Auschwitz, le 16 mars 1945
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Auschwitz, le 16 mars 1945

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Auschwitz, le 16 mars 1945

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À propos de ce livre

Dans le camp rĂ©cemment libĂ©rĂ© par les troupes soviĂ©tiques, les rescapĂ©s rĂ©apprennent Ă  vivre. Pour Alex Mayer, il n'y a qu'une prioritĂ©: Ă©crire. D'abord pour lui-mĂȘme, pour tenter de comprendre, pour ne pas oublier, mais aussi pour ceux qui ne sont plus, qui ne pourront pas tĂ©moigner. Ne possĂ©dant pas de papier, c'est sur des formulaires du camp d'extermination qu'il commence Ă  Ă©crire son journal. Rassemblant ses forces physiques et psychiques, il raconte la bravoure et la cruautĂ©, la folie, les petits gestes qui sauvent et ceux qui condamnent. Il consigne les faits, reconstitue la chronologie de ce voyage en enfer, de son arrestation par la Gestapo Ă  Vichy jusqu'Ă  la fin (toute relative) du cauchemar. Son tĂ©moignage n'a jamais Ă©tĂ© publiĂ© jusqu'Ă  ce jour.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782304048124

Auschwitz

Sortie en ville une fois par semaine
Comment dĂ©crire ce que fut ma vie dans l’enfer d’Auschwitz. Car les mots sont insuffisants pour traduire cette pĂ©riode atroce
 Trop d’images se pressent devant mes yeux, dĂ©filant trop vite, hĂ©las, pour les dĂ©crire toutes, et ma mĂ©moire – heureusement peut-ĂȘtre – me fait dĂ©faut. ConsĂ©quence des bons traitements reçus ?
Il Ă©tait prĂšs de minuit quand, aprĂšs deux heures d’attente, qui nous semblĂšrent interminables, les portes de notre prison roulante s’ouvrirent brusquement. SuccĂ©dant Ă  la nuit, des flots de lumiĂšre crue dĂ©versĂ©e par une infinitĂ© de projecteurs blessaient nos yeux. Des ordres brefs, des hommes aux visages Ă©tranges, sous des bonnets rayĂ©s, vĂȘtus en forçats, firent irruption dans notre wagon. Nous devions le quitter aussitĂŽt sans rien emporter. On nous rassembla sur un des immenses quais parcourus en tous sens par de lourds camions, eux aussi munis de projecteurs. Pendant plus d’une heure, on nous fit avancer de dix mĂštres pour reculer de cinq. Interminablement, nous piĂ©tinions sur place. À la fatigue du voyage vint s’ajouter l’anxiĂ©tĂ© de notre sort futur.
Les forçats entrevus – je ne devrais pas tarder Ă  l’apprendre – Ă©taient des gens heureux Ă  cĂŽtĂ© de nous ; ils Ă©taient chargĂ©s de transporter les bagages des dĂ©portĂ©s jusqu’aux immenses dĂ©pĂŽts du « Canada » qui, sans contredit, devaient ĂȘtre les plus grands magasins de recel du monde. Ils s’étaient dĂ©jĂ  consolĂ©s de leur vie de bagne et Ă©taient devenus presque des fonctionnaires sans cƓur, volant et pillant. Ils n’étaient pas malheureux. Pas de Français parmi eux – heureusement. En sabir, ils nous demandĂšrent montres, bagues, portefeuilles
 qu’ils nous rendraient plus tard. J’eus la chance d’ĂȘtre distinguĂ© par un jeune S.S. qui, en excellent français, me rassura d’abord sur notre sort : nous pourrions, une fois par semaine, voir les membres de notre famille, Ă©crire aussi, sortir en ville. Finalement, ma montre l’ayant sans doute tentĂ©, il me proposa de la garder. J’aurais pu la lui donner, si j’avais su ! Lui ou un autre ? Qu’est-ce que ça pouvait bien faire ?
Presque tous les wagons Ă©taient vides. Leur contenu humain attendait. Quand brusquement, sous les jurons et les coups, soixante malheureux enchaĂźnĂ©s, complĂštement nus, sortirent de leur prison roulante pour monter dans un camion, qui dĂ©marra rapidement. Complaisamment, les « anciens » nous expliquĂšrent qu’ils ne souffriraient plus, allant directement au « crĂ©matorium ».
