Nous sommes tous des robots
eBook - ePub

Nous sommes tous des robots

Comment Google, Apple et les autres vont changer votre corps et votre vie

  1. 288 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Nous sommes tous des robots

Comment Google, Apple et les autres vont changer votre corps et votre vie

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

On les appelle les lunettes Google, les montres Apple ou Samsung, les bracelets Withings et Fitbit... DerriÚre ces objets du quotidien réinventés par de grands noms de la planÚte high-tech, la révolution est en marche.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l’application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă  la bibliothĂšque et Ă  toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă  12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă  Nous sommes tous des robots par Olivier Levard en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Sciences sociales et Sociologie. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages Ă  dĂ©couvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2014
ISBN
9782368472460

LA LAME DE FOND DE L’INFORMATIQUE
« CORPORELLE »

Zuck veut des Glass

La scĂšne est Ă  peine croyable. Les relations entre leurs deux entreprises, Google et Facebook, sont pourtant notoirement glaciales
 Elles se disputent le mĂȘme trĂ©sor : les milliards de la pub sur Internet. Mais ce jour-lĂ , Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook, et SergueĂŻ Brin, cofondateur de Google, sont insĂ©parables. À voir SergueĂŻ enlever ses Google Glass et les rĂ©gler sur la tĂȘte de Mark, on pourrait presque croire Ă  un moment de tendresse entre les deux milliardaires du Web. « J’ai hĂąte d’avoir les miennes », rĂ©pĂšte sans cesse, avec la candeur d’un collĂ©gien, le patron de Facebook. Il enchaĂźne en donnant ses premiĂšres instructions aux lunettes conçues – et prĂȘtĂ©es – par son concurrent : « OK Glass ! », tandis que ce dernier lui montre comment utiliser leur surface tactile.
Non, il ne s’agit pas d’un Ă©pisode parodique des Simpson et ce dialogue au sommet est bien rĂ©el : il s’est dĂ©roulĂ© Ă  la fin d’une remise de prix scientifiques oĂč les deux larrons se sont croisĂ©s. Le journaliste de Forbes, spĂ©cialiste Ăšs milliardaires, qui a assistĂ© Ă  la scĂšne peinait Ă  en croire ses yeux. Il la racontera par le menu dans un article1, Ă  commencer par les nombreuses questions de celui que tout le monde surnomme « Zuck » : « Comment est-ce que je regarde l’écran pour ne pas avoir l’air bizarre ? », « Ça peut me guider Ă  l’intĂ©rieur d’un bĂątiment ? », « Tout passe par les serveurs de Google ou on peut les contourner ? ». En face, SergueĂŻ Brin lui rĂ©pond patiemment. Ironie absolue, Zuckerberg, qui a remarquĂ© que certaines personnes ont immortalisĂ© l’instant avec des photos, leur demande de ne pas les diffuser. « Pas la peine d’en faire toute une histoire », rit-il un peu gĂȘnĂ©. Sachant que Facebook fait son beurre de ce genre de photos, le garçon n’est pas Ă  une contradiction prĂšs

L’épisode est sans doute improvisĂ© mais, mine de rien, les deux stars du Web travaillent chacune Ă  l’avenir de leur sociĂ©tĂ©. Zuckerberg a bien raison de s’intĂ©resser aux Glass. Avec ce type d’appareils, ses clients pourront poster encore plus de photos sur Facebook et se connecter encore davantage pour suivre en permanence la vie de leurs amis. Et regarder des pubs Facebook ! Le patron de Google a aussi tout intĂ©rĂȘt Ă  voir Facebook dĂ©velopper une application pour ses Glass. Si les grands services du Web s’intĂ©ressent aux Glass, cela valide son intuition de lunettes connectĂ©es. Cela donnera au grand public des raisons de se les offrir. Et lui fera regarder des pubs Google !
Les derniers mots des deux cĂ©lĂšbres geeks sont d’ailleurs savoureux.
« Tu as une idée de ce que Facebook peut développer là-dessus ? Dis-moi et on le fera ! lance un Zuckerberg plein de bonne volonté.
– Tu sais, je ne suis pas un spĂ©cialiste du Web social, lui rĂ©pond Brin du tac-au-tac, sans doute en allusion aux ratĂ©s de Google dans le domaine, qui ont facilitĂ© l’émergence de Facebook.
– Moi, je ne suis pas un spĂ©cialiste des lunettes », rĂ©pond Zuck immĂ©diatement, tout sourire lui aussi, alors que toute la Silicon Valley sait que Brin ne lĂąche plus les siennes.

