Je crois au matin
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Je crois au matin

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Je crois au matin

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À propos de ce livre

Charles Palant a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  Lyon en aoĂ»t 1943, par la Gestapo, avec sa mĂšre et sa soeur Lily ĂągĂ©e de 17 ans. InternĂ©s au Fort Montluc, ils sont dĂ©portĂ©s dĂ©but octobre vers Auschwitz via Drancy, lui seul est revenu en 1945 aprĂšs avoir connu la « marche de la mort » et la libĂ©ration Ă  Buchenwald.Dans son rĂ©cit, Charles Palant, nĂ© en 1922 Ă  Paris, raconte son parcours depuis son enfance dans le quartier populaire de Belleville oĂč, comme sa famille, les Juifs immigrĂ©s vivaient alors nombreux. Le fil directeur de l'exposĂ© lucide qu'il nous livre ici tient dans sa foi inĂ©branlable en l'Homme, cette foi qui ne le quitta jamais, mĂȘme au coeur des plus terribles Ă©preuves.

Foire aux questions

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Informations

Année
2020
ISBN
9782304028393

Annexes

Le pĂšre de Charles Palant.
Hommage Ă  ShloĂŻmĂš Palant,
pĂšre de Charles Palant
Article paru le 28 décembre 1928 à New York dans le journal libertaire Frei Arbeiter Stimmé (« Libre voix ouvriÚre »).
Traduit du yiddish par Batia Baum
« BINEML : pour le sixiÚme anniversaire
de la mort d’un combattant de la libertĂ© »
Quel Ă©trange pouvoir a le printemps. Une nuit de printemps, on va s’asseoir seul sur un banc, dans un jardin, Ă  contempler la lune faire sa ronde majestueuse et fiĂšre dans le vaste infini du ciel bleu, et l’on se sent tout chose. Une lancinante nostalgie vous Ă©treint la poitrine et devant vos yeux dĂ©filent de lointaines images et scĂšnes vĂ©cues depuis longtemps oubliĂ©es, si poignantes que le cƓur se serre et pĂšse lourd Ă  ne pouvoir le supporter. Et pourtant, on n’a aucune envie de partir. On voudrait rester ainsi pour l’éternitĂ©, en cette humeur oppressĂ©e et en mĂȘme temps agrĂ©able et plaisante. Et quand l’horloge vous rappelle qu’il est dĂ©jĂ  trĂšs tard, au moment de partir, vous avez l’impression de laisser dans cette allĂ©e silencieuse quelque chose de trĂšs proche et trĂšs cher, que l’on ne peut emmener avec soi.
Cela m’arrive bien souvent au printemps. Aujourd’hui c’est Ă  nouveau le printemps et me voici toute la journĂ©e enfermĂ© dans l’étouffante atmosphĂšre de l’atelier. Mais sitĂŽt le travail fini, je vais m’asseoir jusqu’au cƓur de la nuit dans un jardin, Ă  songer et penser. Je pense Ă  bien des choses, mais surtout Ă  ma vie Ă©coulĂ©e, Ă  tous mes jours et mes annĂ©es disparus.
Le soir est frais et il y a peu de monde dans le jardin, si bien que je ne suis dĂ©rangĂ© par personne. Il me revient en mĂ©moire des images de mon lointain passĂ©, des Ă©vĂ©nements qui m’ont formĂ©, ont changĂ© ma vie et scellĂ© Ă  jamais mon destin.
À mes yeux se prĂ©sente une scĂšne qui s’est passĂ©e il y a vingt-cinq ans, dans mon village natal. J’avais alors une quinzaine d’annĂ©es.
C’est le printemps. Vendredi soir. Tout le shtetl est sur pied. On se chuchote Ă  l’oreille de l’un Ă  l’autre. Tout le monde sait, et pourtant chacun pense que c’est un secret
 Sur les murs de la maison de priĂšre, on a collĂ© des tracts ! La police les a dĂ©jĂ  arrachĂ©s. Qui sait ce qui va se passer maintenant ! Dans tout le shtetl, il n’en est qu’un dont on parle depuis longtemps dĂ©jĂ , on dit qu’il ne croit pas en Dieu et fait tout ce qui est interdit : il travaille le jour du shabbat, il lit des livres profanes et des brochures, il parle contre l’empereur
 Et tous savent que celui-lĂ  est Bineml, le fils de rabbi Motele. Il est mĂȘme allĂ© passer tout un semestre Ă  Lodz, Ă  la grande ville, et il n’y a pas longtemps en effet qu’il est revenu
 C’est bien fait pour lui ! Il n’avait qu’à ne pas propager de telles idĂ©es ! Comment est-ce possible, pour un enfant juif ? C’est une honte, une honte pour tout le shtetl, et c’est pitiĂ© pour son pĂšre. Car ce n’est pas n’importe qui, rabbi Motele ! Un Juif si pieux, si scrupuleux ! Comment va-t-il supporter une telle honte !
De tels propos circulent de bouche à oreille. Tous sont là sur la place du marché, et tous causent, pour se réjouir ou pour déplorer

