Je suis venu te dire que je m'en vais
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Je suis venu te dire que je m'en vais

  1. 176 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Je suis venu te dire que je m'en vais

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À propos de ce livre

On compte aujourd'hui plus de deux millions d'expatriés français dans le monde: chefs d'entreprise, étudiants, cadres, fonctionnaires... André Bercoff et Deborah Kulbach ont choisi de leur donner la parole pour mieux saisir leurs motivations. Entre excès de la dépense publique, niches fiscales, déni de la dette, du chômage, de l'allongement de la vie et des retraites improbables, la France serait-elle au bord du gouffre?

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Informations

Année
2013
ISBN
9782368472378

 1
LA FRANCE A LE BLUES

Peut-on tracer un portrait-robot de l’expatrié français ? Selon la Maison des Français de l’étranger, qui les interroge chaque année sur son site Internet, la majorité des expats on line auraient moins de 35 ans. 18 % de cette population travaille pour la filiale d’une entreprise française. Un tiers est cadre, 24,6 % fonctionnaires, 9,4 % en profession libérale, 5,8 % chefs d’entreprise. 3 % seulement s’installeraient à l’étranger pour des raisons fiscales. En revanche, selon l’enquête de Mondissimo portant sur les départs entre 2003 et 2013, parmi les Français travaillant à l’étranger, ils sont 62 % à avoir plus de 40 ans, les deux tiers de cette population sont de sexe masculin.
Ce que l’on constate depuis quelque temps, c’est l’augmentation du nombre de jeunes diplômés qui fuient leur pays, où le chômage deviendrait l’horizon indépassable de notre temps, et l’explosion du nombre d’étudiants qui profitent de deux innovations fortement appréciées : le Volontariat international en entreprise qui permet à des jeunes de moins de 28 ans d’effectuer un travail à l’étranger pour une durée de six à vingt-quatre mois, travail rémunéré de 2 200 à 3 200 euros par mois ; et le Visa Vacances-Travail, qui permet aux 18-30 ans de tenter leur chance pendant un an dans le pays de leur choix. Depuis une dizaine d’années, les candidatures se multiplient et l’on voit des centaines de jeunes qui, une fois finie leur période de travail, disent à papa-maman, à leur village, à son clocher et à ses maisons sages : j’y suis, j’y reste. Ce qui n’est pas, on en conviendra, la meilleure manière de faire triompher le redressement productif.
Mais qu’est-ce qu’ils ont, ces enfants gâtés, choyés par leur famille et par un État toujours providentiel malgré la crise, qui assure chômage et retraite, santé et logement, éducation et allocations, même si tout cela devient de plus en plus problématique eu égard à la dette qui ressemble à s’y méprendre à l’iceberg géant qui attendait le Titanic il y a plus d’un siècle ? Eh bien, justement, ces garçons et ces filles, ainsi que leurs parents, se rendent enfin compte au bout de trente ans que la croissance ne sera jamais plus ce qu’elle était et que les vaches grasses ont définitivement quitté les vertes prairies depuis qu’elles sont devenues folles en regardant passer les TGV. Voilà qui fait que votre fille est muette et votre fils sur le départ.
Du coup, la France a le blues, presque autant que la Louisiane après l’ouragan Katrina. Selon l’agence W&Cie, le pays serait en dépression collective. La cote d’alerte est dépassée, ça va secouer, selon le président de l’agence. Nos compatriotes parlent de désillusion, de lassitude et de fatigue morale et 38 % des personnes interrogées déclarent qu’elles voudraient quitter la France pour vivre dans un autre pays. « Mais contrairement aux idées reçues, on se rend compte que ce sont les gens modestes qui veulent s’expatrier, pas la France du CAC 40 », précise le responsable de W&Cie.
Mais alors, de quoi se plaignent-ils ? Est-on encore dans l’image d’Épinal du Français râleur, insatisfait, qui passe sa vie à geindre et à en vouloir aux politiques, aux riches, aux pauvres, à la gauche, à la droite, sur tous les zincs des cafés du Commerce ? Force est de reconnaître qu’il ne s’agit plus de ces vieux clichés, mais bien d’une pédagogie amère de la crise, qui est devenue, bon gré mal gré, dimension intérieure de tous. On ne sait plus si on prendra sa retraite à 65 ou 70 ans, répètent les uns. Gagner de l’argent est une honte dans ce pays, constatent les autres. Dès que quelqu’un sort du rang, il suscite l’envie et la jalousie de ses voisins qui préfèrent le voir crever plutôt que réussir. Il n’est jusqu’au rappeur vedette de NTM, Joey Starr, de déclarer : « Je comprends qu’on puisse avoir envie de déserter ce pays : on n’y aime ni la réussite ni la richesse. » Et cela va jusqu’à Michel Sardou, à qui de mauvais esprits ont même reproché ses chansons patriotes, et qui déclarait il y a quelques mois au Figaro : « Si j’avais 25 ans, je songerais à quitter la France où tout semble s’être fossilisé. »