C’est sur cette vision d’horreur que nous quittĂąmes la gare. Nous Ă©tions absolument Ă  bout de forces. Pourtant, pendant plus d’une heure encore, il nous fallut marcher, courir, par des chemins impossibles vers notre future prison. Partout, des barbelĂ©s, des projecteurs, des miradors. Nous passĂąmes sous des portes entiĂšrement cernĂ©es par des cordons de lampes s’allumant et s’éteignant de seconde en seconde. Qui songerait Ă  se sauver ? DĂ©jĂ  les coups pleuvaient sur le dos des retardataires. Je serais incapable, par la suite, de me souvenir du chemin parcouru. Nous finĂźmes par arriver prĂšs d’un groupe de maisons. Je me souviens d’ĂȘtre passĂ© prĂšs d’une porcherie, puis on nous fit entrer dans un bloc. DĂ©daigneusement, un S.S. jetait des ordres, accompagnĂ©s de coups de badine. Nous devions nous dĂ©shabiller dans une salle de douches. L’eau nous ferait du bien. Mais nous ne nous lavĂąmes pas de sitĂŽt.
Le friseur
Nous ne gardĂąmes que souliers, ceinture et lunettes. Un interprĂšte traduisait en excellent français : « Tout donner, montres, portefeuilles, alliances, dents en or. » Il fallait tout donner. Ceux qui ne s’exĂ©cutaient pas rapidement comprirent vite. Les habits s’empilĂšrent d’un cĂŽtĂ©, les portefeuilles de l’autre. Quel dĂ©chirement pour moi de voir disparaĂźtre Ă  jamais ces pauvres souvenirs du passĂ©. Beaucoup avaient les yeux humides. Nous n’avions pas encore la force de rĂ©agir et de cacher nos sentiments.
Il nous fallut partir Ă  nouveau et nus cette fois, courir entre les maisons, « blocs » de rues inconnues, plus vite, toujours plus vite. Je vivais un cauchemar. On nous fit entrer dans une immense cuisine. D’énormes cuisines oĂč quelque chose bouillait, des auges pleines d’eau. Nous avions froid et frileusement, nous nous rassemblĂąmes autour des fourneaux. La salle donnait sur un couloir intĂ©rieur et par de nombreuses fenĂȘtres, d’innombrables tĂȘtes aux bonnets rayĂ©s nous examinaient curieusement en ricanant.
De tous cĂŽtĂ©s affluaient nos futurs compagnons de chaĂźnes, les « anciens » dont certains Ă©taient lĂ  depuis trois ans. L’arrivĂ©e d’un convoi ! Quelle distraction pour ces pauvres gens qui Ă©taient avides d’avoir des nouvelles du pays. Plus d’un retrouva parmi nous un parent, un ami. C’étaient alors des effusions, des larmes, causĂ©es par le dĂ©sespoir d’une rencontre en pareil lieu. Leurs propos Ă©taient d’un pessimisme qui n’était pas fait pour me rassurer.
Il Ă©tait difficile, dans ce tohu-bohu, au milieu de ces forçats aux habits rayĂ©s, aux visages rasĂ©s, aux crĂąnes chauves, de retrouver quelqu’un. Aussi mon Ă©tonnement fut grand lorsque je fus interpellĂ© par l’un d’eux qui, ayant habitĂ© LunĂ©ville, m’avait reconnu. ArrĂȘtĂ© depuis deux ans, il n’avait pas de nouvelles de sa famille. Polonais d’origine, il avait pu se dĂ©brouiller en travaillant comme tailleur pour les droits communs polonais qui nous gardaient. M’entraĂźnant dans un coin, il m’initia Ă  la vie du camp avec des dĂ©tails qui me terrorisaient. Comme les quelques bouts de sucre, de margarine qu’il m’offrit me firent plaisir !! Avais-je trouvĂ© un ami ? HĂ©las ! Je n’eus, par la suite, que peu d’occasions de le revoir.
Un ordre péremptoire et il fallut prendre la file, piétiner durant des heures autour des coiffeurs qui allaient nous raser complÚtement. En écrivant ces lignes, je crois encore sentir le froid des ciseaux, le contact brutal du rasoir, les bour...

Table des matiĂšres

  1. La Collection « Témoignages de la Shoah de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
  2. À mon pùre
  3. Biographie d’alex mayer
  4. L’irrĂ©pressible besoin de tĂ©moigner
  5. Auschwitz, le 16 mars 1945
  6. Vichy
  7. Drancy
  8. Auschwitz
  9. Le retour
  10. Annexes
  11. Note biographique de Jacques Lubetzki