Mais tout Ă  coup, on se met Ă  courir ! La plupart fuient chez eux, mais d’autres courent dans une autre direction, vers la ruelle non loin de la schule oĂč demeure rabbi Motele.
Moi, je cours avec eux dans cette direction. LĂ -bas, au bout de la rue, on voit dĂ©jĂ  luire les rangs de boutons dorĂ©s des uniformes. Je cours plus vite, je veux voir de mes yeux comment on l’emmĂšne. Je me pousse Ă  travers la foule et jette un coup d’Ɠil par un carreau dans la maison oĂč sont dĂ©jĂ  entrĂ©s les policiers. Tout est renversĂ©, sens dessus dessous
 La mĂšre pleure, crie et supplie. Le pĂšre n’est pas lĂ , il est comme toujours Ă  la maison de priĂšre. Mais tout ce que je veux, c’est voir Bineml, je veux voir comment il pleure Ă  prĂ©sent

Mais quoi, qu’est-ce que c’est ? Regardez comme il est calme ! Je m’approche de la fenĂȘtre pour mieux voir et l’observe de plus prĂšs. Son visage est pĂąle, mais ses yeux brillent, comme d’une lueur de joie
 Oui, je le vois clairement sourire ! Il s’habille, met des habits de ville, se peigne avec soin, comme pour aller Ă  un bal. Je l’entends prier sa mĂšre de se tranquilliser. Et quand il sort par la porte entre deux gendarmes, il salue en souriant les badauds attroupĂ©s et marche d’un pas fier au milieu de son escorte d’accompagnateurs, devant lesquels tous fuient tels des liĂšvres apeurĂ©s. Je les suis un bout de chemin, je veux voir quelque chose. Les gendarmes veulent l’emmener par une arriĂšre ruelle mais il leur explique que par lĂ  il y a des mares de boue et qu’il vaut mieux passer devant par le marchĂ©.
Ils finissent par disparaĂźtre au loin.
Il n’est pas restĂ© longtemps en prison. Les plus riches notables se sont Ă©vertuĂ©s Ă  le faire libĂ©rer. Ils l’ont fait pour rabbi Motele. Mais moi, plus rien d’autre ne m’intĂ©ressait. Je ne pensais qu’à l’attitude de Bineml. À son calme, Ă  ses yeux rayonnants. Non, un criminel ne peut se conduire ainsi, ai-je rĂ©solu. J’ai longtemps nourri ces pensĂ©es. Tout le reste a commencĂ© Ă  me paraĂźtre mesquin, absurde, sans intĂ©rĂȘt face Ă  son attitude. Les gens, tous petits, de minuscules vermisseaux piĂštres et apeurĂ©s en regard de lui. J’ai perdu le repos, j’avais sans cesse l’image de Bineml devant les yeux. Bineml et ses yeux brillants, son audace et son sourire fier, et une sorte de force incomprĂ©hensible m’attirait vers lui.
Je ne pouvais rester longtemps en place. Il me manquait quelque chose, et je recherchais sans cesse ce « quelque chose ». Sans savoir moi-mĂȘme ce qui me manquait et que je cherchais.
Je suis restĂ© un bon moment dans cet Ă©tat, jusqu’à ce qu’un jour, Ă©tant allĂ© me promener hors du shtetl, je rencontre Bineml. Il marchait seul, absorbĂ© dans ses pensĂ©es. Une force secrĂšte m’a poussĂ© vers lui. Je suis allĂ© Ă  lui hardiment, comme vers un vieil ami, la main tendue. Quelques instants nous nous sommes regardĂ©s tous les deux, comme en un temps suspendu. Finalement il m’a demandĂ© :
– C’est moi que vous saluez ou ma libĂ©ration ?
J’ai balbutiĂ© Ă  grand-peine :
– J’admire votre courage