Extrait d’un article du journaliste Michael Wright, paru dans le Daily Telegraph de Londres et republié dans Courrier international
« Quand j’appelle mon ami Clément Bresard-Billet, jeune consultant en management qui travaille à Paris, il me surprend en m’annonçant qu’il compte s’installer en Australie l’an prochain. “Notre modèle a vécu, m’explique-t-il. J’ai du mal à imaginer que j’ai un avenir ici. La France est comme un patient en soins intensifs. La famille rêve qu’il y a encore un peu de vie dans ce corps usé, mais secrètement, ils savent tous que c’est la fin.” Beaucoup de ses amis parisiens envisagent eux aussi de partir, ajoute-t-il.
Au dernier recensement, 300 000 Français vivaient en Grande-Bretagne et, au bout de quelques années passées en France, où la plupart des enfants veulent devenir fonctionnaires quand ils seront grands – et où j’ai rencontré un nombre impressionnant de gens tout à fait brillants coincés à des postes incroyablement banals –, on comprend facilement pourquoi. “En Grande-Bretagne, vous avez la possibilité de changer, dit Bresard-Billet. En France, une fois que vous avez choisi une paire de chaussures, vous devez les porter toute votre vie.” »
Et puis, qu’est-ce que c’est que cette France où vous entrez dans un établissement avec des amis pour commander trois cafés et entendez le tenancier vous rétorquer : « Pas possible. Je ferme dans vingt minutes » ? Ici, hommage appuyé aux 35 heures qu’aucun gouvernement de droite comme de gauche n’a osé abroger. Quel est ce pays où les banques ne prêtent plus, les fabricants ne fabriquent plus, les grossistes ne stockent plus, et les clients ne payent plus ? Caricature peut-être, mais exemplaire du climat de ras-le-bol de milliers de petits entrepreneurs qui se battent pour boucler leurs fins de mois tout en contemplant les collectivités locales embaucher chaque année un nombre accru de fonctionnaires : le double de l’Allemagne pour le même nombre d’habitants ! Ils sont des dizaines de milliers à faire leurs comptes, et à regarder le bulletin de santé du grand corps malade : dépense publique qui atteint 56 % du PIB ; déficit à près de 4 % du PIB ; prélèvements obligatoires à 46,3 % alors qu’ils étaient à 30 % en 1960 ; chômage à plus de 10 % de la population active. Dès lors, il ne faut pas s’étonner que les créateurs d’entreprise hors de France aient doublé en dix ans ; que, d’après le ministère des Affaires étrangères, depuis 2005, les Français expatriés ont de moins en moins envie de rentrer en France, le « jamais » étant désormais prononcé par près de 40 % d’entre eux. Quand on demande à ceux-ci : quel changement majeur en France pourrait motiver votre retour ? la majorité répond : un changement de mentalité. Ce qui, évidemment, prendra au moins quelque temps…
Où sont-ils, d’ailleurs, nos chers expatriés ? 32 % restent en Europe occidentale, 25 % en Asie, et 21 % aux USA et au Canada. Le reste étant disséminé sur les autres continents, notamment l’Australie et l’Amérique du Sud. Quand on les interroge, dans leurs pays d’adoption respectifs, sur ce qui va mieux qu’en France, ils répondent quasi unanimement : niveau de vie et pouvoir d’achat, suivis par une fiscalité plus attrayante et une convivialité plus ouverte. Quant à ce qui va moins bien, ils citent les soins, la vie culturelle et les transports, ce qui ne les empêche pas, en grande majorité, de ne pas regretter une minute leur changement d’horizon, ne fût-ce que par la découverte d’autres mentalités, d’autres cultures et d’autres paysages.
Et la France dans tout cela ? Ils continuent de l’aimer, eux non plus. Leur pays, leur famille, leur enfance, leur éducation, leurs valeurs : tout cela est présent et ils répètent souvent qu’au départ, ils ont voté plus avec leurs pieds qu’avec leur cœur. Pêle-mêle, on le verra, ils dévident l’écheveau de leurs reproches, à mi-chemin entre mari trompé et amant déçu : aux difficultés économiques du pays déjà mentionnées, entre chômage, précarité et absence de perspectives, vient s’ajouter la rigidité du modèle français, cette gérontocratie sclérosée qui tient tout et se congratule, se coagule et s’accouple à l’intérieur de la famille énarque et grandes écoles, telles les Ménines de Vélasquez. Résultat : les jeunes débarquent dans un marché du travail plus embrumé qu’un manoir écossais, les moins jeunes sont considérés à plus de 50 ans comme produits périssables et périmés. Entreprendre est un champ de mines, en raison des lourdeurs administratives, de l’hallucinant bordel fiscal et de la complexité de lois qui changent tout le temps. D’où la sclérose en plaques fonctionnarisée et la déprime qui s’ensuit.
