Omerta à l'hôpital
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Omerta à l'hôpital

Le livre noir des maltraitances faites aux étudiants en santé

  1. 320 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Omerta à l'hôpital

Le livre noir des maltraitances faites aux étudiants en santé

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Informations

Année
2017
ISBN
9782347016203

PREMIÈRE PARTIE
LES TÉMOIGNAGES

La violence est « l’utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès. » (Organisation mondiale de la santé)
En droit pénal, le terme « violences » désigne l’ensemble des infractions constituant une atteinte à l’intégrité physique ou psychique des personnes (Articles 222-7 et R625-1 du Code pénal).
« Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. » (Article L1152-1 du Code du travail). En France, le harcèlement moral est un délit, passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.
« Constitue une agression sexuelle, toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise. La contrainte peut être physique ou morale. » (Article 222-22 du Code pénal)
Les violences physiques peuvent se manifester par des coups, des gifles, des morsures, des griffures, des strangulations, des coups reçus avec des objets, des brûlures, un meurtre, ou toute autre violence physique.
« Tout acte de pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte ou surprise, constitue un viol. » (Article 222-23 du Code pénal). Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle.
Les violences verbales sont relatives au mode de communication et peuvent se manifester par des hurlements, des cris, des ordres, des insultes, une absence de parole ou une absence de toute communication.
Les violences psychologiques sont variées : propos dégradants visant à dénigrer la personne, chantages, menaces, insultes ou des propos méprisants.

1
L’HUMILIATION

« DES OBÈSES QUI TE CASSENT LE DOS, T’EN AURAS ! »