« Informatique corporelle », oui, « ordifringues », non

Facebook fait partie de ces entreprises dont les services sont si populaires qu’ils poussent les internautes Ă  ĂȘtre connectĂ©s en permanence, quitte Ă  avoir la tĂȘte baissĂ©e du matin au soir sur un Ă©cran de smartphone. Ces services nous accaparent au point qu’on ne distingue plus le monde autour de nous ; notre incapacitĂ© Ă  lĂącher nos tĂ©lĂ©phones est devenue une source rĂ©currente de maladresses, chutes et comportements grossiers. « On dit aujourd’hui des tĂ©lĂ©phones qu’ils sont portables simplement parce qu’on les emmĂšne partout avec nous
 Maintenant que Google a prĂ©sentĂ© ses Glass, on peut dire que ces lunettes semblent davantage portables
 », me suggĂšre le chercheur Takao Someya avec qui j’aborde ces Ă©pisodes peu glorieux de nos vies d’humains connectĂ©s. Tout japonais qu’il est, il pointe mieux que personne l’impossible traduction en français de ces wearable technologies que les Anglo-Saxons appellent mĂȘme wearables tout court. La torture pour un francophone est que le mot « porter » en français signifie Ă  la fois porter sur le corps (wear en anglais) et porter Ă  la main, transporter (hold, carry). AprĂšs avoir Ă©cumĂ© le Web dans tous les sens et couru quelques confĂ©rences et colloques, j’en ai tirĂ© une liste de propositions de traduction moins satisfaisantes les unes que les autres :
– informatique vestimentaire,
– informatique à porter,
– ordinateur vĂȘtement,
– ordifringue,
– ordinateur portable,
– appareils Ă©lectroniques portables,
– Internet des vĂȘtements,
– vĂȘtements intelligents.
De cette liste oĂč le prix du ridicule – ou du mignon, ce qui revient souvent au mĂȘme – est remportĂ© par « ordifringues », j’aurais pu choisir pour ce livre l’appellation « vĂȘtements intelligents » ou encore « l’informatique vestimentaire ». Mais peut-on les utiliser pour les bracelets et les Google Glass, qui sont les Ă©tendards de cette rĂ©volution ? Ou mĂȘme pour les peaux bioniques qui poussent le concept encore plus loin ? Probablement pas. Sans en ĂȘtre pleinement satisfait, j’ai donc retenu l’appellation d’informatique « corporelle ». Elle a le mĂ©rite d’avoir du sens sans rien exclure.

