La relance
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La relance

  1. 244 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Table des matières
Citations

À propos de ce livre

XVIIIe et XIXe siècleAprès le démantèlement de la Nouvelle-France (1763), les Canadiens français et lesautochtones sont rapidement relégués au rang de simples mineurs, sans droits de possession ni pouvoirs décisionnels. Certains personnages influents choisiront la voie diplomatique pour tenter de redonner aux leurs dignité et autonomie. D'autres, moinsconformistes, vont préférer agir plus concrètement en faisant de la nouvelle province of Quebec leur champ de bataille.La relance raconte l'histoire de quatre aventuriers méconnus qui, par leurs actionstéméraires, entraineront les générations futures vers la liberté et l'émancipation.

Foire aux questions

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Informations

Année
2018
ISBN
9782897868185
L’ESPION DU SAINT-JAMES
Montréal
Mai 1874
Louis Riendeau, avec sa grosse tête carrée, sa maîtrise parfaite de l’anglais et ses airs raffinés, parvenait aisément à se faire passer pour un aristocrate londonien. Il exhibait une allure distinguée et ne sortait jamais de chez lui sans prendre le temps de torsader sa longue moustache grisonnante. Il portait toujours un veston de tweed écossais et un chapeau Borsalino dernier cri. Ses grosses lunettes à monture foncée ornaient son long nez retroussé que pour les apparences, puisque sa vue ne souffrait d’aucune déficience sinon celle de fureter tout ce qui ne le regardait pas.
Il avait appris à déguster le thé avec le petit doigt en l’air et à utiliser avec brio l’humour british, même s’il le trouvait constipé et sans intérêt. Il livrait si bien son rôle d’englishman qu’il réussit à la longue à pénétrer les coulisses de l’establishment montréalais.
La première fois qu’il fut invité à une réunion du Saint-James50, il dut, comme tous les autres membres, s’identifier formellement. Alléguant avoir oublié ses cartes d’identité, il présenta avec une certaine véhémence quelques argumentations convaincantes, mais en vain. Il dut, à son grand désarroi, rebrousser chemin. Offusqué, il jura ne plus jamais y remettre les pieds.
Le plus vite à promettre n’est jamais le plus fidèle à tenir. Une semaine plus tard, il tenta à nouveau sa chance avec de faux papiers sur lesquels était inscrit le nom de « John S. Fox ». Son admission à l’intérieur du prestigieux club, cette fois-ci, se fit aisément, sans anicroche et sans vérifications approfondies, lesquelles auraient pu s’avérer compromettantes.
Les précieux renseignements que Riendeau, alias Fox, parvenait à soutirer de ces réunions privilégiées alimentaient abondamment les discussions d’un autre club sélect, le Cercle de l’Union51, dont le but premier était de contrer le pouvoir politique des Anglais et de reprendre subtilement le contrôle de l’économie provinciale.
Depuis les tragiques événements de 1838-1839, Louis avait compris qu’une nouvelle rébellion n’était pas une solution, et qu’elle risquait de mener à nouveau ses instigateurs vers l’exil ou la potence. Il fallait envisager une stratégie plus subtile : une infiltration massive de Canadiens-français à l’intérieur du monde des affaires…
Pendant plusieurs années, il mena une double vie. Le cultivateur de Beloeil portait toujours une chemise à carreaux et s’exprimait dans un français plutôt joual. Il vivait sur la ferme avec sa femme, Louise-Philomène, et son fils, Louis-Albert. Une discrète odeur de fumier le suivait où qu’il aille. Quant au célibataire du centre-ville, mister John S. Fox, il était toujours bien mis, portait des eaux de Cologne italiennes et ne fréquentait que les endroits les plus chics.
• • •
Walter, l’un des membres les plus influents du Saint-James, avait développé certains doutes quant à la véritable identité du nouveau membre un peu trop fureteur à son goût. Il avait remarqué chez lui un comportement étrange qu’il n’arrivait pas à s’expliquer.
Walter avait engagé une certaine Marie-Emmanuelle Paquette, alias Emmanuella, afin d’élucider le mystère entourant ce fameux mister Fox, nouvellement débarqué de Londres.
