J'avais seize ans à Pitchipoï
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J'avais seize ans à Pitchipoï

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J'avais seize ans à Pitchipoï

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« "Pitchipoï" un nom étrange qui sonnait mal à nos oreilles, nous juifs provençaux bercés dès notre enfance par le patois méridional de Mémé Cohen dont le mari était aconier, un métier typiquement marseillais, avec sa barque de ravitaillement destiné aux bateaux du port de Marseille. C'est à Drancy, le camp de transite où notre famille fut internée, que nous devions faire connaissance avec ce mot de Pitchipoï. Nous ne pouvions en connaître l'origine: la culture yiddish polonaise dans laquelle il désigne un petit village imaginaire. Nous ne savions encore moins ce qu'allait être la réalité de cette destination inconnue des internés de Drancy. Lorsque nous la découvrîmes, tout espoir s'évanouit: c'était Auschwitz! » Denise Toros-Marter

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Informations

Année
2020
ISBN
9782304015058

Pitchipoï

Maintenant, c’est grâce à ce vieux cahier que j’ai retrouvé, jauni et écorné, et sur lequel j’avais à mon retour d’Auschwitz 29, c’est-à-dire en juin 1945, jeté les quelques notes qui me permettent de faire ressurgir clairement dans mon esprit les souvenirs de ce que nous avons subi en Pologne.
20 mai 1944 : c’est la date de notre déportation, cette date sera ancrée en moi toute ma vie ainsi que le numéro tatoué sur mon bras gauche. Et le 23 mai marque le triste jour de notre arrivée au camp et le point de départ de nos souffrances.
Après trois jours de voyage ou plutôt de transport dans des wagons à bestiaux, notre train s’arrête enfin le long d’une rampe. De nos lucarnes barricadées, nous apercevons le camp.
Ce voyage aurait pu, si nous avions encore des doutes, présumer de ce qui nous attendait.
Nous avions soif, nous avions chaud. De la litière jonchait le plancher du wagon, où nous devions être cinquante environ. Grand-mère étouffait et nous ne savions quoi faire, André et moi, pour la protéger du contact des autres.
Au milieu du wagon, une tinette pour faire nos besoins était cachée derrière une couverture. Avec les trépidations du train, la tinette débordait, et on ne pouvait la vider que lorsque les SS ouvraient les portes et nous autorisaient à descendre quelques minutes.
Lorsque le train s’arrêtait dans une gare, nous réclamions de l’eau. Les quelques badauds qui essayaient de nous en faire passer étaient très vite chassés par nos gardiens, qui ne les laissaient en aucun cas s’approcher de nous.
Le hazan Samuel était dans ce même wagon, et malgré la présence de son épouse et de son gamin, il essayait de nous prodiguer des paroles d’apaisement.
Plan schématique
du complexe concentrationnaire d’Auschwitz.
Légende du plan schématique d’Auschwitz II-Birkenau
A : entrée du camp, mirador principal.
B Ia : camp des femmes ().
B Ib : camp des hommes, devenu un camp de femmes après 1943 (, août 1942-juillet 1943 ; , juillet 1943-janvier 1945).
B IIa : quarantaine des hommes ().
B IIb : camp des familles pour les Juifs en provenance du camp-ghetto de Theresienstadt ().
B IIc : camp des femmes juives hongroises.
B IId : camp des hommes ().
B IIe : camp des familles pour les Tsiganes ().
B IIf : « hôpital » des hommes ().
B III : secteur III du camp, dit « Mexico » (en cours de construction, mais déjà occupé).
C : poste de commandement () et logements des SS (SS-).
D : le (), entrepôt contenant les bagages et objets des déportés.
E : .
G : zone de bûchers.
H : fosses communes des prisonniers de guerre soviétiques.
K II : chambres à gaz et crématoires.
K III : chambres à gaz et crématoires.
K IV : chambres à gaz et crématoires.
K V : chambres à gaz et crématoires.
L : le (le petit bois de bouleaux).
M 1 : 1, appelé « maison rouge ». Première chambre à gaz de Birkenau avec deux baraques de déshabillage.
