Buk et les Beats
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Buk et les Beats

Nouvelle édition augmentée

  1. 272 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Buk et les Beats

Nouvelle édition augmentée

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À propos de ce livre

Jean-François Duval fait revivre Buk et les Beats, tout en nous montrant les liens et les contradictions entre « le poète des caniveaux » et les « anges de la désolation » du mouvement beat, au travers d'un essai inspiré, d'une bibliographie, d'un Who's Who exhaustifs, et d'illustrations originales, et suivi d'un entretien réalisé jusque tard dans la nuit du 17 février 1986 au domicile de Bukowski, à San Pedro.

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Informations

Année
2014
ISBN
9782368472415

Buk et les Beats

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Le Beat revival

Si l’œuvre de Charles Bukowski fait aujourd’hui l’objet d’un intérêt accru, il est encore une autre bonne nouvelle : les Beats sont de retour ! Oui, plus d’un demi-siècle après la naissance de ce mouvement, voici que les plus jeunes générations, face à la montée des fondamentalismes et des intégrismes, commencent à redécouvrir le souffle dont il est porteur, cette liberté de penser, de parler et de se comporter. Leur intérêt vient aussi de ce que la légende beat renvoie à une époque où l’homme n’était pas aussi unidimensionnel qu’aujourd’hui. Leur épopée fonctionne comme un appel à l’heure où les individus ne sont plus réduits qu’à leur seule dimension économique.
Ce souffle, Kerouac le définissait ainsi : « beat » comme béatitude (autant zen que catholique), « beat » comme battement du cœur, « beat » comme rythme (les Beatles s’en souviendront quand ils se choisiront un nom).
De la côte est à la côte ouest des États-Unis, les ouvrages de Kerouac, de Ginsberg, de Burroughs, de Neal Cassady (le Dean Moriarty d’On the Road), de sa femme Carolyn (son récit Off the Road, publié en 1990, évoque avec tendresse son ménage à trois avec Kerouac et Neal) et de tant d’autres sont de retour sur les présentoirs et les rayons cult des librairies – où s’attardent lycéens et étudiants.
Dans la foulée, l’on redécouvre toute une constellation d’auteurs : Gregory Corso, Michael McClure, Philip Whalen, Gary Snyder, Lawrence Ferlinghetti, Diane DiPrima, Bob Kaufman… Au Whitney Museum de New York, l’exposition Beat Culture and the New America : 1950-1965 a connu en 1996 un éclatant succès. Entre autres trésors, on y découvrait pour la première fois, non sans émotion, le rouleau de cent pieds de papier télétype, sur lequel Kerouac a tapé en trois semaines la version originale d’On the Road (l’édition publiée en 1957 avait été passablement retouchée par l’éditeur). En 2001, ce tapuscrit, le plus fameux de l’histoire littéraire, part aux enchères chez Christie’s pour la somme record de 2,4 millions de dollars. En 2007, Viking Press le met à la disposition du plus large public, suivi en 2010 par Gallimard qui en propose une traduction française sous le titre Sur la route : le rouleau original.
Même la censure n’est pas en reste… Milieu des années 90, Howl, le poème-manifeste de Ginsberg paru en août 1956, un an avant On the Road, et qui fit scandale pour cause d’obscénité, est à nouveau banni sur les ondes des radios et TV américaines ! Joli coup, pour un mouvement né il y a plus d’un demi-siècle de la rencontre détonante de quelques jeunes types, en 1944, du côté de Times Square, à New York : Herbert Huncke, poète et junkie qui fascinait William Burroughs ; Lucien Carr que son amie Edie Parker présentera à Kerouac (dont elle-même deviendra la première femme) ; l’inquiétant William S. Burroughs, petit-fils de l’inventeur de la première machine comptable ; Allen Ginsberg, dix-sept ans, le plus jeune et le plus remuant de tous, qui deviendra le catalyseur de tout le mouvement – un mouvement dont la figure héroïque par excellence sera Neal Cassady, qui les séduira tous.
Dans les années 50, l’impulsion donnée par ces jeunes types qui forment le noyau de la beat generation débouchera sur la révolte de la jeunesse du baby-boom face aux conventions d’une société rigide, figée dans sa frayeur de la guerre froide, prude, matérialiste et aléniante, que les films de Brando et de James Dean, la musique de Presley remettront aussi profondément en cause.
D’une certaine manière, le mouvement beat, né juste après guerre, avait son pendant en France : la fureur de vivre existentialiste, Sartre, Gréco, Vian, Saint-Germain-des-Prés… Kerouac l’écrira dans Esquire de mars 1958 : « La même chose se passait à peu près dans la France d’après-guerre de Sartre et Genet et, de plus, nous le savions2. » Juliette Gréco, fût-elle née à New York, aurait peut-être partagé les nuits de Neal Cassady, de Kerouac et des autres. Et Boris Vian n’était-il pas une sorte de Beat français ? Un même amour du jazz, une même source d’inspiration unissait les deux mouvances. Charlie Parker était le roi ici comme là. Tant à New York qu’à Paris, la bohème était issue de la guerre, en réaction contre l’ordre bourgeois et les convenances, et elle se posait peu ou prou les mêmes interrogations : quels chemins de la liberté emprunter ? Il existe des traits d’union : la figure de Jean Genet par exemple, ami de Sartre, de Ginsberg et de Burroughs.
