Humain, Posthumain
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La notion d'homme a connu plusieurs changements au fil du temps. Le plus récent est sans doute celui qui s'inscrit dans la tradition de la Déconstruction et par le biais duquel la conception humaniste de l'Anthropos est mise en question. Avec le posthumanisme nous franchissons le seuil d'une pensée fondée sur des binarismes, des frontières et des essences, vers une réévaluation critique de l'humanisme qui investit typiquement l'ontologie humaine d'un statut spécifique et spécial. Les études réunies dans ce volume examinent dans la littérature, le cinéma et d'autres arts, des poétiques de problématisation de l'humain à la lumière des grands enjeux technologiques et écologiques, des mises en récit de nouvelles modalités de partage du monde entre humains et non-humains, ainsi que des figurations d'une anthropomorphie alternative. Et ce, tout en signalant des voies mais aussi des impasses de la pensée postanthropocentrique.

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Informations

Année
2020
ISBN
9782304048599

Au seuil d’un autre monde : réchauffement climatique et formes littéraires16

Chiara Mengozzi
Université Charles de Prague
De la possibilité de mettre en récit le réchauffement climatique
Étant donné que le réchauffement climatique – en tant que phénomène fondamental de l’époque qui va sous le nom contesté et contestable d’Anthropocène (Crutzen et Stoermer 2000) – constitue le problème le plus urgent et épineux que l’humanité tout entière se trouve à affronter aujourd’hui, ne devrait-il pas alors être omniprésent dans la prose contemporaine ? On s’attendrait à une profusion de romans et de récits dans toutes les langues du monde, et pourtant cela ne semble pas être le cas. Comment se fait-il qu’il soit si négligé par la majorité des écrivain.e.s ? La première longue partie de l’essai séminal d’Amitav Ghosh, The Great Derangement. Climate Change and the Unthinkable (2016), gravite précisément autour des facteurs qui pourraient être à l’origine de cette absence déconcertante. Mais la littérature – pourrait-on objecter immédiatement – n’a-t-elle pas d’autres ressources pour mettre en scène un référent ou aborder un problème qu’en les mentionnant explicitement ? Qu’en est-il des allusions cachées, des tournures métaphoriques, des modalités de pensée allégorique et d’autres stratégies d’énonciation pour ainsi dire indirectes ? N’est-il pas possible que les effets du réchauffement climatique et nos soucis écologiques trouvent dans la prose d’aujourd’hui des formes inattendues d’expression en se manifestant plus discrètement là où on s’attendrait le moins ? Ce sont probablement les interprètes futurs qui y verront plus clair que nous, en se montrant capables de détecter dans les œuvres du présent des sens cachés à nos yeux, de dégager les relations secrètes qui relient les procédés formels aux inquiétudes, pressantes et incontournables, de notre époque, de voir comment le sentiment d’une catastrophe imminente, la culpabilité pour l’anéantissement d’espèces animales et végétales, le désespoir et la paralyse de l’action face à des dangers pourtant bien connus se déposent et se sédimentent dans les allures du récit d’une manière qui n’est pas toujours transparente ni évidente. Tout en croyant fermement qu’une absence manifeste ne signifie pas une absence tout court, le problème posé par Ghosh ne mérite certainement pas d’être abandonné si rapidement. Certes, la nouveauté relative du problème sur la scène publique, les compétences spécifiques ainsi que les intérêts individuels des écrivains jouent un rôle important et impondérable dans la prise en compte narrative d’un sujet ou d’un autre, mais pour essayer de comprendre la carence thématique du réchauffement climatique dans le domaine de la prose fictionnelle – affirme Ghosh – il faudrait identifier avant tout les difficultés intrinsèques qu’un tel « objet » pose à la fois à la pensée et aux régimes de représentation, et comprendre si et dans quelle mesure les conventions littéraires qui ont façonné l’imaginaire narratif euro-américain à partir du xviiie siècle – c’est-à-dire à partir du moment où les gaz à effet de serre injectés par les êtres humains dans l’atmosphère commencent à suivre une courbe inexorablement grimpante qui ne fait qu’accélérer – continuent à représenter une force de dissuasion majeure pour les écrivain.e.s, voire un obstacle indépassable dans le traitement de cette problématique. Pour être plus précis, l’étonnement d’Amitav Ghosh n’est pas provoqué par l’absence du réchauffement climatique dans tous les territoires de la fiction prise dans son ensemble, mais plutôt par le refoulement dont la littérature dite « sérieuse », héritière du roman réaliste moderne, semble atteinte : « What is it about climate change that the mention of it should lead to banishment from the preserves of serious fiction ? And what does this tell us about culture writ large and its patterns of evasion? » (2016 : 11). En d’autres termes, pourquoi le roman moderne européen semble-il inadapté pour mettre en scène les bouleversements climatiques ?
