Mille jours de la vie d'un déporté qui a eu de la chance
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Mille jours de la vie d'un déporté qui a eu de la chance

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Mille jours de la vie d'un déporté qui a eu de la chance

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Les survivants de la déportation attribuent souvent à la chance les circonstances dans lesquelles ils échappèrent à une mort certaine. Ils évoquent également l'aléatoire et l'arbitraire qui régnaient dans le système concentrationnaire nazi. Théodore Woda met la chance au coeur de son témoignage car il démontre que, malgré que la destruction de tous les juifs soit programmée par le IIIe Reich allemand, la chambre à gaz ou la mort lente par la faim et/ou les mauvais traitements n'a pas toujours été la fin du parcours du déporté juif. On ne peut pas dire que la chance ait été avec lui lorsque la Gestapo, lors d'un contrôle, l'arrête au seul motif d'être juif, puis le déporte du camp de Drancy par le convoi n° 33.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782304048230

Camp de Langenbielau
17 février 1944 - 8 mai 1945

Le 17 février 1944, je me retrouvai, avec une dizaine de déportés, dans un petit hôtel à l’enseigne Zum Adler
(« À l’aigle »), réquisitionné dans la ville même de Langenbielau 20 en Basse-Silésie. Nous n’y restâmes qu’une huitaine de jours, le temps que le grand camp de Sportschule Langenbielau 21 soit prêt à nous héberger.
À l’hôtel, nous vivions tous les dix dans une grande pièce, sur des châlits. Pour se laver, c’était féerique ! Deux lavabos avec eau froide courante. Il n’y avait que nous et deux SS qui nous gardaient.
On en profita pour laver un peu de linge avec du savon de guerre, qu’il n’était pas question de faire mousser. Puis, nous déménageâmes au camp de Sportschule Langenbielau, situé en plein champ à quatre kilomètres des villes de Langenbielau et de Reichenbach, dans la région de Breslau. Nous nous trouvions à égale distance des deux villes.
Le camp comprenait une trentaine de baraques où logeaient environ mille deux cents hommes. Le temps de répartir les hommes qui arrivaient de plusieurs camps, ou venaient directement de leurs pays, et les Kommandos furent constitués.
Ma fiche devait me suivre car je fus affecté, toujours comme électricien, au Kommando « Siling ». C’était une sous-marque de fabrique des établissements Robert Bosch de Stuttgart, qui s’était repliée ici pour éviter les bombardements des Alliés. Les ateliers avaient été installés dans une partie d’une ancienne filature désaffectée, de très grande dimension. À part la filature, il devait également y avoir des halls de tissage.
Dans mon Kommando, nous étions douze. Parmi nous, il y avait deux frères nommés Grüngrass, dont l’un était tourneur et l’autre soudeur, et un nommé Welowidski, qui était tôlier-formeur, et quelques ajusteurs et manœuvres dont j’ai oublié les noms. Moi-même, j’avais la fonction d’électricien, et de dépanneur radio à l’occasion. Les trois personnes citées avaient à peu près mon âge, c’est-à-dire entre 25 et 28 ans.
Nous travaillions tous dans un atelier isolé dans l’usine et gardé par deux SS avec un chien. Plusieurs grands halls avaient été aménagés et toutes sortes de machines-outils et de chaînes de montage servaient à fabriquer des démarreurs et des dynamos pour des chars ou des camions de l’armée. Toutes ces installations n’occupaient qu’une faible partie de la filature, et d’autres parties des locaux se trouvaient occupées périodiquement soit par des prisonniers de guerre, soit par des STO ou même par des soldats allemands au repos.
Je fus donc affecté comme électricien et mon premier Meister se nommait Herr Müller, un Allemand brun d’environ 45 ans avec un physique plutôt sympathique et au fond assez aimable.
Nous installions des lignes, soit pour l’éclairage, soit pour alimenter des machines-outils. Nos relations, sans être excellentes, étaient bonnes. De temps en temps, une petite tartine déposée dans ma caisse à outils venait de sa part. Nous travaillâmes ensemble jusqu’au mois de mai 1944. Il n’avait plus le moral et, sans me l’avouer, savait que les Allemands allaient perdre la guerre. Il était anxieux car il avait peur d’être appelé et envoyé sur le front de l’Est. C’est d’ailleurs ce qui lui arriva. J’appris par la suite qu’il fut tué sur le front russe.
On le remplaça par Herr Daylé, un grand blond qui avait également une quarantaine d’années. Lui était plus arrogant et d’un contact beaucoup plus difficile. Il avait l’esprit moins ouvert que le précédent. Il ne me serait pas venu à l’idée de lui demander le moindre service.
