1
CE QUE NOUS SAVONS MAINTENANT ET QUE NOUS NE SAVIONS PAS AUTREFOIS
Quel siècle ! Les percées scientifiques et technologiques effectuées dans la compréhension des besoins biologiques du corps humain tout au long du XXe siècle ont été proprement ahurissantes. Et l’Institut de santé Hippocrate de West Palm Beach, en Floride, s’est souvent retrouvé au cœur de l’action. Depuis plus de quarante ans, des gens y viennent du monde entier pour en apprendre davantage sur la santé et la longévité. Dès ses débuts en 1957, l’Institut Hippocrate a défendu le principe selon lequel l’organisme humain possédait en lui-même ses propres capacités d’auto-guérison et d’auto-régénération à condition qu’on lui fournisse de bons outils et un environnement approprié. Ses fondateurs, Ann Wigmore et Viktor as Kulvinskas, lui ont fixé comme objectif de recueillir et de mettre en pratique tous les résultats de recherche concernant la possibilité d’atteindre un état de santé optimal par la consommation d’aliments vivants, riches en enzymes et capables de désintoxiquer le corps comme de stimuler la formation et le renouvellement des cellules.
D’abord considéré comme excentrique, l’Institut Hippocrate jouit maintenant de la réputation d’être un établissement de santé de premier ordre. Nous assistons actuellement à une transformation radicale de l’attitude du public vis-à-vis du rôle joué par l’alimentation et le style de vie dans la santé en général et dans la longévité en particulier. De plus en plus de gens se rendent compte qu’en nous éloignant de l’ordre naturel, nous perdons quelque chose d’inestimable, une source de vie. On ne considère plus du tout comme « naturel » le fait de se nourrir d’aliments surcuits, surtransformés, dénaturés, traités chimiquement, voire irradiés avant d’être mis en conserve et emballés. Ce changement d’attitude a ouvert la voie à ce livre.
COUP D’ŒIL EN ARRIÈRE
Comment avons-nous pu en arriver là ? Jetons un rapide coup d’œil en arrière.
Plus qu’à toute autre époque de notre histoire, la véritable révolution qui s’est produite dans la fabrication et la consommation des aliments au cours du siècle dernier a eu un effet dramatique sur l’alimentation et l’attitude des gens partout dans le monde. Auparavant, les connaissances d’une personne moyenne en ce qui concerne la relation entre les aliments et la santé étaient fort vagues. Ce n’est qu’à l’aube de la Première Guerre mondiale qu’on prit conscience de l’existence de substances appelées « vitamines ». Ce n’est que dans les années 20 que le docteur Royal Lee inventa les suppléments alimentaires. Et depuis ces découvertes, le monde de l’alimentation a subi de nombreuses transformations, dont plusieurs controversées.
Au début du siècle dernier, le principal problème en matière de nutrition était la sécurité et l’altération des aliments. Aux États-Unis, la prise de conscience du rôle joué par les bactéries a conduit à la création de la FDA (Food and Drug Administration) et du service d’inspection de l’USDA (U.S. Department of Agriculture), et à la généralisation de la pasteurisation.
Ensuite, la population a commencé à exiger que les aliments possèdent une qualité constante et que leurs prix restent stables. Cette exigence était étroitement liée à l’essor de la fabrication et de la distribution des produits de marque et à la publicité. Dans les années 40, le docteur Hazel Stiebling et ses collègues de l’USDA instaurèrent le premier guide des « quantités quotidiennes recommandées ».
Dans les années 50, les Américains s’enthousiasmèrent pour les supermarchés. La mode des aliments en boîte, des aliments transformés et des aliments préparés s’installa. En 1954, apparurent les fameux TV Dinners, qui réussirent à convaincre les ménagères de la validité du slogan Fast is best.
Dans le courant du militantisme des années 60 émergea une nouvelle prise de conscience vis-à-vis de la nutrition. Considérée comme une forme de cruauté envers les animaux, la consommation de viande était mal vue par bien des gens, tandis que le riz brun faisait fureur. À la même époque, le monde médical commençait à établir le lien entre alimentation et santé. En 1968, l’American Heart Association fut la première à suggérer que les Américains restreignent leur consommation de gras au tiers des calories absorbées.
