La plume et l'idée
eBook - ePub

La plume et l'idée

ou l'intelligence des Lumières

  1. French
  2. ePUB (adapté aux mobiles)
  3. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

La plume et l'idée

ou l'intelligence des Lumières

Détails du livre
Aperçu du livre
Table des matières
Citations

À propos de ce livre

« Le Neveu de Rameau, ou la supériorité du « fou » sur le « philosophe »? Et si c'était le contraire? Les Liaisons dangereuses, un éloge masqué du libertinage? Voire... La révolte au sérail à la fin des Lettres persanes, une dénonciation déjà féministe du despotisme oriental? Rien n'est moins sûr. La Plume et l'idée rassemble des études sur Voltaire, Montesquieu, Diderot, le libertinage - certaines récentes, d'autres plus anciennes -, qui sont autant de témoignages de « l'intelligence des Lumières » et de démonstrations par l'exemple de ce que lire veut dire. Synthèses de haute volée, explications de texte inspirées, fragments d'une autobiographie intellectuelle: La Plume et l'idée est la meilleure introduction possible à l'oeuvre d'un des très grands spécialistes du XVIIIe siècle. »

Foire aux questions

Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramètres et de cliquer sur « Résilier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez résilié votre abonnement, il restera actif pour le reste de la période pour laquelle vous avez payé. Découvrez-en plus ici.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l’application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Les deux abonnements vous donnent un accès complet à la bibliothèque et à toutes les fonctionnalités de Perlego. Les seules différences sont les tarifs ainsi que la période d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous économiserez environ 30 % par rapport à 12 mois d’abonnement mensuel.
Nous sommes un service d’abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui, vous pouvez accéder à La plume et l'idée par Jean-Yves Goldzink en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Littérature et Dissertations littéraires. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2021
ISBN
9782304023251