La plupart du temps, nous parcourions ensemble l’usine, soit pour réparer des pannes, soit pour poser des lignes. Il est à signaler que toutes les installations se faisaient avec des fils d’aluminium, le cuivre devant être importé et ne servir qu’à des usages prioritaires. La conséquence de cet état de choses était que les pannes étaient nombreuses, l’aluminium ne pouvant assurer un bon contact par serrage. On dépannait la plupart du temps des machines dont les fusibles avaient sauté.
Vers le début d’avril 1944 arrivèrent des groupes de Français du STO. Ils logeaient dans des petits hôtels à Langenbielau, dans le style de celui où nous avions vécu
Carte écrite par Théodore Woda à son frère Jacques
sous le nom de Robert Decaillon (STO), 19 avril 1944.
pendant quelques jours. Ils venaient travailler à l’usine, soit aux machines-outils, soit aux chaînes de montage.
Je pus contacter, à une machine-outil, un nommé Robert Decaillon qui m’expédia la première carte postale de Langenbielau, le 19 avril 1944. Cette carte fut adressée à Monsieur et Madame Lallie à Montigny-le-Chartif, en Eure-et-Loir, où Jacques et Christiane s’étaient repliés de Paris, adresse qu’ils m’avaient communiquée dans leur dernière lettre reçue à Mechtal.
Voici la copie de cette carte postale :
Langenbielau, le 19 avril 1944
Mon cher Jacques,
Comme tu peux le constater, j’ai changé de résidence. À la dernière adresse, je n’ai reçu aucun colis. J’ai écrit aux copains afin qu’ils me les fassent parvenir, mais je n’ai encore pas reçu de réponse.
Ici, je suis beaucoup moins bien que là-bas, mais l’air est meilleur. Je travaille toujours comme électricien mais je souffre beaucoup de l’estomac. Si les copains m’envoient les colis, j’espère y trouver quelques médicaments…
Donne-moi la liste des choses que tu m’as envoyées, car je n’ai pas encore reçu mon courrier de là-bas. Tu dois savoir déjà ce dont j’ai besoin et c’est pourquoi je ne te demande rien pour le moment. Tu enverras ce que tu pourras.
Dis-moi un peu ce qui se passe chez toi. Je n’ai aucune nouvelle de Raymonde. Que devient-elle ? Comment va la future mère Christiane ? Et que font les oncles Simon et Jacques, ainsi que les neveux ?
J’attends avec impatience une longue lettre me donnant force détails et c’est avec impatience aussi que je vous embrasse tous du plus profond de mon cœur.
Celui qui ne cesse de penser à vous tous.
Si j’ai recopié cette carte postale, c’est pour montrer qu’il fallait tout d’abord l’écrire en cachette, sur une carte qui m’avait été remise clandestinement par Robert Decaillon en même temps qu’un crayon encre — crayon et papier que je n’avais pas le droit d’avoir en ma possession. De plus, le texte devait être très banal car toute correspondance passait par la censure et, ici, Raymonde a l’air de passer pour une petite amie de Robert qui se désole de n’avoir pas de nouvelles de sa part. Il fallait également glisser dans le texte des points de repère afin que Jacques et Christiane sachent que c’était bien moi qui leur écrivais. Le tout devait être vite fait car nous étions toujours sous la menace d’une fouille, aussi bien sur soi que dans la baraque.
Le contact fut donc repris après un silence de plus de six mois.
Le 14 juin, deux cartes postales furent postées. Voici ce que j’écrivais dans la première :
Le 14 juin 1944
Mon cher Jacques,
C’est hier que j’ai reçu ta lettre datée du 12 mai, ainsi que celle de Raymonde datée du 13 et celle de Christiane du 24 mai. Mais ce qu’il y a de mieux, j’ai reçu aujourd’hui le colis où il y avait le sucre et les noix, entre autres. En ce qui concerne les autres colis, ils ne me sont pas encore parvenus et doivent être considérés comme perdus.
Par le même courrier, je réponds à Christiane et à Raymonde.
C’est très regrettable pour l’oncle Jacques. L’oncle Simon doit se maintenir en bonne santé à tout prix.
Christiane ne serait-elle pas plus en sûreté près de toi, au lieu de rester à Paris où il y a des bombardements ?
Ici, il n’y a rien de particulier et on travaille dans la tranquillité.
Par Christiane...

Table des matières

  1. Biographie de Théodore Woda
  2. Avant
  3. Drancy12 - 15 septembre 1942
  4. La Silésie16 septembre - 5 octobre 1942
  5. ZAL Mechtal6 octobre 1942 - 2 septembre 1943
  6. ZAL Klein Mangelsdorff 3 - 10 septembre 1943
  7. ZAL Faulbruck10 septembre - 16 décembre 1943
  8. Camp de Gross Maslevitz17 décembre 1943 - 17 février 1944
  9. Camp de Langenbielau17 février 1944 - 8 mai 1945