En 1971, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) publia un rapport marquant sur les avantages rattachés à la recherche sur la nutrition. Les données recueillies montraient que tous les problèmes de santé importants étaient en relation avec une mauvaise nutrition. Ce rapport comprenait une estimation de l’étendue des bénéfices et des économies pouvant être réalisés dans ce domaine grâce aux recherches sur la nutrition. Depuis 1971, le rôle de la nutrition dans la santé et la maladie fait l’objet d’un examen de plus en plus attentif.
Dans les années 1980, les conclusions de projets de recherche à long terme, comme l’étude Framingham sur les problèmes cardiaques, commencèrent à établir une relation entre la consommation de certains aliments et les facteurs de risque reliés à certaines maladies. Les nutritionnistes se mirent à élaborer des régimes susceptibles de réduire les risques de certaines affections, comme les maladies cardiaques et le cancer du côlon. La National Academy of Sciences, le National Cancer Institute et l’American Cancer Society commencèrent à recommander les régimes à faible teneur en gras. On découvrit la présence d’éléments phytochimiques naturels capables de combattre le cancer et d’autres maladies dans certains de nos aliments. Les gens commencèrent à prendre au sérieux la relation entre notre alimentation et notre mode de vie. Et l’on vit même, dans les années 80, un jury se demander si un tueur n’avait pas été poussé au crime à cause d’une surconsommation de Twinkies, une friandise populaire.
Cette évolution s’est poursuivie au cours des années 90, décennie qui a vu se produire de profonds changements sur le plan international dans la classification et l’emballage des aliments. La loi sur l’étiquetage et l’éducation des consommateurs, promulguée en 1990 par la FDA, provoqua les changements les plus radicaux dans ce domaine depuis plus de vingt ans. Les fabricants de produits à base de viande ou de volaille et d’aliments préparés doivent y apposer des étiquettes permettant aux consommateurs de mesurer leur consommation de gras, de cholestérol, de sodium, de sucre, de vitamines et de fibres. La loi régit aussi la définition des termes reliés à la santé, tels que « sans gras », « faible en cholestérol », « léger » ou « à haute teneur en fibres ».
De plus, en 1992, le système des quatre groupes de base, adopté par le ministère de l’Agriculture des États-Unis (USDA) en 1956, a été remplacé par un système pyramidal à plusieurs niveaux. Dans le système traditionnel, les aliments étaient séparés en quatre catégories (viandes, produits laitiers, fruits et légumes, céréales) mais on ne donnait aucune indication quant aux priorités à observer dans l’alimentation quotidienne. La nouvelle pyramide recommande un régime riche en céréales, fruits et légumes, accompagné en quantités décroissantes de lait, de yogourt, de fromage, de fruits à écale comme les noix, les amandes, etc., de matières grasses et de sucres, ce qui représente un changement radical dans la façon d’enseigner la nutrition.
LE VÉGÉTARISME DES ANNÉES 90
Dès le début des années 90 on commença à écarter la viande et à pousser les légumes au centre de l’assiette, un changement d’attitude qui avait mis beaucoup de temps à se concrétiser. Dès 1917, plus de trois millions de personnes avaient participé à une étude massive sur le végétarisme. Dans le cadre d’un programme de rationnement, le gouvernement du Danemark avait retiré les céréales de l’alimentation du bétail pour les ajouter à celle de ses citoyens, et les statistiques de l’année suivante indiquaient un taux de décès beaucoup plus bas que tout ce qui avait jamais été enregistré dans ce pays. Bien d’autres études sur le sujet ont été réalisées à travers le monde au cours du vingtième siècle, et maintenant, rares sont ceux qui oseraient disputer la relation directe existant entre l’alimentation et la santé.
Les résultats d’une importante étude intitulée « Alimentation, mode de vie et mortalité en Chine » (Diet, Lifestyle and Mortality in China) furent publiés en 1990 aux presses des universités Oxford et Cornel. Le premier objectif des chercheurs était de déterminer ce que les humains devraient manger. Ils eurent d’abord de la difficulté à trouver une population végétarienne demeurée sédentaire de génération en génération, jusqu’à ce qu’ils trouvent un groupe en Chine qui répondait à leurs critères et qu’ils adoptèrent comme groupe de contrôle. Après avoir étudié le régime alimentaire, le style de vie et le taux de mortalité de nombreux groupes à travers le monde, et les avoir comparés à ceux de leur groupe de contrôle, les chercheurs en arrivèrent à la conclusion que tous les êtres humains hommes, femmes et enfants, devraient être végétariens.