Chapitre 1
Roman et idéologie dans Candide

Ce texte, écrit en 1969 ou 1970 à partir de la reprise d’une leçon agrégative très formaliste, a paru sous forme de cahier ronéotypé en 1971, sous les auspices du défunt « Centre d’Études et de Recherches Marxistes ». « La Pensée » (n° 155, fév. 1971) en publia la dernière partie. Abusées par une reproduction à l’identique à l’occasion d’un concours d’agrégation, certaines bibliographies ont cru que la première publication datait de 1981 ou 1982. Cette date de 1971 m’importe, car il est clair que mon étude, qui n’a rien de spécifiquement marxiste, dialogue en silence avec le structuralo-linguistico-formalisme littéraire alors tonitruant. Pourquoi en silence ? Parce que mon propos était de fuir le débat « théorique » dont la phraséologie pompeuse m’énervait, au profit d’analyses plus empiriques et si possible précises. Je suppose que la nudité du style relevait du même souci de vertu austère, ainsi que le refus de l’érudition bibliographique étalée en notes complaisantes.
Il était évidemment déraisonnable, pour un jeune assistant tout juste converti aux Lettres, de japper d’emblée, sans crier gare, au mollet du tout-puissant et très savant R. Pomeau, en plein cœur de ses terres. Il ne semble pas qu’il m’en ait tenu rigueur, puisqu’il accepta mon inscription sur la liste d’aptitude aux fonctions de maître-assistant. Je lui devais cet hommage. J’aurais évidemment préféré qu’il répondît, mais on ne peut tout avoir. Il faudrait bien entendu comparer ce texte avec des analyses contemporaines de Candide pour en mieux saisir les enjeux implicites (voir par exemple un Classique Bordas d’A. Magnan, ou une étude de F. Vernier, ou, je crois, tel article de la revue « Pratiques » dont j’ai oublié la référence).
Rappelons au passage que le terme « chef-d’œuvre » était alors sévèrement prohibé du vocabulaire « moderne », comme celui de « créateur », que la description actantielle battait son plein, et ainsi de suite. Je donnais volontairement du grain à moudre aux nombreux adversaires du « conservatisme communiste ». On sortait tout juste de mai 68, et j’étais devenu membre du bureau national du Snesup (chargé des publications)... En fait, ce texte était loin de représenter la majorité des universitaires littéraires membres du PCF, modernistes ardents pour la plupart. Mais qui le croirait aujourd’hui, où l’on ose prétendre, sans rire le moins du monde, que les marxistes dominaient l’Université (sic) ?
Il existe à ma connaissance, en langue française, deux théories sur Candide : celle de R. Pomeau, et la mienne. Car on ne considérera sans doute pas comme une théorie du texte, je suppose, sa transcription actantielle. Pomeau sous-interprète (selon moi), je risque de sur-interpréter. Où en est-on 40 ans plus tard ? Force est de constater qu’elles n’ont été, ni l’une ni l’autre, discutées ! Or, que d’éditions, que d’articles, d’ailleurs souvent intéressants...7 Est-ce raisonnable ? Est-ce même sain ?
En dehors d’une histoire des interprétations de Candide, ce texte, imprimé ici pour la première fois, pourrait peut-être aussi intéresser les historiens de la critique. Il est clair que ma tentative, qui n’était pas celle d’un spécialiste de Voltaire, tant s’en faut, mais d’un simple enseignant éclectique et encore plus tracassé, profondément insatisfait et par la critique universitaire, et par la critique « moderne », et par la critique « marxiste », s’essayait à combiner structures et idéologie (autrement dit histoire), saisie globale d’un texte et détails, en réponse à l’approche purement formaliste qu’avait proposée, et opposée, un fringant Normalien barthésien. Tenais-je dès lors la clé d’une méthode ? Nullement. Autant de textes, autant de problèmes inédits. Autant d’angoisses, et de risques d’échec. Restons-en là.
Qui éduquera les éducateurs ? demandait Brecht. Je suis tenté de répondre, contre toute tentation populiste ou étatique : l’idée qu’ils se font de la demande des éducables. En « sciences humaines », pas de « science » sans conscience. Que de « chercheurs », dans ma discipline, se sont doucement éteints sous l’étouffoir de l’impunité en matière d’enseignement, assurée par le monopole des grades... Je ne saurais trop remercier l’institution normalienne. Les étudiants, tenus à rien, votaient avec leurs pieds. Dura lex, sed lex. J’apprends que tout cela relève maintenant du passé, on contrôle l’assiduité et l’écoute magistrale, on distribue des diplômes, comme en fac, enfin. À vos bancs, Normaliens, contents ou pas ! Mais a-t-on réfléchi qu’ils y perdraient moins que leurs maîtres ?
*
Il semblera peut-être qu’à vouloir étudier certains rapports du roman et de l’idéologie dans Candide, je me fasse la tâche particulièrement facile. Le concept de “ conte philosophique ” signale en effet depuis assez longtemps le double clavier sur lequel joue le récit. Mais mon propos n’est pas de constater une liaison qui va de soi ; c’est d’en étudier quelques mécanismes dans un authentique chef-d’œuvre. Il apparaîtra vite que tout n’est pas aussi simple qu’on serait tenté de le supposer dans le meilleur des contes philosophique possibles…
description empirique8 – symétries
Roman et philosophie semblent entretenir dans Candide des rapports sans mystère, lisses et sereins. En fait, la symétrie que suggère l’expression “ conte philosophique ” dessine dans le texte des figures subtilement entrelacées.
Addition et alternance
Il y a d’abord un rapport de contradiction direct, une structure de choc. Au discours panglossien s’oppose la réalité. Chaque épisode ajoute sa touche au tableau du malheur de vivre : le conte progresse par accumulation de faits qui détruisent la métaphysique optimiste. Dans la balance (truquée) où il fait mine de peser la vérité, Voltaire entasse tous les poids sur un seul plateau. Le conte utilise donc une structure simple mais efficace : celle même qu’il parodie dans le dernier chapitre lorsque Pangloss égrène la longue litanie des rois assassinés ; Voltaire, lui aussi, tout au long du conte, mais pour contredire, a fait l’addition des démentis. Dans cette perspective, le conte n’a pas de fin ; on peut toujours rajouter un vol, un meutre, une trahison… Cette structure présente deux caractères principaux :
- elle repète inlassablement le même schéma ;
- elle détruit l’effet de réel, puisqu’elle s’avoue perpétuellement orientée et déterminée par un souci démonstratif. Différence essentielle avec les grands épisodes de Jacques le Fataliste (notamment, – mais ce n’est pas le seul – celui de Mme de la Pommeraye). A mesure qu’une histoire insérée dans Jacques le Fataliste prend d’avantage d’ampleur, son lien avec le thème du fatalisme se fait plus ambigu et apparemment inessentiel. Au contraire, Voltaire ne cède pas à la fascination romanesque : tous les épisodes semblent se placer sur la même ligne : autant de grains enfilés sur le même chapelet, de chiffres d’une même addition. Ce qui se traduit nettement sur le plan formel : au fond, à quelques pages près, et si on compare avec les énormes différences qu’on rencontre dans Jacques le Fataliste (anecdote de quelques lignes, historiette, conte, nouvelle, petit roman…) tous les chapitres sont de longueur égale. Ainsi Voltaire oppose au bavardage, au rêve, la réalité de la vie, mais cette réalité, il est obligé de constamment la truquer, et de nous rappeler sans cesse qu’il truque. Notre rapport à l’œuvre reste identique d’un bout à l’autre, tandis que Diderot s’amuse à jouer en virtuose de tous les types de relations entre l’auteur, l’œuvre, le lecteur.
Mais le conte ne se contente pas d’effeuiller, pétale par pétale, la fleur bleue de la candeur : j’aime la vie passionnément, beaucoup, un peu, pas du tout… L’art du montage des épisodes revêt une signification au moins aussi essentielle que leur amoncellement linéaire. Sur la structure d’addition, se superpose une structure d’alternance. Événements malheureux et heureux se suivent et se bousculent. Plus exactement encore, la cause et l’effet se révèlent constamment contradictoires : du malheur le ...

