La culture générale en 99 fiches. Tout comprendre sur les plus grandes questions contemporaines.

Jaillot Gilles

• Éditeur: Editions Ellipses
• Année: 2021
• ISBN:
  9782340059337
• Sujet: Education
• Sous-sujet: Counseling in Career Development

Abordant des thématiques variées, écrit par de jeunes lauréats de concours administratifs et coordonné par un haut-fonctionnaire, cet ouvrage aborde 100 questions structurantes pour les sociétés de demain.

Il apporte des éléments de connaissance et stimule la réflexion.

Chaque fiche s'appuie sur des données fiables et ne prêtant pas à polémique. Le lecteur pourra ainsi vérifier ou enrichir son approche voire parfois s'entraîner à structurer un devoir grâce à des propositions de sujets.

Gilles Jaillot, ancien élève de l'ENA, est magistrat financier. Il a dirigé un centre de préparation à l'ENA et continue ses enseignements, centrés sur les enjeux du monde contemporain.

Défis politiques et éthiques

Politique française nationale

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La France : quelle date de naissance ?

Valérian Rabot

I. Le baptême de Clovis : la naissance d’une France chrétienne pour de nombreux siècles

II. L e traité de Verdun de 843 : la naissance du territoire français

III. La Révolution française : un idéal en termes d’idées, de convictions et de renouveau

L’Histoire de France est une matière enseignée dès le plus jeune âge à l’école. Elle regorge d’anecdotes, de batailles, d’idéaux ou de sacres plus intéressants les uns que les autres. La question de la date de naissance de la France trouve ainsi un intérêt tout particulier dans l’enseignement de l’histoire car elle marque le point de départ de la construction de notre Nation.

Alors que l’histoire est, de manière générale, composée de faits objectifs, la date de naissance de la France est plus subjective à déterminer. La notion de « naissance » est complexe à élucider et peut recouvrir un aspect territorial, religieux, institutionnel ou encore organisationnel. Les historiens mettent en exergue trois périodes pour la déterminer : le baptême de Clovis au Ve siècle après Jésus-Christ, le traité de Verdun de 843 et la Révolution française de 1789.

I. Le baptême de Clovis : la naissance d’une France chrétienne pour de nombreux siècles

Le baptême de Clovis, qui se serait déroulé en 496 après Jésus-Christ, a permis la conversion au christianisme du roi des Francs, Clovis Ier, ainsi que 3 000 guerriers. Il aurait été effectué par l’évêque Rémi au sein de la cathédrale de Reims. Cet évènement est un tournant de l’histoire de France car il a inspiré la France catholique et la monarchie française. Celle-ci, solidement installée en France jusqu’à la Révolution française, repose sur des considérations divines : le monarque tient sa légitimité de Dieu. La souveraineté appartient au monarque car Dieu le veut ainsi.

La monarchie absolue de droit divin a largement utilisé le mythe que représente le baptême de Clovis pour louer la religion catholique. La légende raconte que lors de la bataille de Tolbiac, en 496 après Jésus-Christ entre les Francs et les Alamans, Clovis a juré qu’il se convertirait au christianisme si les Dieux lui étaient favorables en lui faisant gagner cette bataille. Après l’avoir gagnée, il a tenu parole.

Le Ve siècle correspond à une période de puissance politique pour l’Église catholique. Le baptême de Clovis est donc le symbole de la coopération entre les pouvoirs politique et religieux. Cette collaboration explique la solidité de la monarchie absolue de droit divin pendant de nombreux siècles.

Enfin, des personnalités contemporaines soutiennent l’idée selon laquelle le baptême de Clovis constitue la date de naissance de la France. Le Général de Gaulle, en 1965, a déclaré que « l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Mon pays est chrétien, et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs ».

La place de ce baptême dans l’histoire doit être recontextualisée. Il ne constitue pas le point de départ du christianisme en France. L’édit de Milan, promulgué en 313 après Jésus-Christ par l’empereur Constantin, accorde la liberté de culte à l’ensemble des religions et donc au christianisme, minoritaire à l’époque. Puis l’édit de Thessalonique, du 27 février 380 promulgué par l’empereur Théodose Ier, fait du christianisme la religion d’État pour l’Empire romain, et donc aussi pour le territoire des Francs. Bruno Dumézil, historien français et spécialiste du Moyen-Âge, reprend d’ailleurs cet argument pour revisiter la place du baptême de Clovis dans l’histoire de France. Pour lui, les Francs étaient déjà convertis au christianisme dès le milieu du IVe siècle. Le baptême de Clovis constituerait donc plus un symbole qu’un point de départ. Les nombreuses croyances et légendes qui accompagnent ce baptême - à l’instar de la bataille de Tolbiac - doivent ainsi être mises en perspective avec la réalité historique de l’époque.

