Génération Pigeons
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Génération Pigeons

  1. 232 pages
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Génération Pigeons

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À propos de ce livre

Le 28 septembre 2012, chez les milliers de jeunes patrons concernés par le projet de loi de finances 2013 annonçant une réforme de la fiscalité des plus-values, la réaction ne se fait pas attendre. En trois jours, une tribune de protestation contre les projets fiscaux du gouvernement, signée de Jean-David Chamboredon, déclenche plus de 70 000 réactions sur Internet et établira l'acte de naissance des Pigeons.

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Informations

Année
2013
ISBN
9782368470589

PIGEON 1.0

« JE SUIS UN VÉTÉRAN DU WEB… »

Commençons par cette idée d’une « Génération Pigeons ».
Le plus important, dans ce qui s’est passé durant ces quelques semaines, c’est que le mouvement des Pigeons a montré l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Certains se connaissaient, d’autres non. Mais ils se sont identifiés et se sont reconnus dans ce mouvement sur Internet.
Il existe en réalité plusieurs générations.
La première génération du web, c’est la mienne.

Pigeons 1.0

Nous avons entre 40 ans et 50 ans.
Sauf Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de PriceMinister (racheté en 2010 par le groupe japonais Rakuten). À 36 ans, il est notre benjamin et incarne l’une des plus belles réussites du net français.
Notre petite communauté a connu toutes les étapes de la naissance de l’Internet : les premières start-up au milieu des années quatre-vingt-dix, la bulle dans les années 1999-2000, son premier éclatement en mars 2000. Et une « traversée du désert » pendant quatre ans, entre 2001 et 2004 sous les quolibets. Là, nous avons été peu nombreux à continuer à croire au web malgré l’éclatement de la bulle.
Sans doute avions-nous un peu trop cru changer le monde. Et surtout un peu trop vite…
En 2004, les survivants de l’Internet ayant acquis une taille décente, le capital-investissement se remet à miser sur la révolution numérique. Le revival !
C’est une période de croissance, très bonne et maîtrisée. Avec des aventures emblématiques : SeLoger, Meetic, Vente-privée, PriceMinister et plein d’autres entreprises plus ou moins grandes. Un superbe parcours après la catastrophe.
Pour toutes ces raisons – les échecs subis, le sentiment de participer à une aventure qui transforme le monde, la renaissance et la volonté de partager des expériences –, il y a un sentiment de solidarité très fort entre nous, indé­pendamment des idées politiques. Des réflexes de village gaulois face à tous les Romains ! Certains peuvent être de gauche, d’autres plus proches de la droite, la plupart d’entre nous sont indifférents à la politique. En tous cas, nous en parlons rarement sauf quand il s’agit de défendre l’esprit « libertaire » du web.
Il y a donc un sentiment de communauté très fort. C’est le premier trait de cette génération.
Deuxième trait, beaucoup d’entre eux sont devenus des Business Angels.
Les Business Angels – il n’y a pas vraiment de mot français pour traduire cette démarche : certains parlent d’« investisseurs providentiels ». Ce sont des entrepreneurs qui ont réussi. Ils se retrouvent à la tête de sommes à investir qu’ils ne veulent pas placer simplement sur un livret d’épargne, dans l’immobilier ou en Bourse. Ils choisissent de mettre leur expérience et leur argent au service d’autres entrepreneurs sur lesquels ils misent. Ils veulent appuyer la génération suivante d’entrepreneurs et prendre des risques avec eux.
Ce n’est pas complètement un métier même si certains le font à plein temps. Aux Etats-Unis, il y a des dizaines milliers de Business Angels de ce type, en France peut-être quelques centaines.
Ces Business Angels jouent un rôle central dans l’économie du net. Les entrepreneurs ou les créateurs, souvent jeunes, ont besoin de ne pas être seuls. Et les banques n’ont jamais été équipées pour financer ces start-up. Ce sont des modèles de business entièrement nouveaux. Et surtout il faut accepter de financer des entreprises qui seront durablement en pertes, à la différence des entreprises classiques.
Les pionniers de l’Internet ont créé des fonds comme Kima (Xavier Niel), Jaina (Marc Simoncini) ou se retrouvent aux côtés de Pierre Kosciusko-Morizet, Geoffroy Roux de Bezieux, Stéphane Treppoz ou Ouriel Ohayon comme souscripteurs d’ISAI, le fonds que je dirige, un fonds de « capital risque post-amorçage ». C’est un étage essentiel de la fusée du web, qui permet le véritable financement des entreprises après un démarrage prometteur.
Dans ce métier, j’y reviendrai, il faut du flair, du recul pour discerner les vrais entrepreneurs et les bons projets. Et, même quand on possède ces qualités, on mise sur des projets qui se « planteront » pour des raisons de marché, de concurrence ou d’événements que l’on ne peut pas prévoir.
Cette donnée est importante à comprendre pour tout le débat que nous avons ouvert avec les Pigeons. On se refait sur les bonnes opérations, en somme. Comme un éditeur qui peut vendre dix livres à pertes et gagner sur un best-seller. Le métier d’investisseur dans la nouvelle économie est à haut risque. On peut gagner gros mais aussi tout perdre.