Tout d’abord, le roman moderne européen, au moment où la science commençait à concevoir la nature comme une chose à dompter, contrôlée par les statistiques et soumise au calcul des probabilités, relègue l’improbable et le merveilleux au second plan, pour se concentrer sur le quotidien et la régularité de la vie bourgeoise. Or, les événements climatiques contemporains présentent un très haut degré d’improbabilité et c’est pour cette raison qu’il est très difficile de les intégrer dans l’univers quotidien de la littérature « sérieuse » :
In the era of global warming, nothing is really far away; there is no place where the orderly expectations of bourgeois life hold unchallenged sway. It is as though our earth had become a literary critic and were laughing at Flaubert, Bankim, and their like, mocking their mockery of the ‘prodigious happenings’ that occur so often in romances and epic poems. This, then, is the first of the many ways in which the age of global warming defies both literary fiction and contemporary common sense. (Ghosh, 2016 : 26)
Outre le caractère extrême et exceptionnel des événements climatiques d’aujourd’hui, au moins deux autres défis posés par le changement climatique aux codes, dispositifs et stratégies d’énonciation du roman occidental moderne nous paraissent de première importance. Premièrement, il y a un problème d’échelle spatio-temporelle : le changement climatique interpelle l’humanité dans son ensemble en tant qu’espèce « dominante » exerçant une pression sur toutes les autres et bafoue « the discontinuities and boundaries of the nation state […], creating continuities of experience between Bengal and Louisiana, New York and Mumbai, Tibet and Alaska […] The earth of the era of global warming is precisely a world of insistent, inescapable continuities, animated by forces that are nothing if not inconceivably vast » (Ghosh, 2016 : 62). À cet égard, le réchauffement climatique est l’un de ces hyper-objects analysés par Timothy Morton (2013), tellement étendu au niveau spatio-temporel et impliquant un nombre tel de facteurs et de relations entre éléments et phénomènes, qu’il ne sera jamais observable dans sa totalité ni identifiable dans aucune de ses manifestations locales. Comment alors le mettre en scène ou tout simplement en faire un objet de récit littéraire ? La réponse est bien loin d’être simple. Ce qui est certain, en revanche, selon Amitav Ghosh, c’est que les structures du roman moderne centré sur la vie quotidienne des existences individuelles pourraient se révéler insuffisantes, comme le démontre, chacun à sa manière, les romans que nous nous apprêtons à analyser.
Le dernier défi concerne le rapport entre action humaine et arrière-plan, et par conséquent le rôle joué par les agents non-humains. Les effets du changement climatique se présentent à nous sous une forme « Unheimlich », d’inquiétante étrangeté, parce qu’ils ne sont pas uniquement imputables à la nature, mais témoignent plutôt d’un effondrement de la frontière entre culture et nature, entre ce qui est propre à l’homme et ce qui se situe en dehors de lui : « apparently inanimate things coming suddenly alive […] one of the uncanniest effects of climate change [is] this renewed awareness of the elements of agency and consciousness that humans share with many other beings, and even perhaps the planet itself » (Ghosh, 2016 : 63). La masse des effets non prévus et non intentionnels de l’action humaine (inondations, désertification, dégradation de la biodiversité) démontre aux êtres humains non seulement qu’ils devraient rester suffisamment « marginaux » de sorte à ne pas perturber les paramètres qui rendent possible la vie sur la planète, mais aussi qu’une perspective radicalement anthropocentrique est après tout intenable et nocive même pour les êtres humains :
The climate crisis—écrit Dipesh Chakrabarty—is about waking up to the rude shock of the planet’s otherness. The planet, to speak with Spivak again, “is in the species of alterity, belonging to another system.” And “yet,” as she puts it, “we inhabit it.” If there is to be a comprehensive politics of climate change, it has to begin from this perspective. The realization that humans—all humans, rich or poor—come late in the planet’s life and dwell more in the position of passing guests than possessive hosts […]. (Chakrabarty, 2014 : 23)
Nous comprenons dès lors qu’un type de roman, centré uniquement sur les destins humains, qui ne serait pas capable de prendre en compte l’agentivité des acteurs non-humains, de même que leur perturbante altérité et proximité, risque d’échouer dans la tâche de représenter narrativement l’un des problèmes les plus urgents de notre présent.
En traduisant en termes narratologiques la thèse d’Amitav Ghosh, le réchauffement climatique serait un cas d’objet « inénarrable » (unnaratable) au moins selon trois des quatre déclinaisons possibles que donne Robyn Warhol (2005) à ce terme, dans son étude visant à caractériser les textes et les genres littéraires non pas à partir de ce que les récits traitent ou racontent, mais de ce qu’ils omettent et s’abstiennent de raconter. En appliquant la terminologie de Warhol à la thèse de Ghosh, le réchauffement climatique serait un exemple d’objet 1) ...

Table des matières

  1. Dans la même collection
  2. « Exotopies »
  3. Comité scientifique
  4. Avec la collaboration spéciale de
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  6. Exocorps et technologie : l’art comme expérience de l’indécidable
  7. Au seuil d’un autre monde : réchauffement climatique et formes littéraires
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