Mais, socialement parlant et hors de l’Hexagone, le legs de l’existentialisme reste mince. Tandis qu’on doit beaucoup aux Beats : Dylan, les Beatles, les beatniks, les hippies, le psychédélisme, la route de Katmandou, Mai 68, la contestation, Make love not war, Woodstock, les manifs, les punks, un regain d’intérêt pour l’Orient, pour le boud-dhisme, l’écologie, sans oublier le grunge et Kurt Cobain. Eh oui ! Est-il excessif de dire que la seconde moitié du XXe siècle porte bel et bien l’empreinte du beat : dans la liberté des mœurs, la musique, la littérature, les façons de se vêtir, d’aimer, de voyager, de faire de la politique… de vivre ? Sans doute pas puisque, dès 1993, des magazines et des quotidiens comme Time et The New York Times se mettent à consacrer leur cover story et de larges dossiers au beat revival. Commerce et merchandising s’en mêlent. De vieilles photos de Kerouac et de Ginsberg ornent blousons et pantalons kaki de la grande chaîne de magasins Gap. La rumeur se répand que Francis Ford Coppola pourrait enfin produire On the Road, dont il détient les droits depuis vingt ans (il faudra attendre vingt ans de plus pour que le film voie le jour, en 2012, mis en scène par Walter Salles). La presse sacre Allen Ginsberg « probablement le poète américain le plus fameux » au vu de la foule qui l’accueille au quarantième anniversaire de la librairie City Lights – haut lieu de la culture beat fondé en 1953 à San Francisco par le poète Lawrence Ferlinghetti. L’université Stanford acquiert pour un million de dollars la correspondance du même Ginsberg : 300 000 pièces, y compris des bandes magnétiques de ses conversations avec Burroughs et de jam-sessions avec Bob Dylan… Jolie reconnaissance officielle de la part de cette université réputée conservatrice pour un mouvement qui fut au fondement de la contre-culture des années 60 ! Même les 335 cartons d’archives de Timothy Leary partiront en 2011 pour les 900 000 dollars qu’en offre la New York Public Library.
Simple engouement ? Effet de mode ? Peut-être. Ginsberg, lui, n’en croit rien, qui affirme en janvier 1995 dans le quotidien Libération : « Les jeunes se sont affranchis des idéologies simplistes, du capitalisme simpliste, du marxisme simpliste, du néoconservatisme simpliste. Quand toutes ces usurpations ont failli, quand le lavage de cerveau a échoué, on a redécouvert l’élément humain et ces expériences de vie et d’écriture des années 40 et 50. On a redécouvert aussi cette exploration de la conscience, cette spontanéité3. »
Un peu abusivement aujourd’hui, certains n’hésitent pas à regarder comme des héritiers directs de la beat generation ceux qu’on appelle les techno-bohemians : peintres, sculpteurs, concepteurs d’univers virtuels, programmateurs de software, tous ces nouveaux « beatniks » de l’âge informatique, familiers des autoroutes de la communication qui, en rollers ou skateboard, ne se déplacent pas sans un ordinateur portable sous le bras et qui, mine de rien – du moins voudrait-on nous le faire croire –, seraient en train d’élaborer une nouvelle contre-culture, susceptible à son tour de faire éclater nombre de nos schémas culturels et sociaux.
Par l’un de ces faux hasards dont l’Histoire est friande, l’une des principales icônes de cette cyberculture se trouve être Timothy Leary, ce brillant professeur de Harvard qui introduisit à la psilocybine Ginsberg, Cassady et Kerouac au début des années 60, rapidement devenu le high priest de la génération pop et hippie, et considéré par le président Nixon comme « l’homme le plus dangereux des États-Unis ». Lui aussi a complètement et symptomatiquement refait surface entre 1990 et 1996. Avait-il jamais disparu ? Non. Simplement, tandis que d’aucuns en étaient restés à rêver nostalgiquement des sixties, le pape de la contre-culture psychédélique et contestataire de ces années-là se baladait dans le cyberespace accompagné de jeunes disciples hyperbranchés – à l’insu de tous, sauf de quelques initiés et lecteurs de magazines dans le coup.
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Jusqu’à ce que, comme un cétacé qui fait subitement surface et émerge dans le réel, Leary réapparaisse… pour annoncer publiquement sa disparition prochaine. Point culminant de ce come-back, en effet : la déclaration spectaculaire, par Leary, fin 1995, de sa mort imminente. Aussitôt débusqué et ramené de ses espaces virtuels par les bons vieux médias traditionnels, en papier, il confirmait l’approche de son dernier trip : « Mourir est une chose très chic et très hip, on peut donner à ce moment-clé un style terrible, c’est la chose la plus élégante que l’on puisse faire, je bous d’impatience », se réjouissait-il en novembre 1995 dans une dépêche diffusée dans toute la presse par le New York Times Service. Ce qui lui valut, dès le lendemain, un coup de fil de son vieil ami William Burroughs, qui tenait à le féliciter pour cette belle déclaration.
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Tous les ex-fans des sixties comprirent alors que Tim Leary, soixante-quinze ans, quoique à l’article de la mort, était de retour. Mieux, il était de nouveau in. L’hebdomadaire Time l’affirmait. Le magazine californien Mondo 2000, hyperbranché cyberpunk, raffolait de ses contributions. Son livre High Priest venait d’être réédité. Et comme Tim ne se sentait tout de même plus suffisamment d’attaque pour monter dans un jet, il s’adressait depuis sa résidence de Beverly Hills, par écran géant interposé, à quelque 3 000 jeunes suspendus à ses lèvres à Londres (en 1995) et Amsterdam (en 1996), réunis pour des rave parties monstres. On ouvrait alors encore plus grand ses yeux pour s’apercevoir que Leary écrivait et publiait des bouquins underground au graphisme affolant, avec l’aide d’un staff cybernaute...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Titre
  4. Copyright
  5. Dédicace
  6. Sommaire
  7. Avant-propos
  8. Buk et les Beats
  9. Un soir chez Buk
  10. Buk Biblio
  11. Beat Biblio
  12. Who’s Who ?