39 Quelle place pour la parentalité dans notre vie ?
La vision idéalisée de la parentalité en Occident, qui entraîne le développement d’attentes irréalistes, est l’une des racines sociétale du burn out parental. Le fait de devenir parent est en effet peu remis en cause dans notre société. Nombreux sont ceux qui pensent que c’est l’événement incontournable d’une vie, celui qui donne du sens à notre passage sur cette terre. Beaucoup de parents s’engagent donc dans cette aventure, sans avoir totalement mesuré les conséquences de cette transition. Lorsque le quotidien ne se révèle pas aussi idyllique que ce qu’ils avaient imaginé, soit parce qu’ils avaient idéalisé la vie de parent, soit parce qu’ils rencontrent objectivement des difficultés (un enfant malade par exemple), certains parents ont du mal à faire leur deuil de leur vie « d’avant ». Ceux et celles qui deviennent parents pour suivre une norme sociale peuvent ensuite regretter leur décision à une époque où avoir des enfants est devenu un choix et non une obligation. Ils expriment alors une « perte de liberté » ou une « perte de soi ».
« Aujourd’hui, il n’est plus acceptable ni même concevable de faire naître un enfant non désiré et plus encore de regretter sa venue par la suite s’il a été fortement attendu. Être ou devenir parents c’est d’abord avoir des devoirs vis-à-vis de son enfant (né ou à venir) et des obligations morales vis-à-vis de la société » constate la psychologue P. Rosenfelter
Certains couples revendiquent le fait de pouvoir être heureux en ayant fait le choix de ne pas avoir d’enfants… Certaines estiment aussi qu’on peut être pleinement femme sans être mère ! Selon J. Lecomte, un psychologue qui s’est intéressé à la question du sens de la vie, il y a 3 grandes façons de donner du sens à sa vie : les relations affectives (dont la parentalité fait partie, mais pas uniquement, il y a aussi l’amour et l’amitié), les croyances et les valeurs et enfin l’engagement dans l’action. Accompagner les générations futures en élevant des enfants n’est donc que l’une des nombreuses facettes qui peuvent donner du sens à notre vie. Construire un couple ou des amitiés fortes, transmettre grâce à l’enseignement ou une pratique sportive, avoir une foi et une pratique spirituelle, soigner, s’engager dans une cause qui nous semble noble, militer pour un monde meilleur, faire preuve de créativité… sont autant de voies qui peuvent nous permettre de trouver du sens. C’est pourquoi il est important, pour notre équilibre personnel mais aussi pour ne pas surinvestir nos enfants et être capable de les élever pour qu’ils soient heureux et non pour réaliser nos propres rêves, d’avoir plusieurs sources de sens dans nos vies.
40 Peut-on tout avoir ?
« Bébé et Travail – Comment tout concilier ? C’est sport mais on peut y arriver ! » titrait récemment un magazine sur la parentalité. STOP ! Il n’est pas possible de tout concilier… il faudra faire des choix… Le choix ne sera peut-être pas entre travailler à l’extérieur ou pas, mais il sera peut-être entre un travail qui demande de l’implication et un autre qui permet de s’absenter dès que bébé est malade… Il sera peut-être entre rester dans un emploi dans lequel on s’ennuie un peu mais qu’on maîtrise, parce qu’il est préférable de ne pas affronter tous les challenges en même temps !
La vie (et pas uniquement la vie de parents) nous met face à une multitude de choix… Avoir un ou plusieurs enfants, vivre à la campagne et avoir plus d’espace, un jardin mais être contraint à utiliser sa voiture au quotidien ou être en ville ? Privilégier sa carrière, travailler plus pour gagner plus ou avoir du temps pour soi ? Chacun de nos choix nous appartient et nous avons besoin de les faire en toute indépendance, pour ne pas ensuite rejeter sur les autres ou la société les conséquences des choix que nous avons faits.
