Religions et pouvoir dans le monde romain de 218 av. J.-C. à 250 ap. J.-C.
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Religions et pouvoir dans le monde romain de 218 av. J.-C. à 250 ap. J.-C.

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Pour la session 2021 des concours (Agrégations d'Histoire, de Géographie et Capes d'Histoire et de Géographie), les candidats sont invités à réfléchir aux interactions entre religion et pouvoir sur le temps long.
Cet ouvrage se veut une aide dans leur préparation en leur fournissant les connaissances de base en la matière. Dans les sociétés anciennes, les deux domaines ne sont pas dissociables, il n'y a pas une sphère profane et une autre religieuse, toute la cité est engagée dans les affaires cultuelles qui sont encadrées par les magistrats. L'existence même de la cité est en jeu. De l'entente avec le divin dépendent sa sécurité et sa réussite. Il faut cultiver les bonnes relations, entretenir la concorde avec les dieux (la pax deorum). Il s'agit d'une affaire collective, publique, civique, avant même d'être individuelle. Elle requiert une exécution rigoureuse des gestes pour le bien commun. Si les cultes privés ne sont pas exclus, on insistera plus spécifiquement sur les pratiques communautaires dans toutes leurs dimensions (gestes, acteurs, lieux), à différentes échelles, en étant particulièrement attentif à l'articulation entre le collectif et l'individuel, et ce à tous les échelons du corps civique et à ses marges, afin de mettre en exergue l'étroitesse des liens existant entre pratique du culte et exercice du pouvoir.

Ce manuel propose des outils en prise directe avec la préparation des concours:
- une présentation des épreuves et de leur esprit assortie de conseils,
- un tableau approfondi de tous les types de sources à connaître, accompagné pour chacun des clés de lecture spécifiques,
- des synthèses sur les thématiques essentielles,
- un exemple de dissertation et un exemple de commentaire de documents,
- un glossaire.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782340043640

Sixième partie

Approches thématiques

Chapitre 1

La religion étrusque et le pouvoir romain

Laurent Hugot
Lorsqu’on parcourt l’histoire de la Rome antique, on rencontre une multitude d’haruspices*, des spécialistes de la religion étrusque, dans l’entourage des hommes de pouvoir. Ainsi, Sylla consultait Postumnius avant chaque décision importante606. Spurinna, l’haruspice de César607, l’avait averti à plusieurs reprises du danger qui le menaçait. Nigidius Figulus et Aulus Caecina étaient de célèbres spécialistes de la religion étrusque, mais aussi des amis proches de Cicéron. L’orateur qui n’était pourtant pas tendre avec l’haruspicine*, dit tout le respect qu’il a de la science de Caecina608. Umbricius Melior était l’haruspice officiel d’Othon et de Galba609. De même, on connaît les efforts de Claude à promouvoir la culture et la religion des anciens Toscans, mais on sait moins l’attachement d’Auguste et de Sévère Alexandre à la science religieuse étrusque610.
Outre ces quelques exemples, de nombreux témoignages attestent le crédit qu’accordaient les Romains, en particulier ceux qui exerçaient le pouvoir, à la religion de ceux qui furent pendant longtemps leurs ennemis acharnés, devenus ensuite des alliés (socii) avant d’être intégrés à la cité romaine à l’issue de la Guerre sociale*, au début du Ier s. av. n. è. Le récit de Tite-Live nous livre, année après année, les péripéties de la conquête des cités étrusques par Rome qui se termine par la chute de Volsinies en 264 av. n. è. Cette conquête débuta par la prise de Véies en 396 av. n. è. Dans le récit relatif à cette guerre, Tite-Live611 témoigne de son admiration des qualités religieuses d’une civilisation qu’il n’a pourtant pas pour habitude d’encenser. Il admet que pour vaincre les Étrusques les Romains n’ont pas mobilisé leurs propres devins ; pour parvenir à leurs fins ils ont su, avec beaucoup d’habileté, utiliser les talents des haruspices toscans.
Les auteurs latins sont presque unanimes pour dire l’immense dette religieuse qu’ils pensaient avoir envers les Étrusques612. On pourrait en déduire que les Étrusques étaient à l’origine de la cité de Rome et de sa structuration du VIIe s. av. n. è. jusqu’à la chute, en 509 av. n. è., de Tarquin le Superbe, dernier roi étrusque de Rome. Plutarque explique ainsi que Romulus, qui était pourtant le premier des augures, fit venir des spécialistes de Tyrrhénie pour mettre en place les rites et les cérémonies religieuses de la cité, que de nombreux auteurs indiquent conformes aux règles religieuses des Étrusques613.
Si on ne peut nier les nombreux apports de la religion étrusque à la religion romaine, il s’agit bien de deux traditions distinctes qui se développent dans un espace où les contacts sont nombreux entre Étrusques, Grecs et populations italiques. Par beaucoup d’aspects, la religion étrusque n’a rien de très original par rapport à ses voisines. On retrouve partout des panthéons semblables, des calendriers similaires, des temples et des autels répondant aux mêmes préoccupations cultuelles. Cela tient à des emprunts successifs entre Italiens, mais surtout à la religion grecque, entre le VIIIe et le VIe s. av. n. è. Ainsi, les Romains n’avaient le plus souvent aucune raison de délaisser leurs pratiques coutumières pour adopter celles de leurs voisins, ils l’ont fait lorsqu’ils ressentaient un manque et que cela leur semblait nécessaire. Par un aspect particulier, la divination, les Romains jugeaient les pratiques étrusques bien supérieures aux leurs, d’autant que c’était les dieux eux-mêmes qui avaient révélé ces principes aux Toscans. L’attitude des Romains envers l’haruspicine* oscille toujours entre respect, crainte et méfiance. Ils ont ainsi laissé se développer l’haruspicine privée car elle était utile, se contentant de lutter contre les escrocs. Ils ont par contre organisé et contrôlé les haruspices publics, quel que soit leur niveau de responsabilité, pour les utiliser au bénéfice de l’État614. Ceux-ci étaient indispensables, mais ils pouvaient être très dangereux, il fallait donc y attacher la plus grande importance. Intégrer les haruspices au cœur du pouvoir était un pari osé. Pour saisir les relations complexes entre la religion étrusque et le pouvoir romain, il convient d’abord d’étudier ce qu’étaient ces pratiques divinatoires. Il faudra ensuite comprendre comment les Romains les ont apprivoisées puis intégrées. Enfin, nous analyserons l’utilisation par le pouvoir impérial d’une science devenue romaine, et qui apparaitra comme le meilleur rempart de la tradition païenne contre les religions nouvelles, en particulier le christianisme.