Mon parcours

Je suis issu d’une famille de la montagne cévenole – un village porte d’ailleurs notre nom, entre Chamborigaud et Bessèges dans le Gard. Bien qu’ayant grandi en Région Parisienne, l’histoire de mon grand père fils de postier repéré par un instituteur Cévenol, envoyé au collège à Annonay, en classes préparatoires à Grenoble puis intégrant l’Ecole Polytechnique en 1918, constitue mes racines et m’a toujours fait valoriser le bon sens des gens du Massif Central. J’essaie, en fait, de trouver le bon compromis avec l’impatience insatiable des gars de la Silicon Valley…
Mon père, après une carrière dans un groupe industriel, est devenu commerçant, il avait des boutiques de prêt à porter dans le IXe arrondissement de Paris. Ma mère était avocat, spécialisée en divorces, licenciements et surendettement…
J’étais donc câblé pour être à mon compte !
Je fais des études scientifiques et je sors de Polytechnique en 1985. J’entre chez Cap Gemini où je passerai treize ans. En 1997, « Cap » me propose de partir en Californie où je fonde le Cap Gemini Telemedia Lab. En charge du « business development » pour le secteur Télécom & Media, on me demande d’identifier dans la Silicon Valley les technologies utiles pour des clients en Europe, notamment pour les fournisseurs d’accès à Internet.
C’est là que je découvre des technologies et surtout des startups comme Portal (billing), Kana (inbound email), iPin (micro-paiement), Broadvision (one-to-one marketing), Akamai (content caching), NetDynamics (application server), avec lesquels « Cap » développe des partenariats parfois couronnés de succès.
On peut d’ailleurs se tromper.
En 1998 et 1999, je pensais qu’il n’y aurait jamais de télévision sur IP (via Internet) ! Free a lancé la première offre « Triple Play » en 2003. La diffusion dans le grand public est venue en 2005. Un réseau de « broadcast » est fait pour « zapper », un réseau comme Internet, pas du tout… Et pourtant maintenant, on regarde la télévision sur son téléphone mobile !
En Californie, je rencontre de fortes personnalités comme Marc Andreessen, fondateur de Netscape, qui est aujourd’hui un très gros investisseur au sein de la firme Andreessen-Horowitz.
Un de ceux qui m’impressionnera le plus est Danny Lewin, « CTO » (Chief Technology Officer) de Akamai, société précurseur et leader des « Content Delivery Networks » dont le siège est sur la côte Est. Cet esprit brillant sera l’une des victimes du 11-Septembre, mort à 31 ans dans un des avions qui se crashera sur le World Trade Center.
L’ambiance en Californie était incroyable.
À l’époque, nous avions le sentiment de participer à une révolution qui allait changer le monde avec des acteurs complètement nouveaux. Nous prenions tous les autres pour des « vieux cons ».
Surtout, je découvre en Californie la notion de « start-up » (en français, « jeune pousse ») qui est au centre de ce livre et les investisseurs nommés « VC » (prononcer « Vici » pour « Venture Capitalists ») qui les accompagnent. Ce sera, par la suite, le coeur de ma vie professionnelle.
Les VC sont chargés d’investir l’argent qu’on leur a confié dans des entreprises de croissance. Ce sont des êtres hybrides : à la fois détecteurs de talents, financiers, entrepreneurs eux-mêmes. Ils doivent savoir sélectionner, coacher, favoriser et encourager…
Aux États-Unis, les VC, souvent d’anciens entrepreneurs, sont à la fois business – très professionnels dans leur approche des choses – et cool dans leur manière d’être. En France, historiquement, le milieu se rapproche plus des banquiers, même si les choses ont beaucoup changé durant ces quinze dernières années.
De retour en France, en 1999, je suis embauché chez Europ@web, société d’investissement Internet lancée par Bernard Arnault.
À partir de là, je ferai ce même métier dans des contextes différents. Je me sens dans le rôle du producteur de cinéma par rapport au réalisateur de film. Je finance et j’aide à faire.
Europ@web a été créée en marge de son groupe par Bernard Arnault, le fondateur de LVMH.
Il pressent à l’époque que l’Internet va bouleverser toutes les activités économiques. Nous sommes donc à la fois une diversification financière personnelle et un laboratoire de nouveaux champs d’investissement pour le groupe de luxe.
Bernard Arnault suivait directement cette activité.
Nous avions un comité tous les vendredis matin avec lui. Il réunissait Nicolas Bazire, directeur général de Groupe Arnault, Chahram Becharat, le patron d’Europ@web ainsi qu’une équipe de haut niveau : Ghislain Lescuyer, actuel directeur de la stratégie d’Alstom, Pierre Louette, devenu secrétaire général de France Télécom-Orange, François Tison, aujourd’hui associé chez 360 Capital.
Me voilà donc Chief Technology Officer.
Nous sommes installés à Boulogne dans l’ancien siège du groupe Schneider. J’apprends énormément de choses. Je fréquente pour la première fois de ma vie des banquiers d’affaires et des consultants en stratégie : nous avons fait environ soixante-dix deals en neuf mois ! C’est une époque incroyable où il faut bien dire qu’on fumait un peu la moquette !
Parmi nos supposées ou réelles pépites : Zebank, une banque en ligne rachetée depuis par ING et Axa en deux morceaux, Immostreet, qui fusionnera avec SeLoger, Libertysurf, le premier fournisseur gratuit d’accès à Internet, qui sera racheté par Tiscali puis par Telecom Italia qui le revendra à Free, Webhelp qui était au départ un moteur de recherche avec assistance humaine… et aussi Netflix (États-Unis), Flutter devenu Betfair (Grande-Bretagne), Submarino (Brésil), Eachnet (Chine)…
Bernard Arnault avait investi près d’un milliard d’euros. Au final, je ne suis pas sûr qu’il ait perdu beaucoup d’argent. Il a bien fait ses choix en 2001 sur ce qu’il a vendu, liquidé ou gardé pendant les dix années qui ont suivi. Après la fin de l’éclatement de la bulle au printemps 2001, nous sommes remerciés, c’est la loi du genre.
J’entre alors chez Viventures (2001-2003), qui faisait le même métier dans le cadre du groupe Vivendi, avec un peu plus de 700 millions d’euros d’investissements sous la direction de Jean-Pascal Tranié.
Chez Viventures, je vois passer les projets PriceMinister et Meetic. On était tenté d’y investir mais on nous explique que faire un investissement Internet est la meilleure façon d’être viré ! Je ferai PriceMinister deux ans plus tard, une fois chez 3i.
Viventures n’a pas résisté à la chute de Jean-Marie Messier de la présidence de Vivendi. La société de gestion a été cédée à un fonds vautour, ces fonds qui rachètent les entreprises à la casse. Nous sommes alors clairement à la fin de la période glaciaire d’Internet.