Les signes politiques, que ce soit de la part de Sarkozy ou de Hollande, n’ont rien qui puisse réjouir : 84 impôts nouveaux en deux ans, plus de dix points de plus de prélèvements que la moyenne des pays de l’OCDE ; 63 milliards d’euros de taxes supplémentaires entre 2011 et 2013. Impôt qui, en outre, est devenu moins progressif et plus inégalitaire. Et le gouvernement Hollande a annoncé la couleur : 75 % d’impôt supplémentaire sur les hauts revenus, ce qui a semé la panique, chez les millionnaires français, qui se chiffrent quand même à plusieurs dizaines de milliers. Ainsi, l’impôt sur les grandes fortunes, qui peut tout à fait se justifier, prend quand même une autre allure quand il s’agit de frapper à l’aveugle. Marc Simoncini, fondateur de Meetic et créateur d’entreprises, témoigne : « Acquitter l’ISF sur la valeur théorique des start-up dans lesquelles j’ai investi, qu’est-ce que cela veut dire ? On me demande de payer des impôts avant que je n’aie fait un centime de bénéfice ! »
Hollande, qui a proclamé qu’il n’aime pas les riches et qu’il n’a qu’un seul ennemi : la finance, s’est rattrapé en partie avec la flexisécurité et son hommage sonnant et trébuchant aux entreprises. Mais cela ne change, pour le moment, ni le taux d’imposition, ni les procédures kafkaïennes, ni l’ultra-réglementation généralisée, fille d’un colbertisme de plusieurs siècles qui est bien, si on l’examine, le péché originel. Peu d’entrepreneurs au palais Bourbon, pas un seul au Panthéon. Cela révèle quelque chose, tout de même, sur l’état des lieux et suscite une interrogation grave : peut-on encore aujourd’hui rêver en France ? Et la France fait-elle rêver ? Le réalisateur et acteur Olivier Marchal n’a pas hésité à exprimer son ras-le-bol en se lâchant sur les antennes : « Je viens de créer ma boîte de production et on me demande 30 à 40 000 euros d’impôts avant que je n’aie pu bouger le petit doigt. J’aime mon pays, mais franchement, il y en a marre de casser ainsi les gens. Si j’étais plus jeune, je foutrais le camp, et je dis à mes enfants de le faire. »
Olivier Marchal n’est pas, loin de là, une exception. L’une des découvertes de notre parcours dans cette France qui s’en va ou qui aspire à le faire, c’est le nombre de parents non seulement résignés au départ de leurs enfants, mais qui les encouragent à partir en dépit de la tristesse naturelle causée par la perspective de la séparation. Nombreuses, en effet, ont été les quasi-professions de foi de quinquagénaires ou de sexagénaires qui nous disaient que si pour eux il n’était pas question de quitter leur pays ou de prendre leur retraite à Marrakech, à Tunis ou à Lisbonne comme des milliers de leurs compatriotes, ils ne voyaient pas, dans les prochaines années, s’éclaircir suffisamment l’avenir pour que leurs garçons et leurs filles vivent et travaillent au pays.
Force est d’avouer la gravité de la situation, en entendant des propos qui jusqu’ici étaient l’apanage des pays du tiers-monde, de l’Europe du Sud ou d’autres nations ravagées par la guerre ou par la crise. Sans aller jusqu’à en faire la preuve d’une France en voie de sous-développement, il est néanmoins permis de se poser des questions. Ainsi de Jean-Marc, 65 ans, patron d’une entreprise florissante dans le secteur des relations publiques et de la communication. Depuis dix ans, il formait son jeune fils Jean-Paul, afin que celui-ci prenne le relais au plus tôt. En attendant, Jean-Paul avait manifesté l’envie de passer un an en Australie avec sa fiancée, et son père l’avait chargé de s’occuper, là-bas, de développer le marketing de certains vins des Côtes du Rhône. Au bout d’un an, retour du fils qui lui annonce qu’il s’installe définitivement à Melbourne et qu’il ne compte pas du tout reprendre les rênes de l’entreprise. Choc pour Jean-Marc, qui était à mille lieues de s’attendre à ça. À la question du « pourquoi ? », son fils a répondu que sa fiancée, qui savait admirablement faire des macarons, était devenue en quelques mois la reine des mariages, des premières communions, des bar-mitsva et des noces d’argent dans la ville australienne. Le couple gagnait déjà beaucoup plus d’argent qu’il n’aurait pu le faire à Paris. De plus, le soleil et la mer, le surf et les plages étaient autant d’arguments auxquels le couple n’avait légitimement pas résisté. Aujourd’hui, Jean-Marc est fier du succès de son fils et continue allégrement à exercer son métier de communicant.
