Le manifeste des Maquizards
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Le manifeste des Maquizards

  1. 224 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Le manifeste des Maquizards

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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Peur du déclin, frilosité face à la concurrence, état désastreux des finances publiques... Il n'y a pas de quoi se réjouir! Mais c'est en affrontant la réalité que l'on peut reprendre espoir. Les Maquizards, loin des clivages partisans qui biaisent les discours tenus par nos dirigeants, prônent une lucidité tournée vers l'action.

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Informations

Année
2012
ISBN
9782368472262

Chapitre 1
Nous nous sommes tant trompés

Les Français ont cru au prodigieux essor russe, au défi américain, aux miracles japonais, espagnol et irlandais, au point parfois d’y engager leurs économies et souvent leurs fantasmes. Aujourd’hui, nous croyons à une irrésistible et définitive domination chinoise ou indienne. Nous pourrions bien être atteints de « miraclite », cette maladie qui consiste à toujours croire au miracle économique chez les autres. C’est grave, docteur ? Eh bien, cela va déjà mieux en le disant.
Cette étrange maladie, ce n’est pas d’hier que nous l’avons attrapée. On pourrait remonter à Colbert s’inquiétant de la puissance commerciale des Pays-Bas, à Napoléon jaloux des manufactures anglaises. Mais l’essor du commerce au XVIIe siècle n’était pas une lubie et la prospérité d’Albion marquait le grand tournant de la révolution industrielle. Il n’était pas absurde de s’en inquiéter, de s’en inspirer, de risquer une contre-attaque. Le problème, c’est qu’à trop regarder chez les voisins on finit par croire que tout marche mieux ailleurs. L’histoire prend pourtant un malin plaisir à faire éclater ces bulles.

Le mirage russe

« Il y a là quelque chose de véritablement formidable qui se prépare. J’ai cette impression très nette que, dans les trente années qui vont suivre, nous allons assister en Russie à un prodigieux essor économique qui égalera, s’il ne le surpasse, le mouvement colossal qui s’est produit aux USA pendant le dernier quart du XIXe siècle. » Nous sommes en 1913 et M. de Verneuil, syndic des agents de change de la Bourse de Paris, écrit au ministre des Affaires étrangères depuis Saint-Pétersbourg.
Si l’on considère les sommes faramineuses investies dans les emprunts de l’État et des chemins de fer russes entre 1880 et 1917, M. de Verneuil n’était pas le seul à croire au miracle russe. Les Français pensaient tous que l’avenir économique de la Russie était radieux.
Il faut dire que d’énormes intérêts étaient en jeu… et pas seulement financiers. Si à la fin des années 1880 Saint-Pétersbourg s’est tourné vers Paris pour placer ses emprunts, c’est parce que le chancelier Bismarck, qui n’a guère confiance dans la solidité financière de la Russie, a fermé la Bourse de Berlin à de nouvelles opérations. Le gouvernement français, qui rêve de prendre l’Allemagne à revers, encourage dès lors les épargnants à investir dans les titres de l’État russe : « Prêter à la Russie, c’est prêter à la France ». Et nos ancêtres, ceux qui en avaient les moyens, se sont laissés prendre. Oh, ils avaient toutes les raisons d’y croire : on ne cessait de leur chanter les louanges du tsar, de son administration, d’un pays qui ne demandait qu’à décoller.
Dans une note du Crédit Lyonnais à sa clientèle avant le lancement de l’emprunt russe de 1891, on peut ainsi lire : « Comme on le voit, le nouveau 3 % russe a devant lui une marge importante et autorise des espérances de hausse qui se justifient par la grandeur de l’Empire de Russie, la sagesse de son gouvernement, et l’habile direction donnée à ses finances. »
Qu’une banque fasse la réclame des produits qu’elle doit placer auprès des épargnants, rien d’étonnant. Mais la presse suivait, mélangeant allègrement les genres. Un article du Figaro affirme alors : « Le patriotisme et l’intérêt bien compris de l’épargne française vont amener un nombre de souscripteurs comme on n’en voit qu’aux heures de grands enthousiasmes, et les annales de la finances n’auront jamais enregistré une émission qui suscite à tel point la faveur spontanée des masses ; car il s’agit à la fois d’une excellente opération et d’un acte de haute diplomatie politique. »
On lit à peu près la même chose dans le Matin, le Petit Journal, le Petit Parisien, le Temps, l’Écho de Paris. Tous font l’éloge de l’économie russe et poussent leurs lecteurs à y investir. Combien de journalistes s’étaient rendu sur place ?
Cet aveuglement collectif a duré longtemps, bien au-delà du raisonnable. En 1917 encore, Ernest Vincent, chef de mission du gouvernement français en Russie, publie dans le Journal des finances un article intitulé « Il ne faut pas vendre les fonds russes ». En 1918, l’un des premiers gestes de Lénine fut d’annuler toutes les créances. Les porteurs de l’époque n’ont pas récupéré un centime.
Si l’affaire des emprunts russes est restée dans toutes les mémoires, elle ne nous a guère servi de leçon. Tout au long du XXe siècle, les Français se sont laissés éblouir par les réussites des autres. Ailleurs, l’herbe est plus verte, dit-on. Elle est surtout plus loin ! Si loin qu’on n’en voit pas les défauts. Nous sommes ainsi pris, tous les dix ou quinze ans, par des crises d’admiration, qui font la fortune des bonimenteurs et entretiennent notre tendance marquée à l’auto-flagellation : tout est fichu !
Cela reste un mystère : comment un peuple aussi fier de son esprit critique s’en laisse-t-il ainsi conter ? Les Français : une nation à qui on ne la fait pas. Et pourtant… rappelons-nous ce grand moment d’hypnose collective, tout proche de nous : la version française du rêve américain.