Emmanuella était née d’un père marseillais et d’une mère brésilienne. Grande, racée, d’allure distinguée, elle ne passait pas inaperçue. Ses longs cheveux noirs, son regard intelligent, ses lèvres pulpeuses et son petit nez arrondi faisaient d’elle l’une des plus belles femmes de la métropole. Elle portait toujours des vêtements hautement classiques, mais assez moulants pour annoncer la perfection de ses courbes. Elle était l’appât parfait pour tendre un piège au célibataire londonien.
Vingt ans auparavant, la mère d’Emmanuella, fuyant un mari violent, s’était embarquée avec sa fille de trois ans sur un bateau en partance de Marseille. Elle espérait par cette croisière rejoindre certains membres de sa famille habitant le Nord de la France.
Le capitaine de bateau qui lui avait vendu les billets ne parlait qu’anglais, alors qu’elle ne parlait que français. Il y eut donc confusion quant au port de destination. Ainsi, la mère et sa fillette se retrouvèrent malencontreusement de l’autre côté de l’Atlantique.
Arrivée à Montréal, la mère d’Emmanuella tomba sous le charme de la ville. Plutôt que d’investir tout son argent sur un billet de retour vers l’Europe, elle se paya plutôt un professeur d’anglais afin de ne plus jamais être victime d’une telle confusion. Rapidement, elle et sa fille devinrent parfaitement bilingues…
La première fois qu’Emmanuella aborda John S. Fox fut un jeudi soir du mois de mai 1874 vers les 21 h 30.
— Avez-vous du feu, mon bon monsieur ? lui demanda-t-elle en sortant de sa bourse argentée un long fumecigarette en ivoire.
Fire ? s’exclama Fox d’un air faussement confondu.
— Oui, c’est ça, du feu pour m’allumer, répliqua-t-elle d’un ton langoureux.
Sorry, I don’t speak french, missy. Not yet. But I can light you for sure, with pleasure, ajouta-t-il en lui offrant galamment la flamme de son briquet.
Can we walk together, mister… euh ?
Fox. John S. Fox. And you ?
— Emmanuella, répondit-elle en lui tendant gracieusement la main.
Tonight, it will not be possible. I’m terribly sorry. Maybe another time. You know, I come here, at Saint-James, every thursday night.
— Ce serait un grand plaisir pour moi, mister Fox…
Le sourire allongé que lui offrit Fox à ce moment-là se voulait davantage un moment de réflexion qu’un geste de politesse. Était-il en train de passer à côté d’une occasion exceptionnelle ? Tous les hommes de la ville auraient sans doute voulu être à sa place en ce moment précis. Tous les hommes de la ville auraient certainement répondu « oui » à une telle invitation. Cette Emmanuella était sans aucun doute la plus jolie Montréalaise, et certainement la plus sollicitée. Le sort avait voulu qu’elle s’intéresse à lui, John S. Fox, le riche célibataire du milieu des affaires. Mais il devait rester concentré sur sa mission. Cette fille trop belle ne pouvait que l’en distraire…
• • •
Quelques minutes après le départ de sa victime, Emmanuella pénétra au Saint-James par la porte d’en arrière. Elle se dirigea immédiatement vers le bureau principal, faisant résonner sans gêne ses talons hauts sur le plancher de terrazzo. Elle ouvrit la porte sans cogner et découvrit Walter qui était en train de déguster un bon cigare cubain avec le directeur.
— Déjà ! Ça n’a pas été long ton affaire ! lança Walter en l’apercevant.
— Il ne parle pas un traître mot de français, ton mister Fox, se plaignit-elle.
— C’est déjà ça.
— Quoi donc ?
— On sait maintenant qu’il ne parle pas français.
— Puis, je ne suis pas sûre que je vais réussir à l’attirer dans mon lit, enchaîna Emmanuella. Il est frigide comme une barre de fer, ton aristocrate. Il n’a même pas baissé les yeux sur mon décolleté durant l’allumage.
— L’allumage ? s’étonna Walter.
— Ma cigarette, rien d’autre, rassura-t-elle avec déception.
— J’avoue que ce n’est pas de bon augure, remarqua le directeur en dévorant du regard ce dont il était question. Un homme normal aurait, je crois… euh… au moins baisser les yeux, comme vous dites.
— Tout n’est pas perdu, interrompit-elle. Je lui ai offert de venir prendre une marche sur Sainte-Catherine. Il a refusé, mais m’a dit qu’il serait ici jeudi prochain.
— Un genre d’invitation, si je comprends bien, en déduit Walter.
— Peut-être. On verra bien. Mais je suis confiante.