Table des matières

  1. « L’Esprit des lettres »
  2. Dans la même collection
  3. Du même auteur
  4. Préface de Pierre-François Moreau
  5. Bref avant-propos embarrassé
  6. Première Partie Voltaire Quand l’intelligence monte au front
  7. Chapitre 1 Roman et idéologie dans Candide
  8. Chapitre 2 Comment finir un conte… et le commencer
  9. Chapitre 3 Un Huron chez Louis XIV
  10. Chapitre 4 L’antiphilosophie en dictionnaires
  11. Chapitre 5 Fictions d’origine : les religions premières
  12. Deuxième Partie Montesquieu L’intelligence à la mesure du monde
  13. Chapitre 6 Sur le chapitre 1 de L’Esprit des lois
  14. Chapitre 7 Le droit de résistance dans les Lumières francaises
  15. Chapitre 8 Montesquieu est-il un philosophe libéral ?
  16. Chapitre 9 Lettres persanes : roman de politique-fiction ?
  17. Chapitre 10 Roxane, de quel amour brûlée…
  18. Troisième Partie L’intelligence des vices
  19. Chapitre 11 Le Neveu de Rameau après Michel Foucault
  20. Chapitre 12 Le chef-d’œuvre et la critique Sur le Neveu de Rameau et ses lecteurs français
  21. Chapitre 13 Que faire du libertinage ?
  22. Chapitre 14 L’impossible utopie du bordel républicain Sade et la république
  23. Chapitre 15 Résistance féminine et logique des passions chez Mme de La Fayette, Prévost, Laclos
  24. Postface de Roland Mortier
  25. Références éditoriales