La bulle américaine

« La troisième puissance industrielle mondiale, après les États-Unis et l’URSS, pourrait bien être dans quinze ans non pas l’Europe, mais l’industrie américaine en Europe. » C’est ainsi qu’en 1967, Jean-Jacques Servan-Schreiber commence son célèbre Défi américain1.
La « surpuissance de l’Amérique » est à ses yeux incontestable : « L’industrie américaine produit à elle seule deux fois plus de biens et de services que l’ensemble des industries européennes réunies » ; la productivité américaine est « 70 % au-dessus du niveau français » ; « de tous les étudiants qui, dans le monde, suivent des études supérieures, un tiers sont américains » ; « un tiers de toutes les routes construites dans le monde recouvrent les États-Unis » ; « les Américains possèdent trois sur cinq de toutes les automobiles du monde. » « Ce qui menace de nous écraser n’est pas un torrent de richesses mais une intelligence supérieure de l’emploi des compétences » et le « talent d’accepter et d’orchestrer le changement. »
Le vieux continent est donc en mauvaise posture : « Si la faillite de l’Europe dans le secteur électronique devait se confirmer, l’Europe risquerait, de ce simple fait, et en une génération, de cesser d’être une zone de civilisation avancée. » Pour ce qui est de la France, ce n’est guère plus brillant : « Il n’y aura plus, en l’espace d’une génération, une différence de degrés entre notre situation et celle des pays avancés, mais une différence de nature. Nous ferons partie d’un autre univers. Un univers intermédiaire entre la civilisation de pointe et celle des pays arriérés. »
Cette fascination américaine ne se cantonna pas aux années 1960. Elle s’est répétée sans relâche vingt-cinq ans après Servan-Schreiber. En 1992, Alfredo G. A. Valladão publie en français Le XXIe siècle sera américain2, « simplement parce que l’Amérique possède seule les trois attributs de la puissance : militaire, économique, culturel ».
Or nous y sommes, justement, au XXIe siècle : que devient l’Amérique ? Les États-Unis vivent une crise économique de grande ampleur, dont ils sont l’épicentre. L’endettement gigantesque des ménages et de l’État fédéral, la faillite partielle de la Californie révèlent les faiblesses d’une croissance achetée à crédit, financée par l’épargne des pays émergents. L’invincible hyperpuissance s’est enlisée sans gloire dans deux conflits régionaux. La démocratie exemplaire est bloquée. Le pays a de plus en plus de difficultés à financer ses ambitions militaires, et les plans de relance économique se succèdent sans parvenir à relancer une économie affaiblie par la désindustrialisation. Pour la première fois depuis la Grande Dépression, le chômage résiste à la reprise.
Oh, la bête reste vigoureuse ! Les universités forment, les start up jaillissent, les innovateurs innovent, les Google, Yahoo, Apple et autres Facebook fascinent le monde… Mais les États-Unis ne sont désormais plus à la pointe de la croissance. Stupéfaits, ils assistent à l’émergence d’économies plus dynamiques, plus travailleuses, plus volontaires. L’économie américaine ne domine plus le monde. Le XXe siècle fut le siècle américain. Le XXIe connaîtra d’autres maîtres.