II. Le traité de Verdun de 843 : la naissance du territoire français

Roi des Francs dès 768 et couronné empereur à Rome en 800, Charlemagne est connu pour ses nombreuses conquêtes territoriales, comme la Lombardie, la Bavière ou encore la Saxe. À son apogée, l’Empire de Charlemagne comprenait les territoires actuels de la France, de l’Allemagne, du Benelux, d’une partie de l’Italie, de l’Autriche ou encore de la Slovénie.

C’est par le traité de Verdun, conclu en août 843, que les trois petits-fils de Charlemagne se sont partagé l’empire carolingien. Ce traité marque l’application de la coutume franque, qui vise à répartir l’héritage territorial entre tous les héritiers, au détriment de l’attribution du territoire au seul fils aîné, conformément à la coutume romaine. Ainsi, Charles le Chauve a reçu la partie ouest du territoire, appelée la Francie occidentale ; Lothaire Ier a hérité de la partie centrale dénommée Francie médiane et Louis le Germanique a reçu la Francie orientale, noyau du futur Saint Empire Romain Germanique et de l’Allemagne actuelle.

Certains auteurs, comme Renée Mussot-Goulard dans La naissance de la France insistent sur Charles le Chauve et la Francia occidentale pour mettre en exergue la place du traité de Verdun dans la naissance de la France. La Francia occidentale sera tout d’abord la seule entité à conserver la mémoire du nom franc. C’est également à cette période et sur ce territoire que des coutumes de la monarchie française seront définitivement définies et adoptées : à Coulaines, près du Mans, en 843, Charles le Chauve, des représentants de l’Église et des grands propriétaires se sont réunis pour définir les devoirs et obligations de chacun et ainsi déterminer les marqueurs principaux de la monarchie française.

L’avènement de la Francie occidentale peut aussi apparaître comme la concrétisation de l’évolution lente et progressive de ce que certains auteurs appellent les racines de l’identité française. C’est en effet l’héritage gaulois, gallo-romain et mérovingien qui ont permis à la Francie occidentale de se développer et de s’affirmer en tant que telle. Il est donc possible de considérer le traité de Verdun non comme le point de départ de la Nation française mais comme le résultat historique de certaines évolutions qui font de la France ce qu’elle est aujourd’hui.

« Ce traité de hasard a déterminé tout le destin de l’Europe » d’après René Gousset. En effet, au-delà des frontières françaises, ce traité marque également l’institution, de manière durable, des frontières européennes. Certaines conquêtes territoriales ont évidemment modifié les frontières établies par le traité de Verdun mais c’est ce traité qui a déterminé le cœur territorial de certains États européens : la Francie occidentale correspond au territoire français et la Francie orientale au territoire allemand. La relative solidité des frontières du traité de Verdun s’explique par le système de vassalité qui ressort du traité. Au Moyen-Âge, un roi disposait d’une multitude de vassaux, c’est-à-dire de propriétaires terriens puissants qui se mettaient au service et sous la protection du roi. En vertu du traité de Verdun, un vassal ne pouvait pas disposer d’un territoire qui s’étalait sur deux territoires qui avaient été séparés lors du traité. Dès lors, un vassal devait prêter serment à un seul et unique roi. Ce système a ainsi indéniablement renforcé les frontières établies par le traité de Verdun.

III. La Révolution française : un idéal en termes d’idées, de convictions et de renouveau

La Révolution française a constitué une remise en cause sans précédent des ordres et coutumes existants. Inspiré notamment par la philosophie des Lumières, la nuit du 4 au 5 août 1789 est probablement le symbole révolutionnaire de cette remise en cause. En raison de la propagation des mouvements révolutionnaires à Paris et dans les campagnes et par peur d’un complot aristocratique, les députés de l’Assemblée nationale constituante se sont engagés à supprimer toute une série de privilèges seigneuriaux. Cette remise en cause s’est poursuivie avec la suppression de la société d’ordres (clergé, noblesse, Tiers État), la suppression du régime féodal et de l’Ancien Régime et enfin par la condamnation à mort du roi Louis XVI, guillotiné le 21 janvier 1793.

La période révolutionnaire a permis le développement de textes juridiques ambitieux, comme les Constitutions de 1791 et de 1793. Ces textes, très novateurs pour l’époque, prévoyaient notamment la séparation des pouvoirs, l’institution de procédures référendaires, la reconnaissance de la souveraineté au peuple ou à la Nation, et non plus au monarque et enfin la reconnaissance de droits applicables, en théorie, à l’ensemble des citoyens.

Le texte juridique le plus abouti des révolutionnaires ...

Table des matières

• Couverture
• Page de titre
• Page de copyright
• Sommaire
• Avant-propos
• Enjeux écologiques et environnementaux
• Les enjeux de société
• Les enjeux économiques
• Défis politiques et éthiques
• Table des matières