— Alors, à jeudi, conclut Walter en lui remettant une liasse de billets.
Le directeur du Saint-James et Walter la regardèrent s’éloigner dans le corridor d’un air dépité, comme s’ils regrettaient de ne pas pouvoir profiter eux-mêmes de ce pour quoi elle venait d’être payée.
• • •
De retour à la ferme de Beloeil, Louis retira son déguisement d’aristocrate, ébouriffa sa longue moustache, et enfila sa chemise de nuit en coton gris avant d’aller s’étendre au côté de sa douce Philomène, qui dormait déjà. Il prit quelques minutes pour nourrir ses nouveaux fantasmes, puis récita dix Pater Noster en insistant sur le « ne nous laissez pas succomber à la tentation ».
Il se réveilla le lendemain matin avec une idée qui allait certainement pouvoir régler une partie du problème…
Le jeudi suivant, comme prévu, la belle Emmanuella l’attendait à la sortie du Saint-James.
— Bonsoir, mister Fox. You remember me ?
Oh ! Yes, of course, Emmanuella, répondit Fox tout souriant.
You promiss me something last week. Remember ?
— Pro-me-nade, prononça Fox avec un fort accent et en détachant chaque syllabe.
Yes ! So…
Pendant une trentaine de minutes, ils marchèrent tous les deux sur la rue Sainte-Catherine en se dirigeant vers l’ouest. À quelques reprises, elle feinta quelques attouchements accidentels. Puis, près de l’avenue Atwater, Emmanuelle tenta de lui prendre la main. Louis eut un délicat mouvement de retrait et lui confessa :
Emmanuella… euh… you are a magnificient woman. Maybe the most beautiful in this town. But… euh…
But what ? s’impatienta-t-elle.
I’m not the one you think I am. I’m… euh… differently oriented. You know what I mean ?
Oh ! Oh ! Oh !
Après quelques formules de politesse, ils rebroussèrent chemin, séparément, Fox vers sa garçonnière, Emmanuella vers le Saint-James.
Arrivée à destination, elle traversa à nouveau le corridor de terrazzo en faisant résonner ses talons hauts, mais cette fois-ci en soutenant un rythme allegro. La porte du bureau principal alla claquer contre le mur, laissant échapper un nuage de fumée aromatisée. Elle s’assit aussitôt devant Walter sans dire un mot. Elle avait les yeux vitreux et semblait rouge de colère. Elle s’empara du cigare de son boss et l’écrasa avec insistance au fond du cendrier.
Sentant que la soupape de la jeune déesse était sur le point de sauter, Walter la fixa longuement et lui dit avec douceur et empathie :
— Alors, ma belle, ça ne s’est pas passé à ton goût ?
— Vous, Walter, vous êtes beau bonhomme, non ? affirma-t-elle avec une certaine ironie.
— Euh… oui, je pense ! Pourquoi cette question ? lui demanda-t-il en marchant sur des œufs.
— Hé bien, la semaine prochaine, ce n’est pas moi qui irai courtiser Fox, dit-elle en fulminant. C’est VOUS !
— Nooon !
Pour Walter et son directeur, l’affaire était classée. Ils acceptèrent dorénavant sans compromis ni suspicion la présence du célibataire britannique parmi eux. Le secret de Fox concernant son orientation sexuelle expliquait sans doute son comportement parfois étrange. Et ceci ne constituait certainement pas une raison pour l’exclure. Les interventions du gai étaient souvent pertinen...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. L’énigme de la clef
  5. Un mercenaire justicier
  6. Une commission d’enquête infructueuse
  7. Le loup et l’indien
  8. Une épidémie d’incendies
  9. La croisade d’un guerrier anonyme
  10. Le frère martin
  11. L’artificier
  12. Le protocole
  13. L’acte de québec
  14. Carnet codé
  15. Les premiers soins
  16. Le revenant
  17. Saint-Antoine-de-Padoue
  18. Spectacles pyrotechniques
  19. Un pain soigneusement garni
  20. Jean-Baptiste, dit le «boiteux»
  21. La brasserie Molson
  22. Un objet qui changea le cours de l’histoire
  23. Sur les traces du troisième
  24. L’exil du poilu
  25. La confession
  26. L’été meurtrier
  27. Farines Robin Hood
  28. Un village peuplé D’irréductibles québécois
  29. Au pied-du-courant
  30. L’espion du saint-james
  31. La diseuse de bonaventures
  32. La ruée vers l’or
  33. Projet d’investissement
  34. Sur les traces d’émilie
  35. L’hôtel de la gare
  36. Diversion titanic
  37. Les années folles
  38. Épilogue un objet incriminant
  39. Arbre Généalogique
  40. Remerciements