Grandeur et misère du miracle japonais

En contrepoint du rêve américain, des années 1960 et 1980, le Japon joua le rôle de l’ogre. Ils étaient tout simplement plus forts, travaillaient comme des fourmis, prenaient dans tous les domaines, de l’électronique à l’automobile, une avance qui ne cessait de s’accroître.
En 1965, dans Le Miracle économique japonais3, Hubert Brochier nous fait part de son admiration pour la réussite collective d’un peuple qui « a su mener à bien un effort de développement économique inégalé par sa rapidité et son ampleur ». « En l’espace de vingt ans, le Japon a franchi une série de stades du développement économique qui avaient demandé à d’autres peuples, il est vrai plus tôt partis, près d’un demi-siècle. » L’industrie japonaise est en effet « la plus fortement intégrée, la plus diversifiée, la plus ambitieuse du monde » ; l’économie et l’ordre social japonais « ont montré une extraordinaire capacité de résister en souplesse » ; le Japon a « su voir et favoriser la venue d’un monde nouveau, celui de la société informatisée », écrit Robert Guillain en 19694. Et il n’est pas le seul : le nombre de livres et d’articles français parus entre 1960 et 1990 et dont le titre comportait les mots « miracle » et « japonais » est ahurissant. Tout le monde évoque le splendide redressement du pays après la Deuxième Guerre mondiale, son taux de croissance spectaculaire entre 1950 et 1990, son haut niveau de technicité et le développement sans précédent des secteurs de l’automobile et de l’électronique. On admire le rôle de l’État, soutien sans faille de l’économie. On s’étonne de la fidélité et du dévouement des Japonais à leur entreprise. Servan-Schreiber, encore lui, écrit en 1983 : « Si un facteur explique le succès japonais, c’est la recherche permanente et collective de la connaissance. » Certes. Mais lisons la suite, digne des plus belles heures de la littérature soviétique : « Un salarié, lorsqu’il quitte son travail, est d’abord à la recherche d’occasions qu’il peut trouver d’apprendre quelque chose qui va enrichir ses connaissances et améliorer son efficacité » ; « les fonctionnaires des administrations centrales et régionales considèrent qu’il est de leur première responsabilité de rester à tout instant aussi bien avertis que possible des informations les plus récentes dans les domaines de leurs compétences. » Vraiment ?
Pour résumer : « à la racine de chacune des performances japonaises, dans chacun des secteurs où ils ont gagné, on trouve, encore et toujours, le même matériau, le même “explosif” : l’intelligence. » Il n’est pas question de le nier, bien sûr. Mais voici plus de 20 ans que l’économie japonaise tourne au ralenti, incapable de se remettre de l’éclatement de la bulle immobilière dans les derniers jours de 1989.
Ces deux décennies ont montré que la puissance japonaise avait ses failles : les endaka (les appréciations du yen) ont nui à une économie nippone piégée par une spéculation immobilière dont les racines n’étaient guère glorieuses : corruption, mafias, mauvaise gestion macroéconomique... Aujourd’hui, le Japon a beau rester une puissance majeure, personne n’envie sa situation économique. Les Français ont cru que les Japonais avaient trouvé un modèle économique indestructible. Or, le Japon est le pays le plus endetté du monde, en déflation depuis de nombreuses années, perclus de « mauvais prêts » et affaibli par son déficit public. Sa population vieillit et nul ne sait plus dessiner son modèle s...

Table des matières

  1. Couverture
  2. 4e de couverture
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Introduction : L’esprit Maquizards
  6. Chapitre 1 : Nous nous sommes tant trompés
  7. Chapitre 2 : Les pauvres, c’est fait pour être très pauvres
  8. Chapitre 3 : Les conservateurs, c’est les autres
  9. Chapitre 4 : Itinéraire d’un pays gâté
  10. Chapitre 5 : Leurs mains n’ont pas tremblé
  11. Chapitre 6 : Lumières, ombres et pénombres françaises
  12. Chapitre 7 : La vérité si je mens
  13. Chapitre 8 : Nous avons perdu la justice
  14. Chapitre 9 : Et si on parlait enfin sérieusement de la compétitivité ?
  15. Chapitre 10 : Finances publiques : l’heure du sursaut
  16. Chapitre 11 : 2025 : deux France possibles
  17. Conclusion : La France mérite mieux