M 2 : 2, appelé « maison blanche ». Deuxième chambre à gaz de Birkenau avec deux baraques de déshabillage.
O : épurateurs ().
S : douches et immatriculation ().
X : bâtiment de la section politique du camp ().
Plan schématique du camp d’extermination
d’Auschwitz II-Birkenau (voir légende ci-contre).
Voies ferrées et entrée d’Auschwitz II-Birkenau
vues de l’intérieur du camp : lieu de débarquement
(Bahnrampe, « rampe principale ») des convois
de déportés à partir de la mi-mai 1944,
après le prolongement des rails jusqu’à l’intérieur
du camp. Photographie de 2005.
Son attitude était telle que j’aurais tellement souhaité qu’un hommage lui soit rendu par la communauté et le grand rabbin Salzer. La foi pratiquée par des hommes de sacrifice et de bonté est digne d’admiration, même si l’on se demande où était Dieu à Auschwitz ! Je considère encore le hazan André Samuel comme un Juste qui nous a prêché la confiance et la solidarité. Que sa mémoire, comme celle de mes parents, soit bénie !
Enfin, les portes du wagon qui ont été scellées depuis trois nuits 30 s’ouvrent devant nous ; des hommes, des bagnards, vêtus d’une espèce de pyjama rayé, nous aident ou plutôt nous pressent pour nous faire sortir de notre train infernal. Au moment où ils nous font descendre, ils nous disent tout de suite en français :
– Confiez les jeunes enfants aux personnes âgées, elles vont aller dans un camp où elles seront mieux traitées et où elles ne travailleront pas.
Ma mère se voit donc, ainsi que ma grand-mère, confier un jeune enfant de sept ans ; je pense qu’il était le fils d’un jeune couple de déportés qui s’appelaient Syskind.
C’est la séparation et le déchirement qui commencent !
Nous nous saisissons de nos maigres bagages et nous voici bientôt rangés en longues files sous les cris et sous les coups qui devaient débuter à ce jour et constituer pour nous le commencement d’un affreux cauchemar, comme un trou noir profond dont nous ne sortirions jamais.
D’abord, la séparation des hommes et des femmes. Ainsi, mon frère et mon père sont mis dans une file avec les autres hommes, et nous, les femmes et les enfants, dans une autre.
Première étape de la sélection des déportés
sur la rampe de débarquement de Birkenau
(dont la construction vient d’être achevée, mai 1944) :
la séparation des hommes, des femmes et enfants.
Au fond à gauche, on reconnaît l’entrée principale du camp.
Photographie allemande, mai-juin 1944.
Ensuite, très peu de temps après – quelques minutes sans doute –, commence la première sélection des femmes, opérée par un officier allemand cravaché. Peu lui importe qu’il y ait là des mères, des filles, des sœurs et des enfants, et nous sommes arrachés des bras de nos familles et de nos êtres chers.
Je ne sais plus où sont ma mère, ma grand-mère et l’enfant qui leur a été confié.
Abrutis par le voyage et cet accueil sous les matraques et les hurlements des chiens, nous faisons notre entrée dans le camp, entrée surmontée d’une inscription : Arbeit macht frei, c’est-à-dire « Le travail rend libre ».
Nous étions loin de nous douter que la seule liberté du camp passait par la cheminée des crématoires !
Nous pénétrons alors dans le camp, puis on nous mène dans une vaste salle, que l’on appelle le Sauna, et qui est un lieu d’épouillement où nous devions par la suite subir ...

Table des matières

  1. Présentation de la collection « Témoignages de la Shoah » de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
  2. Comité de lecture de la collection (2011)
  3. Dans la même collection
  4. Biographie de Denise Toros-Marter née Marter
  5. Préface
  6. Introduction
  7. Mes origines
  8. Notre famille
  9. La Seconde Guerre mondiale
  10. Drancy
  11. Pitchipoï
  12. La libération du camp
  13. Le retour en France
  14. Lutetia…
  15. Marseille : qui reste-t-il ?
  16. L’engagement
  17. L’Amicale
  18. Côté personnel
  19. Postface
  20. Annexes
  21. Crédits des illustrations