Être enseignant aujourd'hui

Guide pratique et créatif pour développer sa propre manière d'être enseignant

Gomis Florence

• Éditeur: Editions Ellipses
• Année: 2022
• ISBN:
  9782340064478
• Sujet: Education
• Sous-sujet: Classroom Management

Cet ouvrage, destiné aux enseignants en poste comme aux étudiants, propose de (re)trouver du sens à sa pratique. Il s'appuie sur l'expérience de terrain de l'auteure, tant comme enseignante que comme formatrice de formateurs. Vous y trouverez:

• Une réflexion sur le métier d'enseignant aujourd'hui;
• Un partage d'expérience de l'auteure et des entretiens avec d'autres enseignants;
• Des exercices pour s'interroger sur sa propre pratique et la faire évoluer en accord avec ses valeurs.

Tout pour développer la joie d'être enseignant!

PREMIÈRE PARTIE

LES FONDAMENTAUX

Chapitre1

Hypothèses pédagogiques sur le processus d’apprentissage

1.Être enseignant est un métier. Sa pratique s’appuie sur un système de croyances personnelles, entre autres celles en lien avec le processus d’apprentissage.

2.Les croyances pédagogiques gagnent à être requalifiées en hypothèses pédagogiques de travail, réfutables.

3.La remise en question méthodologique est au cœur du métier d’enseignant.

On ne devient pas enseignant complètement par hasard. Surtout, on ne reste pas enseignant par hasard. L’enseignement est de ces métiers que l’on ne peut pas faire simplement par habitude. Il est un métier de vocation.

La vocation s’appuie sur des croyances à propos de notre propre rôle comme enseignants. Elle se met en œuvre en s’appuyant sur des croyances à propos de la meilleure façon d’exercer ce métier, croyances qui forment notre cadre pédagogique personnel. D’autres collègues peuvent ne pas les partager : ils en ont le droit et il est probable que leur méthode fonctionne également. La croyance pédagogique s’accompagne donc du relativisme et de la tolérance pédagogiques. Pour qu’une équipe pédagogique fonctionne, il suffit de garder en tête l’objectif principal commun : la réussite des élèves.

Sur ce point, la réussite des élèves, il y a consensus. Lorsqu’on creuse un peu, cependant, on ne s’accorde par toujours sur ce que cela signifie. Réussir un examen ? Trouver un travail ? Dépasser ses difficultés initiales ? Développer ses capacités collaboratives ? S’épanouir personnellement ? Et pour vous, que représente la réussite des élèves ? Ayez cette réflexion, puis, demandez à un collègue ce qu’il ou elle met derrière la réussite des élèves. Vous pourriez être surpris, et cela pourrait vous donner des idées.

J’ai mes croyances pédagogiques, qui sont aussi mes hypothèses de travail. Certaines d’entre elles sont là depuis mes débuts. D’autres sont l’aboutissement de réflexions qui à certains pourraient sembler farfelues. D’autres encore ont fait l’objet d’expériences stimulantes. La plupart ont été forgées dans la douleur, par essai et erreur, parfois beaucoup d’erreurs. Dans cette évolution de mon cadre personnel de travail, j’ai tâché de suivre une démarche d’inspiration scientifique au sens de Popper : j’ai considéré que chaque énoncé est vrai (et donc adopté ou conservé comme hypothèse de travail) tant qu’il n’est pas réfuté (par mon expérience).

Rester dans cette posture de « test de l’hypothèse pédagogique » est essentiel pour avancer. Cela revient à dire que l’enseignant est en remise en question permanente ou du moins régulière : rien de ce qu’il crée ne devrait être considéré comme définitif. Ce que je partage dans toute la suite du livre, je vous invite à le prendre comme des hypothèses pédagogiques que vous pourrez, si vous le souhaitez, tester dans vos classes, pour en tirer votre propre conclusion. En voici quelques-unes :

•Une compétence ou une connaissance, comme l’expérience, ne se télécharge pas comme un fichier informatique. Chaque élève a son propre chemin pour acquérir une compétence ou un savoir. L’enseignant peut seulement le guider sur ce chemin.

•Plus l’élève se trouve en situation d’autonomie, peut se tromper dans un environnement sûr au cadre clair, et bénéficier de retours (feedbacks), mieux c’est pour son apprentissage.

•Apprendre génère des changements, et par conséquent parfois également des incertitudes et des doutes qui entraînent un certain niveau de mal-être temporaire.

Coachez-vous !

1Quelles croyances, en relation avec le processus d’apprentissage, forment votre cadre de travail ? Écrivez-les.

2Sont-elles des croyances ou des hypothèses de travail ? Si ce sont des croyances, pourriez-vous les transformer en hypothèses pédagogiques, réfutables ? Parfois il suffit juste de les formuler d’une manière à peine différente.

