Économie, Sociologie et Histoire du monde contemporain - ECG1 - Nouveaux programmes

Vandewalle-Puch Catherine, Desaint Philippe, Leverbe Judith, Clément Vincent

• Éditeur: Editions Ellipses
• Année: 2021
• ISBN:
  9782340055551
• Sujet: Business
• Sous-sujet: Business General

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Pour chaque chapitre:

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Module 1.
Les fondements de l’économie et de la sociologie

Partie 1.
Les fondements de l’économie

CHAPITRE 1

Les acteurs et les grandes fonctions de l’économie

Virginie Jailloux

Indications officielles du programme

On étudiera les caractéristiques des différents acteurs économiques ainsi que les opérations qui les relient. Cette approche utilisera les concepts et outils de la comptabilité nationale. On abordera ainsi la présentation du circuit économique et des agrégats de la comptabilité nationale. On mettra l’accent sur l’équilibre ressources-emplois et sa traduction dans le tableau entrées-sorties, y compris en introduisant les coefficients techniques. On mettra en évidence les relations entre secteurs institutionnels pour montrer la logique de la répartition des revenus. La construction du tableau économique d’ensemble ne sera pas exigée.

La naissance de la comptabilité nationale est relativement récente, toutefois, elle prend racine dans la très longue histoire des statistiques qui débute dès l’antiquité. À cette époque, les États cherchent à dénombrer la population vivant sur leurs territoires, principale source de leur puissance. Mais, les travaux précurseurs de la comptabilité nationale apparaissent vraisemblablement au beau milieu de XVIIe siècle chez les Physiocrates. En Angleterre, en 1665, William Petty réalise les premières estimations du revenu national, et en 1696, Gregory King réalise un système intégré de statistiques. En France, Vauban orchestre les premières études pour mesurer la richesse du Royaume, mais c’est surtout le médecin français qui fait figure de proue avec son Tableau Économique en 1758. En transposant ses réflexions sur la circulation du sang comme circuit, François Quesnay offre le premier modèle économique décrivant les interdépendances entre secteurs. Par sa structure, son tableau économique se rapproche fortement de ce que sont les comptes nationaux aujourd’hui. Tous ces travaux ont la même finalité ; celle de dénombrer pour mieux asseoir la fiscalité des États et soutenir l’effort de guerre. Cependant, ces travaux dont la fiabilité demeure limitée resteront d’une portée sans commune mesure avec ceux qui seront initiés au début du XXe siècle.

En 1936, soit sept années après que le monde fut plongé dans la Grande Dépression, le père fondateur de la macroéconomie moderne, John Maynard Keynes, publie son ouvrage Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie. Alors que dans les universités, les recettes libérales sont encore enseignées, et que certains hommes politiques comme le président américain Hoover annoncent une « reprise au coin de la rue » un an après la crise de 1929, ce livre va marquer un tournant dans l’histoire des faits économiques, dans celle de la pensée économique, ainsi que dans celle de la comptabilité nationale. En s’attaquant aux bases de la théorie économique classique ainsi qu’en démontrant que, s’il n’était pas combattu activement, le chômage pouvait être durable, Keynes en appelle à la responsabilité des États qui, par leur politique budgétaire, pourraient ramener le pays au plein-emploi. Pendant près d’une trentaine d’années, la politique économique du monde occidental est directement basée sur les principes définis par Keynes. C’est alors la lecture macroéconomique des économies avec une approche en termes de circuit qui révolutionne la théorie économique. Dans cette approche, l’idée est de placer des agrégats au cœur de l’activité économique et d’orienter la politique économique par rapport à des objectifs précis et quantifiés. Il importe donc de calculer de façon extrêmement précise des agrégats. La naissance du « fine tunning » (trad. « réglage fin ») de l’économie n’aurait été possible sans la comptabilité nationale, et cette dernière n’aurait connu un tel développement sans une volonté politique de maîtriser la conjoncture économique. Car c’est en mesurant de grands agrégats comme le PIB ou la dépense publique que la politique conjoncturelle d’inspiration keynésienne prend tout son sens. Ainsi pour cet économiste britannique : « Le vrai remède au cycle économique ne consiste pas à supprimer les phases d’essor et à maintenir en permanence une semi-dépression mais à supprimer les dépressions et à maintenir en permanence une situation voisine de l’essor ».