La bulle

Wall Street a une lourde responsabilité. Les gars de la Silicon Valley inventent des « trucs ». Ceux de New York vendent au monde entier que ce « truc » va changer le monde, que celui qui détient le « truc » sera le roi de demain en monopolisant l’attention et la fidélité de l’internaute tout en rendant obsolètes les acteurs de l’économie traditionnelle.
J’ai eu la chance de participer à quelques introductions sur le Nasdaq en tant que « Friends & Family » à l’été 1999.
Les entreprises en question faisaient pas ou peu de chiffres d’affaires, enregistraient des pertes colossales en ratio de ce chiffre d’affaires plus que modeste et étaient valorisées plus de dix milliards de dollars. Wall Street et ses banques d’affaires (Goldman Sachs, JPMorgan, Morgan Stanley, Merrill Lynch, Lehman Brothers…) tels des bateleurs rameutaient investisseurs institutionnels et épargnants individuels sur le thème : « Aujourd’hui cela vaut 10 milliards, demain sans doute 100 ! Je suis à l’achat…»
Les entrepreneurs et les investisseurs initiaux dans les sociétés concernées n’en attendaient sans doute pas tant. Ils auraient accepté que cela soit plus lent, plus mesuré. Que le marché valorise leurs entreprises vingt ou cent fois moins en leur fournissant simplement les moyens financiers de développer leur business.
Mais la bulle a été un phén...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Sommaire
  6. INTRODUCTION
  7. PIGEON 1.0
  8. « Je suis un vétéran du web… »
  9. « Je me dis que l’on risque de mettre tout ça par terre »
  10. La tribune
  11. Petite découverte de la commission des finances
  12. L’espoir né des assises de l’entrepreneuriat
  13. DES PIGEONS DE TOUTES PLUMES
  14. Fabien Cohen l’auteur du nom « pigeons »
  15. Yael Rozencwajg
  16. Pascal Mercier
  17. Patrick Robin 24h00
  18. Tatiana Jama
  19. Jean-Daniel Guyot (Capitaine Train)
  20. Carlos Diaz
  21. Olivier Mathiot co-fondateur de PriceMinister
  22. Michael Perez
  23. … ET DES NON-PIGEONS
  24. Marie Ekeland
  25. Stéphane Distinguin
  26. Fleur Pellerin
  27. CONCLUSION
  28. ANNEXES
  29. Les pigeons : histoire d’une page Facebook
  30. GlOSSAIRE
  31. « Monsieur mon député, dites à François Hollande… »
  32. « Entreprendre : c’est rêver, lever des fonds, créer des emplois… et prendre un coup de massue fiscal ? »
  33. « Pourquoi j’veux pas être un pigeon »
  34. « Nous, entrepreneurs… »
  35. Chiffres clefs
  36. REMERCIEMENTS