Un cadavre qui bouge drĂŽlement

C’est comme s’ils s’étaient passĂ© le mot
 Comme l’inventeur des lunettes Telepathy qui juge les smartphones « dĂ©biles » et « stupides », entre autres noms d’oiseaux, ceux qui sont aux avant-postes de la recherche informatique n’ont souvent pas de mots trop durs pour le tĂ©lĂ©phone intelligent. Chaque chercheur que j’ai rencontrĂ© y va de sa pelletĂ©e de terre sur la dĂ©pouille de cet appareil qui a placĂ© leur industrie au sommet de toutes les autres. Ils brĂ»lent l’idole qu’ils adoraient encore hier, et qui bouge encore sacrĂ©ment
 À dix ans seulement, est-ce bien raisonnable ?
Ils exagĂšrent sans doute. Mais peut-on innover en respectant ce qui existe dĂ©jĂ  ? Mener une rĂ©volution sans couper de tĂȘtes ? Les gĂ©nies sont rarement satisfaits, sinon ils passeraient leurs aprĂšs-midi Ă  faire la sieste. « Les smartphones doivent ĂȘtre renommĂ©s. Ils ne sont pas smart, c’est-Ă -dire intelligents
 Ils le sont peut-ĂȘtre plus que ce que l’on avait avant, mais n’ont aucun sens commun », attaque Suranga Nanayakkara, un spĂ©cialiste des technologies sensorielles, qui partage son temps entre l’universitĂ© de Singapour et le MIT de Boston. Pas de sens commun ? « Oui, c’est ce sens que vous recevez quand vous vivez assez longtemps dans une sociĂ©tĂ©, avec des gens et dans des environnements donnĂ©s. Ce sont ces expĂ©riences et cette intuition que vous dĂ©veloppez et qui s’ajoutent Ă  votre intelligence. »
Je lui fais remarquer que les Google Glass vissĂ©es sur son nez – malgrĂ© toutes leurs qualitĂ©s – ne m’ont pas encore bluffĂ© par leur intuition. Il sourit. « J’y travaille. Ce que je veux dire, c’est que le monde entier tourne autour du smartphone. Depuis 2007, tout le monde s’est enthousiasmĂ© pour cette folie des applications qui leur sont destinĂ©es. Mais cette crĂ©ativitĂ© nous a aussi limitĂ©s. Il y aurait pourtant Ă©normĂ©ment Ă  faire au-delĂ  des tĂ©lĂ©phones. Les smartphones deviennent d’ailleurs moins performants quand tout passe par eux, cela bouchonne en quelque sorte. Je pense Ă  toutes les applis qui seraient plus pertinentes sur le corps, le bras, les yeux, la poche
 Les lunettes et montres de l’informatique corporelle nous ouvrent de nouvelles perspectives, mĂȘme si nous ne sommes qu’à l’aube de tout ça. Elles rĂ©vĂšlent un potentiel. »

La vie avec un troisiùme Ɠil

Ce potentiel des Google Glass finira-t-il en top ou en flop ? « Il y a plusieurs clĂ©s, me rĂ©pond Suranga comme celui qui s’est posĂ© la question plus d’une fois. DĂ©jĂ , combien de personnes dans la communautĂ© des inventeurs et dĂ©veloppeurs s’empareront de ce concept de lunettes ? Google ne pourra mener une rĂ©volution tout seul ! Toute l’industrie doit la soutenir pour que les utilisateurs s’y mettent. Le fait que les Glass soit exclusives pour le moment est astucieux : les dĂ©veloppeurs sĂ©lectionnĂ©s sentent qu’il ont une chance et sont plus motivĂ©s. Ils veulent profiter de leur avantage. Mais la vĂ©ritĂ© n’émergera que lorsque les Glass seront dans les magasins et que tout le monde pourra en acheter comme aujourd’hui les tĂ©lĂ©phones. Il faut que les appareils soient en compĂ©tition les uns avec les autres pour que le plus adaptĂ© l’emporte. »
En attendant, comment apprend-on Ă  dĂ©velopper pour les Glass ? « D’abord, on fait connaissance, explique Suranga. Je les mets tous les jours en me rĂ©veillant depuis quelques semaines, ça me permet de comprendre ce produit mais aussi d’imaginer en quoi il peut nous ĂȘtre utile. Ce qui me plaĂźt avec les Google Glass, c’est qu’elles ne se mettent pas en travers de votre vision. Je les porte tout le temps pour savoir si au bout d’un moment j’en serai fatiguĂ©. Pour l’instant, elles ne me gĂȘnent pas et sont toujours lĂ  quand j’en ai besoin. »
Pas de tournis, pas de fusion entre le virtuel et le rĂ©el ? « Non, car elles ne vous demandent jamais de vous concentrer sur deux choses Ă  la fois. Vous avez d’une part votre vision normale et d’autre part le regard vers les Google Glass qui vous donne accĂšs Ă  d’autres informations visuelles, comme un troisiĂšme Ɠil connectĂ© au Web. Ces visions ne se mĂ©langent jamais, ce qui Ă©vite de vous faire mal Ă  la tĂȘte ou de vous donner la nausĂ©e. »

Ici ou ailleurs ?