D’autres parents s’expriment aussi dans le même sens, de la manière la plus franche. Ainsi de Patrick :
« J’ai 55 ans et je travaille comme chef d’équipe chez Air France à Marignane depuis trente-cinq ans. J’étais syndiqué CGT pendant très longtemps et je reste de gauche. Ma femme est agent de maîtrise et commerciale dans le secteur cosmétique et pharmaceutique depuis vingt-cinq ans. Je suis propriétaire de ma maison, ayant terminé de payer mes emprunts. Je ne cours pas le risque de perdre mon emploi. Aucune inquiétude en ce qui nous concerne ma femme et moi. Nos parents ont également un patrimoine, donc pas de souci non plus de ce côté.
Ma préoccupation principale, c’est l’avenir de mes enfants. Ma fille Anne a 23 ans, elle fait un master en logistique et achats internationaux. Elle a une expérience à l’étranger, ayant passé un an au Royaume-Uni, où elle était fille au pair, pour apprendre l’anglais. Mon fils a 18 ans, il est en terminale STID2 (sciences et techniques de l’ingénierie, option développement durable).
Je considère que l’avenir de mes enfants est à l’étranger. Avec leurs diplômes en France, ils commenceront à 1 500 ou 2 000 euros par mois : je trouve ça ridicule, même si je pense qu’avec mes relations ils pourront assez facilement trouver du travail. À l’étranger, ils pourront commencer à 3 000 euros par mois : certes, ils travailleront plus, auront moins de vacances, mais au moins, ils seront autrement considérés. Pour eux, ce sera la Chine ou le Brésil, car ce sont des pays d’avenir et c’est là que ça se passe. Le vrai problème pour la jeune génération est posé par la nécessité de vrais débouchés professionnels et celle d’une adaptation efficace à un environnement pour toujours mondialisé.
Je les encourage très fortement à partir, d’autant que la France est en crise et que ce n’est pas près de finir. Je sais que s’ils partent, ce sera pour longtemps et qu’ils construiront leur vie loin d’ici. S’ils ne reviennent pas, ce n’est pas grave : on pourra avec ma femme s’expatrier pour notre retraite. En tout cas, mes enfants, ça les démange en ce moment. Il suffirait de pas grand-chose pour qu’ils sautent le pas. Actuellement, ils se mettent en contact sur Internet avec des associations qui aident les jeunes à s’installer à l’étranger. Ils veulent partir pour avoir un travail et un salaire en adéquation avec leurs diplômes et éviter de devenir des zombies sous-payés et dévalorisés.
Que cela nous plaise ou non, il faut mettre le nez de nos responsables dans le guano de leurs contradictions : aujourd’hui, ce sont les enfants de privilégiés – comme les nôtres – qui veulent partir, parce qu’ils ont peur du déclassement. Encore une fois, je les approuve. Je n’ai pas envie qu’ils connaissent l’insécurité et la précarité, qu’ils soient noyés par une immigration incontrôlée et le gaspillage hallucinant de l’argent public. Leurs amis viennent tous nous dire qu’ils s’en vont. Et ils ont raison. »
Il est aussi d’autres raisons à certains départs, que l’on avoue moins de peur de se faire taxer de réactionnaire voire de raciste par la bien-pensance aussi généralisée que dominante. Mais certains affirment sans ambages qu’ils ne se sentent plus bien dans leur propre pays à cause du climat d’insécurité, d’un communautarisme provocateur et envahissant, des sommes prodiguées aux primo-arrivants voire aux immigrés clandestins, alors que des millions de Français souffrent de pauvreté, non seulement dans les cités, mais plus encore dans la Creuse, le Cantal et ailleurs. Des étudiants affichent de plus en plus leur désarroi face aux effets pervers d’une discrimination positive qui, par exemple, induit un mode d’obtention des bourses d’études beaucoup plus sur des critères sociaux que sur le mérite. Sur Internet, les témoignages abondent de jeunes écœurés de constater qu’ayant été dans les cinq premiers au classement, c’est le sixième, au nom de l’intégration, qui a eu la bourse qu’il convoitait : « La bourse devrait être basée sur des critères scolaires et sur un projet de thèse et non sur des bases ethniques et sociales comme c’est le cas aujourd’hui dans mon université ! » Jalousie ? Simplisme ? Le problème existe et il ne suffira pas, comme d’habitude, de balayer la poussière sous le tapis pour faire semblant que tout va bien.
Il est temps à présent d’aller vers les raisons profondes du désordre des choses. Un peu d’Histoire, s’il vous plaît. Tout a commencé au XVIIe siècle…

