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À propos de ce livre
« Le monde se compose de tessons qui s'éparpillent, c'est un obscur chaos incohérent que seule l'écriture maintient. » Ces mots d'Imre Kertész accordent à l'écriture la force de sauver un monde en perpétuelle désagrégation. Or une telle écriture ne peut déboucher que sur une forme en péril, tendue entre un chaos menaçant et une cohérence toujours visée, jamais atteinte, exhibant ses propres tâtonnements et s'enfantant dans la douleur. Les articles réunis dans ce volume ont pour objet les trous, brisures et montages de la prose narrative au xxe siècle - entre autres dans les oeuvres de Handke, Simon, Perec, Levi, Tabucchi, Kertész, Glissant, pour qui le récit ne saurait être qu'un champ de forces où s'affrontent désir de totalité et menace de désintégration. Dans cette forme discontinue où nombre d'écrivains et de critiques voient la marque même de la modernité, la recherche formelle est inextricablement liée à un questionnement politique: le désordre du récit implique une réflexion sur l'Histoire et sur la possibilité de l'écrire. La forme hachée à laquelle aboutissent les auteurs peut être l'indice d'une faillite, le récit échouant à représenter l'irreprésentable. Mais elle peut aussi se voir investie d'une valeur critique: contre le mensonge d'une forme lisse, le récit discontinu, revenant inlassablement sur lui-même, se fait l'instrument d'une réflexion que le lecteur est invité à poursuivre.
Foire aux questions
Informations
La temporalité ludique et l’influence du jeu sur les partis pris formels de narration
Table des matières
- « L’Esprit des lettres »
- Dans la même collection
- Préface
- I. L’instant : déliaison et reconfiguration du temps narratif
- La temporalité ludique et l’influence du jeu sur les partis pris formels de narration
- Différentes manières de nier le temps par l’esthétique de la forme brève chez Borges, les symbolistes et les modernistes
- « Intermittences » et « moments de vie » : l’esthétique de la discontinuité chez Marcel Proust et Virginia Woolf
- Image et discontinuité narrative dans Le Jardin des Plantes de Claude Simon et La perte de l’image de Peter Handke
- II. Le récit éclaté : critique du discours historique
- Chronique d’un désastre ou la Révolution derrière la palissade : une lecture des Cyniques d’Anatoli Mariengof (Berlin, 1928)
- La reconstruction syncopée du récit autobiographique. W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec et Le système périodique de Primo Levi
- La prose de Hanna Krall et d’Andrzej Szczypiorski : deux modélisations fictionnelles différentes de la Seconde Guerre mondiale
- Des silences historiographiques au repli communautaire : Le sourire du marin inconnu de Vincenzo Consolo et Frémissante mémoire de Jesús Moncada
- Le montage narratif et la représentation de l’Histoire : validité du parallèle
- Récit défiguré et Histoire défigurante : Tigre en papier d’Olivier Rolin et Tristano meurt d’Antonio Tabucchi
- III. Restaurer la continuité ? Hypothèses de lecture
- Le choix esthétique de l’éparpillement et de la fragmentation : Liquidation d’Imre Kertész et Tristano meurt d’Antonio Tabucchi ou l’éthique du témoignage
- Under the Volcano : excès de sens ou « idiotie du réel » ?
- La Lézarde, Le quatrième siècle et la question de l’Histoire : l’écorce et la pulpe de la socio-poétique glissantienne
- Les interstices du récit : Kafka, Le procès, les fragments narratifs
- L’hypertextualité dans Le grand incendie de Londres de Jacques Roubaud
- Conclusion
- Contributeurs