Nous possédons donc des études, dont les résultats ont été mis à l’épreuve. Pourtant, au lieu d’en tirer des leçons, nous nous sommes encore éloignés de la vérité. Selon un rapport publié par l’Académie des Sciences des États-Unis et intitulé « Le régime alimentaire et la santé », la consommation de viande et de produits laitiers de l’Américain moyen a monté en flèche depuis les premières statistiques recueillies, en 1909. Chaque citoyen consommait presque trois cents livres (136 kilos) de produits céréaliers au début du siècle dernier. Aujourd’hui, cette quantité est tombée de moitié. Par contre, la consommation de lait, de produits dérivés du lait et de viande a augmenté de 50 pour cent, et celle du poulet de 280 pour cent ! En un siècle, nous sommes donc passés d’une alimentation à base d’aliments végétaux à une alimentation à base de viande, ce qui s’est révélé désastreux pour notre santé comme pour l’environnement. Aujourd’hui, pourtant, en ce début d’un siècle nouveau, il semble que le gros de la population des pays développés soit prêt à imiter la majorité des habitants de la planète et considère le régime végétarien comme le meilleur moyen de préserver sa santé. Signe des temps, on sert maintenant des hamburgers végétariens dans les différents parcs thématiques de Walt Disney !
LA PROCHAINE ÉTAPE
Il ne restait qu’un pas à faire pour passer d’une alimentation lactoovo-végétarienne (excluant la viande, la volaille et le poisson mais incluant les œufs et les produits laitiers) à l’alimentation végétalienne (excluant les produits laitiers et les œufs). Comme celle des produits de boucherie, la production des produits laitiers repose sur la souffrance et le sacrifice des animaux. Nous avons tous vu les images de milliers de poules pondeuses entassées dans des poulaillers et de vaches laitières enfermées dans des stalles trop exiguës pour leur permettre de bouger. Sur le plan de la santé, les dommages infligés aux cellules du corps humain par l’ingestion de produits laitiers ressemblent étrangement à ceux qui découlent d’une alimentation riche en gras, en cholestérol et en protéines animales.
CE QUE NOUS AVONS PERDU EN COURS DE ROUTE
Pour la première fois au cours du siècle dernier, les plus hautes autorités en matière d’alimentation ont reconnu la valeur du régime végétalien. Les faits sont bien documentés. Mais alors pourquoi tant de Nords-Américains s’en tiennent-ils encore à une diète à base de viande et de lait ? La réponse est simple. Ce n’est un secret pour personne que les préférences des gens en matière de nutrition sont dictées par des industries dont le seul objectif est le profit. La viande et les produits laitiers rapportent beaucoup d’argent, alors que les fruits, les légumes, les céréales, les graines et les noix en rapportent peu. Les adeptes de la viande et des produits laitiers prétendent qu’un régime végétarien ne procure pas suffisamment de vitamines, de minéraux et de protéines Et ce, bien que l’on sache maintenant que le rôle des vitamines, des minéraux et des protéines dans le maintien de la santé est grossièrement exagéré après avoir été mal compris pendant longtemps.
Mais, une fois encore, cette exagération s’explique par les profits générés par ce type de mesures inventées par les industries elles-mêmes. Les vitamines, les minéraux et les protéines, contrairement aux autres composantes de la santé, sont visibles et tangibles. On peut même les produire synthétiquement en laboratoire. On peut les embouteiller, les vendre. Et on en trouve dans tous les aliments sans discrimination, aussi bien dans la viande et les produits laitiers que dans les croustilles au fromage ou les chips. Enfin, ils offrent à l’Association nationale des produits laitiers et au Bureau national du bétail et des viandes une base objective pour justifier leurs politiques en matière nutritionnelle, même lorsque celles-ci sont erronées.
LES SLOGANS PLUS FORTS QUE LA SCIENCE
Maintenant que l’intérêt de la population mondiale a été attiré sur la relation entre alimentation et santé, certains groupes nous bombardent d’information dite « médicale ». Les affirmations faites au sujet de l’ostéoporose en sont un bon exemple. Nous avons tous entendu dire que, pour éviter les ravages de l’ostéoporose, les ...