Retour d'Auschwitz
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Retour d'Auschwitz

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Retour d'Auschwitz

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À propos de ce livre

Ce livre est la réédition du témoignage rédigé et publié par Guy Kohen dÚs son retour de déportation. Ses souvenirs traumatisants encore trÚs présents dans son esprit et le besoin de faire connaßtre au monde l'inconcevable horreur de la barbarie nazie donnent toute sa force à ce récit. Grùce à sa volonté d'objectivité et à ses qualités littéraires, Guy Kohen nous révÚle la réalité des persécutions dont il a été la victime. Que ce soit son arrestation dans la Creuse, sa détention à la prison de Limoges, le camp de Drancy, les conditions de survie dans l'univers concentrationnaire d'Auschwitz et de Monowitz jusqu'à la « marche de la mort » lors de l'évacuation et sa libération, il s'emploie avec une grande pudeur à exposer ce qu'il a vu et subi du seul fait qu'il était juif.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782304048254

En France
1
L’arrestation

Jamais on n’avait vu pareil temps en janvier. Le soleil n’était pas si pĂąle et les rayons qu’il lançait vigoureuse-ment sur les arbres dĂ©pouillĂ©s et les champs nus faisaient penser Ă  une rĂ©surrection des forces de la Nature. Les chapeaux de paille faisaient une rĂ©apparition bien inattendue et l’on en arrivait Ă  oublier les noirceurs et les difficultĂ©s d’une vie rendue amĂšre par l’Occupation et Ă  reconsidĂ©rer l’existence d’un point de vue optimiste ; la guerre ne pouvait pas toujours durer, et, en contemplant un ciel si bleu, nous retrouvions ce qui nous avait manquĂ© depuis trois annĂ©es : la joie de vivre.
Le dĂ©jeuner avait Ă©tĂ© excellent. Je me souviens encore de certain pĂątĂ© en croĂ»te qui nous fut servi ce jour-lĂ . La personne qui faisait office de cuisiniĂšre s’était surpassĂ©e. Je me rappelle Ă©galement la couleur brun dorĂ© du clafoutis. Notre chĂšre hĂŽtesse, cordon-bleu Ă  la rĂ©putation bien Ă©tablie, tenait Ă©videmment Ă  mettre en lumiĂšre le fait que la science pĂątissiĂšre ne lui Ă©tait pas non plus tout Ă  fait inconnue.
Nous digĂ©rions bĂ©atement. Cependant, une pensĂ©e m’obsĂ©dait sans trĂȘve depuis le matin. Je n’ai jamais cru en ce que l’on a coutume d’appeler un pressentiment, mais, nĂ©anmoins, la coĂŻncidence est pour le moins curieuse. Un lutin entĂȘtĂ© me tambourinait la tĂȘte depuis le matin en me rĂ©pĂ©tant : « Mon Cher Ami, regarde-toi ! Tout va trop bien pour toi ; tu n’as pas faim et es ma foi bien gras ! Quand d’autres souffrent mille misĂšres, tu coules des jours bien tranquilles et ton regard se pose rassurĂ© sur un ventre qui n’a jamais eu l’occasion de faire des plis ! Mais prends garde, il se peut que cela ne dure plus si longtemps. »
Je n’avais rien prĂ©vu pour l’aprĂšs-midi. Je devais aller me faire photographier Ă  Sardent (petit bourg creusois situĂ© Ă  trois kilomĂštres du village oĂč nous avions Ă©lu domicile). Il le fallait, car il Ă©tait dans nos plans de faire Ă©tablir une carte d’identitĂ© fantaisiste pour Ă©chapper Ă  la dĂ©portation du travail . Malheureusement, le contrordre : « Ne vous dĂ©rangez pas aujourd’hui » m’était parvenu par l’intermĂ©diaire du facteur. Si le photographe avait Ă©tĂ© disponible ce 28 janvier 1, il est infiniment probable que la Haute-SilĂ©sie n’eĂ»t jamais Ă©tĂ© honorĂ©e de ma visite ; mais il Ă©tait sans doute Ă©crit sur les tablettes de la DestinĂ©e que, comme tant de malheureux, je devais connaĂźtre la grande aventure.
N’allant donc pas au bourg, je m’occupais tranquillement en compagnie d’un de nos amis, berger de son Ă©tat, Ă  agencer une clĂŽture de fil de fer, afin que les jeunes poulets ne puissent pĂ©nĂ©trer dans le jardin. La pince en main, je tordais le fil, arrachais les clous, sortais les vieux piquets de leur emplacement afin d’en remettre de neufs, lorsque le bruit d’un moteur assez puissant me fit retourner la tĂȘte. Une grande automobile noire venait de stopper au milieu du chemin du village. Quatre hommes en descendirent. Un chien Ă©galement.
