Dans cet ouvrage, à destination des élèves des classes de Première, vous trouverez:
Une mise en contexte, pour situer l'œuvre dans son temps et dans sa postérité
Une présentation de ses particularités pour en comprendre les enjeux spécifiques
Une mise en relation de l'œuvre et de son parcours, par la proposition de groupements de textes, de prolongements littéraires et artistiques et de lectures complémentaires
Des sujets corrigés permettant de préparer les épreuves, à l'écrit et à l'oral
Foire aux questions
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La carrière de Molière se déroule pendant le règne de Louis XIV : en effet celui-ci devient roi en 1643 quand Molière a 21 ans et fonde l’Illustre Théâtre, sa première compagnie. Mais surtout Louis XIV est devenu un jeune souverain épris des arts, quand Molière revient à Paris après 12 ans passés à sillonner la France avec sa troupe. Le dramaturge reçoit de plus en plus de commandes de la Cour, et Molière, en association avec Lully, participe aux « Fêtes des Plaisirs de l’île enchantée », festivités somptueuses données à partir de 1664 à Versailles pendant des journées entières. Lorsque Molière meurt en 1673, Louis XIV a encore devant lui 42 ans de règne durant lesquels il accorde toujours une large place aux divertissements, à la musique et au théâtre en particulier.
Molière est donc le témoin mais aussi un des acteurs privilégiés de la création de Versailles comme lieu des arts et de la magnificence de la Cour : ses créations théâtrales ponctuent les festivités royales et répondent aux goûts d’un roi lui-même enclin à jouer et surtout à danser1.
Dans une période où la France est régulièrement en proie à la famine, où des inondations peuvent ravager Paris en hiver et où Louis XIV se lance dans d’ambitieuses campagnes militaires, le théâtre de Molière réjouit la noblesse et les riches bourgeois. Et s’il se fait l’écho des sujets en débat dans les salons par les intrigues mises en scène dans ses comédies, il représente bien la part la plus privilégiée de cette société du XVIIe, même s’il éprouve lui aussi, dans sa propre famille, les malheurs du temps que sont les décès prématurés des femmes en couches et des enfants en bas âge.
Le contexte culturel : le théâtre au XVIIe
Troupes permanentes et troupes itinérantes
Quand Molière, qui s’appelle encore Jean puis Jean-Baptiste Poquelin, se lance dans la carrière théâtrale en 1643, coexistent à Paris deux troupes permanentes qui rencontrent beaucoup de succès : la Troupe Royale installée Hôtel de Bourgogne et la troupe du Marais installée dans le théâtre du même nom. La troupe des Comédiens Italiens dirigée par Scaramouche est également en résidence à Paris mais de manière plus intermittente, installée dans le bâtiment royal du Petit Bourbon à partir des années 1640. C’est ce théâtre qui est alloué en partage à la troupe de Molière en 1658 avant le déménagement au théâtre du Palais Royal. Tous ces lieux, situés sur la rive droite de la Seine, sont fréquentés en particulier par de riches marchands du quartier des Halles ; la concurrence est féroce entre les troupes qui s’attaquent frontalement par pièces interposées.
De nombreuses autres troupes existent, travaillant en itinérance à travers la France, le plus souvent sous la protection d’un puissant : elles vont de ville en ville en fonction des opportunités, des déplacements de leur mécène et des commandes. En dehors de Paris, la ville de Lyon est une grande ville de théâtre où la troupe de Molière s’est beaucoup produite par exemple, pendant ses années de théâtre itinérant.
Les règles appliquées au théâtre
La saison théâtrale s’articule au XVIIe siècle autour des fêtes religieuses de Pâques : elle se finissait avant le Carême de Pâques durant lequel aucun spectacle n’était autorisé (mars-avril en général) et reprenait après les fêtes. Ainsi une pièce jouée en février ne pouvait généralement pas être reprise en avril ou mai par exemple, après la coupure, puisqu’il s’agissait d’une nouvelle saison. Les spectacles par ailleurs étaient soumis à une réglementation stricte à Paris, qui imposait notamment un début des représentations à 14 h, surtout en hiver pour permettre aux spectateurs de rentrer en sécurité chez eux par les rues très étroites et rapidement très sombres.
Le regard de l’Église
Le théâtre au XVIIe siècle rencontre beaucoup de succès mais reste cependant mal vu par l’Église.En 1641 une déclaration royale de Louis XIII lève « l’infâmie » qui pesait sur les acteurs, si la troupe consent à jouer des pièces « exemptes d’impuretés ». Mais les comédiens restent considérés comme des personnes de peu de foi et on leur demande de se confesser et de signer un acte de renonciation à la profession de comédien au moment de mourir, pour leur accorder une cérémonie funéraire chrétienne. Armande, l’épouse de Molière, eut ainsi bien des difficultés à lui obtenir une sépulture chrétienne puisqu’il est mort brutalement avant que n’arrive le prêtre qu’il avait fait demander. Après enquête de l’archevêché, Molière eut droit à un enterrement chrétien mais celui-ci eut lieu à 21 heures le 21 février 1673, sans grande cérémonie malgré la célébrité du défunt.
L’Église montre aussi un très grand pouvoir sur le théâtre lui-même et les représentations comme le révèle l’affaire du Tartuffe : cette pièce plut au Roi en 1664 lorsque Molière la lui proposa à Versailles, mais le monarque dut l’interdire en raison de l’influence de la Compagnie du Saint Sacrement qui la trouva provocatrice envers la religion et irrespectueuse des croyants. La pièce ne fut finalement autorisée qu’en 1669, une fois le parti des dévots largement affaibli et Louis XIV ne risquant plus un impair politico-religieux.
L’actualité scientifique : la question de la médecine
La théorie des humeurs
La médecine au XVIIe siècle est encore sous l’influence des préceptes de Galien et d’Hippocrate, des médecins de l’Antiquité, qui ont formulé la théorie des humeurs et des tempéraments. Dans cette vision du corps humain, l’être est régi par le sang, la lymphe, la bile noire et la bile jaune, et toute maladie provient du déséquilibre de l’une de ces humeurs. Un des remèdes les plus fréquemment prescrits est alors la saignée puisque l’on pense alors qu’on pourra ainsi évacuer le mal en prélevant du sang du malade. Cette méthode inutile et parfois dangereuse puisqu’elle affaiblissait gravement le corps, était préconisée par exemple par Guy Patin, professeur au Collège Royal de France à partir de 1655. Cet homme reconnu et admiré en son temps servit de modèle à Molière pour son personnage de Thomas Diafoirus.
Au cours du siècle, de nouvelles théories et des découvertes font jour cependant, mais peinent à s’imposer, créant des débats passionnés. Ainsi William Harvey expose sa découverte de la double circulation sa...
