La Mémoire dans la chair
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La Mémoire dans la chair

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La Mémoire dans la chair

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Citations

À propos de ce livre

Ce livre retrace le parcours tragique d'une jeune juive polonaise de la région de Lodz durant la Seconde Guerre mondiale. Après avoir perdu la majorité des membres de sa famille, elle se retrouve seule à Auschwitz, à Birkenau puis au Stutthof. Laissée pour morte lors de l'évacuation, on lui amputera ses deux jambes, gelées pendant la « marche de la mort ». Malgré toutes ses souffrances physiques, malgré l'indicible douleur d'avoir perdu ses proches, elle gardera en elle la force de continuer à vivre, de fonder une famille et de mettre au monde deux enfants. Adèle Grossman est l'héroïne de cette odyssée funeste au coeur des ténèbres de la Shoah. Son histoire, où se croisent les destins de nombreux autres personnages.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782304006575
Sujet
History
Sous-sujet
World War II

Les cartes l’avaient prédit

La veille de Rosh Hashana, toutes les personnes valides se préparent pour se rendre à la synagogue. Adèle se promène, appuyée sur ses béquilles, le long du corridor. Comme à l’accoutumée, des pensées contradictoires se bousculent dans sa tête. D’une part, elle aurait aimé aller prier et, d’autre part, le contentieux qu’elle a à l’égard de la religion lui ôte cette envie. Peut-être vaut-il mieux rester à marcher en réfléchissant.
En ce jour, la reprise des célébrations de rites millénaires a une saveur unique. Quelle victoire sur le sort ! Ce n’est pas encore cette fois que les ennemis du judaïsme arriveront à leurs fins. La symbolique très forte de la continuité marque également un tournant, un renouveau dans le destin du peuple juif. Rien ne sera plus comme avant. Adèle le pressent, même si elle n’a aucune idée de la forme que prendra ce virage. Émue par ce qu’elle ressent, elle s’arrête, se repose quelques instants puis reprend son chemin. Elle effectue un demi-tour au bout du couloir et, se retournant, aperçoit un homme en uniforme qui débouche de l’escalier. Il est grand, mince, légèrement dégarni, se tient extrêmement droit et arbore un large sourire. Parvenu devant Adèle, il s’incline et lui adresse la parole en polonais :
– Bonjour. De quel endroit es-tu originaire ?
– De Zelow.
– De Lvov ? dit-il surpris.
– Non, de Zelow.
– Connais pas, mais cela n’a pas d’importance. Ce n’est pas trop dur d’être debout ? Tu ne préfères pas t’asseoir ?
Et il lui désigne un des bancs du couloir, le plus proche.
– Non, merci, ça va. Zelow est une bourgade près de Lodz ! reprend Adèle, qui revient à sa première idée.
– C’est si petit que ça ?
– Très, il n’y a pas de gare et les chèvres se promènent sur les toits.
L’homme éclate d’un rire sonore et, reprenant son sérieux, interroge :
– Et que fais-tu ici ?
– Du sport !
– Sérieusement ?
– J’attends mes prothèses avant de rentrer chez moi.
– D’accord, je comprends, il faut repeupler…
Ses yeux bruns aux longs cils brillent de malice.
– Et toi ?
– Je sers dans l’Armée rouge. Je dois être libéré incessamment sous peu. Permets-moi de me
présenter : je m’appelle Simon. Et toi ?
– Adèle.
– Enchanté !
– De même.
Plantés au milieu du corridor, l’air emprunté, ils ont une conversation de salon, lui très officier prussien, elle très jeune fille de bonne famille dans son long peignoir. La scène est très romantique. Pendant qu’ils discutent de la sorte, deux infirmières arrivent. Elles embrassent Simon.
– Nous sommes prêts ? Parfait, allons-y ! Bonsoir, Adèle, et bonne année !
Il salue alors d’un geste militaire et, prenant le bras des jeunes femmes, il s’en va assister à l’office dans la synagogue.
Dans le couloir redevenu silencieux, la jeune
invalide se sent orpheline. Elle réintègre lentement sa chambre. Elle s’allonge et, les yeux grands
ouverts, revoit les Rosh Hashana d’antan. Curieusement, ils ne lui ont pas manqué pendant les hostilités. Il lui fallait mobiliser toute son énergie pour survivre et le passé était une faiblesse qu’elle ne pouvait se permettre. Aujourd’hui, au contraire, tous les détails semblent gravés dans sa tête, bien qu’elle sache qu’ils ne sont plus que des souvenirs à chérir, appartenant à une époque perdue à tout