Quelques années plus tôt, dans les années 1930 et 1940, le britannique Colin Clark et de l’américain Simon Kuznets apportent leur contribution en améliorant considérablement la mesure du revenu national.

Mais c’est précisément en 1936 qu’un second évènement décisif marque une étape importante dans l’histoire de la comptabilité nationale : l’article de l’économiste américain Wassily Leontief à l’origine des tableaux entrées-sorties.

Il a fallu attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour que se développent véritablement les premiers systèmes de comptes nationaux. Pour la première fois, étaient réunies les trois conditions nécessaires à la naissance à leur naissance : une volonté politique des États, une théorie économique suffisamment dominante pour imposer son modèle ; des appareils statistiques performants.

En 1945, l’économiste anglais, d’inspiration keynésienne, Richard STONE écrit à l’intention de la Société des Nations, un Mémorandum qui réalise une première formalisation de la comptabilité nationale en secteurs institutionnels, décrits par leur fonction respective. En 1953, l’ONU et l’OECE (organisation européenne de coopération économique, ancêtre de l’OCDE) publient un système harmonisé de comptabilité nationale. En 1968, ce système de comptabilité nationale est révisé, on y retrouve la plupart des éléments modernes de comptabilité nationale et l’indicateur du PIB (produit intérieur brut).

En parallèle, en France, sous l’égide du Système des études économiques et financières, se développe à partir des années 1950, un système particulier de comptabilité nationale. Elle a vocation à réaliser des prévisions, dans le cadre de la planification, sur un ou deux ans, ce qui nécessite de développer des comptes de l’ensemble des secteurs institutionnels, en particulier des administrations publiques, mais limite la construction de comptes des années passées ainsi que le travail sur les agrégats. La comptabilité nationale française demeure critique vis-à-vis des tentatives d’harmonisation mondiale qu’elle considère comme des systèmes insuffisamment académiques. Néanmoins, en une décennie, la comptabilité nationale française se développe, un travail sans précédent est mené et ce système est sans doute le plus élaboré au monde à ce moment.

À partir des années 1970, un système de comptabilité nationale au niveau européen (le SECN) se met en place. Il correspond en quelque sorte à une application du système de comptabilité nationale de l’ONU mais inspiré du système français.

Au niveau mondial, dans les années 1990, un processus d’harmonisation des systèmes de comptabilité nationale se développe sous l’égide des institutions internationales et de l’Union Européenne. Un système entièrement révisé est mis en place en 1993, la dernière révision des comptes, avec un manuel publié par le FMI, datant de 2010, intégrant notamment une réflexion sur la prise en compte de l’économie informelle. Cette réforme a eu pour conséquence une augmentation du PIB dans plusieurs pays, notamment le Royaume-Uni, moins en France.

Désormais de nombreuses données sont utilisées, médiatisées, et orientent la politique économique. Les agrégats et les outils de la comptabilité nationale sont devenus des instruments incontournables pour la science économique moderne. Il est donc important de maîtriser ses concepts, son fonctionnement, pour mener une analyse économique rigoureuse de la situation macroéconomique d’un pays.

Dès lors, plusieurs questions doivent être posées : En quoi la comptabilité nationale permet-elle de représenter le fonctionnement et les relations entre les grands acteurs de l’économie française ? Comment sont construits les grands agrégats de la comptabilité nationale ? Quelle image de l’économie française donne-t-elle à voir ? Dans quelle mesure l’approche par le PIB est-elle encore pertinente aujourd’hui ?

▸ Les essentiels

• On étudiera les caractéristiques des différents acteurs économiques ainsi que les opérations qui les relient. Cette approche u...

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• Module 1. Les fondements de l’économie et de la sociologie
• Module 2. Croissance et développement du XIXe siècle à nos jours