Je suis jeune diplômée infirmière.
Auparavant, l’école infirmière se déroulait sur deux ans et demi. Les élèves suivaient des modules théoriques qu’ils devaient valider (cardiologie, néphrologie, neurologie, pédiatrie…) sans lien particulier entre eux. Les élèves avaient des stages réguliers de quatre semaines durant lesquels ils étaient notés sur une « mise en situation professionnelle » (MSP).
Depuis 2009, cet encadrement est soumis à ce que les gens appellent « le nouveau référentiel ». Afin d’obtenir un grade « licence », les IFSI1 se sont liés aux facultés de médecine avec des cours théoriques basés sur des processus pathologiques (les traumatismes, la psychopathologie, les processus neuro-dégénératifs, les cancers, etc.) et des cours intégrant les connaissances théoriques aux pratiques infirmières. Les stages sont soumis à une évaluation continue. Ces évaluations de stage sont divisées en dix compétences (démarche de soins, nursing, application et surveillance des thérapeutiques, éducation au patient, recherche, etc.). Dans chacune d’entre elles, il y a des items avec des petites cases à cocher : « non pratiqué », « non acquis », « à améliorer », « acquis ». Il n’y a plus de MSP. Les étudiants aides-soignants ont toujours ces fameuses MSP. Leur formation dure une année et ne demande pas autant d’apports théoriques que celle des infirmiers.
Il existe à l’heure actuelle un schisme dans les établissements de santé entre les infirmières de l’ancienne école et celles issues du nouveau référentiel et les nouveaux étudiants. La formation aux nouvelles méthodes d’évaluation se faisant mal ou peu dans certains endroits. C’est déjà suffisamment détaillé, je pense, pour vous faire comprendre que cela est radicalement différent de l’ancienne formation et que le parcours des étudiants infirmiers actuel n’est plus du tout le même que l’ancien.
Je suis en première année, c’est mon premier stage, dans un hôpital public gériatrique, dans une unité de SSR2 d’oncologie. J’ai comme objectif de réaliser une toilette d’une patiente correctement. Autant dire que je n’y connais rien même si j’ai reçu une formation pratique. Mon stage se déroule plutôt bien, j’apprends.
J’ai en charge deux patients avec une perte totale d’autonomie. Comme c’est mon premier stage, je suis plus souvent avec les aides-soignants qu’avec les infirmières. À la quatrième semaine, je signale que la fin de mon stage approche et j’essaie de voir « quand et avec qui » je dois remplir ma feuille de fin de stage. Là, on me répond : « Ah mais il va falloir que tu fasses une MSP ! » Je n’avais jamais entendu parler de ça, je ne savais même pas ce que c’était. Je demande que l’on m’éclaire.
L’infirmière et l’aide-soignante me disent : « Vous, les nouveaux étudiants, vous ne savez rien faire avec cette nouvelle formation. C’est vraiment de la merde ce qu’on vous apprend ! Vous ne faites même plus de MSP alors que c’est la base ! Avec nous, tu vas faire une MSP, et c’est comme ça. Tu vas faire la toilette de Madame X et l’aide-soignante va t’encadrer. Et tu vas la faire seule. On va voir ce qu’on vous apprend à l’école. »
Elles poursuivent : « Madame X en question, c’est une femme de 120 kg, BPCO3, 85 ans, avec une infection à Clostridium difficile. Toilette au lit car elle ne peut plus bouger. »
J’ai le trac, je ne me rends pas vraiment compte de ce que l’on me demande de faire. J’y vais, je frappe à la porte. Je me présente auprès de la patiente que je connaissais très peu. Je lui explique que je vais lui faire sa toilette et que l’aide-soignante va m’évaluer pendant les soins. Je commence la toilette.
L’aide-soignante est dans un coin de la pièce et me regarde faire, les bras croisés. Au moment où je dois lui laver le dos, je demande à l’aide-soignante si elle peut m’aider à retourner la patiente… de 120 kg !
Elle me répond : « Moi, je te regarde. Tu crois quoi ?! »
Embarrassée, avec le trac, je rougis et la patiente et moi, nous nous regardons. Je lui demande d’agripper la barrière et de se tenir pour que je puisse lui laver le dos. L’aide-soignante s’approche de moi et approche son visage à 15 cm du mien : « Pourquoi tu deviens toute rouge, t’aimes pas ce que je te dis ? Ça t’emmerde de faire une toilette parce que t’es élève infirmière ? Des toilettes, t’en feras, crois-moi. »
Bien sûr, je deviens encore plus rouge. De plus, devant la patiente, je ne veux rien dire. La pauvre me regarde, elle a l’air gêné. L’aide-soignante, elle, me regarde devenir encore plus rouge : « Tu as quelque chose à me dire ? Pourquoi t’es toute rouge ? »
J’ai la gorge serrée, je fais « non » de la tête et je dis : « J’essaie de m’appliquer… »
Je reconnais à peine ma voix tellement j’ai du mal à sortir un son. La patiente me dit : « Vous faites ça très bien. »
J’ai envie de pleurer.
Je continue la toilette. L’aide-soignante ajoute devant la patiente : « Si un jour t’as le diplôme, tu verras, des obèses qui te cassent le dos, t’en auras. »
Je ne veux plus être dans la pièce. Je suis outrée et gênée que la patiente assiste à cela. Je ne dis plus rien. Je finis la toilette et je réinstalle la patiente comme je peux car je suis seule à le faire. Je sors en essayant de rester souriante pour la patiente. L’aide-soignante me suit en me poussant le dos. Dans le couloir, elle crie : « T’as intérêt à changer d’attitude, gamine ! »
Je note, au passage, que j’étais en reconversion professionnelle à ce moment-là et que j’avais 26 ans.
Deuxième mauvaise expérience. Cette fois-ci, je ne pense pas que cela soit dû au « nouveau référentiel » mais simplement à l’équipe. Hôpital public encore. Premier stage de deuxième année. Un service de pédiatrie avec environ 60 infirmières, 40 aides-soignantes, 4 chefs de cliniques, 8 internes. Gros service qui tourne à cent à l...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Exergue
  6. Sommaire
  7. Préface
  8. Préambule
  9. Introduction
  10. Première partie : Les témoignages
  11. Seconde partie : Analyse des experts
  12. Conclusion
  13. Remerciements
  14. Annexe
  15. Bibliographie
  16. Index