jamais. Quel que soit l’avenir qui lui est réservé, elle vivra d’autres fêtes, différemment. Un hoquet la surprend. Elle refoule ses larmes pendant que,
devant ses yeux, défile toute sa famille, riante,
heureuse, si proche et si lointaine à la fois.
Elle ignore combien de temps s’est écoulé
depuis qu’elle le remonte lorsque les deux infirmières surgissent dans la chambre, un peu essoufflées.
– Qu’est-ce que c’était triste ! La synagogue était bondée. Le rabbin a allumé des bougies pour les morts et les disparus, et nous avons prié pour notre peuple, les survivants, les maillons de la chaîne éternelle. Tu ne peux imaginer la ferveur poignante qui régnait dans le temple. Je n’ai jamais ressenti une telle solidarité, une telle union dans la communauté. Ça n’a pas été trop dur pour toi ?
– Ça peut aller !
– Je ne sais pas ce que vous vous êtes dit,
Simon et toi, mais tu as dû l’envoûter. Pendant le trajet du retour, il n’a cessé de nous questionner à ton sujet. Et Adèle par-ci, et Adèle par-là ! À force, je lui ai conseillé de s’adresser directement à la principale intéressée. Il m’a répondu que c’était une excellente idée et qu’il allait la mettre en pratique immédiatement.
Devant l’air surpris d’Adèle, Regina, une des
infirmières, s’esclaffe.
– Ne t’inquiète pas, c’était une façon de parler, il n’est pas derrière la porte. Il passera te voir demain puisqu’il a une permission. C’est fou l’effet dévastateur que tu as produit, il a l’air totalement amoureux.
– C’est ça ! s’écrie Adèle, sarcastique. M’avez-vous bien regardée ? De quoi voulez-vous qu’il s’entiche ? D’une paire de béquilles ? Ce n’est pas gentil de se moquer !
– Non, je t’assure que je n’avais pas l’intention de plaisanter. C’est la stricte vérité. Tu peux ricaner tant que tu veux, tu verras bien par toi-même la
réalité, et pas plus tard que demain.
– C’est ça, cause toujours ! Bonne nuit.
– À toi aussi.
Après le petit déjeuner, Véronique a apporté à Adèle une robe de jersey gris à col blanc.
– Aujourd’hui n’est pas un jour comme les
autres. Tu vas oublier ton peignoir redingote et te faire belle.
– Et pourquoi ? Tu sais bien que pour moi
toutes les journées se ressemblent.
– Ne discute pas, c’est comme ça, point final. D’accord ?
Adèle se laisse convaincre et enfile la jolie robe. Peut-être a-t-elle accepté parce qu’inconsciemment elle espère, elle attend une certaine visite. L’histoire ne le dit pas, et la jeune Siwek non plus !
Un peu plus tard, Adèle accomplit une de ses promenades. C’est la fête ! Les gens ont fait des efforts. Ils sont vêtus avec soin. Il règne une
atmosphère électrique dans une ambiance joyeuse. Pour la première fois depuis longtemps, les Juifs peuvent se souhaiter une bonne année sans
arrière-pensée. Ce ne sont plus des vœux pieux mais de grandes espérances en des jours meilleurs. Éric surgit brusquement derrière Adèle et l’enlace. Il l’étreint tendrement.
– Bonne et heureuse année ! Puisses-tu connaître le bonheur et concrétiser tous tes rêves.
– Merci beaucoup, à toi également.
– Je t’ai apporté un petit cadeau.
Il tend une belle écharpe à la jeune fille qui,
touchée, ne sait que dire.
– Souris et embrasse-moi ! Aujourd’hui, tout le monde doit être gai. Tu as intérêt à être joyeuse si tu désires que l’année te soit douce et sucrée !
Malgré elle, un grand sourire illumine ses traits.
– Merci, Éric. Tu es fantastique !
Le jeune homme lui tient compagnie le reste de la matinée. À l’heure du déjeuner, Adèle découvre le menu du repas de fête. Exceptionnel, il propose de la carpe tranchée, du bouillon et des pâtes, de la viande de bœuf bouillie et un gâteau roulé au
p...

Table des matières

  1. Présentation de la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
  2. Comité de lecture de la collection (2011)
  3. Dans la même collection
  4. Biographie d’Adèle Grossman née Siwek
  5. Février 1998
  6. Le temps de l’innocence
  7. Le temps de l’inconscience
  8. La descente aux enfers
  9. Des réveils douloureux
  10. Les cartes l’avaient prédit
  11. Postface
  12. Vécu d’un enfant de déporté
  13. Crédits des illustrations
  14. Remerciements aux amis