I –Une religion des livres : haruspices et Etrusca disciplina*

A.Qu’est-ce qu’un haruspice ?
Un haruspice se reconnaît habituellement en fonction du contexte dans lequel il officie ou par sa tenue. Il peut ainsi inspecter le foie d’une victime ou être figuré sous les traits d’un devin grec comme Chalcas, œuvrant autour d’exta*615. Avant le IVe s. av. n. è., les haruspices, banalement habillés d’une tunique et d’un manteau, ne se distinguent pas des autres aristocrates par leurs vêtements. À partir de cette époque, les haruspices arborent une tenue archaïsante originale, composée d’un lourd manteau retenu par une fibule et d’un bonnet surmonté d’un cône qui peut être plus ou moins haut. D’ailleurs, il est probable que la tenue du flamen Dialis romain, coiffé de son apex, doive beaucoup à celle des haruspices616.
L’étymologie du terme n’est pas claire car le mot est formé d’un préfixe qui est probablement étrusque (haru), dont nous ignorons le sens précis, mais qui pourrait signifier « entrailles », et du dérivé du verbe latin spicere qui veut dire « observer617 ». Cependant, si l’hépatoscopie (l’analyse du foie des victimes) et l’extispicine (l’analyse des entrailles) sont des spécialités des prêtres étrusques, leurs compétences vont bien au-delà. Marie-Laurence Haack les définit comme « des spécialistes de l’interprétation des foudres, des entrailles des victimes sacrifiées et des prodiges618 ». Ces spécialistes ont des pratiques bien différentes de celles des augures. Ces derniers se contentaient de constater si les dieux étaient ou non d’accord avec une décision en observant le vol des oiseaux, les foudres ou encore l’appétit des poulets utilisés à cet usage619. Les haruspices avaient quant à eux une démarche scientifique complexe, ils déduisaient de leurs observations quelle(s) divinité(s) étai(en)t concernée(s) et ce qu’il convenait de faire pour répondre aux messages envoyés aux hommes par les dieux. La science des haruspices était d’une part de savoir déterminer ce qui était ou non un signe et d’utiliser leur connaissance de ce langage divin pour conseiller les hommes sur ce qu’il convenait de faire en conséquence. Ils n’étaient pas habités par des divinités qui parlaient aux hommes par leur intermédiaire, c’étaient des savants qui avaient un savoir technique et qui passaient leur vie à améliorer leur art par leurs expériences et par l’acquisition de nouvelles connaissances.
Il est certain que, pendant longtemps, la transmission du savoir s’est faite dans les familles, de père en fils. Cicéron nous dit que Caecina fut instruit dans cette science par son père620. Les compétences religieuses qu’on prête à Tanaquil, la femme de Tarquin l’Ancien, peuvent laisser penser que le...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Liste des auteurs
  5. Avant-propos
  6. Première partie - Détour par l’atelier de l’historien
  7. Deuxième partie - Éléments diachroniques
  8. Troisième partie - Les acteurs du pouvoir et de la religion
  9. Quatrième partie - Les structures du pouvoir et de la religion
  10. Cinquième partie - Rites religieux, rituels du pouvoir
  11. Sixième partie - Approches thématiques
  12. Septième partie - Jeux d’échelles
  13. Glossaire
  14. Table des matières