2
MONARCHIE BANANIÈRE

Ne l’oublions jamais : nous sommes toujours sous Louis XIV, avec son aristocratie domestiquée, ses charges et ses privilèges. Certes, la nomenklatura républicaine a remplacé depuis longtemps celle de robe et d’épée, mais le système perdure avec ses privilèges, ses relais, sa hiérarchisation sociale et son souverain de droit électoral élu pour imposer sa marque sans se faire couper la tête. Comme sous l’Ancien Régime et sauf cohabitation – et encore –, le Parlement est à la botte de l’exécutif, incapable de remplir son rôle de contre-pouvoir et de représenter le peuple, ses intérêts et ses aspirations légitimes. La démocratie représentative et le scrutin majoritaire ont installé une farce dont le dindon est le peuple français dans son ensemble. On y échange des charges et des revenus y afférents, contre un comportement de vassalité vis-à-vis du souverain. En cela, la décentralisation a fourni les bases d’une multiplication exponentielle du nombre des postes disponibles dans les conseils généraux, régionaux, les présidences d’agglomérations, et dans des observatoires et commissions aussi nombreux qu’inutiles, sans parler du cumul d...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. 4e de couverture
  4. Copyright
  5. Dédicace
  6. PROLOGUE
  7. 1 - LA FRANCE A LE BLUES
  8. 2 - MONARCHIE BANANIÈRE
  9. 3 - CARTON ROUGE
  10. 4 - JOUE-LA COMME MADOFF
  11. INTERLUDEPOUSSIÈRES D’EMPIRE ET GRANDS ÉCRIVAINS
  12. 5 - AU NOM DU PÈZE, DU FISC…
  13. 6 - TEL EST PRIS QUI CROYAIT ENTREPRENDRE
  14. 7 - LIBERTÉ J’ÉCRIS TON NOM
  15. 8 - ILS COURENT, ILS COURENT, LES CERVEAUX
  16. 9 - PLEIN SOLEIL SUR LES RETRAITES
  17. 10 - RETOUR AU PAYS NATAL : RÊVE OU CAUCHEMAR ?
  18. ÉPILOGUE
  19. DU MÊME AUTEUR
  20. Table des matières