Lorsqu’on est crĂ©atif, les idĂ©es arrivent ensuite trĂšs vite. « La premiĂšre chose qu’elles m’ont inspirĂ©e, c’est une application que je dĂ©veloppe pour mon propre usage. J’ai un problĂšme avec ma boĂźte mail professionnelle : je passe mon temps Ă  la consulter car j’ai peur de manquer un mail important. RĂ©sultat, je suis distrait par des mails qui ne le sont pas et je finis par y passer mon temps, au dĂ©triment de mes recherches. J’apprends donc aux lunettes Ă  sĂ©lectionner les quelques personnes qui peuvent me joindre en permanence et Ă  analyser leurs mails pour ne retenir que ceux qui peuvent ĂȘtre urgents. »
À vivre entre deux mondes, ne risque-t-on pas de se perdre ? « Non, Ă  condition d’y faire attention. Ce qu’il faut imaginer pour mon application de mails par exemple, c’est un type d’alerte qui me permette de ne pas manquer une information sans ĂȘtre trop envahissant. Pour l’instant, je ne fais pas deux choses Ă  la fois, une dans le rĂ©el et une avec les Glass. Je ne sais pas si cela viendra. En revanche, je peux sans problĂšme ĂȘtre alertĂ© de certaines choses alors que je suis en train de faire une activitĂ©. Par exemple, je peux savoir que j’ai reçu un mail important de votre part tout en menant une conversation. Mais je ne pourrai pas l’ouvrir tout en me concentrant sur la rĂ©ponse. »
Lorsque l’on porte des Glass, on ne peut d’ailleurs rien faire en cachette de son interlocuteur. Pendant notre conversation, j’ai senti deux ou trois fois que Suranga regardait un bref instant l’écran de ses Glass en me parlant. Cela ne m’a pas gĂȘnĂ© et j’ai sans doute moi aussi baissĂ© les yeux une fois ou deux – dix ? – sur l’écran de mon smartphone. Comme pour chaque innovation, une « Ă©tiquette », une politesse de la lunette connectĂ©e, Ă©mergera sans doute assez vite. Un Ă©quilibre entre le regard adressĂ© Ă  ceux qui sont avec nous dans le rĂ©el et ceux qui sont avec nous via Internet. « Excusez-moi une seconde. OK Glass ! » m’interrompra-t-il soudainement, quelques minutes plus tard, pour rĂ©pondre au tĂ©lĂ©phone intĂ©grĂ© aux lunettes. Je finirai bien par m’y faire


Non mais sérieux


Avant que Suranga ne s’échappe, je lui pose de nouveau la question qui tue. Les Google Glass peuvent-elles marcher ? L’objet n’est-il pas encore trop
 bizarre ? « C’est un Ă©lĂ©ment crucial, peut-ĂȘtre le plus important, me concĂšde-t-il. Tout ce que vous dĂ©veloppez doit ĂȘtre agrĂ©able Ă  l’Ɠil et au toucher, beau pour qu’il devienne socialement acceptable. Quand j’ai dĂ©veloppĂ© une bague qui aide les aveugles Ă  lire et Ă  comprendre les objets dans leur champ de vision, je me suis dit qu’ils allaient ĂȘtre trĂšs enthousiastes. Ils l’étaient, mais m’ont dit immĂ©diatement : c’est super mais tu seras gentil de faire en sorte que ça ressemble Ă  quelque chose ! Parce qu’on ne portera pas quelque chose de volumineux et d’horrible simplement parce que c’est utile
 » La leçon, c’est donc la discrĂ©tion ? « C’est en tout cas de faire un produit qui n’exclut pas. Que vous soyez handicapĂ© ou pas, je pense qu’un appareil ne doit pas vous catĂ©goriser. Lorsque vous voyez quelqu’un avec des lunettes, vous ne vous dites pas : oh, le pauvre a un problĂšme aux yeux. En gĂ©nĂ©ral, vous n’y prĂȘtez pas attention et si une rĂ©flexion vous vient ce sera plutĂŽt : tiens, ce vert ou ces Ă©cailles sont sympas ! »
Ce sera lĂ  tout l’enjeu des Google Glass. Pour rĂ©ussir Ă  devenir l’iPhone de cette gĂ©nĂ©ration de l’informatique corporelle, elles devront faire ce qu’a rĂ©ussi Ă  faire l’iPhone. Non seulement il est utile mais il ne dĂ©tĂ©riore pas l’apparence de la personne qui le porte. Comme les Ferrero Rocher, il est l’expression du bon goĂ»t. Wired, le magazine branchĂ© de la la Silicon Valley, a consacrĂ© un dossier complet Ă  l’informatique corporelle. Il en conclut que la question du style, de la classe sera la plus dĂ©terminante. Le patron de Misfit, Sonny Vu, un spĂ©cialiste de ces appareils, rĂ©sume tout cela en une phrase assassine : « Pour ĂȘtre un succĂšs, les produits de l’informatique corporelle doivent ĂȘtre sublimes ou invisibles. Pour l’instant, ils ressemblent le plus souvent Ă  des objets conçus par des hommes de la Silicon Valley pour des hommes de la Silicon Valley. » Wired finit sa dĂ©monstration en donnant l’exemple bien connu de tous ces gens qui font Ă©normĂ©ment de tort aux oreillettes Bluetooth. Ces ĂȘtres grossiers qui se croient au top de la technologie, parlent fort et exposent leur appendice auditif Ă  tous les vents pour que l’on ne perde rien de leur vie connectĂ©e. Ils se vivent au sommet mais sont considĂ©rĂ©s par la plupart des gens comme d’invraisemblables beaufs, bruyants et mal Ă©levĂ©s.
La « beaufisation » des Glass est d’ailleurs un danger trĂšs sĂ©rieux que Google veut Ă©viter Ă  tout prix. Alors il insiste sur la vocation grand public de son produit : les images de promotion des lunettes connectĂ©es mettent en scĂšne des publics variĂ©s, hommes et femmes de tous Ăąges et toutes couleurs. Une communication guĂšre fidĂšle Ă  la rĂ©alitĂ© des premiers utilisateurs des Glass
 Sur la plate-forme de blogs Tumblr, des internautes espiĂšgles se sont mis Ă  recenser toutes les personnes qui publient sur Internet des photos d’elles avec des Google Glass pour se faire mousser. Ce sont Ă  99 % des hommes blancs trĂšs geek, d’oĂč le nom de ce blog moqueur tout en photos : White Men in Google Glass. Certains les ont mĂȘme rebaptisĂ©s les « Glassholes », expression que la dĂ©cence m’interdit de traduire ici.

