avec les préjugés au lieu de les combattre : on ne traite pas les autres en concitoyens. En juillet 1793, Condorcet voit dans les hommes qui préparent la Terreur un tel opportunisme ; il cite aussi l’exemple de La Fayette, pourtant ambassadeur de la Révolution américaine en France. L’opportunisme ajuste les principes aux événements et aux intérêts du moment, sans souci de l’estime de soi ni de la vérité. En revanche, Condorcet, dans cette même page, prône une autre voie :
« Ramener les discussions à des principes généraux […] inaliénables […] à chercher dans la nature éternelle de l’homme et des choses8. »
Ces lignes constituent une profession de foi rationaliste, encyclopédiste et humaniste, appliquée aux problèmes politiques. Elles indiquent aussi le programme philosophique du républicanisme condorcétien. Ces divers principes des Lumières vont être réunis dans un ensemble cohérent et non simplement juxtaposés et affirmés. La démarche de Condorcet est éclectique, au sens philosophique du terme, précisé par l’article Éclectisme de l’Encyclopédie9. L’éclectisme philosophique de Condorcet n’est pas une simple coexistence de doctrines mais bien une quête unificatrice des principes fondateurs de l’esprit libre et éclairé, soucieux du vrai. Condorcet est poussé par une « liberté dans le vrai » (A. Koyré)10.
C’est cette thèse philosophique qui assure la liaison entre les Lumières et la Révolution ; elle permet à Condorcet d’affronter la difficulté dramatique qui surgit au début de la Révolution : les révolutionnaires sont-ils à la hauteur de leur Révolution ? Disposent-ils de la culture juridique, politique et philosophique qui ferait de cet événement un avènement des droits naturels, une réelle avancée de la liberté et de la raison ?
Dès l’irruption révolutionnaire, dans un Post-Scriptum (1789) à son texte Sur les Assemblées provinciales (1788), il écrit, rempli d’inquiétude :
« Notre instruction sur la Constitution des États se borne en général à quelques maximes […] tirées de l’Esprit des Lois et à une admiration plus bruyante qu’éclairée pour la Constitution anglaise […]. Une assemblée nationale préparée par l’instruction publique n’eût inspiré que de l’espérance ; elle eût été pour la nation l’époque d’une restauration assurée, et non une crise dont l’issue soit incertaine11. »
On trouve là, formulé par Condorcet, le paradoxe inhérent à l’idée même d’institution de la citoyenneté : il faut déjà être citoyen pour fonder la citoyenneté ! C’est vers l’Instruction publique qu’il faut se tourner pour résoudre cette difficulté, durablement. Mais Condorcet perçoit bien l’autre partie de la contradiction : il faut une Constitution respectueuse des citoyens pour instituer une Instruction publique qui les formerait. C’est pourquoi ces contradictions, par-delà l’inquiétude, inspirent le courage et l’abnégation de Condorcet cofondateur de la Société de 1789 :
« Aujourd’hui, à peine reste-t-il quelques mois pour dissiper cette nuée d’erreurs que l’ignorance, les habitudes, les préjugés de plusieurs siècles ont amassées12. »
C’est tout un monde qu’il faut transformer. Mais comment constituer une culture politique sans retomber dans les tentations du despotisme éclairé (imposer la liberté au peuple « pour son bien », sans le consulter) ou de l’impatience vertueuse et enthousiaste (vouloir tout, tout de suite…). L’institution du citoyen repose sur l’adhésion de tous les citoyens traités sur un pied d’égalité, et sur l’amour partagé des lois. Les citoyens doivent aussi se souvenir des temps d’inégalité et de despotisme pour mieux défendre la Révolution : l’institution du citoyen doit être élucidation, fondation, remémoration et commémoration. La Société de 1789 entend, en premier lieu, rappeler les principes philosophiques des Lumières. Elle se présente comme un lieu de traduction des principes des Lumières dans la situation politique nouvelle : car il s’agit désormais de s’inspirer de ces principes pour fonder les institutions politiques nouvelles au sein d’un nouvel art social, selon Condorcet. Cet art social s’applique à tous les domaines de la société qu’il convient de rationaliser au service des droits de l’homme. L’économie, la fiscalité, l’éducation, les institutions politiques doivent être transformées par la raison ; tout retour de l’arbitraire, de l’« esprit d’inégalité », des privilèges égoïstes, doit être dénoncé. Rendre réelles l’égalité et la liberté proclamées par la Déclaration de 1789, tel est le souci de Condorcet en mai 1790.
Dans les Règlements de cette Société, Condorcet présente ainsi l’art social qu’il prône :
« Ainsi la Société de 1789 doit être considérée comme un centre de correspondance pour tous les principes généraux, et non comme un foyer de coalition pour les opinions particulières. Ce n’est ni une secte ni un parti mais une compagnie d’amis des hommes et pour ainsi dire d’agents du commerce des vérités sociales13. »
Ces lignes se font l’écho de l’extraordinaire sociabilité qui fleurit, à la fin de l’Ancien Régime, dans les salons, les sociétés savantes, les académies ou les loges maçonniques14.
Le souci du bien commun n’est pas séparable, pour tous ces hommes des Lumières, des échanges incessants, des controverses constructives et des analyses parta...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4ème de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Introduction : Une difficulté initiale à surmonter
  6. I. La Révolution des Lumières
  7. II. L’École de la République
  8. III. La République des Citoyens
  9. En guise de conclusion : Projet de Déclaration des droits naturels...
  10. Annexe : Programme d’Éducation civique dans l’Instruction publique
  11. Bibliographie
  12. Table des matières
  13. Titre parus dans le même collection