LA VOIX DES COLLÈGUES

Enseignant 1

Quand j’ai commencé à enseigner, j’étais peu sûre de moi et cela me rassurait d’avoir des principes forts. Par exemple, je devais absolument faire respecter aux élèves le temps imparti pour une activité. S’ils avaient besoin de plus de temps, je ne le leur accordais pas. Je leur donnais la correction, et du moment qu’ils avaient la correction, ils pourraient refaire l’exercice et revenir avec d’éventuelles questions le cours d’après. J’étais persuadée que les élèves consacraient tous autant de temps et d’engagement à leur travail personnel que je l’avais fait dans mes propres études. J’étais certaine que par mon insistance et ma sévérité ils se rendraient compte de l’importance du travail personnel. J’étais dans l’illusion et cela m’a été difficile d’en sortir. Une des raisons pour lesquelles j’étais devenue enseignante, c’était d’avoir des élèves aussi passionnés que moi par ma matière. Mais j’ai déchanté. J’ai traversé une période creuse, avec de gros questionnements sur ma vocation. Et puis peu à peu, en discutant avec des enseignants plus expérimentés, en interrogeant toutes les raisons pour lesquelles j’avais choisi de faire ce métier, j’ai compris que parfois oui, j’aurais des élèves aussi passionnés que moi, mais ce ne serait pas la majorité des cas. Souvent, je devrais amener les élèves du désintérêt total pour la matière, à un intérêt qui leur ouvrirait l’esprit et des fenêtres sur la vie auxquelles ils n’auraient sinon pas eu accès. En conséquence, ma façon d’enseigner aussi a changé. En quelque sorte j’ai changé de métier.

Enseignant 2

Un enseignant doit avoir une capacité de remise en question. On glane à droite à gauche des idées, des méthodes, et à un moment c’est important de pouvoir se dire : « Tiens, je pourrais faire ça chez moi ». C’est important d’avoir cette envie d’oser. Je pense qu’en enseignement, il faut oser. On essaie, on regarde ce que ça donne. Parfois ça ne marche pas du premier coup, alors il faut ajuster la méthode, peut-être ne pas tout rejeter d’un coup. C’est un aspect du métier qui est très intéressant.

Enseignant 3

Travailler en co-animation avec des collègues me permet de voir d’autres façons de faire, voir mes éventuelles faiblesses et avoir la possibilité de me remettre en question. J’aime bien voir à l’œuvre les idées nouvelles des collègues, dans la méthodologie de travail en particulier. S’ils ont testé quelque chose qui marche et que je le trouve intéressant, je le teste tout de suite.

Enseignant 4

Comme enseignant je veux continuer à prendre plaisir à aller en cours. Apprendre des élèves, améliorer ma pédagogie. Aller à l’essentiel, au concret. Faire évoluer ma pédagogie en fonction des élèves. Je trouve du plaisir à m’adapter, à explorer d’autres pédagogies. Être ouvert à d’autres façons de faire les choses, c’est aussi une posture dans la vie de tous les jours. Avoir une méthode qui fait plaisir à la hiérarchie même si les élèves ne comprennent rien… bof. Une année de coupure m’a permis de me détacher des conditionnements et me sentir libre.

Chapitre2

Autorité – Discipline

1.Les élèves n’obéissent plus à l’autorité s’ils n’en voient pas l’utilité ou n’en acceptent pas le sens.

2.Pour nombre d’enseignants, régler les situations disciplinaires génère un conflit de valeurs.

3.Le respect est une notion concrète et contextualisée. Il ne doit pas conduire à accepter tout et n’importe quoi, y compris le manque de respect.

▶La fin du modèle traditionnel de l’autorité en situation d’apprentissage

Ce chapitre sur l’autorité et la discipline ne faisait à l’origine pas partie de ce livre plutôt dédié à la pédagogie et à la didactique. Pourtant, plus j’avançais et plus il me devenait évident que, ne pas aborder ce sujet, c’était tout simplement faire preuve d’hypocrisie. Le faire c’est cependant m’engager dans une voie semée d’embûches, tant la notion d’autorité et de discipline dépend de multiples facteurs, parfois très personnels.

Pour les personnes qui sont nées et ont grandi avant Internet, l’autorité des parents s’appuyait entre autres sur le respect découlant de leur évidente supériorité physique, et de l’étendue de leurs connaissances : ils avaient réponse à toutes les questions que nous nous posions (et leur posions donc). Ils connaissaient le monde et, en partageant leur savoir et leur expérience avec nous, ils nous permettaient de mieux le connaître. Les enseignants étaient en cela le prolongement de nos parents, dans un cadre moins émotionne...

Table des matières

• Couverture
• Page de titre
• Page de copyright
• TABLE DES MATIÈRES
• AVERTISSEMENT
• INTRODUCTION
• PARTIE 1 - LES FONDAMENTAUX
• PARTIE 2 - L’IDENTITÉ DE L’ENSEIGNANT
• PARTIE 3 - LES ASPECTS PRATIQUES
• PARTIE 4 - LES MÉCANISMES À L’ŒUVRE
• CONCLUSION
• BIBLIOGRAPHIE, SITOGRAPHIE