Cahiers Albert Cohen N°18
eBook - ePub

Cahiers Albert Cohen N°18

Animal et animalité dans l'œuvre d'Albert Cohen

  1. French
  2. ePUB (adapté aux mobiles)
  3. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Cahiers Albert Cohen N°18

Animal et animalité dans l'œuvre d'Albert Cohen

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

Tout lecteur d'Albert Cohen est d'abord plein de ces évocations saisissantes de l'antagonisme radical entre « la Loi » et « la nature » dont l'auteur semble avoir fait le socle de sa vision du monde: « [...]C'est notre héroïsme désespéré que de ne vouloir pas être ce que nous sommes et c'est-à-dire des bêtes soumises aux règles de la nature que de vouloir être ce que nous ne sommes pas et c'est-à-dire des hommes. » Quel est le soubassement de cette vision du monde? Est-il à chercher dans le judaïsme dont Cohen se réclame ou dans une pente quasi gnostique, comme le soutient Jack Abecassis? Comment se traduit-elle poétiquement? Que vient-elle signifier politiquement et philosophiquement? Que trahit-elle de l'imaginaire de l'écrivain, de son rapport à la nature, au corps, à la femme? Comment l'aversion déclarée pour l'animalité peutelle s'accorder avec les mille et une preuves de l'intérêt, sinon de l'amour, de l'écrivain pour les « bêtes »? Car ouvrir l'oeuvre de Cohen, c'est découvrir une incroyable faune, dans laquelle les animaux ne sont pas toujours des repoussoirs allégoriques: des chattes aux termites, des chevaux de retour aux félins - miniaturisés ou non -, des langoustes d'Ariane aux araignées adultères, des aigles aux crapauds, en passant par les grosses mouches noires et jusqu'au chien auquel Solal envisage un moment de faire sa déclaration d'amour, le bestiaire de l'écrivain semble inépuisable.

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à Cahiers Albert Cohen N°18 par Philippe Zard en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Literature et Literary Criticism. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2021
ISBN
9782304022032

Fouet, fauves et peluches :
figures de la lutte contre l’animal dans Solal et Belle du Seigneur.

Alain ROMESTAING
(Université Paris Descartes/UMR 7171 Paris 3 – CNRS)
À l’origine de cette communication, il y a une scène frappante de Solal et qui se dissémine de plusieurs manières dans Belle du Seigneur. Il s’agit du numéro de cirque du « tigre sauvage non dressé »131 dont les rebondissements dramatiques feront grandement augmenter l’estime d’Aude de Maussane pour Solal. Alors que le dompteur gît « la poitrine en sang » et que les aides n’osent pas entrer, se contentant étrangement de tirer des coups de revolver, et tandis qu’Aude ferme les yeux et serre la main de Jacques, son fiancé, « un coup de fouet dans le silence étonnant » fait lever la tête à la jeune fille. Voici la suite :
Solal était entré dans la cage et châtiait le tigre qui reculait avec des ronflements. (Aude délaissa la main de son fiancé.) On emporta le dompteur blessé. Mais Solal, qui entendait ne pas être privé de son plaisir, frappa deux coups sur le billot et la bête obéit. Les spectateurs acclamaient l’inconnu aux gestes discrets de belluaire. L’homme et le tigre avaient la même jeune élégance.
Soudain le fauve s’élança, recula, avança la patte et la longue main de Solal devint rouge de sang. Dionysos merveilleux en habit de soir fouetta, à tour de bras, les yeux étincelant de colère, la bête qui protesta, obéit enfin, s’assit et bâilla avec un mépris ancien. Il tourna le dos et s’en alla avec une tranquillité peut-être théâtrale. Délire de la foule femelle.132
Un acte héroïque, une assimilation du héros au fauve, mais aussi des femmes à des femelles, assimilation qui est développée à loisir dans l’œuvre133 : la scène contient déjà une contradiction essentielle sur laquelle j’aurai l’occasion de revenir, à savoir la domination de l’animalité par le héros reposant sur l’animalisation de ce même héros. Quand on sait que Solal affirme dans le même roman : « Je hais (grimace violente et juvénile) les animaux »134 et que cette haine est justement exacerbée par sa propre peur d’être réduit à la « babouinerie » ou « gorillerie » ou « chevalerie » occidentales, on comprend que cet héroïque triomphe initial est déjà gangrené, comme si le coup de patte de la bête n’était pas seulement un coup de main pour l’avancement des affaires de cœur de Solal, mais aussi une contamination… Est-il possible de lutter contre l’animalité par le fouet, c’est-à-dire par la domination brutale ? Ce sera à examiner en suivant les multiples formes de l’usage du fouet (ainsi que les multiples formes de l’animalité) dans Solal et dans Belle du Seigneur.
Cependant Cohen décrit également une autre stratégie de domination de l’animalité : celle d’une domestication extrême, c’est-à-dire d’une réduction de l’animal à des dimensions tout à fait domestiques, une réduction à entendre au sens littéral de miniaturisation autant qu’au sens figuré de soumission. C’est ce que font généralement les belles de Solal, férues de chiens, chattes et chevaux fidèles, d’animaux mignons et de peluches, koalas au « petit nez tellement chou » et autre « bébé lion avec de grosses pattes pelotes des pattes boulouboulou »135, encore que l’attitude de domestication ne leur soit pas spécifique, pas plus que celle du dressage par le fouet n’est spécifique à Solal…
Les deux stratégies, de la domination par le fouet ou de la domestication par la réduction, ont leurs atouts et leurs limites qu’il s’agira d’analyser. Et dont il faudra également entendre les enjeux sur le plan de l’écriture dans sa confrontation à l’animalité.
Dominer l’animalite par le fouet.
Fouet, fauves et réversibilité
J’ai parlé de dissémination de la scène du tigre dans Solal et dans Belle du Seigneur. Plus précisément il s’agit de dissémination du motif du fouet dans un contexte de domination. La dissémination est d’autant plus large que le fouet menace aussi bien des animaux que des personnes – celles-ci, comme le montre déjà la scène du tigre, étant elles-mêmes assimilées à des animaux – et que la...

Table des matières

  1. Avant-propos
  2. Etudes
  3. Bêtes, « homme naturel » et « homme humain » chez Albert Cohen
  4. Le duo métaphorique de l’animal et de l’homme dans le chapitre 35 de Belle du Seigneur
  5. Fouet, fauves et peluches : figures de la lutte contre l’animal dans Solal et Belle du Seigneur.
  6. Les humains-bêtes de Cohen et Proust entre la jungle et le jardin d’acclimatation
  7. Le parasite et le cosmopolite chez Albert Cohen
  8. L’animal dans le social : immobilisme d’une société ou impossible réforme de l’homme ?
  9. L’amour des animaux dans Belle du Seigneur
  10. La Gnose sans gnosis d’Albert Cohen
  11. Recherche
  12. Bernanos et Cohen : Deux écritures du commencement
  13. Cahiers Albert Cohen