Faire nos propres choix et les assumer nous demande du courage. Faire preuve de courage, ce n’est pas uniquement se jeter dans la mer déchaînée pour sauver quelqu’un qui se noie… E. Scali, thérapeute nous précise : dans la Grèce antique, « le courage se rapporte à la virilité, à l’art de la guerre. C’est le courage du guerrier capable d’un geste héroïque, éclatant. Un courage dont on n’est pas forcément responsable, que les dieux d’Homère insufflent à Achille comme une sorte de bise. Avec Platon arrive un mouvement d’intériorisation : le courage est alors considéré comme la force intérieure qu’il faut au soldat pour rester à son poste, malgré les flèches qui pleuvent et les membres de sa troupe qui tombent sous ses yeux. Un changement majeur de définition se produit ensuite avec l’avènement du christianisme qui correspond à notre usage du mot « courage ». Dorénavant plus besoin de la guerre pour être courageux, l’existence devient une épreuve suffisamment difficile pour en appeler au courage ! ».
Au quotidien, si nous assumons nos choix de vie malgré les moments difficiles, si nous faisons ce qui nous semble juste sans nous remettre en question à la moindre remarque, si nous disons « NON » lorsque nous en ressentons la nécessité, si nous ignorons les diktats perfectionnistes et culpabilisants de toutes origines, alors nous sommes courageux…
41 Et si on arrêtait le mode « pilote automatique » ?
Dans le monde de l’aéronautique et de l’automobile, ce terme désigne le système automatique propulsant un appareil à moteur suivant des ordres établis à l’avance. En cas de défaillance humaine dans le cockpit, le mode pilote automatique se met alors en marche tout seul. Au cours des années 1950, le neurobiologiste Paul D. MacLean a introduit la théorie du cerveau triunique. Trois cerveaux distincts seraient apparus successivement au cours de l’évolution de l’espèce humaine, régissant notre propre « cockpit ».
1. Le cerveau reptilien, dit aussi primitif, archaïque ou primaire. C’est l’emplacement des automatismes par excellence. En lien avec l’instinct de survie comme l’agressivité, la fuite, la reproduction, la défense du territoire, il est programmé donc incapable d’adaptation. Et les mêmes causes produisent les mêmes effets. « Je ne sais plus ce que je fais », « je suis inconsciente », « je suis au radar », tels sont les propos de parents illustrant des réflexes conditionnés. Dans notre cockpit humain, c’est le mode automatique.
2. Le cerveau limbique ou cerveau émotionnel. Dévolu aux principaux comportements instinctifs et à la mémoire, il génère les émotions et active les réactions d’alarme du stress. C’est aussi le lieu des pulsions, des sentiments, de l’empathie, en lien avec le statut social, l’intégration au groupe, les sentiments de sécurité ou d’insécurité. Il s’imprègne des expériences vécues et en fonction de la mémorisation positive ou négative, il filtre les informations qu’il interprète en « j’aime » ou « je n’aime pas »…
3. Le cerveau cognitif ou le néocortex. C’est l’espace de l’intelligence, du raisonnement logique, de l’abstraction, du langage et des concepts. Il permet l’association d’idées, l’imagination, la créativité, l’originalité, la conscience, le raisonnement, la logique, l’anticipation des actes et l’adaptation à l’environnement. Dans notre cockpit humain, c’est le mode manuel.
Se libérer des injonctions « fais plaisir, dépêche-toi… », des croyances « pour être aimé il faut être parfait et dévoué », permet de vivre l’instant présent et donne la perspective de se libérer des réflexes automatiques. Sans faire la révolution, notre évolution est en marche. Alors, on arrête le mode pilote automatique ?
42 Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ?
Lorsque l’on dit qu’une personne est intelligente, on pense généralement à sa capacité à raisonner logiquement et à résoudre des problèmes… On fait alors référence à son intelligence rationnelle, celle qui est mesurée par les tests de QI (Quotient Intellectuel) et qui est évaluée tout au long de notre parcours scolaire. C’est donc bien naturel que cette intelligence rationnelle nous soit plus familière et que nous y fassions référence lorsque nous parlons d’intelligence.
Pourtant il existe bien d’autres formes d’intelligence… Car comment expliquer que certaines personnes, ayant réussi un test de QI avec un score supérieur à 120, c’est-à-dire largement au-dessus de la moyenne, puissent échouer non seulement dans leur vie de couple, mai...