L'histoire du monde depuis 1914
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L'histoire du monde depuis 1914

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L'histoire du monde depuis 1914

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Table des matières
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À propos de ce livre

Cet ouvrage est articulé autour de trois axes:

  • Les deux guerres mondiales,
  • Les régimes totalitaires des années 1930,
  • Les relations internationales dans le monde depuis 1945.

Au travers de chapitres complets, L'histoire du monde depuis 1914 propose au lecteur d'acquérir une véritable culture historique sur le XXe siècle.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782340045248

Troisième partie

L’émergence d’un monde multipolaire

Chapitre 1

La Chine depuis 1949

Introduction

Phrase d’accroche
En 1912, Victor Segalen, médecin, archéologue et sinologue, fit paraître un recueil de poésies intitulé Stèles. Y figure le poème « Hymne au Dragon couché » :
« Le Dragon couché : le ciel vide, la terre lourde, les nuées troubles ; soleil et lune étouffant leur lumière : le peuple porte le sceau d’un hiver qu’on n’explique pas.
Le Dragon bouge : le brouillard aussitôt crève et le jour croît. Une rosée nourrissante remplit la faim. On s’extasie comme à l’orée d’un printemps inespérable. [...]
Lève-toi, révèle-toi, c’est le temps. D’un seul bond saute hors de nous ; et pour affirmer ton éclat, cingle-nous du serpent de ta queue, [...] brille hors de nous, — oh ! Brille ! »
En 1912, la Chine vivait dans un désarroi profond, ayant, au XIXe siècle, non seulement perdu sa suprématie en Asie de l’Est mais fait l’objet d’un véritable « grignotage » suite aux « traités inégaux » imposés par les Occidentaux et les Japonais et par lesquels des territoires à bail ou des concessions urbaines leur furent cédés. Et pourtant Victor Segalen avait, dès cette époque, compris que « le Dragon » se réveillerait un jour pour de nouveau « briller ».
Problématique et enjeu
Mais le réveil de la Chine fut chaotique et parsemé d’épisodes tragiques.
En quoi 1949, avec l’accession au pouvoir des communistes chinois, a constitué un tournant ? Comment expliquer les phases révolutionnaires meurtrières de l’époque maoïste ? Y a-t-il eu un totalitarisme spécifique à la Chine ? Pourquoi n’y a-t-il jamais eu de démaoïsation complète ? Comment la Chine est-elle redevenue une grande puissance (pour une définition de la notion de puissance, nous invitons la lectrice/le lecteur à se référer au chapitre 1 de la 2e partie) ?
Depuis le début des années 2000, la Chine constitue un pôle majeur de l’économie mondiale mais son insertion politique dans les relations internationales reste problématique. Comment la Chine, « l’autre pôle de l’expérience humaine » (Simon Leys), va-t-elle « normaliser » sa situation ? C’est l’un des enjeux les plus importants du XXIe siècle.
Annonce du plan
En 1re partie, nous verrons la Chine tiraillée, de 1949 à 1958, entre le modèle soviétique, la volonté de puissance et les prémices de la mystique révolutionnaire maoïste. Puis, en 2e partie, nous analyserons le « Grand Bond en avant », la « Révolution culturelle » et le contraste avec les succès diplomatiques de la période de 1958 à 1976, date de la mort de Mao. En 3e partie, nous nous intéresserons à l’évolution de la Chine depuis 1976, au formidable essor économique, à ses limites et aux problèmes qui se posent aujourd’hui.
Fiche 1

La Chine tiraillée entre le modèle soviétique, la volonté de puissance et les prémices de la mystique révolutionnaire maoïste (1949-1958)