J’ai encore dit quelques mots, cherchant Ă  lui exprimer mes sentiments. Il m’a parfaitement compris, et il m’a pris par le bras et entraĂźnĂ© Ă  marcher avec lui. Nous avons marchĂ© tous deux longtemps Ă  travers la verte campagne printaniĂšre, et il a beaucoup, beaucoup parlĂ©. Des mots nouveaux pour moi, inconnus. Il m’a parlĂ© de combat et d’amour, d’esclavage et de libertĂ©, d’exploitation et d’égalitĂ©. Et je comprenais si peu, j’entendais seulement des phrases isolĂ©es, sans suite, sans lien, et pourtant chaque mot, avec une force inconcevable, me captivait et m’envoĂ»tait. Je me suis senti totalement changĂ©, dĂ©sormais je ne suis plus le mĂȘme et ne pourrai plus ĂȘtre le mĂȘme. Et Ă  chaque instant il me devient de plus en plus clair que c’en est fini de la vie que j’ai menĂ©e jusqu’ici, et que commence pour moi une vie nouvelle. Et cette nouvelle vie inconnue m’attire et m’effraye Ă  la fois, d’une mĂȘme force. Et comme dans un brouillard, j’entends Ă  prĂ©sent les paroles de Bineml. Il me parle de grands mouvements de masses, de dĂ©filĂ©s cernĂ©s par la police, d’innombrables victimes et martyrs, de ce beau monde nouveau qui va survenir aprĂšs la victoire finale de la rĂ©volution. Et marchant ainsi ensemble, je me suis moi-mĂȘme mesurĂ©, j’ai mesurĂ© mes forces et mes capacitĂ©s, et j’avais envie de pleurer en voyant que je n’étais pas en m...

Table des matiĂšres

  1. Présentation de la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
  2. Comité de lecture de la collection (2011)
  3. Biographie de Charles Palant
  4. Préface
  5. Avertissement
  6. Introduction
  7. PremiĂšre partie 1922-1939
  8. FoĂŻgl
  9. Un anarchiste Ă  Belleville
  10. La communale, lieu de conquĂȘte de soi
  11. Trois ans de maladie
  12. Crise sociale et montée des fascismes
  13. Apprenti maroquinier
  14. Le plus jeune délégué syndical de Paris ?
  15. La dolce vita des « salopards en casquette »
  16. DeuxiĂšme partie 1939-1943
  17. Vichy prend les devants
  18. « Ça sent pas bon tout ça »
  19. Activités clandestines
  20. Ma mĂšre et ma sƓur frĂŽlĂ©es par les rafles
  21. 17 août 1943 : fin du sursis
  22. Solidarités au Fort Montluc
  23. Laver les salades Ă  Drancy
  24. « Retour » en Pologne
  25. TroisiĂšme partie1943-1945
  26. Auschwitz : « à gauche, à droite »
  27. Buna-Monowitz : Auschwitz III
  28. Sur le chantier : oĂč je comprends ce qu’est le nazisme et ce que doit ĂȘtre la mĂ©moire
  29. La soupe de Buna
  30. Combat pour rester digne
  31. SĂ©lections
  32. RĂ©sister, ou comment placer des politiques
  33. Le casse-croûte
  34. « Entweder, oder »
  35. « Arbeitet mit den Augen ! »
  36. La marche de la mort
  37. Buchenwald : bienvenue dans le chaos
  38. Bataille contre l’évacuation
  39. Insurrection et libération
  40. Je ne vous dis pas « auf Wiedersehen »
  41. Sur la route de Paris
  42. QuatriĂšme partie depuis 1945
  43. Le retour
  44. Communiste de Buchenwald
  45. Daisy
  46. Les Juifs grecs de Salonique
  47. Guerre froide et naissance d’IsraĂ«l
  48. Nouveaux racismes
  49. Entre militanceet maroquinerie
  50. De représentant à directeur commercial
  51. Un couple uni
  52. Liberté plutÎt que tolérance
  53. Les milliers de nuits
  54. Jean
  55. Télévision et droits dérivés
  56. Aventure en URSS
  57. Les droits de l’Homme à la retraite
  58. Un monument pour Buna
  59. Trois filles trÚs différentes
  60. Fidélité aux engagements
  61. Annexes
  62. Remerciements
  63. Crédits des illustrations
  64. Titres disponibles dans la mĂȘme collection