Facebook et Twitter sur la photo

Bon goĂ»t ou pas, un homme blanc avec des Google Glass a tenu sa promesse : Mark Zuckerberg. Quelques mois aprĂšs sa rencontre avec SergueĂŻ Brin, l’application Facebook pour les lunettes de Google Ă©tait prĂȘte. « J’ai essayĂ© les Glass la semaine derniĂšre et j’ai eu un peu de mal Ă  comprendre oĂč il fallait regarder, mais aprĂšs une minute, ça m’a beaucoup plu. J’ai pris plein de photos des gens autour de moi et je les ai postĂ©es sur Facebook », se rĂ©jouissait Sheryl Sandberg2, la numĂ©ro deux du rĂ©seau social, juste aprĂšs le lancement. « Nous croyons Ă  l’informatique corporelle, mais on ne va pas lancer nos propres lunettes ou notre montre. Nous sommes donc une des premiĂšres applications Ă  nous lancer sur les Glass car nous voulons que Facebook soit partout. Sur les tĂ©lĂ©phones et tablettes Android, les iPhone et les iPad, et maintenant les Google Glass », ajoute-t-elle pour commenter cette stratĂ©gie totale. C’est Erick Tseng, un ancien de chez Google, qui a dĂ©veloppĂ© l’application en un temps record avec une « Ă©quipe resserrĂ©e de dĂ©veloppeurs », un vrai commando. « On a vite compris que l’intĂ©rĂȘt n’était pas le texte. Alors, on a jouĂ© avec les Gl...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. DĂ©dicace
  6. Introduction
  7. Google Glass, (encore) une révolution ?
  8. Apple joue la montre, Samsung la lance
  9. La lame de fond de l’informatique « corporelle »
  10. Je me mesure, tu te mesures
  11. Santé connectée : à qui le pouvoir ?
  12. Ma maman connectée, ma maison connectée
  13. Tous cyborgs : notre cerveau a déjà muté
  14. Comment les machines ont appris l’humain
  15. Les robots cherchent leur Steve Jobs
  16. Vivre avec les robots
  17. La fin du handicap, mort de la vieillesse
  18. Tous des super-héros, tous des monstres ?
  19. Le dernier tabou
  20. Conclusion – Adieu mon corps, je t’aimais bien
  21. Remerciements
  22. Table des matiĂšres