Islam 2.0
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Islam 2.0

Entre émancipation et aliénation

  1. 260 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Islam 2.0

Entre émancipation et aliénation

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À propos de ce livre

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2010, la prolifĂ©ration des sites islamiques et des rĂ©seaux sociaux a annoncĂ© la maturation d'un environnement cyberislamique. La pratique de la foi ne se transmet plus exclusivement au sein de la famille, dans les mosquĂ©es ou les associations; jeunes et moins jeunes se tournent dĂ©sormais vers Internet afin d'apprendre Ă  ĂȘtre un « bon musulman ». À l'inverse, Internet, avec un radicalisme virtuel trĂšs actif, peut pervertir et conduire certains Ă  commettre des actes irrĂ©parables.La sphĂšre cyberislamique a ainsi contribuĂ© Ă  produire une rĂ©affirmation identitaire dans les modes de croire et de pratiques chez un grand nombre de musulmans. Quel type d'informations vont-ils rechercher sur la Toile? La crise de reprĂ©sentation dont souffre l'islam de France trouvera-t-elle un second souffle sur le Net? Qui sont ces prĂ©dicateurs et influenceurs 2.0 auprĂšs de la communautĂ©? Peut-on rĂ©ellement parler d'une communautĂ© virtuelle? Internet sera-t-il un outil du renouveau pour les musulmans de France? Une enquĂȘte approfondie sur l'islam 2.0, entre modernisation libĂ©ratrice et instrument d'aliĂ©nation.

Foire aux questions

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Informations

Année
2018
ISBN
9782347016579

III

Les musulmans et Internet

La religion entretient chez l’individu et dans la sociĂ©tĂ© l’action d’un ensemble de forces constitutives de la condition humaine et nous regrettons le peu de donnĂ©es relatives Ă  une sociologie de la pratique religieuse appliquĂ©e Ă  l’islam en France. Pour mener notre Ă©tude, nous avons privilĂ©giĂ© l’enquĂȘte qualitative rĂ©alisĂ©e auprĂšs d’une quarantaine de personnes sous forme d’entretiens non directifs. L’échantillon alĂ©atoire est constituĂ© d’autant d’hommes que de femmes, ĂągĂ©s entre 19 et 55 ans, issus de toutes les strates de la population, avec une dominante de personnes d’un niveau d’études supĂ©rieur Ă  BAC+2. À dĂ©faut d’un matĂ©riau empirique existant sur la question, nous retiendrons suite Ă  notre enquĂȘte l’usage d’Internet par les musulmans en fonction de critĂšres inhĂ©rents Ă  leur pratique selon la classification suivante : le pratiquant laĂŻque, le pratiquant engagĂ© et le pratiquant piĂ©tiste. Nous aborderons le profil du jihadiste sous l’angle de l’analyse qui conduit un musulman Ă  adhĂ©rer ou pas Ă  l’idĂ©ologie radicale. La force mobilisatrice du radicalisme musulman est sans doute celle de canaliser tous ceux qui nourrissent un ressentiment Ă  l’égard d’une mondialisation sauvage qui Ă©crase l’Homme sur son passage. Quand et comment peut-on dĂ©terminer qu’une personne s’est radicalisĂ©e ? Quels sont les curseurs qui dĂ©terminent une radicalisation ? Notre enquĂȘte ne prĂ©tend pas reflĂ©ter les pratiques et usages d’Internet Ă  l’échelle nationale, mais donne des indications significatives sur les reprĂ©sentations sociales et sur l’intĂ©rĂȘt portĂ©s Ă  ce mĂ©dia.