Celui qui paraissait diriger l’expĂ©dition s’avança droit sur moi. Mon pĂšre, Ă  son passage, lui demanda : « Vous dĂ©sirez, monsieur ? » L’Allemand, un fort gaillard en trench-coat et chapeau mou, ne fit pas le moindrement attention Ă  lui et, arrivant en face de moi, il me dit, une main dans sa poche : « Que faites-vous ici ? Comment vous appelez-vous ? » J’avais posĂ© mes pinces et je le regardais droit dans les yeux. DĂšs ma premiĂšre vision de la voiture, du fusil-mitrailleur et du chien de berger, j’avais compris. Je ne me faisais aucune illusion. Je savais, par l’audition des radios alliĂ©es, quel Ă©tait le sort de ceux qui tombaient entre les mains des nazis. Ma conviction la plus intime Ă©tait que les reportages britanniques sur les camps de concentration allemands en gĂ©nĂ©ral, et sur le traitement infligĂ© aux Juifs dans ces dits camps en particulier, bien loin d’ĂȘtre exagĂ©rĂ©s, ne devaient ĂȘtre qu’un pĂąle reflet de ce qui devait s’y passer en rĂ©alitĂ©.
Je rĂ©pondis Ă  ses deux questions : « Vous le voyez, je travaille Ă  dĂ©monter cette clĂŽture. Quant Ă  mon nom, je m’appelle Guy. »
Le SD 2 (abrĂ©viation de Sicherheitsdienst : « service de sĂ©curitĂ© ») me rĂ©pliqua trĂšs durement : « Guy, ce n’est pas un nom de famille, ça ! Guy comment ? Et vos papiers ? Les avez-vous ? Faites-les voir ! » Son français n’était ni trĂšs clair ni trĂšs correct, mais il Ă©tait nĂ©anmoins possible de le comprendre. Je lui exhibais ma carte d’identitĂ©, laquelle portait un superbe cachet rouge « JUIF » en majuscules imposantes. Il fit : « Ah, ah ! », puis soudain, d’un seul coup, il me lança Ă  la figure :
« Et votre pĂšre, oĂč est-il ?
— J’ai dĂ©jeunĂ© avec lui, je ne l’ai pas revu depuis.
— Y a-t-il longtemps que vous avez terminĂ© votre repas ?
— Deux heures environ.
— Et oĂč est-il ?
— Je viens de vous dire que je ne le savais pas.
— Vous avez certainement une idĂ©e sur l’endroit oĂč il peut ĂȘtre et je vous conseille de nous la communiquer.
— Il est parti se promener dans les champs selon son habitude ; il ne reste pas toute la journĂ©e Ă  la maison, qu’y ferait-il ?
— OĂč se promĂšne-t-il ? Le lieu exact ?
— Il existe tant de prĂ©s et de champs aux alentours qu’il ne m’est pas possible de vous fixer.
— Vous ne voulez pas le dire ? TrĂšs bien. »
Puis, se retournant et montrant notre maison : « Vous habitez lĂ , n’est-ce pas ? » Sur ma rĂ©ponse affirmative, il me dit : « PrĂ©cĂ©dez-moi » et m’indiqua d’un geste du menton la porte du rez-de-chaussĂ©e. Nous entrĂąmes tous deux dans la piĂšce. Il ouvrit une armoire, examina les deux lits, puis soudain :
« Et oĂč couchez-vous ?
— Au premier.
— Allons-y », et, me mettant le canon de son revolver dans les cĂŽtes, il me fit passer devant lui pour monter l’escalier. Il examina tout et, se dĂ©cidant enfin :
« Vous ne savez toujours pas oĂč est votre pĂšre ? Vous me permettrez de vous dire que la discrĂ©tion poussĂ©e trop loin n’est pas toujours saine. »
Puis, brutalement :
« Vous venez avec nous, habillez-vous, et vite. »
Pendant que le policier m’interrogeait, mon pĂšre, rĂ©alisant enfin ce qui arrivait, Ă©tait sorti par la porte qui donnait sur la route, seconde issue dont les sbires de la Gestapo n’avaient mĂȘme pas soupçonnĂ© l’existence. C’est bien ce que j’avais escomptĂ©, en prolongeant Ă  dessein mon interrogatoire par des rĂ©ponses lentes et mal assurĂ©es aux questions trop vivement posĂ©es. Étant, bien naturellement, assez troublĂ©, je pris ce que j’avais sous la main, et, une fois prĂȘt, je descendis avec le colosse qui me conduisit Ă  la voiture. Ils m’installĂšrent sur le strapontin, afin de m’avoir Ă  leur complĂšte merci et pour ne courir aucun risque inutile. Le chauffeur et le chef prirent place devant moi, les deux autres derriĂšre, leur molosse sur les genoux. J’étais, ma foi, joliment encadrĂ©. La limousine dĂ©marra, et, le cƓur serrĂ©, je jetai un dernier regard Ă  notre pauvre grand-mĂšre, Ă  qui je venais de dire « À bientĂŽt », en guise d’adieu, et qui s’était traĂźnĂ©e jusqu’à la voiture avec une mine si dĂ©faite que les larme...

Table des matiĂšres

  1. La Collection « Témoignages de la Shoah »de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
  2. Avertissement de l’éditeur
  3. Préface
  4. En France 1 L’arrestation
  5. 2 À la prison de Limoges
  6. 3 Drancy
  7. En Silésie 1 Auschwitz
  8. 2 L’évacuation du camp
  9. RĂ©flexions 1 Pour servir de conclusion
  10. 2 Une idée
  11. L’opinion d’un tĂ©moin
  12. Avant-propos de Guy Kohen
  13. Extrait du journal russe, du 13 février 1945.
  14. Crédits photographiques :