A. L’imitation du modèle soviétique lors des premiers temps de la Chine communiste (1949-1955)

Nous nous sommes basés en grande partie sur l’excellent ouvrage de Lucien Bianco, Les origines de la révolution chinoise (1915-1949), 1re édition chez Gallimard en 1967, réédition Folio en 2007 accompagnée d’un véritable essai intitulé « La révolution chinoise : une interprétation ».
1. Des « Martiens » (Robert Guillain) ou le retour de l’ordre en Chine en 1949
En 1949, la Chine sortait de douze ans de guerre : guerre contre le Japon de 1937 à 1945 à laquelle avait succédé une guerre civile entre communistes et « nationalistes » du parti Guomindang (ou Kuomintang) dirigé par Tchang Kaï-chek (ou Jiang Jieshi).
La guerre civile était récurrente en Chine depuis les années 1920 : en avril 1927, Tchang Kaï-chek avait ordonné le massacre des communistes de la ville de Shanghai, massacre relaté dans La Condition humaine de Malraux. Les communistes pourchassés avaient effectué, d’octobre 1934 à octobre 1935, une retraite longue de douze mille kilomètres qui avait décimé les effectifs : ils passèrent de 130 000 à 30 000. « La propagande et la légende ont transfiguré cette fuite en épopée : nouvelle Anabase [récit par Xénophon d’une expédition de mercenaires grecs qui étaient, à la fin du Ve siècle avant Jésus-Christ, au service d’un prince perse] au cours de laquelle les communistes franchirent des fleuves puissants et de hautes montagnes » (Lucien Bianco). Mao devint le chef du PCC au moment de cette retraite.
Ce fut l’invasion du Japon de l’été 1937 qui permit à la guérilla communiste de renaître. Les communistes incarnèrent de plus en plus la lutte nationaliste, le gouvernement de Tchang Kaï-chek menant contre l’envahisseur un combat moins actif.
Le pays sortit exsangue de la Seconde Guerre mondiale (plus de 10 millions de morts ; certains avancent le chiffre de 20 millions). Cela n’empêcha pas la guerre civile de reprendre. Tchang Kaï-chek (en Asie de l’Est, on donne d’abord le nom de famille puis le prénom) semblait en position de force. Il contrôlait la plus grande partie de la Chine et bénéficiait du soutien des Américains tandis que les communistes chinois devaient compter principalement sur leurs propres forces, Staline ne leur accordant qu’une aide limitée. Le chef du Kremlin ne croyait pas en leur victoire et les considérait comme des communistes « de margarine » (plus exactement, il avait dit en 1944 : « Des communistes, les communistes chinois ? Ils sont au communisme ce que la margarine est au beurre »). Les partisans de Mao étaient vus avant tout comme des réformateurs agraires.
Mais ce fut justement cette stratégie fondée sur la paysannerie chinoise qui leur donna la victoire en 1949. L’Armée populaire de libération était une armée de paysans comme en a témoigné le journaliste du Monde, Robert Guillain, présent à Shanghai au moment de leur entrée, le 25 mai 1949, dans la capitale économique du pays : « Pas un camion, pas une charrette, ces hommes, légèrement chargés, ont fait à pied des centaines, peut-être des milliers de kilomètres. Les petits soldats ont fini par s’arrêter au pied des buildings et par tomber endormis devant les portes, non sans s’être dévissé le cou au spectacle des vingt ou vingt-cinq étages qui les dominaient. Ces paysans-soldats n’avaient jamais vu cela. » De plus, cette armée était disciplinée, ce qui était du jamais-vu en Chine depuis des décennies : « Des soldats qui ne volent pas, qui ne violent pas, des vainqueurs qui ne pillent pas, qui couchent sur le trottoir sans envahir les logis, […] ça ne s’était jamais vu à Shanghai, ce sont des soldats tombés d’une autre planète. [...] [Des] Martiens à Shanghai ! [...] On raconte sur eux des histoires étonnantes. Par exemple, des soldats mangent devant une maison non sans faire quelques saletés sur le seuil. L’un d’eux cogne alors à la porte, une vieille déverrouille, apeurée […]. Le brave soldat voulait seulement un balai, et, l’ayant obtenu, balaie soigneusement le trottoir avant de repartir avec ses camarades. »
Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclama la République populaire de Chine (RPC), à Pékin (Beijing), du haut de la Cité interdite, face à la place Tian’anmen. Les forces dites nationalistes se replièrent sur l’île de Taïwan. La Chine continentale basculait ainsi dans le camp communiste. Le choc fut important aux États-Unis. Les Américains ont surnommé cet événement la « perte de la Chine » (« loss of China »). Ce fut un revers diplomatique majeur pour la diplomatie américaine. Les pays occidentaux ne reconnurent pas la nouvelle Chine et considérèrent le gouvernement exilé de Tchang Kaï-chek comme le représentant de la Chine à l’ONU, véritable « simulacre juridique » (Jean-Baptiste Duroselle) qui dura jusqu’en 1971.
1949 a-t-il constitué la 3e révolution majeure après 1789 et 1917 ? En termes révolutionnaires, non : les Chinois emploient d’ailleurs, pour évoquer l’accession des communistes au pouvoir, le terme de « jianguo », « construction du pays ». Il s’est en effet agi d’une (re)construction et d’une libération : est réapparu un pouvoir central fort. Jamais d’ailleurs, dans l’histoire chinoise, la capitale n’a eu un tel contrôle du pays. Pour les Chinois, tout cela signifiait que la période d’humiliation prenait définitivement fin. 1949 fut avant tout « une révolution nationaliste contre les Nationalistes [de Tchang Kaï-chek] » (Lucien Bianco) dont la corruption avait miné le pays et l’avait livré aux appétits extérieurs. Mao l’a exprimé de cette façon : « Le peuple chinois s’est dressé… Les Chinois ne seront plus jamais un peuple d’esclaves. » Le début de l’hymne national, La Marche des Volontaires, est : « Debout ! Nous ne voulons plus être des esclaves ! », en référence à la chanson d’un film de guerre. La Chine avait pendant des millénaires été le centre culturel et politique de l’Asie orientale (« l’Empire du milieu ») mais, au XIXe siècle, elle était devenue une « hypo-colonie », sous-colonie des Européens (avec les Britanniques à Hong Kong, les Français obtenant une concession à Shanghai, les Allemands le contrôle de Tsingtao, etc. ; même la Belgique avait une concession, elle se trouvait à Tientsin). « Cette humiliation durable avait été à l’origine du nationalisme chinois moderne… et de la révolution » (Lucien Bianco).
1949 fut donc ressenti par la majorité des Chinois comme une période de renaissance du pays. Les intellectuels non communistes se rallièrent en masse au nouveau régime. La facilité et la rapidité avec lesquelles les communistes volèrent de victoire en victoire de 1947 à 1949 ne peuvent se comprendre que par le fait que le régime de Tchang Kaï-chek était honni. Finalement le régime était quasiment tombé de lui-même, « les communistes n’avaient eu besoin que d’une chiquenaude pour l’emporter » (Lucien Bianco). L’auteur des Origines de la révolution chinoise (1915-1949) a souligné les points communs avec les révolutions russes de 1917 : le tsarisme avait été renversé en quelques jours en février 1917, mais en fait, dès 1916, les institutions russes étaient tombées en déliquescence ; puis le gouvernement provisoire né des événements de février avait vu son autorité se déliter dès l’été suivant avant d’être définitivement abattu par les Bolcheviks en octobre. La guerre avait joué un rôle d’« accélérateur de l’Histoire » (Lénine) en permettant aux communistes russes de prendre le pouvoir. Elle le fit à nouveau en Chine mais dans un contexte différent, celui d’une osmose entre mouvement communiste et nationalisme permettant à la nation de ne plus être réduite à du « sable dispersé » comme le disait Sun Yat-sen, le père fondateur de la République chinoise en 1912. Si, encore aujourd’hui, une démaoïsation complète est impensable, malgré les nombreux crimes de Mao dont les victimes se comptent par dizaines de millions, c’est que Mao fut le fondateur de la nouvelle Chine.
2. L’alliance sino-soviétique de 1950
La volonté de recréer une Chine puissante se heurta toutefois aux réalités, celles d’un p...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. Avant-propos
  5. Première partie. Guerres mondiales et régimes totalitaires
  6. Deuxième partie - « The American century »(Henry Luce)
  7. Troisième partie - L’émergence d’un monde multipolaire
  8. Méthodologie
  9. Annexe : cartes
  10. Méthodologie : comment réviser ?
  11. Ouvrages et films conseillés