LE PRATIQUANT LAÏQUE

NĂ©s pour la plupart en France ou scolarisĂ©s dans ce pays, ces musulmans sont dits « culturels ». Ils s’inscrivent dans un hĂ©ritage culturel et familial qui les attache au groupe arabo-musulman, sans pour autant respecter les rĂšgles du culte. Cet islam est celui de la majoritĂ© des musulmans Ă  l’échelle nationale. Notre Ă©chantillon suit cette tendance oĂč l’individualisation de la foi opĂšre une distanciation par rapport aux pratiques traditionnelles. L’islam est un marqueur de filiation qui se situe plus sur le registre de la culture que de la religion. Ainsi, Hanane91 affirme :
« Quand j’étais plus jeune, mes parents m’ont transmis la religion sur des bases pratiques. Il fallait faire le Ramadan parce que c’est obligatoire en islam et que tout le monde le fait. Quand je n’avais pas le droit de faire un truc, mes parents me disaient que c’est haram de faire ça. Quand j’en demandais la cause, ils me rĂ©pondaient que c’est haram, c’est tout, c’est comme ça ! Quand mon frĂšre pouvait faire un truc et pas moi, ils me disaient que lui, c’est un garçon. Toute ma jeunesse a Ă©tĂ© rythmĂ©e par des interdits et des obligations sans rĂ©elle spiritualitĂ© et je vous avoue que c’est en partie Ă  cause de ça que je ne suis plus pratiquante. »
Ces pratiquants ont une connaissance limitĂ©e de l’islam et de ses rites. On distingue parmi eux deux catĂ©gories. Les premiers, qualifiĂ©s d’« orthodoxes non pratiquants », font du respect de la tradition une norme, et sont souvent issus des milieux populaires et des classes moyennes. Les seconds, les Ă©lites instruites et appartenant aux classes favorisĂ©es, principalement d’origine algĂ©rienne et tunisienne, disposent des ressources pour opĂ©rer une division entre ĂȘtre un « musulman culturel » et un « musulman religieux », au moyen d’un clivage plus ou moins marquĂ©, allant dans les cas extrĂȘmes jusqu’à perdre parfois toute croyance. Sur ce dernier point, nous constatons un phĂ©nomĂšne minoritaire et rĂ©cent d’une partie de musulmans plutĂŽt instruits, issus souvent des classes moyennes et supĂ©rieures qui se reconvertissent ou, dans les cas extrĂȘmes, apostasient. Ils considĂšrent dans ce dernier cas avoir reçu une Ă©ducation religieuse dominĂ©e par des interdits, imprĂ©gnĂ©e de sectarisme, dont ils se sont libĂ©rĂ©s. Jamila92 tĂ©moigne :
« Mes parents pratiquaient un islam plutĂŽt simple mais teintĂ© trĂšs largement de paganisme. Le texte sacrĂ© n’était presque jamais Ă©voquĂ© Ă  la maison. Donc, j’ai des parents qui sont musulmans, qui pratiquent un islam inoffensif et en somme discret. L’islam tel qu’il Ă©tait pratiquĂ© par ma famille mettait l’accent sur la soumission de l’ĂȘtre, notamment celle des femmes, sans aucune remise en question. En fait, je suis sortie de cette religion Ă  cause de l’interdiction de raisonner et la soumission aux hommes (pĂšre, frĂšre, mari) qui se montraient extrĂȘmement violents dĂšs qu’il s’agissait de religion et de pratique cultuelle. »
Le processus de dĂ©sislamisation chez ces personnes s’inscrit dans une rupture radicale avec l’islam. À leurs yeux, les valeurs prĂŽnĂ©es par la religion musulmane sont dĂ©voyĂ©es et, selon eux, la religion est utilisĂ©e Ă  des fins de pouvoir. Elles sont trĂšs virulentes envers la communautĂ© musulmane en France, qu’elles jugent ignorante et dans l’imitation aveugle de la Sunna. Elles ne se reconnaissent plus dans cet islam sunnite qu’elles assimilent Ă  une vĂ©ritable secte, un islam qui a Ă©tĂ© vidĂ© de sa substance spirituelle. Ces Ă©lites ont une vision plus Ă©galitariste des rapports entre les hommes et les femmes et ressentent une application Ă©quitable des lois au sein de la sociĂ©tĂ© française. Elles sont critiques sur les pratiques telles que le port du voile, la consommation du « tout halal », consĂ©quences d’une islamisation des esprits qui a transformĂ© les dynamiques identitaires pour les recomposer en style de vie. Être musulman se rĂ©sume Ă  ĂȘtre soi dans une culture individualiste, Ă  vivre en conformitĂ© avec ses valeurs et ses croyances, Ă  une maniĂšre qui doit ĂȘtre visible, et ce, au dĂ©triment du mystique et du spirituel.
Le pratiquant laĂŻque s’identifie Ă  l’islam sans en observer la pratique. Pour ces personnes, le jeĂ»ne du Ramadan, fortement communautaire, est la seule observance respectĂ©e puisqu’il est suivi par plus de 80 % de musulmans en France. Peu pratiquants, ils ont une attitude distante voire critique face aux codes vestimentaires ou signes apparents, et peuvent ĂȘtre virulents Ă  l’encontre des femmes couvertes de la tĂȘte au pied (jilbeb ou burqa). Les femmes en particulier, fortement marquĂ©es nĂ©gativement par la sociĂ©tĂ© patriarcale dans leurs pays d’origine, jugent sĂ©vĂšrement les femmes voilĂ©es, qu’elles considĂšrent comme soumises Ă  des maris jaloux dĂ©sireux de contrĂŽler leur corps, et les accusent de privilĂ©gier l’apparence. Karima93 nous dit :
« J’en connais des voilĂ©es de la tĂȘte aux pieds et des barbus dans mon quartier dont certains ne font mĂȘme pas la priĂšre, ni le Ramadan d’ailleurs. Leur voile, c’est juste pour paraĂźtre respectable, et certains barbus qui matent les femmes, ça me fait marrer. En vĂ©ritĂ©, ils sont hypocrites pour la plupart, ils font ça juste pour l’apparence et pour eux-mĂȘmes pour accumuler les hassanat (bonnes actions) et prĂ©parer l’Au-delĂ , alors qu’ils ne respectent pas toujours les autres. Le pire, c’est qu’ils osent me critiquer parce que je ne porte pas le voile en me reprochant de ne pas ĂȘtre une bonne musulmane. Leur islam est Ă  la carte, ils font ce qui les arrange et surtout quand ça les arrange. »
Le pratiquant laĂŻque ne s’intĂ©resse pas aux sites religieux sur la Toile. Pour lui, la relation Ă  la religion est davantage identitaire, nominale et saisonniĂšre. Pendant le mois de Ramadan par exemple, il peut occasionnellement visionner en famille les priĂšres des tarawih Ă  La Mecque, diffusĂ©es en direct, ou consulter des vidĂ©os de conseils autour de l’alimentation Ă  adopter durant ce mois sacrĂ©.
Ainsi, Internet reprĂ©sente avant tout un espace pratique qui s’inscrit dans une dĂ©marche de pure consommation de biens matĂ©riels et immatĂ©riels ou dans ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. SOMMAIRE
  6. Exergue
  7. Introduction
  8. IL’islam Ă  l’ùre numĂ©rique
  9. II Le Web dans le processus d’islamisation et de rĂ©islamisation
  10. III Les musulmans et Internet
  11. IV Les principaux prédicateurs 2.0 en France
  12. V Une communauté virtuelle
  13. Conclusion
  14. Bibliographie